Willem

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Willem

Bernhard Willem Holtrop, dit Willem, est un dessinateur né le 2 avril 1941 à Ermelo (Pays-Bas).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Nabe et Willem en 1985, photo Arnaud Baumann

En 1974, Marc-Édouard Nabe publie des dessins dans Hara-Kiri dont Willem fait partie. Ils font connaissance lors des bouclages du lundi de Charlie Hebdo. Puis ils se retrouvent en 1984, quand Nabe fréquente à nouveau la bande d’Hara-Kiri, le mardi.

En 1987, selon son principe d’inviter un dessinateur de sa jeunesse à illustrer ses livres d’écrivain, Nabe demande à Willem un dessin de couverture pour Le Bonheur. L’éditeur, Gérard Bourgadier (Denoël), refuse le dessin, mais Nabe promet à Willem qu’il réitérera la tentative. En 2004, Willem réalise donc, pour le Rocher, la couverture du vingt-sixième livre de Marc-Édouard Nabe, J’enfonce le clou. Lors d’un numéro de Paris Dernière, Frédéric Taddeï connecte les deux amis dans une galerie où Willem offre le dessin de couverture de J’enfonce le clou à l’auteur.

Willem et Nabe au musée de l’érotisme à Pigalle, novembre 2004
Couverture de J’enfonce le clou, réalisée par Willem

Dans L’Homme qui arrêta d’écrire (2010), Willem est transposé en « Wilem », dessinateur du dernier journal imprimé réalisé par les journalistes de tous les quotidiens qui ont disparu face à Internet[1]. En avril 2017, Willem apparaît dans la série des « Éclats de Nabe », dans une vidéo tournée en mars 2016, qui ouvre la seconde saison.

Citations

Willem sur Nabe

  • « On se connaît depuis qu’il a seize ans, c’est un fou furieux ! C’est pour ça que j’ai accepté de faire son dessin. Je ne prends pas trop au sérieux tout ce qu’il écrit ! » (Paris Dernière, Paris Première, 2004)

Nabe sur Willem

  • « Le rendez-vous hebdomadaire de Hara-Kiri est transféré dans un autre lieu que la rue des Trois-Portes : à la galerie Riedel où se tient le vernissage des dessins de Willem. Il s’agit d’une grande série publiée dans le journal et qui fera l’objet d’un superbe album édité par Choron : N’oublions jamais ! Willem a eu la formidable idée, en fouillant dans de vieux documents de propagande, de dessiner quelques-unes des illustrations “imaginaires” de l’apocalypse hitlérienne. Je connais le style minutieux et dur de Willem depuis que je suis gosse, je lisais ses bandes dessinées poisseuses et rétro aux naïfs mélos tordus où ses héros ironiquement américanisés s’agitent en faisant des fautes de français (Tom Blanc, Fred Fallo, le terroriste international Bernstein, etc.), mais tout cela restait de la bande dessinée, et même si c’est de la meilleure, il y a un certain niveau que cet art, décidément, ne peut pas dépasser. Ce que je vois ce soir accroché en est une preuve supplémentaire. Nous sommes là devant son chef-d’œuvre, ce qu’il a fait de plus grand, de plus fort, de plus haut. Une trentaine de planches sans commentaire, lavis et aquarelles heureux, aux masses bien jetées sur le blanc. Images d’Épinal porno-sado, pleines de nazis, de déportés, de gros Bavarois, d’Hitlerjugend, de chiens, de bites, de croix gammées, de stukas, dans le sang, l’urine, le foutre, les barbelés et les décombres... Chacun de ces dessins restitue avec une fidélité extraordinaire l’ambiance de l’Allemagne en déroute, dans laquelle l’esprit net et gluant à la fois de Willem s’est versé comme dans un moule fait pour lui depuis quarante ans. On prendre pour de la rigolade la référence de Gébé aux Horreurs de la guerre de Goya dans l’encart publicitaire de son bouquin. C’est pourtant bien juste. [...] Je crois que là, Willem est allé très loin. Il a donné une nouvelle dimension au “dessin humoristique”. On est loin des sucreries de Folon ou même du conformisme “cruel” de Topor (d’ailleurs inexcusablement absent ce soir). Il a poussé admirablement ce travail sur l’allégorie qu’est le dessin d’humour, en évitant la délation dans l’“art” ou le gratuit du rire... Il n’y a plus de “gag”, ce n’est pas non plus un tableau, ce n’est pas une parabole, rien n’y est abstrait, ce n’est pas “beau” et c’est grandiose... [...] Reproduction de la célèbre photo des trois Grands à Yalta... Seulement, ils sont pas trois les mousquetaires ! Ils sont quatre ! Auprès de Roosevelt, Churchill et Staline, Willem a rajouté... HITLER !!!! » (Nabe’s Dream, 1991, pp. 780-783)
  • « Nous allons au petit vernissage, dans une petite librairie, de l’immense exposition de l’immense Willem : Alphabet Capone. Vingt-six sérigraphies en noir, rouge et gris représentant des gangsters et des flics troués de balles dans toutes les positions, leurs filets de sang formant l’une après l’autre les lettres de l’alphabet... Ce Hollandais me tuera toujours. Grégory connaissait mal la génialité de Willem. Il la reçoit comme une rafale alcaponienne ! Le dessinateur et sa femme mettent un instant à me reconnaître : “Avec ta barbe, tu fais enfin normal !” Comment faut-il ne pas le prendre ? » (page du journal inédit de Nabe, servant de carton d’invitation pour le lancement de Tohu-Bohu, novembre 1993)
  • « Un vieux copain, il m’a connu tout jeune. Il n’a pas changé. Toujours grand, bardé de sacoches, aussi rouge et frais de peau, sauf qu’il a les moustaches toutes blanches... Et les cheveux aussi. Tout blanc, le Hollandais. En me secourant, il m’explique qu’il se trouvait chez Delamain par hasard, il regardait les livres qu’il m’a vu. Et il rit, Wilem a toujours beaucoup ri en parlant, peut-être pour cracher son accent et son français encore approximatif après quarante ans de vie ici...
— Tu as été t’étouffé ! Couic ! Fini, hein ? » (L’Homme qui arrêta d’écrire, 2010, pp. 394-395)

Dédicace à Marc-Édouard Nabe

Dédicace de Willem à Nabe

Collaboration

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, L’Homme qui arrêta d’écrire, anti-édité, 2010, pp. 394-396.