Simone Weil

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Simone Weil

Simone Weil est une philosophe française née le 3 février 1909 à Paris et morte le 24 août 1943 à Ashford (Royaume-Uni).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En 1985, Marc-Édouard Nabe travaille sur Simone Weil, dont il étudie la biographie et l’œuvre :

« Lundi 8 juillet 1985. — [...] Je continue mon périple à moi, Petits riens en vue... Les cohortes prétoriennes, les zouaves, Léon Daudet, Mao Tsé-toung, l’urbanisme, les baobabs, de Gaulle, Schuhl et surtout Simone Weil dont je feuillette la biographie et les œuvres posthumes. Sur la page de garde de La Pesanteur et la Grâce, un lecteur a écrit : “C’est une youpine au service du sionisme mondial.” Quels cons ces antisémites !... Sainte Simone est plutôt un Otto Weininger en jupons à étudier avec grand sérieux.[1] »

Sensible au fait que Simone Weil était à Marseille entre 1940 et 1942, qu’elle habitait aux Catalans et qu’elle aurait donc pu croiser dans la ville les Zannini (Marcel et Suzanne) qui ne se connaissaient pas encore, Nabe continue son exploration de la pensée mystique de Simone Weil. Nabe prévoie même sur elle un livre entier, sorte de pendant à L’Âme de Billie Holiday : Le corps de Simone Weil (annoncé dans les listes de livres à venir de Rideau, Petits Riens sur presque tout, Visage de Turc en pleurs et Lucette). En 1994, il publie dans la revue Question de, qui lui consacre un dossier spécial, un texte intitulé « Miss Non ». En 1995, de retour à Joyeuse en Ardèche, avec Hélène et Alexandre, Nabe se rend à l’improviste à Saint-Marcel-d’Ardèche chez le philosophe et ami de Simone Weil, Gustave Thibon, qu’il rencontre et avec qui il parle de la philosophe disparue.

Citations

Nabe sur Weil

  • « Seul son corps compte. Ses cahiers ne sont que les carnets de bord de son extraordinaire, grotesque, sérieuse et nouvelle histoire à la Edgar Allan Poe dans les sphères gluantes de la spiritualité chrétienne. Simone Weil est bien la plus bandante des pin-up frankensteinières qui aient poussé la mortification judéo-chrétienne jusque dans l’abîme du Grand Délice. Auto-sado-masochiste, cette Jeanne d’Assise est une rigoriste du mépris de soi-même, une Christe irressuscitable ! L’amour répugnant de la misère ; la jouissance mystique d’éprouver la Femme, par son anti-vagin interposé ; ce refus de tout égard (gifle aussi violente à l’ensemble des femmes qu’à celui des hommes) ; ce complexe d’infériorité jusqu’à la nausée ce goût de l’inconfort ; l’élèvent au-dessus de toute infâme revendication féminine. Binoclarde, un peu bossue, caraquesque, en as de pique, intronchable à souhait, Simone Weil, cosmique laideron, était la juive errante dans toute sa splendeur. Je ne la considère pas comme un écrivain, ni même comme un philosophe. Ce n’est pas une artiste, ce n’est même pas une femme. Ce qu’elle a laissé n’a aucune importance. Même avec des clous, sa pensée ne pourrait être fixée. Je l’admire comme j’admire certaines empoisonneuses, certaines grandes reines, certaines chanteuses, certaines actrices. Elle est de la Liste. » (« Miss “Non” », Question de n°97, septembre 1994)
  • « Vous avez raison de parler de Simone parce qu’elle est vraiment capitale. Elle ouvre des perspectives mystiques extraordinaires, quand elle dit par exemple que sa respiration souille la création et qu’elle s’en veut d’avoir un cœur parce que ce cœur bat et qu’il gêne le silence du ciel, ça quand on voit les petits misérables intellectuels d’aujourd’hui qui se complaisent dans la haine de soi, ils pourraient prendre des leçons dans cette véritable violence qu’elle s’infligeait à elle-même, et avec drôlerie ! Et je voudrais vous raconter une petite anecdote à ce sujet. Il y a deux ans, j’étais de passage en Ardèche pour aller voir figurez-vous où avait vécu Mallarmé à Tournon, vous savez dans ce département dont il disait : “"L’Art-Dèche" ce seul mot résume mes deux problèmes principaux”, et j’ai retrouvé son petit immeuble... Ensuite, je suis passé à Saint-Marcel-d’Ardèche qui était la maison où a vécu Simone Weil chez Gustave Thibon, voilà, dans les années quarante, où elle se cachait... C’était il y deux-trois ans, Thibon avait déjà quatre-vingt-treize ans et je pensais vraiment pas le voir, je lui ai simplement laissé un petit mot, je le connaissais pas, pour lui dire toute l’admiration que j’avais pour ce qu’il avait fait pour cette grande philosophe qui avait été persécutée par les nazis (elle a pas été seulement persécutée par elle-même, elle a été aussi persécutée par les nazis il faut le savoir, elle est morte à Londres en 43), et je suis arrivé : il y avait des personnages dans le jardin, on aurait dit des martiens ou des escrimeurs puisqu’on était en plein essaimage, c’était des apiculteurs qui travaillaient sur les ruches, et donc au milieu de ces personnages complètement dans des scaphandres grillagés, Gustave Thibon est sorti de sa sieste, il a écarté les abeilles d’un beau geste et m’a emmené dans son bureau, et là nous avons parlé de Simone Weil pendant une bonne demi-heure, il fumait sa cigarette, il avait deux dents comme ça merveilleuses, et il m’a récité le Pater Noster en grec tel que Simone Weil le récitait en faisant les vendanges il y a plus de soixante ans !... » (Entretien avec Jacques Chancel, Figure de Proue, France Inter, 31 janvier 1999 ; repris dans Coups d’épée dans l’eau, 1999, pp. 544-545)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Simone Weil sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, 1993, p. 1137.