Marc-Édouard Nabe

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Marc-Édouard Nabe, 2021

Alain Zannini, dit Marc-Édouard Nabe, est un écrivain et peintre (également guitariste) né à Marseille le 27 décembre 1958.

Auteur de 32 ouvrages dans divers genres (essais, romans, journaux intimes, nouvelles, poèmes), Marc-Édouard Nabe a également publié des textes dans des revues (L’Infini de Philippe Sollers) et des journaux, comme L’Idiot international de Jean-Edern Hallier (voir l’article Bibliographie de Marc-Édouard Nabe). Il a également dirigé deux éphémères mensuels (L’Éternité en 1997, La Vérité en 2003-2004), publie une fois par an depuis 2014 le magazine illustré Patience, dont il est l’unique rédacteur, et une gazette virtuelle collective et mensuelle, Nabe’s News. Depuis 2010, il publie lui-même ses livres en anti-édition.

Artiste prolifique, il publie en moyenne un livre par an (plus de 14 000 pages à ce jour) et a peint plus de 1 500 tableaux (en particulier des portraits d’autres artistes). Malgré le large éventail des thèmes abordés, les accusations d’antisémitisme formulées en 1985 sont régulièrement portées par une partie de la critique et des journalistes, mettant ainsi en place un boycott quasi-total de l’écrivain, ce qui rend depuis 35 ans inaccessible au public la plupart de ses œuvres.

Biographie

Origine et débuts

Enfance et famille

Les « Zanines »[1], à Marseille, au milieu des années 1950.

Alain Zannini naît le samedi 27 décembre 1958 à Marseille, à 10h50 à la clinique Bouchard. Il est le fils unique de Marcel Zannini, musicien de jazz (chant, clarinette et saxophone ténor), et connu pour Tu veux ou tu veux pas ? sorti en janvier 1970, et de Suzanne Zannini, née Taurel, sténodactylo. Ses origines sont italiennes et greco-turques du côté paternel (Marcel naît le 7 septembre 1923, en Turquie encore ottomane), corses et marseillaises du côté maternel (Suzanne Taurel naît le 11 septembre 1930, à Marseille). Il est également par elle l’arrière petit-neveu de Gustave Fayet, mécène de Paul Gauguin et d'Odilon Redon.

Gustave Fayet

C’est en Amérique, au milieu du jazz, qu’Alain Zannini est conçu : en effet, pour écouter ses musiciens préférés (Lester Young, Billie Holiday ou Clifford Brown), son père quitte Marseille avec sa mère en 1954 pour émigrer à New York pendant quatre ans et y travaille dans un magasin d’anches. Ses parents ne retournent qu'en 1958 à Marseille pour la naissance de leur fils et s'installent dans le quartier nord du Racati.

Le jeune Zannini avec Achille Zavatta, à Val d’Isère

Le jeune Alain est baptisé catholique le 8 février 1959 à Notre-Dame-du-Mont sur l'ordre de sa grand-mère orthodoxe vivant avec son mari Édouard rue Jules Moulet. Alain suit son père dans ses activités de jazzman, notamment à Val d’Isère, où désormais « Zanini » est chef d’orchestre animateur à La Grande Ourse. Il y croise Achille Zavatta, Jacques Brel, Eddie Barclay et surtout Siné qui s'attache à la personnalité de l'enfant et à son don du dessin.

En 1963, Suzanne tombe malade et est envoyée à l’isolement au sanatorium de Briançon qui la garde neuf mois. Durant ce temps, son père se disant incapable de s'en occuper à cause de ses horaires de musicien, Alain est placé dans un établissement catholique pour enfants de tuberculeux, l'Œuvre Grancher, et est donc séparé de ses parents à l'âge de 4 ans.

Nabe à l’Œuvre Grancher, 1963
« L’art du bas », rue des Trois-Mages, à Marseille

À son retour au Racati, il va à l'école d'application communiste (dont un de ses maîtres d’école est André Abrias, acteur du film de Paul Carpita, Le Rendez-vous des quais, en 1959) de son quartier et prend des leçons de piano auprès de Pierre Barbizet au Conservatoire, tout près des Beaux-Art et du magasin L'Art du Bas de ses parents maternels Marthe et Marcel Taurel où il passe beaucoup de temps. Chez lui, entouré de reproductions d’œuvres de Picasso, de Matisse et de Modigliani, Alain pratique de plus en plus le dessin, encouragé de Paris par Siné, devenu un ami de son père. Mais son véritable mentor est, sur place, Jean-Pierre Lindenmeyer, vibraphoniste amateur surdoué et riche industriel qui l'influencera fortement (comme il influencera également Jean-Jacques Schuhl par sa personnalité excentrique).

En 1967, à l’âge de neuf ans, Alain découvre l’Afrique en accompagnant son père embauché comme chef d’orchestre sur L’Ancerville, un paquebot reliant la Méditerranée à l’Afrique noire. Il assiste ébloui aux ballets du percussionniste Doudou N’diaye. Chaque été, il le passe à Joyeuse, en Ardèche, chez les Taurel, dans leur maisonnette de campagne. En août 1969, les Zannini quittent Marseille pour s’installer à Boulogne-Billancourt, en face des usines Renault. Alain fait sa rentrée en sixième au CES Delory où son camarade est Éric Métayer, fils d'Alex. En janvier 1970, Marcel Zannini sort un 45 tour adaptant Nem Vem Que não Tem, du chanteur brésilien Wilson Simonal. Tu veux ou tu veux pas ? est un succès commercial. « Zanini » devient un chanteur amuseur public ultra célèbre. Alain est embarqué par son père sur les plateaux de télévision où il rencontrera Michel Drucker, Danièle Gilbert, Philippe Bouvard, Guy Lux, Dalida ou Claude François.

Zanini à l’époque de « Tu veux ou tu veux pas », lorsqu’un masque à son effigie avait été commercialisé, 1971

Découvertes artistiques

Nabe à 12 ans
Véronique par Rouault, 1945

En 1971, il visite le musée d’Art moderne et tombe amoureux de la peinture de Georges Rouault. Rapidement, il s’en inspire en réalisant ses premiers tableaux à l’huile. Avec son père, il assiste, le samedi 28 octobre 1972, à l’Olympia, au second concert de la soirée (à 0H30) des « Giants of jazz », rassemblant Dizzy Gillespie, Art Blakey et Thelonious Monk, qu’il rencontre dans les coulisses après. En parallèle de sa passion pour la peinture et le jazz, Alain lit des bandes dessinées (Pilote) et grâce à son père, rencontre Gir et Fred, l'apparition de ce dernier chez lui le 27 décembre 1971 fut son cadeau d’anniversaire.

En 1973, il découvre Chaïm Soutine et Paul Klee, ainsi que le free jazz, avec Pharoah Sanders, et Charlie Hebdo, grâce au chanteur Leny Escudero qui obtient auprès de sa mère la permission de le lire. Il s’ouvre musicalement à Albert Ayler, Ornette Coleman, Eric Dolphy, Frank Wright et Anthony Braxton. Politiquement, il se place en opposition au maoïsme ambiant pour se passionner pour l'anarchie, le F.L.N., la Palestine et Malcolm X, et fait de fréquentes visites chez Siné qui continue à l'encourager.

C’est au CES Delory en 1973 qu’Alain Zannini décide de changer son nom (comme son père l’avait fait en ôtant un « n » dans leur patronyme[2]) en « Nabe », en référence à sa taille (nabot). Pendant son adolescence, il abandonne l’idée de faire de la bande dessinée et se tourne vers le dessin d’humour, influencé par Hara-Kiri. Ce n’est qu’à l’âge de 14 ans qu’il entre en contact avec la littérature. Sur les conseils de son père, il lit Louis-Ferdinand Céline, choisissant Rigodon, le dernier roman et le plus récent paru en 1969 : « À la première page, j’éclatai de joie »[3].

Nabe à Hara-Kiri

Dessin refusé par Gébé, jugé trop « hard ».
Une de Libération 23 janvier 1975

Au CES toujours, en 1973, il fabrique avec des amis d’éphémères journaux aux accents scato : Caca-quotidien, Hémorroïde-Hebdo, Anus-Mensuel. Il tire à 500 exemplaires Torchon, où, avec ses dessins, il publie ses premiers textes. En août 1974, il réalise une série de dessins d’humour qu’il présente à l’équipe d’Hara-Kiri, installée au 10, rue des Trois-Portes, à Paris. Georges Wolinski ouvre le carton et appelle Gébé, qui décide de publier trois dessins. Alain Zannini signe « Nabe » mais est bien obligé de donner sa véritable identité au professeur Choron quand celui-ci, un mois après, lui signe son premier chèque de 400 francs. En un mois, Nabe devient le nouveau dessinateur de Hara-Kiri (et le plus jeune), il rencontre Reiser, Cavanna, Willem, mais pas Fournier (son préféré), l’inventeur de l’écologie en France, et mort un an avant l’arrivée de Nabe rue des Trois-Portes. Un autre dessin de Nabe (un curé qui couche avec sa croix) illustre la Une du numéro 339 de Libération (23 janvier 1975).

Raymond Katarzynski, professeur de trombone de Nabe (1973-1976)

Parallèlement à son activité de dessinateur, Nabe se lance dans l’écriture de pièces de théâtre, dont L’Oiseau jouée au théâtre du Val de Gally à Villepreux. En 1975, il écrit des pièces (La Consultation, La Peau des originaux) mais aussi des poèmes (L’Écorchée, Solaire la voleuse, La Polka des navires, La Nuit du 521 février), tout en fréquentant les célèbres bouclages de Charlie Hebdo. Cependant, il se lasse de l’ambiance du journal, et plus largement du dessin de presse, qu’il abandonne au profit de la réalisation d’albums à la gouache, dont Mother and son. C’est sur l’insistance de son père qu’il n’abandonne pas la musique et se met au trombone, à la batterie et finalement à la guitare rythmique dans le sillage de Freddie Green. Après trois mois de guitare, en 1976, il enregistre un morceau avec son père, Jean-Pierre Lindenmeyer, Milt Buckner et Sam Woodyard, Nabe’s Dream (sur la pochette, il écrit le texte de présentation).

Quatrième de pochette de Blues and bounce (1976)

Il continue à peindre et prolonge ses découvertes littéraires en se passionnant pour John Cowper Powys et son Apologie des sens. Ses rencontres avec des grands jazzmen noirs américains de passage en France sont pléthore.

Nabe et Harry « Sweets » Edison

En mai 1977, il offre à Freddie Green un album de dessins le représentant à la guitare, avant de déjeuner avec lui et de rencontrer Count Basie. À la fin du concert parisien, Green lui tend sa guitare Grestch et Nabe joue deux grilles de blues : le guitariste de Basie lui donne rendez-vous à Nice, où il appelle désormais Nabe « My man ». Toujours en juillet 1977, il expose ses peintures à la Galerie du Mole, au Cap d'Agde[4].

Le développement de l’écriture

Nabe à vingt ans

Après avoir échoué au bac, malgré d’excellentes notes en français sur Stéphane Mallarmé, il intègre le groupe de son père, aux côtés de Sam Woodyard, qui le surnomme « Green », et le jeune pianiste François Rilhac. Nabe explore la peinture, en travaillant l’expressionnisme, la peinture italienne et la figure du Christ. En 1978, il découvre André Suarès, marseillais comme lui, qui sera le sujet du premier article qu’il enverra à une revue (Sud), en 1982, qui le publiera immédiatement. De ce bouillonnement naît le besoin d’écrire un livre. Il passe ses journées à la bibliothèque de Beaubourg où il lit avec attention les œuvres de Dante, Borges, William Shakespeare, Artaud, Pétrarque, Roussel, et surtout Lautréamont. Au cours de ses recherches, il découvre en vidéo Philippe Sollers, qui lui semble être le seul « écrivain vivant qui savait ce que le mot “écriture” voulait dire »[5].

Le soldat de 2ème classe Zannini à Charleville-Mézières, en 1980
Pierre Chanal, adjudant de Nabe en novembre 1979.

Le 2 août 1979, après une tentative infructueuse pour se faire réformer, Nabe est incorporé au 3ème régiment du génie, à la caserne Dumerbion, à Charleville-Mézières[6]. En novembre, il est envoyé une semaine à la caserne de Mourmelon, sous les ordres de l’adjudant Pierre Chanal[7]. Il profite de ce séjour de « réclusion nationale » pour peindre dans un bureau la nuit et écrire son premier manuscrit le jour, à visage découvert, sous le regard des gradés. Nabe confie ses pages à une sténodactylo de la ville et, neuf mois plus tard, arrive au bout d’une première version de Au Régal des vermines de 500 pages.

Le 22 juin 1980, lors d’une permission, il rencontre dans le train qui le ramène à Paris celle qui deviendra sa femme jusqu’au début des années 2000 : Hélène Hottiaux.

Nabe et Hélène, 1981

La passion amoureuse relègue le manuscrit au second plan, le couple s’installe au 5 rue Campagne-Première, avant de se séparer au bout d’un an et de se remettre ensemble six mois après, et là, pour vingt ans. Nabe continue sa peinture et rédige un second manuscrit, plus court, Bloc neigeux, qu’il soumet à une dizaine d’éditeurs qui ne donnent aucune suite (Denis Roche, Jacques Sternberg), dont le Seuil[8]. En juin 1981, il rencontre pour la première fois Philippe Sollers, qui l’accueille dans les locaux de sa revue Tel Quel. S’il juge le manuscrit impubliable dans la forme, l’auteur de Paradis l’encourage à produire un nouveau texte : « Vous en êtes. C’est indiscutable : vous avez la papatte »[9].

Marc-Édouard Nabe

L’écriture du premier livre

Nabe en plein manuscrit, 1984

Entre 1981 et 1983, Nabe retravaille son manuscrit écrit à l’armée mais au lieu de le réduire, il l’augmente. Durant cette période, il découvre Léon Bloy et publie des articles dans Sud, Le Jazzophone[10], Vertiges des lettres (codirigé par Siné[11]) et L’Infini. Le 27 juin 1983, il achève la dactylographie de son manuscrit de 1056 pages, Nabe’s Dream, et entame l’écriture de son journal intime, qu’il publiera à partir de 1991. En septembre 1983, il écrit et prononce les introductions des musiciens venus se produire sur la scène du Twenty-One, boîte de jazz dirigée par Charlie Lellouche : Chet Baker, Charles Bellonzi, Jimmy Gourley, Johnny Griffin et Kenny Clarke[12].

Nabe avec Pierre Michelot et Kenny Clarke au Twenty-One, 1983

Sur les conseils de Philippe Sollers, il retaille encore son manuscrit, qu’il achève et renomme Au régal des vermines comme la première version. En mai 1984, il renoue avec les soirées d’Hara-Kiri. Les improvisations du professeur Choron sont retranscrites par Nabe dans son journal intime. C’est là qu’il rencontre Jackie Berroyer, Delfeil de Ton, et Albert Algoud qui sera son ami et son factotum pendant plusieurs années. Après un refus signifié par Gérard Bourgadier, Nabe soumet son nouveau manuscrit à différents éditeurs, dont Bernard Barrault qui finit par accepter de publier Au régal des vermines. Nabe rédige une préface, « L’impubliable », et annonce en septembre 1984 la parution prochaine de son premier livre dans l’émission Droit de réponse, de Michel Polac, où il est invité grâce à la rédactrice en chef Catherine Sinet.

Dans cette première émission en direct, diffusée le 24 septembre 1984 sur TF1, Marc-Édouard Nabe s’accroche avec Druillet, pourtant une des idoles de son enfance, pour son adaptation en bande dessinée du roman de Gustave Flaubert, Salammbô, tout en découvrant Philippe Vuillemin sur le plateau. Ce premier passage le fait remarquer comme « fasciste » pour sa défense de la Joconde et du jazz contre Astérix et le rock. Le 3 novembre, il enregistre un second Droit de réponse, où il défend cette fois-ci la figure de Léon Bloy.

Au régal des vermines

Couverture d’Au régal des vermines, 1985

Au régal des vermines sort enfin le 25 janvier 1985 chez Bernard Barrault sous son surnom « Nabe » complété par ses deux autres prénoms, Marc et Édouard. C’est un livre noir, aux lettres rouges, sans quatrième de couverture. Nabe aborde, outre son admiration pour Louis-Ferdinand Céline, André Suarès ou Thelonious Monk, les thèmes du jazz, de l'homosexualité, des parents, de sa femme, de la rencontre amoureuse, des Juifs et du racisme. Dominique Durand, du Canard Enchaîné, est le premier journaliste à remarquer apprécier et à en faire une critique favorable[13]. Vingt ans plus tard, l’universitaire Pierre Glaudes y reconnaît l’influence de Léon Bloy[14] et estime que Nabe est un de ses principaux héritiers[15].

Nabe à Apostrophes, 1985

Le 15 février 1985, Marc-Édouard Nabe est invité sur le plateau d’Apostrophes pour défendre son livre face à 5 millions de téléspectateurs, et face à Morgan Sportès, Jean-Marc Roberts, Tabary, Louis Julien, et Anne Vergne. Les citations provocatrices du Régal et le faux télégramme de Jean-Pierre Stirbois (du Front National) ponctuent les sorties exaltées du jeune écrivain. À la fin de l’émission, lors du cocktail entre invités et amis, hors caméra, Nabe est frappé au visage par Georges-Marc Benamou qui lui casse ses lunettes alors qu’Albert Algoud s’interpose pour défendre l'écrivain. Le lendemain, Jean-Edern Hallier félicite Nabe : « Bravo pour cet éblouissant suicide ! »[16].

Une semaine après, dans Apostrophes, Bernard Pivot lit un communiqué de Jean-Pierre Stirbois, contestant l’authenticité du télégramme de soutien à Nabe signé de son nom, et un second de la Licra déclarant son intention d’attaquer Nabe en justice. L’assignation est remise en mai 1985 et un avocat commis d’office est trouvé mais un autre se propose de défendre Nabe : maître Thierry Lévy[17]. En février 1989, après quatre années de procédure judiciaire, la cour de cassation rejettera la pourvoi de la Licra, ce qui acquittera complètement Nabe[18].

Si Nabe est « sulfureux », ce n’est pas tant pour son premier livre, Au régal des vermines, que pour son passage médiatique. Pourtant, son apparence vestimentaire et son propos sont pensés pour se mettre à dos le monde des lettres qu’il exècre. Le « fascisme » du Régal et d’Apostrophes ont été créés sur mesure pour se couper de ce monde littéraire, qui travaille contre la littérature. Le « mal » est fait et Nabe devra attendre janvier 1987 pour apparaître à nouveau dans Droit de Réponse. Nabe y parlera d’Aragon, de Léautaud et d’Artaud dont il fera entendre la voix depuis son magnétophone. À partir de là, la presse recommence à s’intéresser à lui, Nabe répond à des enquêtes menées par Le Quotidien de Paris ou Le Figaro littéraire.

Écrire sous le boycott

Nabe et Hallier, 1986

L’effet du passage à Apostrophes continue à faire boycotter Nabe par les médias, qui ne voient en lui qu’un provocateur antisémite d’extrême-droite. Il multiplie néanmoins les rencontres : Jean-Edern Hallier en avril 1985, Arletty en mai 1985[19], Bertrand Tavernier en juin 1985 (il devait participer à une scène finalement coupée d’Autour de minuit[20]). Durant l’été 1985, la revue littéraire L’Infini, dirigée par Philippe Sollers publie un texte de trois pages consacré à la chanteuse de jazz Billie Holiday[21]. La forme du texte correspond au projet littéraire qu’il prépare : un recueil d’articles sur des thèmes divers (jazz, littérature, peinture, philosophie). Publié en janvier 1986, Zigzags est le second livre de Marc-Édouard Nabe, et aussi le dernier publié par Bernard Barrault. Dans Zigzags, Nabe élimine la politique, réduit la part autobiographique, pour laisser son talent rendre hommage à ses amours artistiques. Pour la critique, c’est le silence : la prestation d’Apostrophes a laissé une image trop négative pour se hasarder à dire du bien de celui qui est passé pour un extrémiste haineux.

En 1986, Dominique Gaultier, éditeur au Dilettante, fait paraître une courte plaquette d’aphorismes, Chacun mes goûts. Après l’accueil favorable réservé par son entourage à son texte sur Billie Holiday, Nabe décide de le reprendre pour l’augmenter et arriver à un livre de 250 pages : L’Âme de Billie Holiday. Publié par Denoël, c’est un portrait passionné de l’interprète de Strange Fruits. Fin juin 1986, Nabe rencontre Albert Spaggiari en pleine cavale[22], et est approché admirativement par Claude Nougaro. En octobre 1986, il suit le Nancy Jazz Festival en écrivant une chronique quotidienne, dont l’ensemble sera publié en 1998 dans son recueil Oui. C’est lors de ce festival que le 22 octobre, il passe un long moment avec Hélène en compagnie de Miles Davis, dans sa chambre d’hôtel, à dessiner ensemble[23].

Durant l’année 1987, Nabe écrit son premier roman, où il mêle sa famille marseillaise, ses souvenirs d’enfance, son goût pour la peinture et le caractère picaresque de son entourage. Prévu en septembre 1987, les épreuves étant déjà envoyées à des journalistes, il décide néanmoins de retarder la publication et de retravailler complètement le manuscrit avec le relecteur René Caumer, qui sera son premier assistant, un ami de Jean-Edern Hallier en Corse. En novembre 1987, Nabe se rend à Meudon dans la maison de Louis-Ferdinand Céline pour rencontrer pour la première fois sa veuve, Lucette Destouches[24]. En janvier 1988, Nabe publie donc son premier roman, de 500 pages, intitulé Le Bonheur (Denoël). Lorsque Nabe est invité à nouveau par Bernard Pivot dans Apostrophes, son précédent passage est rappelé. Il se retrouve seul à défendre son livre face à des indifférents qui n’ont rien à dire du Bonheur, dont Régis Debray.

L’Idiot international

De mai 1989 à février 1990, il collabore à L'Idiot international de Jean-Edern Hallier, où il côtoie Jacques Vergès, Édouard Limonov, Patrick Besson et retrouve Gébé devenu le dessinateur en chef du journal. Il y fait l’éloge de Soutine[25], Dostoïevski[26] ou Ava Gardner[27], mais attaque aussi avec violence, et très souvent sous la forme de piécettes pamphlétaires, des personnalités comme Élisabeth Badinter[28], Serge Gainsbourg[29] ou l'abbé Pierre[30]. Celle sur ce dernier suscite un tollé jusqu'au sein de la rédaction de l’Idiot[31]. : Hallier soutient Nabe contre sa propre équipe et publie un texte de défense de l'article dans le numéro suivant[32].

Une du numéro 25 de L’Idiot international, 1989

En septembre 1989, Nabe publie sa seconde plaquette au Dilettante, La Marseillaise, portrait du saxophoniste Albert Ayler qu’il mêle aux cérémonies du bicentenaire de la Révolution française. La couverture est l’œuvre du dessinateur Siné. En février 1990, après plus d’une trentaine d’articles en six mois, sa dernière collaboration à L’Idiot est Rideau, un pamphlet sur l'univers médiatique qui occupe les quatre grandes pages centrales.

Aux Éditions du Rocher

Rencontre avec Jean-Paul Bertrand

À la recherche d’un éditeur capable de publier le journal intime qu’il tient depuis juin 1983, Marc-Édouard Nabe rencontre en novembre 1989, grâce à Patrick Besson, Jean-Paul Bertrand, propriétaire depuis 1987 des Éditions du Rocher. Enthousiaste à l’idée de le publier, la première collaboration entre Nabe et le Rocher est le livre collectif Dix ans pour rien ? : neuf écrivains sont invités le soir du réveillon 1989 à l’hôtel Meurice, à Paris, pour écrire, chacun dans une chambre au hasard (Nabe tire la suite de Dalí), un chapitre sur les années 1980. Le soir même, le 31 décembre 1989, Nabe signe avec Jean-Paul Bertrand un contrat pour la publication du Journal. Ainsi s’ouvre une collaboration de quinze ans.

Le 17 septembre 1990 naît Alexandre, fils de Marc-Édouard Nabe et d’Hélène Hottiaux. En mai 1991, les Éditions du Rocher donnent naissance au premier tome de 800 pages du journal intime de Nabe : Nabe’s Dream. Du 27 juin 1983 au 15 février 1985, l’écrivain raconte la réécriture de son premier livre, la recherche d’un éditeur ainsi que son passage dans l’émission de Bernard Pivot, Apostrophes. Le journal intime évoque aussi bien la vie quotidienne de l’écrivain, son entourage, sa femme, ses amis, que les mardis de Hara-Kiri ou ses découvertes artistiques. À l’époque, Nabe et Hélène vivent au 103, rue de la Convention, adresse que rejoindra bientôt Michel Houellebecq, alors inconnu.

En décembre 1991, Nabe se rend en Israël avec Frédéric Pajak pour faire sa première communion à Jérusalem, le jour de ses 33 ans. Il transposera littérairement cet épisode de sa vie dans L’Âge du Christ, en 1992 et, vingt-cinq ans plus tard, dans Patience, qui raconte sous la forme du journal intime les jours passés en Israël. À la même période, il entretient une relation amoureuse avec la chanteuse québécoise Diane Tell pendant six mois, pendant lesquels ils se rendent à La Salette.

Nabe à la Salette, 1992 (photo Diane Tell)
Nabe en 1993

En mars 1992, les Éditions du Rocher éditent Rideau, son pamphlet sur l’univers médiatique, qui reprend l’article publié en février 1990 dans L’Idiot international. En septembre, Gallimard publie dans la collection L’Infini la mise en récit du voyage de Nabe effectué en Turquie en octobre 1988, Visage de Turc en pleurs. La sortie est accompagnée d’une exposition de tableaux réalisés par Nabe, « Turqueries », rue Keller. En octobre 1992, les Éditions du Rocher publient un recueil d'aphorisme entièrement calligraphié par l'écrivain, à l’exception du code-barres, Petits riens sur presque tout. En 1993, il commence à publier des articles dans la revue Jazzman (collaboration ponctuelle qui dure jusqu’en septembre 2007) et, pour les quarante ans de la mort de Django Reinhardt, il écrit Nuage, édité par Le Dilettante. Il publie la même année le second tome de son journal, Tohu-Bohu, qui revient notamment sur les conséquences de sa prestation du 15 février 1985 dans l'émission Apostrophes. Un film, tourné lors du cocktail organisé en novembre au Palais du Luxembourg au moment de la parution du livre, est réalisé par Fabienne Issartel.

Georges Bernstein-Gruber

L'année 1995 s'ouvre avec la publication par Gallimard, en collection Blanche, de son roman Lucette. Le livre, consacré à la veuve de Louis-Ferdinand Céline, Lucette Destouches, raconte ses souvenirs et sa vie d'aujourd'hui au milieu de ses amis. On y rencontre l'acteur Jean-François Stévenin, qui essaie en vain de réaliser une adaptation cinématographique de Nord. Il est à noter que Nabe n’apparaît pas dans le roman. En 1996 sort le troisième tome de son journal Inch’Allah, qui couvre la période allant de juin 1986 à mai 1988. Entre 1995 et 1998, Paris Match passe des textes de Nabe. En février 1997, Frédéric Pajak, Vuillemin et Nabe fondent leur propre mensuel, L’Éternité, qui ne connaîtra que deux numéros. La même année, un recueil de pièces de théâtre écrites par Henry Bernstein est publié aux Éditions du Rocher[33]. L'ouvrage, Théâtre, est le résultat d'un travail de deux ans mené par Marc-Édouard Nabe et Georges Bernstein-Gruber, fille du dramaturge[34]. Le livre s'ouvre sur une préface de 83 pages écrite par Nabe : « La jungle de Bernstein »[35]. En 1998, Nabe écrit un roman sur le suicide, Je suis mort, publié dans la collection L’Infini, avant d’éditer deux recueils d'articles Oui et Non, ainsi qu'un recueil de contes illustré par Vuillemin (K.-O. et autres contes). Le dessinateur Fred illustre son recueil de poésies (Loin des fleurs) et Gébé s'occupe de Coups d’épée dans l’eau, livre de retranscription des entretiens donnés par l'écrivain de 1984 à 1999.

Kamikaze

Serge Moati, Ripostes, mai 2000

En février 2000, Stéphane Zagdanski publie Pauvre de Gaulle !, un long livre racontant son impossibilité d’écrire un livre sur le général de la Ve République, et dans lequel, après plus de huit ans d’amitié, il biaise ses sentiments en faisant de Marc-Édouard Nabe, surnommé « Marco Banana », un écrivain superficiel, à la pensée absente, un personnage prétentieux et grotesque. En réponse, Nabe publie dès juin 2000 dans L’Infini, le portrait de « Mon meilleur ami », surnommé à son tour « L’eunuque raide ». En mars 2000, les Éditions du Rocher éditent le quatrième tome du journal intime, Kamikaze, couvrant la période allant de mai 1988 à septembre 1990. Le livre est très mal reçu par nombre de critiques, comme Michel Polac, son ancien soutien, ou son ancien comparse Albert Algoud[36]. Polac attaque Nabe dans Charlie Hebdo[37]. Fin mai, dans l’émission Ripostes, de Serge Moati, Nabe et Polac s’invectivent autour de leurs journaux intimes respectifs : Polac l’attaquant pour antisémitisme et Nabe exigeant la lecture d’un passage du journal de Polac évoquant une relation sexuelle avec un enfant (voir article sur Michel Polac). En septembre 2000, Nabe quitte Paris pour vivre seul sur l'île grecque de Patmos[38]. Durant sa retraite de sept mois, il puise dans son journal intime des années 1990 la matière pour transformer son écriture diariste en écriture romanesque. Il rédige un roman, Alain Zannini, construit, selon les mots de l'auteur, en écho au dernier livre du Nouveau Testament[39]. Le 7 avril 2001, Nabe détruit par le feu à Patmos les cahiers contenant son journal intime des années 1990 avant de quitter la Grèce[40].

Nabe détruisant les cahiers de son Journal intime des années 1990, Patmos, 7 avril 2001

À son retour en France en avril, Frédéric Vignale lui ouvre son premier site internet. Le 11 septembre 2001, al-Qaeda, sous le commandement d’Oussama Ben Laden, organise une série d’attentats sur le sol américain le mardi 11 septembre 2001. L’événement inspire Nabe, qui met de côté son roman à finir pour écrire en deux semaines un pamphlet intitulé Une lueur d’espoir. Premier livre sur l'événement, il paraît moins de deux mois après l'attaque. Le livre est un franc succès de librairie, avec plus de 20 000 exemplaires vendus, malgré une nouvelle réputation qui ne cessera d’enfler, celle d’un Nabe d’extrême-gauche pro-islamiste et pro-terroriste. Toute la première partie de 2002, Nabe la consacre aux corrections de son roman avec son assistante principale Laure Merlin puis à la finition avec l’aide d’Isidora Pezard. En septembre 2002, il publie Alain Zannini, qui figure sur la première liste du prix Goncourt en novembre 2002 à l’initiative d’Edmonde Charles-Roux[41]. Pour la première fois, le roman est suivi par la publication en avril 2003 d’un ouvrage de « making of », à la manière des bonus d’un DVD, contenant un texte de Jean-Paul Bertrand, des lettres de refus d’éditeurs, une scène coupée, des études et ainsi qu’un long entretien avec Isidora Pezard, L’Affaire Zannini.

Nabe, devant l'hôtel Palestine (Bagdad), 2003

En mars 2003, après avoir lancé un appel aux artistes français à le rejoindre[42], Nabe part pour Bagdad pour vivre la guerre sous les bombes. À l'issue de ce voyage, il publie Printemps de feu en septembre 2003, qui sera très mal reçu en France par certains critiques, mais salué par d'autres au Moyen-Orient (voir l'article sur le roman). À son retour, Nabe rencontre la comédienne Audrey Vernon avec qui il va vivre neuf ans dans l’appartement de la rue des Saussaies prêté par une admiratrice, Anne-Sophie Benoît, avec laquelle, en novembre 2003, il créé un nouveau mensuel, La Vérité. Illustré par Vuillemin, le journal reproduit des textes littéraire d'Ezra Pound, ainsi que des billets du terroriste Carlos écrits depuis sa prison. Le journal est arrêté après quatre numéros, sur décision de justice (voir Procès). En 2004, les Éditions du Rocher publient un nouveau recueil d'articles, J’enfonce le clou, qui contient les articles de La Vérité ainsi que des inédits écrits au cours de l'année 2004. Ce vingt-sixième livre de Nabe est également le dernier publié par le Rocher. En septembre 2004, il fait la connaissance d’un nouveau fan, le dentiste Salim Laïbi, venu à Paris pour se proposer d’être son webmaster bénévole (il sera à la tête de son nouveau site jusqu’en janvier 2010).

La rupture avec le Rocher

Le 30 mai 2005, Jean-Paul Bertrand vend les Éditions du Rocher aux éditions Privat propriété du groupe pharmaceutique Fabre[43], avant que Gallimard n’entre dans son capital trois mois plus tard[44]. En novembre, Marc-Édouard Nabe se voit signifier la fin de son engagement qui le liait au Rocher depuis 1990. Coups d’épée dans l’eau 2 est annulé. Privé de ses mensualités, se retrouvant du jour au lendemain sans ressource et sans éditeur, Nabe intente un procès aux nouveaux propriétaires du Rocher avec pour avocat maître Emmanuel Pierrat (voir article Procès).

Cassé dans son rythme de publication (un livre nouveau par an en moyenne), Nabe se contente alors de rééditions. En 2006, Dominique Gaultier, du Dilettante, lui réédite son premier livre, Au régal des vermines que l’auteur agrémente d’une préface, « Le vingt-septième livre », où il fait le parallèle entre son destin et celui de Michel Houellebecq et Léo Scheer compose avec Angie David un volumes de ses Morceaux choisis pris dans ses 27 livres. En 2007, Denis Tillinac reprendra L’Âme de Billie Holiday dans la collection « La Petite Vermillon » à La Table ronde, ce qui en fait le premier livre de Nabe en poche.

Affichage des tracts

En attendant l’issue du procès, Nabe s’exprime sur des sujets d’actualité à travers des tracts imprimés en grand format (A2), distribués gratuitement dans les rues ou affichés sur les murs de différents villes (à Paris principalement, mais également à Marseille), et repris sur bon nombre de sites et de blogs. Son premier sujet est le coup de tête adressé par Zinédine Zidane à Marco Materazzi, à quelques minutes de la fin de la finale de la coupe du monde de football. Zidane la racaille est illustré par un fan maquettiste, Yves Loffredo, qui réalise un montage montrant le footballeur français donner un coup de tête aux tours du World Trade Center. Rapidement, en novembre, il réitère l’exercice en abordant dans Et Littell niqua Angot le prix Goncourt attribué à Jonathan Littell et à son livre, Les Bienveillantes[45]. Entre juillet 2006 et janvier 2009, ce sont huit tracts que Nabe écrit et que son équipe compose et affiche, en dehors de tout circuit éditorial.

À l’occasion de la sortie de Morceaux choisis, Marc-Édouard Nabe est invité par Laurent Ruquier dans son émission On a tout essayé sur France 2, le 17 octobre 2006. Face à lui, Gérard Miller se lance dans un réquisitoire en lisant un papier préparé à l’avance, traitant Nabe de « vrai salaud » et lisant des citations tronquées et sorties du contexte du Régal pour dépeindre l’écrivain en raciste, homophobe et antisémite. Plutôt que de répéter leur altercation survenue en 1999 dans l’émission Tapage, Nabe préfère quitter le plateau. Fin 2006, il va au Sénégal donner une conférence sur Impressions d’Afrique de Raymond Roussel dans une école de Dakar, à Pikine.

Marc-Édouard Nabe à Dakar, à côté d’une affichette annonçant sa conférence sur Raymond Roussel, 2006

Jeu et silences

Constatant que la fin du Vingt-septième livre, annonçant son arrêt de l’écriture, a été prise au sérieux par beaucoup, il décide de jouer le jeu et d’écrire un livre sur ce thème dans le plus secret. Rares ont été ceux à ne pas croire son arrêt de l’écriture, par exemple Guillaume Durand : « C’est comme si tu me disais que Charlie Parker pouvait arrêter de jouer du saxo. Impossible ! Je ne te crois pas »[46]. En travaillant à son roman, Nabe décide qu’il ne pourra le proposer à aucun éditeur et cherche un moyen de le publier lui-même. Audrey Vernon travaille discrètement à la création d’une SARL Nabe. Pour continuer à vivre et à écrire, « l’écrivain qui n’écrit plus » monte une exposition de ses portraits d’écrivains et de jazzmen à Galerie Vies d’artistes à Paris, entre février et mars 2007[47]. En décembre 2007, il se rend, sur l’invitation d’un fan, Kemal Mohamedou, en Mauritanie, et assiste à l’annulation du Paris-Dakar.

En avril 2008, Nabe part six mois pour Aix-en-Provence pour avancer dans le manuscrit. En juillet, après deux ans de procédure judiciaire contre les Éditions du Rocher, il récupère l’intégralité des droits de ses livres ainsi que leurs stocks promis au pilon[48]. Grâce à maître Emmanuel Pierrat, Nabe est le premier écrivain à retrouver les droits de ses livres. Il récupère en même temps ceux des ouvrages publiés par Bernard Barrault, Denoël et Gallimard.

Nabe et Delarue, 2009

En janvier 2009, décidé à ne plus revenir dans le système éditorial, il publie symboliquement au Dilettante un dernier livre en édition « conventionnelle », Le Vingt-septième Livre qui n’est autre, en plaquette séparée, que la préface de 2006 à la réédition du Régal des vermines. Désormais, sur la lancée de ses tracts, Nabe annonce qu’il « publiera » lui-même ses futurs livres, et qu’il rééditera les anciens dont les anciens lui appartiennent. En septembre 2009, le site de Nabe annonce un vingt-huitième livre à venir, en précisant : « Chez aucun éditeur ! Dans aucune librairie ! »[49]. Une deuxième exposition de ses peintures sur les « Les Orients de Nabe »[50], organisé à l’Office de Tourisme du Liban, à Paris, grâce à l’aide de son directeur, Serge Akl[51]. Tenue du 5 mars au 4 avril, l’exposition permet la vente de 31 tableaux, dont certains sont achetées par des personnalités médiatiques, notamment Frédéric Taddeï, Patrick Le Lay et Jean-Luc Delarue (qui avait déjà eu l’occasion d’inviter Nabe dans plusieurs de ses émissions).

Le Salut par Internet

L’anti-édition

Après l’abandon par Salim Laïbi de sa charge de webmaster à cause de divergences sur le complotisme l’opposant à Nabe, deux nouveaux sites sont créés par deux autres admirateurs, Laurent Bosc et Constantino Serra. Le premier, alainzannini.com, animé par une équipe d’une vingtaine de « passionnés hors du système éditorialo-journalistique », est riche de documents et réactualisé en permanence. Le second, marcedouardnabe.com, est une simple plateforme de mise en vente de ses livres sur Internet, dont les stocks (huit tonnes) du Rocher qui lui ont été livrés.

Le 1er janvier 2010, en l’espace de 24 heures, 160 livres ont été vendus, remboursant largement les frais engagés par Nabe pour son vingt-huitième livre. Annoncé le 7 janvier 2010 par un article de Jérôme Dupuis dans L’Express[52], L’Homme qui arrêta d’écrire marque la rupture définitive de l’écrivain avec le monde de l’édition. L’anti-édition, qu’il définit comme « une auto-édition pour un auteur déjà connu » est née[53]. Le roman raconte la vie possible de l'auteur s'il avait arrêté d'écrire : une longue traversée de Paris et du monde contemporain[54]. Le premier tirage de 1 000 exemplaires est rapidement écoulé, permettant un second de 3 000 exemplaires. Le roman offre un très fort retour médiatique. Dans les médias, Nabe déroule un discours d’anti-éditeur, fustigeant les éditeurs ne laissant que 10 % du prix du livre aux auteurs infantilisés, dénonçant les intermédiaires et en particulier les libraires, leur refusant notamment la vente de L’Homme après avoir boycotté son auteur pendant 25 ans, et vantant la liberté d’Internet.

Carton d’invitation pour la « fête des 3000 »

Le 15 avril, il organise à l’espace Victoria une « fête des 3 000 » exemplaires vendus en trois mois. Pour la première fois, un écrivain invite tous ses lecteurs lors d’une soirée de rencontres. Plus de 700 lecteurs font le déplacement à Paris. Un troisième tirage de 4 000 exemplaires rend à nouveau le livre disponible au début du mois de juin. Toujours sur Internet, mais aussi dans quelques points de vente parisien qui ne sont pas des libraries : un boucher, un fleuriste, un coiffeur, trois bars-restaurants et une boutique de vêtements féminins vendent ainsi le roman dont bientôt 6 000 exemplaires seront écoulés.

« Fête des 3 000 », 15 avril 2010

Le 19 octobre, L’homme qui arrêta d’écrire est inscrit sur la seconde liste du prix Renaudot, grâce à l’action de Patrick Besson, de Jean-Marie Gustave Le Clézio et de Franz-Olivier Giesbert[55]. Le 2 novembre, après avoir été retirée de la seconde liste, Virginie Despentes a fait, grâce à Besson, son retour sur la troisième[56]. Finalement, le 8 novembre, après onze tours de scrutin, le prix Renaudot lui est attribué, avec quatre voix, contre trois à Simonetta Greggio (Dolce Vita, 1959-1979) et deux à Nabe[57]. Le même jour, Michel Houellebecq, voisin de Nabe entre 1991 et 1999, obtient le prix Goncourt[58]. Selon Nabe, l’obtention de ce prix lui aurait assuré 100 000 ventes, soit un bénéfice total de deux millions d'euros[59]. Au même moment, Alain Soral attaque Nabe dans le bloc-notes qu’il tient dans Flash[60]. C’est la rupture avec le monde des « dissidents » autoproclamés et le début de la curée complotiste contre Nabe.

Nabe en Tunisie, avril 2011

En décembre 2010 et janvier 2011, Nabe subit une double opération des yeux (cataracte). En avril, il se rend tout seul en Tunisie pour suivre la révolution menée sur le terrain. À son retour, le 2 mai 2011, il apprend à Paris la mort d’Oussama Ben Laden et est invité le soir même par Frédéric Taddeï pour l’évoquer[61]. Durant l’émission, Taddeï annonce que l’écrivain travaille sur un livre sur la révolution tunisienne et l’anniversaire du 11-Septembre, mais l’affaire Dominique Strauss-Kahn, déclenchée le 14 mai 2011, bouleverse ses plans éditoriaux.

L’Enculé au Gabon (photo Vincent Sannier)

En mai, Marc-Édouard Nabe devient également le nom d’une société : la « SARL Marc-Édouard Nabe », qui vend ses propres livres. Il écrit durant l’été, en Corse, un nouveau roman. Le 7 octobre est mis en vente son deuxième livre anti-édité : L’Enculé. C’est un roman de 250 pages sur l’affaire DSK, écrit dans la tête de DSK, qui raconte lui-même son histoire et ses conséquences. Le premier tirage de 2 000 exemplaires est épuisé en un mois. Un deuxième tirage de 4 000 exemplaires est disponible le 17 novembre, mais malgré un lancement sous la forme d’une dénonciation spectaculaire de Marc Weitzmann dans Le Monde des Livres, les ventes se tassent. Par peur des procès (qui n’arriveront pas), les principaux alliés médiatiques de Nabe (Taddeï, Ardisson, Dupuis...) se défilent. Nabe défend son livre le 20 octobre sur Europe 1 face à Guy Birenbaum et David Abiker. Le livre ne bénéficiera que d’un passage à la télévision, grâce à Éric Naulleau, sur Paris Première, le 3 décembre. En l’absence de l’auteur, Arnaud Viviant rejoue le procès de l’antisémitisme quand Philippe Tesson trouve le roman dégoûtant. Lorsque Nabe entre en surprise sur le plateau, il lit un passage concernant Viviant tiré de L’Homme qui arrêta d’écrire, avant que les deux hommes ne s’invectivent et que Nabe explique son roman, tout en affirmant que Viviant ne l’a pas lu. Malgré le second tirage, L’Enculé ne connaîtra pas le succès de L’Homme qui arrêta d’écrire.

Le combat contre le complotisme

Tout en amassant des notes et des récits pour le projet d’une vaste fresque sur les complotistes, Nabe donne le 2 mars 2012 une conférence à Lille sur les révolutions arabes, en compagnie de Tariq Ramadan et de Nabil Ennasri, dans laquelle il se distingue par des piques lancées à l’attention des complotistes et la réfutation, non partagée par Ramadan, que Ben Laden ait fait partie de la CIA. Le 26 mars, il est invité à ce sujet par Hicham Hamza (connu sur Internet sous le pseudonyme de « Panamza ») pour le site oumma.com, et qualifie le complotisme de « maladie mentale »[62]. Nabe démonte certaines théories conspirationnistes autour du 11-Septembre ainsi que celles qui développent autour des attentats perpétrés par Mohammed Merah entre le 11 et le 19 mars. Nabe déclare officiellement la guerre aux « complotistes » qui le couvrent d’injures sur Internet parce qu’il récuse la version d’un 11-Septembre fomenté et exécuté par les Américains eux-mêmes. Dix ans après avoir écrit Une lueur d’espoir, et à cause d’une campagne de calomnies principalement alimentée par Alain Soral, Nabe est considéré soudain comme un « agent de l’Empire américano-sioniste », et dénoncé comme « ennemi des musulmans » par des « Beurs » adeptes de la théorie du complot et plus ou moins séduits par l’extrême-droite.

Le 17 mai 2012, il réédite son premier livre, Au régal des vermines, épuisé depuis la seconde réédition réalisée par Le Dilettante en 2005, en en tirant 5 000 exemplaires. Le 30 août 2012, Lucette paraît chez Folio à l'occasion du centenaire de Lucette Destouches. Les droits restent réservés à Nabe, qui a autorisé Gallimard à publier son second livre en poche[63]. En septembre, il s’installe pour deux ans à Aix-en-Provence avec sa nouvelle femme, Leïla. Nabe continue son travail sur le conspirationnisme et le révisionnisme en effectuant en octobre 2012 un voyage à Auschwitz, en compagnie de Catsap. En juillet 2013, il expose sur le Cours Mirabeau plus de cent cinquante tableaux, dont la vente permettra de financer l’impression de son trentième livre[64].

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Le 31 juillet, Salim Laïbi diffuse sur YouTube la destruction par le feu d’un tableau représentant Charles Mingus offert par Nabe en 2005 dans « une cérémonie à forts relents occultistes » comme le dira Laurent James[65]. Suivent une série de 12 vidéos diffamantes contre Nabe, où Laïbi « refait » des tableaux de Nabe et attaque ses amis, sa compagne, son avocat, ses maîtres artistiques, Léon Bloy, Baudelaire, Jean Genet, etc.[66]. Les « Naboscopies » sont diffusées sur Internet et cumulent des milliers de vues. Laïbi lance également des appels à des témoignages négatifs sur Nabe qu’il publie, relaie abondamment sur son site, ceux de ses partisans (« Joe le Corbeau », etc.) et sur Facebook[67]. En réaction, Nabe l’attaque en justice avec maître Emmanuel Pierrat pour contrefaçon et destruction d’œuvre d’art.

L’Avertissement, texte annonçant le livre sur le complotisme, diffusé sur Internet et sous la forme d’affiches collées à Paris, 2014

Début janvier 2014, il diffuse son « Avertissement » : il s’agit de l’annonce de son nouveau livre consacré entièrement au conspirationnisme. Le 10 janvier, en plein débat sur l’interdiction des spectacles de Dieudonné, il intervient à part et en surprise dans l’émission de Frédéric Taddeï, Ce soir (ou jamais !) en tant que « cerveau malade » comme l’avait traité Patrick Cohen quelques mois auparavant[68]. Pendant à peine sept minutes, il brosse une première analyse du véritable danger que représentent Dieudonné et Alain Soral, qui est la propagation du complotisme parmi les esprits faibles, plus dangereuse que le banal antisémitisme. L’intervention de Nabe n’est pas comprise par les autres invités, dont Alain Jakubowicz, président de la Licra, qui considère que Nabe conteste l’antisémitisme de Dieudonné. Émilie Frèche quant à elle dénonce la présence de Nabe, en prétendant qu’il a écrit des « milliers de page très antisémites ». Annoncé pour février 2014, la sortie du livre de 1 000 pages est finalement retardée par Nabe lui-même, qui veut intégrer toute la polémique qui a suivi pendant six mois sa prestation critiquée par les médias officiels comme par les dissidents. L’écriture se poursuit avec l’aide de son nouvel assistant, le suisse Antoine Rosselet. En mars 2014, il publie à nouveau dans L’Infini (n°126) en se réconciliant pour cela avec Philippe Sollers, un nouveau texte, quatorze ans après « Mon meilleur ami », intitulé « L’Eunuque raide » (un récit allégorique de 33 pages) qui est une réponse au Pamphlilm de Stéphane Zagdanski, une série de vidéos malveillantes contre Nabe et Sollers[69].

Patience

En juin 2014, Nabe quitte Aix-en-Provence pour retourner s’installer avec Leïla, rue des Saussaies, et continue de travailler sur son livre sur le conspirationnisme. Lassé de s’entendre répondre « Patience... Patience... » à tous ceux qui lui demandent une date de sortie, l’auteur a l’idée de lancer un « magazine » (hors des circuits de la presse), qui s’appellerait Patience.

La montée de l’État islamique durant l’automne 2014 passionne Nabe, qui en fait le sujet du premier numéro de magazine. Un État de grâce est un texte de 80 pages documenté, accompagné de photos « trash » sans montage (mis à part la couverture), dans l’objectif de rénover le « livre illustré » et le rapport du texte à l’image, tout en donnant du sens au passage de documents issus d’Internet à un support papier[70].

L’anniversaire des quarante ans de sa participation en 1974, à l’âge de 15 ans, à Hara-Kiri, en tant que dessinateur, et la proximité de Patience avec le magazine du professeur Choron, le poussent à organiser une exposition Hara-Kiri de ses dessins d’humour produits dans sa jeunesse. Nabe expose 60 dessins rue Daru, au pied de l’église orthodoxe Saint-Alexandre-Nevsky. Le 3 décembre, jour du vernissage, il révèle en surprise la sortie de Patience, tiré à 2 000 exemplaires. L’exposition, qui n’a pas eu le succès escompté, à cause du désintérêt du public pour l’aventure Hara-Kiri/Charlie Hebdo des années 1970, est programmée pour se terminer le 7 janvier 2015 : le matin même, les attentats au sujet parisien du nouveau Charlie, où Wolinski et Cabu ont trouvé la mort, relancent mondialement « Charlie ». Le soir du décrochage, Nabe suit les réactions médiatiques au milieu de la galerie, entouré de ses amis, et décide d’écrire un second numéro de Patience[71]. Nabe voit dans les événements une conjonction étonnante entre la punition que méritait, selon lui, l’équipe qui avait trahi et lâché le professeur Choron en 1992, et les actes terroristes des djihadistes qui voulaient punir Charlie Hebdo pour avoir insulté les Musulmans et leur prophète Mahomet, sous l’influence de Philippe Val, puis de Charb, et pendant plus de vingt ans.

Le 15 avril 2015, Nabe subit une nouvelle opération oculaire suite à un grave et soudain décollement de la rétine de l’œil gauche fragilisé depuis le coup porté trente ans auparavant par Georges-Marc Benamou. Fin août, Patience 2 sort, tiré à 800 exemplaires, avec une couverture mettant en scène Adolf Hitler tenant un panneau « Je suis Charlie ». Ce second numéro est plus soigné et copieux (640 000 signes, soit l’équivalent d’un livre de 300 pages) : les images, pour la plupart inconnues, aussi bien tirées de caméras de surveillance que d’émissions de télé, cohabitent entre les pages de texte avec des gravures, dessins, archives, photomontages et autres fac-similés. Le 20 août, jour de la sortie de Patience 2, Nabe organise un pot devant le 10, rue des Trois-Portes, ancien siège de Hara-Kiri, devant la porte où il avait frappé en 1974 pour proposer ses dessins. Il invite quelques amis ainsi que les derniers acteurs et témoins survivants de l’aventure Hara-Kiri[72]. En une semaine, la moitié du tirage est écoulée, sans publicité ni relais médiatique, avant d’être complètement épuisé et de connaître un second tirage de 900 exemplaires en octobre 2015.

La Galerie Nabe

Nabe devant sa galerie, mars 2016

En septembre 2015, Nabe ouvre pour trois mois une nouvelle galerie, découverte près de la rue des Trois-Portes,rue Frédéric Sauton, et y expose « Encres et manuscrits ». Le jour de la sortie du second tirage de Patience 2, il donne une « fête de réimpression » offerte à ses amis et lecteurs actifs, interdite aux journalistes et autres people[73]. En novembre, Nabe inaugure une nouvelle exposition, Tableaux choisis »[74]. La galerie devient un lieu de vie accueillant plus de 3 000 visiteurs très différents en deux mois et demi. David Vesper, assisté de Julien le Belge et de Valentin Ribolla, y tourne sur le vif plus de 50 vidéos, mises en ligne sur un nouveau compte YouTube : « Éclats de Nabe ». Le succès des « Éclats » culmine avec « Nabologie du terrorisme », où Nabe discute avec des interlocuteurs de passage sur les attentats du vendredi 13 novembre (la vidéo atteint 30 000 vues en huit jours).

Le 30 novembre, la galerie ferme ses portes. Le numéro 7 de Dar al-Islam (revue francophone de l’État islamique,) reproduit sur dix pages des extraits de Patience, avec un chapô respectueux pour l’auteur et des notes enrichissant historiquement et théologiquement le texte de Nabe. Contrairement à la presse, qui ne mentionne pas la reprise par Daech, de nombreux blogs dénoncent Nabe à la police et à la justice, appelant jusqu’à son lynchage. Nabe est expulsé de son appartement, rue des Saussaies, où il habitait depuis quinze ans par le mari d’Anne-Sophie Benoît qui craint des conséquences judiciaires.

Au début de l’année 2016, Nabe se retrouve sans domicile fixe, sans galerie, et sans livre prêt à publier. Avec ses amis, il met plusieurs mois à vider l’appartement de la rue des Saussaies en dispersant ses nombreuses affaires entre celui d’Hélène et Alexandre, rue de la Convention, celui de ses parents place Daumesnil, et celui de Leïla, dans le 5e arrondissement. Nabe réussit à convaincre le propriétaire de la galerie restée vacante de la lui relouer. Nabe s’installe à l’étage, qui devient son logement[75] et le 1er mars 2016, la galerie « Marc-Édouard Nabe » (écrit de sa main sur le fronton) rouvre.

« Che et autres œuvres » inaugure cette nouvelle séquence de la galerie Nabe, avant d’être suivie, mi-avril, par l’exposition « Trente-trois Christs ». La mort de Prince, le 21 avril, le pousse à réaliser en moins d’un mois plus de 60 tableaux du compositeur de funk, qu’il expose entre mai et juin. Les fans de Prince considèrent l’hommage comme une injure et couvrent Nabe d’insultes et de moqueries sur ses tableaux.

La galerie, ouverte 7 jours sur 7, et fonctionnant toujours en auto-production complète, est gardée et visitée par un nombre conséquent de personnages hauts en couleurs. Elle fait l’objet de mains courantes et autres plaintes de la part des voisins et riverains à cause de l’agitation du lieu devenu l’un des plus vivants de Paris, des œuvres exposées en vitrine, et surtout de la personnalité de l’artiste qui soi-disant les mettrait en danger à cause de ses prises de position « politiques ».

Slip de contention noir, 2008-2014, état critique (3 euros)

Le 21 juin, la galerie est le lieu de lancement de la revue dirigée par David et Julien Vesper, Adieu. En juillet, face à l’indifférence des journalistes et des « nabiens », Nabe décroche ses tableaux pour les remplacer par ses « Vieux vêtements »[76]. Alors que les tableaux peinent à trouver preneur, les fripes s’arrachent en 24 heures, piégeant ainsi les admirateurs croyant aider leur idole. En août, un catalogue de plus de 1 000 tableaux trouve sa place sur le site de l’auteur et Nabe accroche un « Patchwork » de ses tableaux sur les murs vidés des vêtements vendus[77].

En septembre 2016, aidé de son correcteur Thomas Codaccioni, et de son assistant Antoine Rosselet, venu de Suisse, Marc-Édouard Nabe organise la correction des 1183 pages du manuscrit de son nouveau livre. Le texte est projeté sur un écran, comme les films que Nabe projette de temps en temps, et les visiteurs peuvent assister aux journées de construction et corrections du texte.

Nabe et Darius dans la galerie, 2017

Plusieurs semaines de suite, Nabe organisera également une série de projections de films sur Jeanne d’Arc. De la version de Dreyer à celle de Rosselini, en passant par celles de Cecil B. De Mille, Bresson, Preminger... Nabe lance en octobre son exposition « Antiquités grecques », et accueille dans cette galerie-atelier-studio Darius, le « clochard-muse », dont il réalisera une série de 45 portraits au crayolor, le représentant dans la galerie même où il vit avec Nabe et son équipe, et qui sont exposés en sa présence. Ce sera la dernière exposition du lieu et consacrée au SDF car l’immeuble de la galerie est vendu par son propriétaire à un expert-comptable kabyle qui exige le départ de l’artiste pour, au plus tard, le mois de mars 2017. Nabe doit trouver un autre endroit pour vivre et travailler.

En décembre 2016, la correction du manuscrit achevée, Nabe le confie à son « directeur artistique » Yves Loffredo pour qu’il s’attèle à l’aspect technique de sa confection comme il avait fait pour les précédents. Cependant, bien qu’y ayant contribué activement, Loffredo se vexe et entame une action en référé contre l’écrivain (voir article Procès). Et comme solde de tout compte, il lui fait remettre par transporteur à la galerie les exemplaires des Patience 1 qu'il avait accepté de stocker dans sa cave (mais pas les tracts restants ni les tableaux que Nabe lui avait offerts). L’audience a lieu le 20 janvier 2017, en l’absence de Loffredo représenté par son avocat maître Brault, et de Nabe se défendant seul.

Nouveaux départs

Les Porcs

Devanture de la Galerie Nabe, 2017

Le 1er février, précédant son éviction pour mars, Nabe quitte définitivement la galerie en 48 heures grâce à l’aide de son équipe et de ses proches. Il écrit en blanc « Fermeture définitive » à la devanture qui portait son nom et dissémine toutes ses affaires dans plusieurs endroits de Paris et d’ailleurs. Il se retrouve à nouveau SDF et n’a toujours pas le financement pour imprimer son livre achevé. Tel Ulysse de retour à Ithaque, Nabe se réinstalle (provisoirement) rue de la Convention, « avec Hélène-Pénélope et Alexandre-Télémaque ».

Le 10 février, Nabe est condamné par la justice à supprimer vingt lignes insignifiantes de son manuscrit et à payer 2 000 euros à Loffredo[78]. Le 9 avril, pour le dimanche des Rameaux, la saison 2 des « Éclats » est lancée sur YouTube, au rythme d’environ deux ou trois par jour (plus d’une centaine sont programmés pour les mois à venir). Chaque Éclat fait en moyenne 1 000 vues dès le premier jour, et le pic est atteint avec celui où l’on voit Nabe discuter en juillet 2016 avec Sophia Chikirou, conseillère de Jean-Luc Mélenchon, diffusé à la veille du premier tour des élections présidentielles en avril 2017 : 15 000 vues.

Le 15 avril, après les « Éclats », Nabe revient en kiosque, treize ans après La Vérité. Il est présent dans le vingt-septième numéro de la nouvelle série du mythique Satirix, dirigé par Lucien Grand-Jouan, qui relance sa revue avec un spécial « Tabous par Nabe », mais le Nabe de 1974, avec des dessins de l’époque d’Hara-Kiri faits à 15 ans[79]. De fait, à 58 ans, Nabe devient le plus jeune dessinateur de Satirix, comme il avait déjà été celui d’Hara-Kiri quarante ans plus tôt.

Couverture du premier tome des Porcs, 2017

In extremis, Nabe parvient à financer l’impression de son livre retardé grâce à la vente d’un portrait de Ben Laden réalisé en 2009 et vendu 20 000 euros. Le trentième livre est finalement imprimé en Italie. Le 7 mai, Emmanuel Macron est élu président de la République française. Le lendemain, 8 mai, la plateforme de vente des livres de Nabe annonce, en grand, avec la reproduction de la couverture noir et or : « Premier chef-d’œuvre sous Emmanuel Macron : Les Porcs 1 - mille pages - 50 euros ». C’est la sortie tant attendue du livre sur les conspirationnistes que Nabe, après cinq ans de travail et de nombreuses embûches, publie enfin. Dès les premières heures, sans aucune publicité, 300 exemplaires sont commandés, puis le nombre atteint 400 le jour suivant. Bientôt, les premiers lecteurs reçoivent et découvrent le nouveau livre de Marc-Édouard Nabe. Sur Internet, les réactions se multiplient, mais les médias traditionnels gardent le silence, de même que les « contre-médias » qui prétendent constituer la sphère complotiste. Le seul point de vente physique du livre est l’arbre sous lequel Darius a trouvé refuge place Maubert : il y vend tous les jours Les Porcs déposés sur un bout de carton, en touchant sa commission de la part de Nabe. Des remous avec les autres clochards et avec les bars alentours se font sentir mais le seul libraire de Nabe tient bon jusqu’à ce qu’il soit dénoncé à la police.

Le 30 mai au soir, Nabe reçoit un mail signé par « les Soldats du Califat en France » qui lui demandent de relayer un message aux Français les enjoignant à se révolter contre leur gouvernement jugé responsable des attentats sur le territoire en continuant à bombarder les terres d’Islam. Le 1er juin, l’auteur de Patience et de « Nabologie du terrorisme » (citée dans le mail) relaie le message sur Twitter. À part quelques esprits éclairés qui en comprennent l’importance, la plupart des observateurs, y compris les professionnels médiatiques du djihadisme, doutent de l’authenticité de la missive ou en ricanent. Le point de suspicion ultime est atteint par le magazine Les Inrockuptibles qui demande à Nabe de répondre à trois questions. Celui-ci se méfiant, garde ses réponses pour lui. Il fait bien : Les Inrocks publient un article à charge[80].

Coups et ripostes

Le 15 juin, l’équipe de Nabe lance une « gazette numérique » Nabe’s News (dont le premier numéro est consacré à l’affaire des Inrocks, incluant leur tentative de manipulation et les réponses de Nabe), qui paraît sur Internet selon les « actualités brûlantes » pour donner des « nouvelles fraîches » de l’auteur des Porcs. En un an, vingt numéros sont publiés, mêlant interviewes avec Nabe, critiques de livres, articles de fond, montages photographiques et ripostes coup pour coup chacune des attaques portées contre l’écrivain, d’où qu’elles viennent. La gazette s’enrichit de numéro en numéro grâce aux intervenants que Nabe a recrutés parmi ses lecteurs et amis proches et qui font le travail inaccompli de bien des journalistes et policiers.

Dans la foulée du succès de Nabe’s News (6 000 clics par mois), une « parodie » intitulée Caca’s de Nabe est mise en ligne anonymement sur Internet pendant l’été. Le blog contient 54 articles de mensonges et de diffamations pures sur Nabe et son entourage, où on reconnaît les pattes de Salim Laïbi et de Paul-Éric Blanrue, tous deux bousculés dans le premier tome des Porcs. Nabe riposte encore dans Nabe’s News, désormais le seul support dans lequel il peut s’exprimer. La campagne de calomnie déclenchée par Salim Laïbi en 2010, illustrée par ce blog, se poursuit d’un harcèlement judiciaire, obligeant Nabe à répondre aux convocations de la justice et de la police pour des motifs variables (voir article Procès). Le 8 août, Yves Loffredo lance trois mois jour pour jour après la publication des Porcs une seconde procédure judiciaire sur le livre pour « injures publiques » et « atteinte au respect de la vie privée et aux droits d’auteur », réclamant en tout 56 000 euros (voir article Procès). Le 20 décembre 2017, le deuxième procès Loffredo a lieu, maître Coutant-Peyre défendant Nabe. Le même jour, Nabe sort en surprise un nouveau numéro de Patience, un diptyque racontant dans le style du journal intime le voyage en Israël de Nabe fin décembre 1991 avec Frédéric Pajak et la visite à Auschwitz, en octobre 2012 avec Catsap pour son livre sur le conspirationnisme.

Le 9 février 2018, son procès contre Salim Laïbi, portant sur la destruction du tableau représentant Charles Mingus, a lieu. La défense de Salim Laïbi est assurée par maître Naïma Haoulia, celle de Nabe par maître Plèche, déléguée par maître Emmanuel Pierrat. Le 21 février, le verdict du procès Loffredo tombe : Nabe est condamné à 7 000 euros. Le 28 février, Nabe publie un nouveau numéro de Nabe’s News « Spécial Loffredo » illustré à la Une par un montage « scato-porno-nazi-judiciaire ». Du 5 au 14 mars 2018, Nabe se glisse dans le dernier procès en appel de Carlos au Palais de Justice de Paris grâce à Isabelle Coutant-Peyre, devenant dessinateur d’audience et réalisant plus de 150 dessins, gouaches, crayolors et markers dans le prétoire et face aux différents témoins et à l'accusé. Un numéro de Nabe’s News relate le procès jour par jour et diffuse certains dessins[81]. Le 9 mars, Raffaël Énault, doctorant en philosophie et auteur de la première biographie de Guillaume Dustan, attaque en justice Nabe pour un article publié dans Nabe’s News (voir article Procès). Le 14 mars, Laïbi sera condamné à verser 4 500 euros à Nabe. Le 25 mars, Nabe publie un nouveau numéro de Nabe’s News sur le procès Énault, illustré d’un montage « nécro-pornographique ». Le 7 juin, dans un nouveau Nabe’s News, Nabe adressera une lettre ouverte sardonique à Haoulia intitulée Où puis-je vous la mettre, Maître ?. Maître Haoulia attaque Nabe en justice pour la première fois. Le 13 juillet se tient le procès à Marseille : maître Croizet, avocat de Nabe, le représente et se fait menacer par Salim Laïbi présent. Le même jour, à Paris, Nabe se défend tout seul dans son troisième procès intenté par Loffredo pour « injures publiques et diffamation ». Le 20 juillet, Nabe est condamné par le juge Vignon à verser à 7 500 euros à Naïma Haoulia et au retrait du texte, ce qui est constitue la première censure d’un texte de l’écrivain, après 36 ans de publications (voir article Procès). Nabe riposte dans un nouveau Nabe’s News publié en août, illustré à la Une par un montage « porno-scato-musical ».

Exil en Suisse

Nabe à Lausanne, 2018

En septembre 2018, fuyant l’indifférence de la France et les procédures à répétition intentées par ses ennemis, Marc-Édouard Nabe décide de se rapprocher de son assistant Antoine Rosselet pour corriger le second tome des Porcs et s’installe dans un nouvel appartement en Suisse avec sa nouvelle femme, Alexandra. Le 2 octobre se tient à Paris le premier procès intenté à Nabe par Énault en l’absence des deux. Nabe publie une nouvelle lettre ouverte, cette fois adressée au juge Cyrille Vignon dans Adieu n°2, où il proteste contre sa condamnation, fait le parallèle avec les censures d’écrivains du passé, et analyse l’influence néfaste du mouvement « #MeToo » et « Balance ton porc » sur le jugement disproportionné dont il a été l’objet. Le 7 octobre, l’hebdomadaire helvétique, Le Matin Dimanche, annonce l’exil de Nabe dans un entretien avec Nabe mené par Michel Audétat[82]. La photographie illustrant l’article publié sur une page entière montre l’écrivain au milieu de ses tableaux, dont il réalisera pas moins de 300 nouveaux en trois mois. Le 8 octobre, Naïma Haoulia assigne à nouveau Nabe pour une audience le 26 octobre réclamant 50 000 euros de dommages et intérêts. Le lendemain, 9 octobre, maître Haoulia fait procéder (par l’huissier Desagneaux) à une « saisie-attribution » d’un montant total de 8 322 euros sur le compte personnel et familial d’Alain Zannini. Alors que la série des Éclats continue d’être diffusée (avec 2 ans de retard sur leur tournage), le 12 octobre, Nabe sort un nouveau Nabe’s News où il annonce à son tour son exil en Suisse. L’assignation d’Haoulia signée par maître Fabrice Giletta, ayant été rédigée par Salim Laïbi, est radiée. Le 26 octobre, le verdict du troisième procès Loffredo tombe : Nabe est condamné à 3 500 euros. Le 13 novembre, le verdict du procès Énault tombe : Nabe est condamné à 7750 euros (+ la censure du numéro 13 de Nabe’s News). Aucune sanction de l’ordre des avocats n’est portée contre maître Haoulia à cause de son assignation falsifiée mais, le 16 novembre, elle fait assigner Nabe par son nouvel avocat, maître Erick Campana, pour le 28 novembre, et lui réclame à présent 100 000 euros. Maître Croizet parvient à renvoyer l’audience du référé. Le 12 décembre, date où a été renvoyée l’audience Haoulia, maître Croizet la fait renvoyer encore. Le 27 décembre, pour ses soixante ans, Nabe sort un numéro de Nabe’s News dans lequel, sur le mode humoristique, et dans la tradition d’Hara-Kiri où Nabe a publié ses premiers dessins en 1974, il liste des objets (évidemment érotiques pour en souligner l’absurdité) que l’avocate pourrait s’acheter avec la somme ponctionnée sur son compte.

Sur le plan artistique, le 1er février 2019 ouvre sur Internet la première « Galerie Virtuelle » de Marc-Édouard Nabe, conçue par le webdesigner David Jodar, qui permet de voir 120 tableaux dans des salles reconstituées. La première exposition a pour thème les artistes homosexuels préférés de Nabe : « Grands Pédés ». Le 8 février 2019, soixante ans jour pour jour après son baptême catholique, Marc-Édouard Nabe se convertit au protestantisme. La conversion est effectuée par le pasteur Jean-Marie Thévoz, en l’église Saint-Jean de Lausanne. Le 26 février, Raffaël Énault fait procéder à une saisie attribution sur le compte de Nabe et prélève les 2 850 euros qui s’y trouvent. Le 25 mars 2019, contre toute attente, il publie en surprise son trente-et-unième livre, Aux Rats des pâquerettes, pamphlet de 100 pages sur le mouvement des Gilets Jaunes, tiré à 1 000 exemplaires. Le livre ne fait l’objet d’aucune recension dans la presse en France : seul Michel Audétat, dans l’hebdomadaire suisse Le Matin Dimanche (édition du 2 juin 2019) critique Aux Rats[83]. Comme au bon vieux temps de la galerie, sur le mur blanc de son salon où est le texte est projeté, Marc-Édouard Nabe se met, avec Antoine Rosselet et Thomas Codaccioni venu en Suisse pour un séjour, aux corrections du second tome des Porcs. Le 3 mai, Nabe est convoqué au TGI de Marseille avec son avocat maître Croizet pour une comparution devant les juges Karim Badène et Clément Sémériva, toujours dans l’affaire Haoulia. Dans la même période, trois des amis et collaborateurs de Nabe sont convoqués par la police. À Avignon, le 13 juin, date à laquelle maître Croizet a fait renvoyer la procédure Haoulia-Campana, le président du tribunal propose une réouverture des débats pour le 2 septembre.

Le 1er juillet 2019, parallèlement aux Éclats qui se diffusent, Nabe lance le quatrième numéro de son magazine Patience, Pornabe, composé de 120 pages avec un grand éditorial sur les mouvements #metoo et #balancetonporc, et illustré par plus de 150 photos pornographiques, avec Alexandra.

Couvertures des quatre premiers numéros de Patience

En août 2019, le nom de Marc-Édouard Nabe réapparaît dans les médias français, avec l’affaire des dessins et textes antisémites, révisionnistes et racistes de Yann Moix révélés par L’Express, dans deux articles de Jérôme Dupuis. Pour sa défense, Yann Moix dénonce Nabe et Paul-Éric Blanrue, deux anciens proches, qu’il range dans l’extrême-droite, tout en mélangeant les dates et les faits pour mieux se dédouaner. Diffamé par Moix chez Laurent Ruquier, Nabe rédige un droit de réponse adressé par voie d’avocat à France Télévisions, mais Ruquier et sa productrice, Catherine Barma, décident de censurer le texte et l'animateur ne le lit pas l’antenne. Le 2 septembre, au cœur de l’affaire, Nabe publie un numéro spécial de Nabe’s News qui revient en détail sur l’affaire et sur la relation entre Nabe et Moix. Ce numéro 23 atteint le pic de fréquentation, avec 12 000 visiteurs en un mois. Le 7 octobre, en remplacement du 2 septembre prévu, la juridiction d’Avignon ouvre une nouvelle audience dans l’affaire Haoulia pour sa demande de 100 000 euros de dommages et intérêts contre Nabe. Entre septembre et octobre, au théâtre La Croisée des Chemins, à Paris, Paco Balabanov interprète pour la première fois Nabe pendant 55 minutes sur scène, reprenant le texte d’Aux Rats des pâquerettes.

Le 27 septembre 2019, le tout dernier des 1 500 exemplaires des Porcs (50 euros) est vendu. La vingtaine qui restait a été prise d'assaut par les journalistes se réveillant enfin, à cause de l'affaire Moix, après deux ans et demi que le livre était paru. Le 11 octobre a lieu le deuxième procès intenté par Raffaël Énault contre Nabe. Le 4 novembre, le verdict tombe du TGI d’Avignon au sujet de l’affaire Haoulia : l’avocate est déboutée de ses demandes. Le 7 novembre, Énault fait procéder à une nouvelle saisie-attribution de 6 620 euros : il ne pourra y prélever que 350 euros. Le 8 novembre, Lucette Destouches meurt à l’âge de 107 ans. Marc-Édouard Nabe n’est pas invité à l’enterrement, ce qu’il raconte sous la forme d’une lettre ouverte à François Gibault dans le numéro 23 de Nabe’s News du 15 décembre 2019 (500 clics par jour). Dans ce numéro se trouve également un pamphlet contre Laurent Ruquier, intitulé « Couché, Ruquier ! ».

Le 24 janvier 2020, Nabe est convoqué une nouvelle fois par Haoulia pour une audience à Marseille au sujet de la lettre ouverte du 7 juin 2018 (déjà jugée). C’est son avocat, maître Croizet, qui le représentera. Le 13 février 2020 paraît un portrait de Nabe dans Valeurs Actuelles avec sa photo en bandeau de couverture : « Rencontre avec le plus sulfureux des écrivains », article de quatre pages dans la version papier (70 000 signes dans la version numérique fleuve) signé Amaury Brelet[84].

Nouveaux usages d'Internet (WikiNabia, Nabe's News, Éclats, Twitter)

Logo de WikiNabia

Le 16 février 2020 est créé officiellement le site WikiNabia par le « Docteur Marty ». Pour l’occasion, un nouveau numéro de Nabe’s News fait sa Une sur l’événement. Au printemps, Nabe « ouvre » son compte Twitter à des tweets extérieurs qu’il va chercher selon les sujets qui l’intéressent (peinture, cinéma, littérature), quelquefois loin dans le temps et dans l’espace. Ainsi, il mêle plusieurs fils qui constituent sa pensée sur une question ou un personnage sans qu’il ait besoin d’enfreindre la loi qu’il s’est édicté à lui-même : ne pas écrire sur Twitter. C’est par l’annonce de la mort de l’actrice Lucia Bosè (23 mars) qu’il s’engage dans un extension de son processus de retweets. Pendant plusieurs mois, à raison de plusieurs heures par jour, Nabe enrichit ainsi son Twitter de centaines de retweets, quelquefois à la suite, ce qui le bloque en fin de journée… Le 14 avril, reprise de la diffusion des Éclats, montés avec David Vesper par téléphone : plus de trente épisodes inédits à la Galerie sont ainsi mis en ligne.

Le 25 avril est publiée sur leur site une interview de Marc-Édouard Nabe par Amaury Brelet dans Valeurs Actuelles intitulée « Vive le coronavirus ! », dans laquelle Nabe s’exprime sur la pandémie, brocardant un des premiers le professeur Raoult, se réjouissant de l’interruption de l’économie, de la culture et visant l’exploitation que les complotistes feront de l’incompétence du gouvernement. Il suscitera de nombreuses réactions enflammées[85].

Le 11 mai, parution du numéro 25 de Nabe’s News, qui publie la première partie d’un long entretien de Marc-Édouard Nabe avec le « Docteur Marty » sur l’affaire Matzneff et ses conséquences très remarqué à Paris d’où Nabe reçoit beaucoup d’échos : J'Accule...!

Le 31 mai s’ouvre avec une nouvelle rubrique dans WikiNabia, « l’espace éphémère », où pendant une journée, une page rassemble des textes et des portraits de Nabe sur un événement ou un artiste lié à l’univers nabien. Ce premier espace éphémère a porté sur le réalisateur Rainer Werner Fassbinder.

Le 7 juin, Nabe, avec l’aide de David Vesper, concocte un clip sur la mort de George Floyd mélangée à l’anniversaire de Prince, vidéo rapidement censurée sur Youtube, puis limitée aux personnes majeures. On y voit le Noir américain se faire assassiner en direct par des policiers, avec comme son trois titres de Prince. Ce sera l’occasion d’un entretien de Nabe avec David Vesper sur la police, « “La société n’est pas raciste, elle est fliquiste !”[86] » (Nabe’s News numéro 26, 19 octobre 2020).

Le 24 juillet apparaissent sur le catalogue de peinture de 28 portraits inédits de Georges Bernanos peints à Lausanne au mois de mai 2020 (un seul vendu)[87]. Pendant la période du « confinement », Nabe peindra aussi toute une série de Paul Léautaud et d’Ezra Pound.

Le 16 septembre, Nabe vient à Paris en compagnie du « Docteur Marty » pour plaider lui-même, après l’abandon de l’affaire par Emmanuel Pierrat. Soutenu par une dizaine d’admirateurs, Nabe se présente au procès en appel contre Salim Laïbi pour l'affaire du tableau brûlé. L’audience, où le prévenu sera absent, ainsi que son avocat, fera l’objet de recensions[88] et de publications dans le Nabe’s News numéro 27 (18 décembre 2020). Dans ce numéro également, Nabe « fêtera » les dix ans de son anti-édition par la publication de nombreux documents, photos et films liés à la sortie dix ans auparavant de L'Homme qui arrêta d'écrire. C’est aussi dans ce Nabe's News (la gazette a pris un véritable essor jusqu’à être vue en moyenne 700 fois par jour, et son équipe s’est agrandie, notamment par les contributions d’un nouveau venu, « Vie Sublime », auteur d’un copieux pamphlet contre Didier Raoult, La Jaunisse de Jonas) qu’a été publié un des rares textes signés Marc-Édouard Nabe et intitulé « Le transgendre » sur l’affaire Daval qui a suscité une vague de sympathiques réactions pendant toute la fin de l’année 2020.

Dans cette année 2020, on peut également noter le développement de WikiNabia, avec 400 000 visites et plus de 2 millions de pages vues, et dans lequel, à chaque occasion (anniversaire, découvertes de documents), de nouvelles fiches sont créées qui portent leur nombre à 352 en seulement 10 mois et demi.

Nabe dans Un pamphlet choral (2020)

Dans le numéro 28 de Nabe’s News (29 janvier 2021), Nabe signe deux textes, un (non signé) « Lettre ouverte à une tête de con », sur l'affaire Paty, et un autre sur le procès Charlie de l'automne précédent, « Veau d’Or Hebdo et les 14 boucs ». Les lecteurs ont la surprise d’apprendre que Les Porcs 2 sont disponibles. L’auteur leur offre une vidéo de 20 minutes, où on le voit filmé à Lausanne le 13 novembre 2020, jour même où il a terminé l’écriture et les corrections du tome 2 des Porcs, et qui précède de 15 jours son impression (en effet, l’achevé d’imprimé est daté du 25 novembre 2020). La surprise est de taille, et le volume vendu à 65 euros est immédiatement pris d’assaut sur la plateforme de commande de l’anti-édition, 363 exemplaires sont vendus le premier jour, puis bientôt, en une semaine : 519 exemplaires, ce qui équivaut aux nombres de tome 1 écoulés dans le même temps en mai 2017. Un teaser complète le lancement. Les réactions des lecteurs sont unanimement positives. Le silence habituel des médias ne sera crevé qu’au bout de trois semaines par un article dans Causeur (sic), le 18 février, signé par Gabriel Robin, plutôt positif. Un autre, plus négatif, dans un autre magazine d’extrême-droite également, L’Incorrect, signé par Marc Obregon.

Couverture du deuxième tome des Porcs

Pendant ce printemps 2021, et à un rythme soutenu, de nouveaux Éclats montés sont publiés, ce qui monte la série à plus de 250 Éclats sur YouTube. À partir du 10 mai, à peine la nouvelle offensive de bombardements menée par Tsahal contre Gaza (« Gardien des Murailles ») est-elle lancée, Nabe retweete des dizaines et des dizaines de photos censurées par la presse et par Facebook (maisons détruites, enfants palestiniens déchiquetés) ainsi que des vidéos et autres gifs montrant la brutalité policière de l’armée et la police israéliennes à l’encontre des Palestiniens. À cette occasion, une traduction du texte de Nabe, Toute l’histoire d’Israël sur une seule page (2004), en anglais par Matthieu Gouet, et une en espagnol par Xavier Divet, sont postées également. Plusieurs comptes twitter anglais, américains, arabes, reprennent les images choisies par Nabe, alors qu’aucun « antisioniste » plus ou moins officiel en France n’a osé bombarder, comme Nabe l’a fait, le silence médiatique insupportable et général concernant ces crimes.

Exemples de tweets retweetés par Marc-Édouard Nabe pendant l’opération « Gardien des Murailles »

Lugano

En juillet 2021, Nabe quitte Lausanne, où il s'était exilé en septembre 2018, et s'installe à Lugano, dans le Tessin (Suisse italienne), entre autres parce que l'un de ses cinéastes préférés, Douglas Sirk, y a vécu (entre 1959 et 1987) et y est mort.

Au début du mois de septembre 2021, Nabe séjourne à Riccione, sur les traces de Dino Risi, en descendant dans l'hôtel Baltic, qui a servi de décor au film L'Ombrellone (1965), et dans lequel il tourne une vidéo de 58 minutes avec Alexandra : Nabe au Baltic.

À l'occasion des 20 ans des attentats du 11-Septembre, Nabe publie successivement dans la journée du 11 septembre 2021 deux numéros de Nabe's News, à quelques heures d'intervalles (rappelant les deux avions se jetant sur les tours jumelles du World Trade Center). Dans ces deux numéros, Nabe revient notamment sur la découverte des manuscrits inédits de Louis-Ferdinand Céline (dans un entretien avec « Vie Sublime ») ; sur le meurtre de Sarah Halimi par Kobili Traoré ; sur la réédition par Fayard de Mein Kampf, mais aussi sur les attentats eux-mêmes, en offrant un chapitre entier des Porcs 2 consacré à la question (19 pages). En une journée et deux numéros de Nabe's News, ce sont plus de 250 pages de textes qui sont gratuitement mis à la disposition des lecteurs.
En octobre, Nabe réalise une série de 34 nouveaux portraits d'Antonin Artaud, mis en scène en Marat, en Massieu, ou à différentes époques[89].

Grands lavis de Nabe sur Artaud interprétant Marat, 2021.

Le 30 octobre, WikiNabia accueille son second Espace éphémère, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Fiodor Dostoïevski où Nabe révèle de nouveaux portraits de l'auteur des Possédés ; le plan de son roman Le Double ; une vidéo tournée en septembre 2020 devant la maison de l'écrivain russe à Vevey et dans un restaurant de fondue (Une fondue chez Dostoïevski), ainsi qu'une photographie montrant Nabe dans un supermarché de Lausanne avec le traducteur André Markowicz (qui en réclamera la suppression par message privé sur Facebook, alors qu'elle était programmée dans l'idée même d'Espace éphémère).

Détail des nouveaux portraits de Dostoïevski par Nabe

Le 15 novembre 2021, Nabe réalise une série de 6 portraits de Lucien Rebatet, dont deux seront vendus dès leur présentation sur Twitter.

Portraits de Rebatet in progress et Rebatet dans son box au tribunal

L'année 2021 s'achève par la mort le 24 décembre à l'hôpital Saint-Antoine de Suzanne Zannini, la mère de Marc-Édouard Nabe à l'âge de 91 ans. La crémation aura lieu à une autre date symbolique, le 7 janvier 2022.

Atteint de démence sénile, le père de Nabe, Marcel, âgé de plus de 98 ans, est placé dans un EHPAD et le grand appartement place Daumesnil qu'il occupait avec sa femme depuis 38 ans est entièrement vidé par Nabe pendant 3 semaines en janvier 2022. Nabe met à l'abri toutes les archives marseillaises et new-yorkaises de Zanini, mais également ses propres archives, peintures et manuscrits.

Appartement parisien des Zanini, place Daumesnil (janvier 2022).

D'autres effets seront transportés en camionnette entre Paris et Lugano le 26 janvier par Anthoine Carton et « Vie Sublime ». Fin février, l'appartement d'Hélène dans le 15e arrondissement est cambriolé. Les voleurs cherchaient de l'argent : il n'y en avait pas.

Appartement d'Hélène rue de la Convention après cambriolage (2022).

Avec en Une la photo de sa mère morte, le numéro 31 de Nabe's News sort le 1er mars 2022. Outre une sélection de photos et de textes de Nabe issus de ses livres en hommage à sa mère, dans ce numéro figure également la « réponse » de Nabe à la demande de suppression formulée par André Markowicz le 30 octobre 2021 sous la forme entretien-fleuve sur Dostoïevski qui analyse en profondeur (et sur plus de 50 000 signes) le travail de traduction de Markowicz et son propre rapport à l'œuvre de Dostoïevski. Nabe revient également sur les manuscrits de Céline en particulier sur les réactions des « céliniens », mais aussi sur le départ précipité de Frédéric Taddeï de la chaîne russe RT France la veille de l'invasion russe de l'Ukraine. Ce numéro est l'occasion de revenir sur David di Nota, auteur d'un livre sur la décapitation de Samuel Paty, professeur d'histoire à Conflans-Sainte-Honorine, avec des articles signés par Nabe, par Jules et par « Docteur Marty ».
À noter : en réaction à l'autopub éhontée que « Vie Sublime » faisait sur son seul texte dans Nabe's News au détriment de l'esprit collectif, Nabe, pour lui faire comprendre ce travers, republie 24 heures après sa sortie ce même numéro 31, mais expurgé de l'intégralité de ses articles à l'exception de celui de « Vie Sublime ». Toujours sans nouvelle du jeune rédacteur, Nabe remplace alors son texte sur Picasso par ce qui s'inscrit déjà comme un classique de la punition nabienne : « Re-Ciao, Lucchesi », un texte non signé signifiant l'exclusion de Nabe's News d'Alexis Lucchesi, a.k.a « Vie Sublime ».

Le jour du centenaire de la naissance de l'écrivain et réalisateur Pier Paolo Pasolini (5 mars 2022), Nabe est à Milan. Dans la journée, il est filmé par Alexandra de Nabe dans les rues milanaises en train d'évoquer l'auteur des Cendres de Gramsci. Les rushes seront montés dans la journée par « Docteur Marty » pour que la vidéo de plus de 22 minutes, Pasolini à cent ans, soit diffusée quelques minutes avant le 6 mars (film à voir sur la fiche Pasolini).

Le mois de mars 2022 est aussi marqué par la mort de Jean Hottiaux, le frère d'Hélène, et par l'infection au Covid-19 de Nabe et d'Alexandra, deux événements relatés dans le numéro 32 de Nabe's News.
Le 28 mars 2022, le même jour où se tenait à Marseille l'audience en appel à un énième procès de Naïma Haoulia, Nabe était convoqué au commissariat de Morges (canton de Vaud), au sujet de la plainte pour injure d'un complotiste Suisse, qui s'était retrouvé dans l'article « Fils de pute » du Nabe's News n°29 (11 septembre 2021) (voir article Procès dans WikiNabia).
Le 13 avril 2022, Le Dilettante, maison d'édition dirigée par Dominique Gaultier, publie L'Intégrale, un livre rééditant en un seul volume les 5 plaquettes de Nabe publiées entre 1986 et 2009 (Chacun mes goûts, La Marseillaise, Nuage, Loin des fleurs et Le Vingt-septième Livre), agrémenté d'une préface inédite de 27 pages intitulée « Amitié et anarchie ».

En août, à l'occasion du 75e festival de cinéma de Locarno, se tient la rétrospective Douglas Sirk, dont Nabe est évincé au dernier moment, tandis qu'à Lugano, il réalise 87 nouveaux portraits d'« écrivains de droite » (Léon Bloy, Louis-Ferdinand Céline, Georges Bernanos, Paul Claudel, G. K. Chesterton, Pierre Drieu la Rochelle, Lucien Rebatet, Knut Hamsun, Paul Morand, etc.) en vue d'une exposition à venir dans une librairie parisienne.

Détails des tableaux « Écrivains de droite ».

Le 7 septembre, Nabe organise dans l'EHPAD parisien où réside son père un concert-anniversaire pour ses 99 ans, en présence des musiciens du club Le Petit Journal et de son cousin Kirt et de sa tante Odette.

Le 14 octobre 2022, le numéro 32 de Nabe's News est mis en ligne avec une grande nouveauté : l'abandon du modèle gratuit et le passage au payant. En effet, après 5 ans d'existence et 31 numéros (près de 4000 pages, en comptant les textes, les illustrations et les documents), désormais chaque numéro devra être payé par le lecteur, y compris les anciens. Pour informer l'acheteur, le sommaire de numéro est minutieusement décrit, article par article, illustration par illustration (photos, vidéos, tableaux, gravures, capture, etc.). Vendu 15 euros, Nabe's News n°32 représente plus de 450 pages (780 000 signes) et rassemble une dizaine de rédacteurs. Pour cette édition, à côté des textes de David Vesper, d'Antoine Rosselet, de « Docteur Marty », de Jessica Dinkova, Nabe a signé deux articles sur la présidentielle française de 2022, l'un sur Jean-Luc Mélenchon (84 pages) et l'autre sur Éric Zemmour (33 pages), ainsi qu'un texte sur son Covid (6 pages) et un entretien-fleuve avec « Docteur Marty » (120 pages) sur la publication de Guerre, premier volume édité par Gallimard issu des manuscrits retrouvés de L.-F. Céline en août 2021. Quinze jours plus tard, 320 numéros ont été vendus.

La nouvelle exposition des portraits peints par Nabe est organisée à Paris par la Librairie Pierre-Adrien Yvinec (du 21 octobre au 19 novembre 2022) : « Écrivains de droite ». L'exposition est composée de 100 tableaux accrochés, dont la moitié d'inédits réalisés par Nabe en août, et de 35 autres à disposition du public dans la librairie.

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Œuvres

Bibliographie

Pour une liste détaillée des ouvrages et des articles, voir Bibliographie de Marc-Édouard Nabe.

Livres

Presse

Peinture

En juillet 2016, le site de l'écrivain met en ligne un catalogue composé de plus de mille tableaux peints depuis les années 1970.

Pour une liste détaillée des expositions, voir Expositions de Marc-Édouard Nabe.

Notes et références

  1. Surnom donné par Marc-Édouard Nabe dans ses livres.
  2. Voir Alain Zanini, étude de C. Serra
  3. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 14.
  4. Chantal Viotte, « Exposition - Marc-Édouard Nabe », Hérault Tribune,‎ 23 juillet 1977.
  5. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 20.
  6. L’expérience du service militaire est racontée dans Nabe’s Dream (pp. 544-548).
  7. Marc-Édouard Nabe, « Je ne faisais pas bander Chanal », La Vérité n°1, novembre 2003, p. 10.
  8. Jean-Marc Roberts, éditeur au Seuil, fait allusion à un manuscrit refusé lors de l’émission Apostrophes, le 15 février 1985.
  9. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 22.
  10. Marc-Édouard Nabe, « Monk my dear », Le Jazzophone, 3e trimestre 1983
  11. Cyril Bosc, « Journaux et collaborations du dessinateur Siné dans la presse française », Caricatures & Caricature, 19 mars 2016, lire : http://www.caricaturesetcaricature.com/2016/03/journaux-et-collaborations-du-dessinateur-sine-par-cyril-bosc.html
  12. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, pp. 95-96, pp. 99-100, pp. 109-110, pp. 115-116, pp. 124-125.
  13. Dominique Durand, « Nabe récure plus noir », Le Canard Enchaîné, 13 février 1985.
  14. « Parmi les plus jeunes, il y a évidemment Marc-Édouard Nabe, amateur et propagateur de Bloy. Lui-même tient un Journal, sinon inspiré du moins nourri de la lecture du Journal de Bloy. » : « Entretien avec Pierre Glaudes », Stalker, blog de Juan Asensio, 1er avril 2004, lire : http://stalker.hautetfort.com/archive/2004/04/01/marc-edouard-nabe-le-si-peu-bloyen.html
  15. Eugénie Bastié, « Pour Léon Bloy et les antimodernes, la littérature est la dernière demeure de la vérité », FigaroVox, 23 juin 2017, lire : http://www.lefigaro.fr/vox/culture/2017/06/23/31006-20170623ARTFIG00354-pour-leon-bloy-et-les-antimodernes-la-litterature-est-la-derniere-demeure-de-la-verite.php
  16. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, 1991, p. 827.
  17. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, 1993, p. 1015.
  18. Marc-Édouard Nabe, Kamikaze, Éditions du Rocher, 2000, p. 3113
  19. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, pp. 1023-1029.
  20. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, pp. 1138-1142
  21. Marc-Édouard Nabe, « Billie Holiday », L’Infini, n°11, été 1985, pp. 13-15.
  22. Sébastien Lapaque, « Gentleman casseur », Le Figaro littéraire, 15 février 2007, p. 30. ; Jérôme Dupuis, « Albert Spaggiari-Marc-Édouard Nabe - Camarades de cavale », L’Express, 30 juillet 2009, p. 60-61, lire : https://www.lexpress.fr/culture/livre/albert-spaggiari-marc-edouard-nabe_823656.html
  23. Marc-Édouard Nabe, Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, pp. 1841-1847.
  24. Marc-Édouard Nabe, Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, pp. 2320-2324.
  25. Marc-Édouard Nabe, « Soutine à Chartres », L’Idiot international, numéro 24, 25 octobre 1989.
  26. Marc-Édouard Nabe, « L’Idiostoïevskidiot », L’Idiot international, numéro 25, 1er novembre 1989.
  27. Marc-Édouard Nabe, « Ode à Ava », L’Idiot international, numéro 36, 7 février 1990.
  28. Marc-Édouard Nabe, « Élisabeth Badinter ou les infortunes du féminisme, par le marquis de Nabe », L'Idiot international, 16 août 1989.
  29. Marc-Édouard Nabe, « Serge Gainsbeurk », L'Idiot international, numéro 24, 25 octobre 1989.
  30. Marc-Édouard Nabe, « Notre-Dame des pompiers », L'Idiot international, 1er novembre 1989
  31. Jean-Claude Lamy, L’Idiot insaisissable, Paris : Albin Michel, 2017, pp. 435-436.
  32. L'Idiot international, numéro 26, 8 novembre 1989.
  33. Jean-Philippe Mestre, « Scènes », Le Progrès, 4 juillet 1997.
  34. « L'oeuvre de Henry Bernstein », L'Écho du Centre, 6 juillet 1997.
  35. Michel Crépu, « Tête d’affiche. Le cirque Bernstein. Théâtre », La Croix, 8 juillet 1997, p. 14.
  36. Michel Polac et Albert Algoud sur Nabe dans l'émission « La Partie continue » sur France Inter, juin 2000.
  37. « Un ami m’a joué un sale tour : il m’a envoyé la photocopie de pages du Journal de Nabe. J’ai passé une nuit blanche avec l’envie de vomir. Je ne devrais pas parler de cette raclure de bidet, il pourrait s’en servir pour sa pub, mais je suis ahuri qu’un éditeur paye ce type pour écrire ça » : Michel Polac, « À vomir », Charlie Hebdo, 17 mai 2000.
  38. Olivier Delacroix, « Marc-Édouard Nabe », Le Figaro littéraire n°17453, 21 septembre 2000, p. 2.
  39. Jean-Luc Douin, « Dufreigne et Nabe, au jeu du double moqueur », Le Monde, 25 octobre 2002
  40. Jérôme Dupuis, « Nabe : “Pourquoi j'ai brûlé mon Journal intime” », Lire, 1er mars 2007, lire : https://www.lexpress.fr/culture/livre/nabe-pourquoi-j-ai-brule-mon-journal-intime_812062.html
  41. Philippe Perrier, « Qui aura le Goncourt 2002 ? », L’Express, 1er novembre 2002 : https://www.lexpress.fr/culture/livre/qui-aura-le-goncourt-2002_807099.html
  42. Marc-Édouard Nabe, « Tous à Bagdad », Cancer ! (« Hors-Série Irak »), mars 2003}}
  43. Bénédicte Mathieu, « Les éditions Privat achètent le groupe du Rocher », Le Monde, 1er juin 2005, p. 29
  44. « Privat-Le Rocher cède des parts à Gallimard », NouvelObs.com, 14 septembre 2005
  45. Téléphone rouge », Le Nouvel Observateur n°2201, 11 janvier 2007, p. 92.
  46. Marc-Édouard Nabe, Les Porcs tome 1, anti-édité, 2017, p. 281.
  47. Patrick Besson, « Nabe peint », Le Point, 1er mars 2007, p. 101.
  48. Tribunal de grande instance de Paris, Chambre civile 3, 9 juillet 2008, 06/17664, lire : https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000019449706&fastReqId=638849474&fastPos=2}}
  49. « 28 romans », Le Figaro Magazine, 3 octobre 2009.
  50. Patrick Besson, « Expositions », Le Point, 19 mars 2009, p. 13. ; Bertrand de Saint Vincent, « Figures libres », Le Figaro, 6 mars 2009
  51. Carlos Henoud, « Serge Akl, Envoyé spécial du Liban à Paris ! », L'Orient le jour, 23 avril 2009, p.16.
  52. Jérôme Dupuis, « Nabe l’antiéditeur », L’Express, 7 janvier 2010
  53. Laurent Martinet, « Nabe : “Je dois tout à Internet, mais lui aussi me doit tout” », L'Express.fr, 18 mars 2011, lire : https://www.lexpress.fr/culture/livre/nabe-je-dois-tout-a-internet-mais-lui-aussi-me-doit-tout_973911.html
  54. Lionel Chiuch, « Nabe lance un pavé dans la mare éditoriale, La Tribune de Genève, 6 février 2010, p. 27, lire : http://archives.tdg.ch/loisirs/livres/nabe-lance-pave-mare-editoriale-2010-02-05
  55. AFP Infos Françaises, « La deuxième sélection du Renaudot », AFP, 19 octobre 2010, 18h14
  56. « Renaudot : Virginie Despentes revient dans la course », Le Monde, 4 novembre 2010,
  57. Christine Rousseau, « Virginie Despentes, un Renaudot disputé », Le Monde, 10 novembre 2010, p. 19.
  58. Raphaëlle Rérolle, « Michel Houellebecq finalement récompensé par le prix Goncourt », Le Monde, 10 novembre 2010, p. 19.
  59. « L’homme qui a failli avoir le prix Renaudot se souvient », Éclats de Nabe, 5 novembre 2015, voir : https://youtube.com/watch?v=WjyfaRNjSJs
  60. Alain Soral, « L’anti bloc-note », Flash , octobre 2010
  61. Ce soir (ou jamais !), France 2, 2 mai 2011.
  62. Hicham Hamza, « “Le complotisme est une maladie mentale” : entretien avec Marc-Edouard Nabe », oumma.com, 7 avril 2012, lire : https://oumma.com/le-complotisme-est-une-maladie-mentale-entretien-avec-marc-edouard-nabe/
  63. Fiche de l’ouvrage sur le site de Gallimard : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Lucette
  64. Maximilien Friche, « Nabe, écrivain fauve et coupeur de têtes », lire : http://www.mauvaisenouvelle.fr/?article=art-contemporain-nabe-ecrivain-fauve-et-coupeur-de-tetes--143
  65. Laurent James, « Haoulia et Laïbi font convoquer Laurent James par la police de Marseille pour “harcèlement sexuel” ! », Nabe’s News n°18, 27 décembre 2018, lire : http://www.nabesnews.com/haoulia-laibi-font-convoquer-laurent-james-par-la-police-de-marseille-pour-harcelement-sexuel/
  66. Salim Laïbi, « Lancement de la série « Naboscopie » en 12 webisodes », lelibrepenseur.org, 2013, lire : https://www.lelibrepenseur.org/lancement-de-la-serie-naboscopie-en-12-webisodes
  67. « Autre expérience aixoise ! », lelibrepenseur.org, 22 août 2013, lire : https://web.archive.org/web/20130824131418/http://www.lelibrepenseur.org:80/2013/08/22/autre-experience-aixoise-3/
  68. Ce soir (ou jamais !), France 2, 10 janvier 2014.
  69. Jérôme Dupuis, « Nabe, Sollers et Zagdanski : règlements de comptes à Saint-Germain-des-Prés », l’express.fr, 20 mars 2014.
  70. David Doucet, « Avant la sortie de son livre contre Soral et Dieudonné, Nabe sort un magazine », Les Inrocks, 4 décembre 2014, lire : https://www.lesinrocks.com/2014/12/04/actualite/actualite/sortie-livre-contre-soral-dieudonne-nabe-sort-magazine/
  71. « 1er Éclat : Le 7 Janvier de Nabe », Éclats de Nabe, 1er octobre 2010, regarder : https://www.youtube.com/watch?v=fr4ze-AZEio
  72. « Lancement de Patience 2 au 10 rue des Trois-Portes », Éclats de Nabe, 27 août 2015, regarder : https://youtube.com/watch?v=whtTFbcpnKU
  73. « Fête de la Réimpression : que des vieux ! », Éclats de Nabe, 20 octobre 2015, regarder : https://youtube.com/watch?v=aNs4HRGzVcg
  74. « Vernissage de l’exposition “Tableaux choisis“ », Éclats de Nabe, 6 novembre 2015, regarder : https://youtube.com/watch?v=e9nknnKvEsw
  75. David de Lavaur, « Le peuple chiffonnier », Marianne, 10 février 2017, p. 80
  76. « Exposition des « Vieux vêtements » de Nabe », Éclats de Nabe, 22 avril 2017, regarder : https://youtube.com/watch?v=oxVx0lq1-ug
  77. « Accrochage de l’exposition “Patchwork” », Éclats de Nabe, 8 février 2018, regarder : https://youtube.com/watch?v=iYrTvLQhB_E
  78. Ordonnance du référé, lire : http://www.nabesnews.com/ordonnance-du-refere/
  79. « Tabous par Nabe », Satirix n°27, avril 2017
  80. Mathieu Dejean, « Daech a-t-il vraiment fait appel à Marc-Edouard Nabe pour relayer son ultimatum à la France ? », Lesinrocks, 7 juin 2017, lire : https://www.lesinrocks.com/2017/06/07/actualite/actualite/daech-t-il-vraiment-fait-appel-marc-edouard-nabe-pour-relayer-son-ultimatum-la-france/
  81. « Procès Carlos : on y était ! », Nabe’s News n°14, 6 juin 2018, lire : http://www.nabesnews.com/proces-carlos-on-y-etait/
  82. Michel Audétat, « Je suis tombé sous le charme de Lausanne », Le Matin dimanche, 7 octobre 2018, p. 13
  83. Michel Audétat, « Nabe et Ramuz contre les “Gilets Jaunes” », Le Matin Dimanche (supplément Cultura), 2 juin 2019, p. 19.
  84. Amaury Brelet, « Marc-Édouard Nabe, enfer et damnation », Valeurs Actuelles, 13 février 2020, lire en ligne https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/culture/censure-zemmour-antisemitisme-rencontre-avec-marc-edouard-nabe-lecrivain-le-plus-sulfureux-de-france-12-116116 & https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/culture/exil-celine-metoo-rencontre-avec-marc-edouard-nabe-lecrivain-le-plus-censure-de-france-22-116117
  85. Amaury Brelet, « Marc-Édouard Nabe : “Vive le coronavirus !” », Valeurs Actuelles, 25 avril 2020, lire : https://www.valeursactuelles.com/culture/marc-edouard-nabe-vive-le-coronavirus-118577
  86. Marc-Édouard Nabe et David Vesper, « “La société n’est pas raciste, elle est fliquiste !” », Nabe's News 26, 19 octobre 2020, lire : http://www.nabesnews.com/la-societe-nest-pas-raciste-elle-est-fliquiste/
  87. Portraits de Georges Bernanos dans le catalogue de Marc-Édouard Nabe : http://www.marcedouardnabe.com/?product_cat=georges-bernanos
  88. « Docteur Marty », « Maître Zannini, avocat de Marc-Édouard Nabe » et Youssef de Meknès, « Une journée Nabienne », in, Nabe's News 27, 18 décembre 2020, lire : http://www.nabesnews.com/recensions-par-docteur-marty-et-youssef-de-meknes/
  89. Voir le catalogue : https://www.marcedouardnabe.com/?product_cat=antonin-artaud