Mohandas Karamchand Gandhi

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Mohandas Karamchand Gandhi

Mohandas Karamchand Gandhi est un révolutionnaire indépendantiste indien né le 2 octobre 1869 à Porbandar et mort le 30 janvier 1948 à Delhi.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

C'est par l'intermédiaire de Léon Tolstoï que Nabe découvre et approfondit Gandhi. Comme il le développe dans L’Âge du Christ (1992), Gandhi vient directement de la pensée religieuse de l'orthodoxe excommunié Tolstoï :

« Le père de Gandhi a un nom : Léon Tolstoï. La grandeur d’un écrivain se mesure aux disciples que tout ce que son œuvre n’a pas de littéraire suscite. Gandhi se foutait complètement de l’art en général (la chapelle Sixtine visitée en 1932 le laisse totalement froid), et la littérature ne lui semble même pas dangereuse. Je suis ravi de trouver enfin quelqu’un qui ait pris au sérieux l’œuvre exégétique de Tolstoï[1] »
Gandhi par Vuillemin, 1997

L'étude de Louis Massignon permettra également à Nabe de travailler, après l’islamologue gandhiste, les liens entre le catholicisme mystique et l’hindouisme du Mahatma. Dans L’Âge du Christ, puis dans un autre texte dans L’Éternité, « Les cendres de Gandhi », publié à l'occasion de la dispersion de la dernière partie de ses cendres, Nabe reviendra sur la figure de Gandhi, sur sa « résistance » et sa « passivité », plus encore sur le plan philosophique que religieux. Il fera d'ailleurs illustrer son texte par son ami Vuillemin qui se retrouve en train de faire son premier portrait de Gandhi. Nabe publiera également un article signé Gandhi et intitulé « Oui à la non violence »[2].

Nabe produira également toute une série de portraits de Gandhi en 2012 pour son exposition à Aix-en-Provence. En mars 2019, Nabe fera un rapprochement entre la tactique de manifestation des Gilets Jaunes et celle de Gandhi dans son pamphlet Aux Rats des pâquerettes.

La figure de Gandhi suivra l'écrivain jusqu’en Suisse puisque le Mahatma s’y était rendu en 1931 à l’invitation d’un autre penseur cher à Nabe, Romain Rolland. Nabe signalera cette coïncidence dans son entretien fleuve avec Amaury Brelet dans Valeurs actuelles[3] :

« Et l’attachement à la terre, à une culture, à un peuple ? “C’est des conneries. La seule patrie, c’est la langue. Céline, qui souffrait en exil, l’a dit lui-même. Je suis Français par la langue, pas par le pays, balaie Nabe. Vous savez que Gandhi, qui est venu en Suisse à l’invitation de Romain Rolland, en 1931, avec sa chèvre, son sari et son gobelet de lait, a envoyé une lettre de félicitations à Pétain lorsqu’il a capitulé face à l’Allemagne nazie ?” » 

À noter : dans son journal intime, Nabe’s Dream (1991), Nabe rapporte un propos du Professeur Choron sur Gandhi, prononcé durant l’un des mardis de Hara-Kiri :

« Il est définitivement bourré et se met encore en colère contre Gandhi.
— Ce gros con de Gandhi ! Le non-violent ! Toujours un bâton à la main. Gandhi et son bâton, qui tape sur tout le monde : “Laissez-moi passer !” Non-violent et végétarien de merde ! C’est les carottes qui l’ont assassiné. Elles lui en voulaient à mort. Gandhi a été assassiné par une carotte : il l’a pas volé !...[4] »

Citations

Nabe sur Gandhi

  • « Gandhi est le plus grand chrétien depuis le Christ. Personne, même parmi les apôtres et les saints, n’a vécu l’Évangile christique, non pas à la lettre, mais à l’esprit de la lettre. Comme Jésus, Gandhi est un technicien. Il existe un solfège gandhien, mis au point pour jouer de cet instrument ingrat : soi. Trop prennent Gandhi pour une espèce de gourou école-cool revenu à je ne sais quelle “philosophie” naturaliste qui, exotisme aidant, renouvelle le vieux panthéisme de cette vache pas du tout sacrée qu’on appelle l’homme. Faux ! Ce n’est pas naturel de recourir à la vérité vraie et à la non-violence offensive. C’est un effort terrible sur l’immonde nature humaine. Gandhi lui-même, à la fin de sa vie, traversait de drôles d’affres, il n’était pas sûr d’avoir réussi sue lui sa révolution. Bouleversant toutes les règles de l’instinct, le gandhisme ne coule pas de source. Un échec presque certains attend celui qui encaisse les coups d’autrui ouvertement. Car tout est là. Plus de cachette ! Tout doit être fait au grand jour. La vérité hait le secret. Plus vous serez ouvert, plus vous serez vrais (Gandhi) » (L’Âge du Christ, 1992, pp. 83-84)
  • « Gandhi, c’est Gengis-Kahn, Tamerlan et Caligula en un seul homme mais épurés, filtrés par l’alambic de l’intelligence de comportement. Pour lui, on ne peut se défendre qu’en parvenant à faire que l’ennemi s’anéantisse lui-même. Son fameux rouet avec lequel il filait la laine bien “sagement”, c’était un instrument de torture plus radical que la roue du Moyen Âge sur laquelle on faisait “tourner” les méchants coupables ou les gentils innocents (et même quelquefois les gentils coupables et les méchants innocents...) ! La façon dont Gandhi marche sur certains documents filmés (je les ai tous) aurait dû mettre la puce à la vilaine oreille de ceux qui le prennent pour un vieillard mou évanescent rêvasseur. Ça me rappelle sainte Thérèse de Lisieux que la plupart des ignorants croient cucul la praline et rosée. Ces gens-là étaient des surhommes dotés d’une énergie qu’on ne retrouve que sur le plafond de la chapelle Sixtine... Toute le journée, Gandhi était occupé à renverser le pouvoir, ça se voit dans les déplacements de son corps grêle et noir, stupéfiant d’élégance. Je pense à ces photos qui le montrent en train de dormir sur le transat d’un paquebot : une araignée contorsionniste... » (« Les cendres de Gandhi », L’Éternité n°2, mars 1997)
  • « Gilets jaunes, encore un effort pour être révolutionnaires ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Il s’est passé qu’on leur a tellement dit d’arrêter la casse, de choisir la démocratie contre la violence et autres fadaises, qu’ils ont débandé ! Pas de violence ? D’accord, mais il faut être capable de l’assumer, la résistance passive à la Gandhi... Les Indiens du Mahatma se sont pris des coups de bâton jusqu’à la mort sans bouger pendant des années en sit-in, par terre, endurant, pour qu’elle porte ses fruits, la non-violence... Gandhi arriva à culpabiliser le Pouvoir de le frapper, et donc à l’arrêter. Ici, le Pouvoir et ses valets médiatiques culpabilisent les Gilets de se battre contre les flics (intouchables depuis le Bataclan) et de salir les Champs-Élysées (déjà si dégueulasses par ailleurs depuis dix ans, au moins !) » (Aux Rats des pâquerettes, 2019, p. 10)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Gandhi sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, L’Âge du Christ, Éditions du Rocher, 1992, p. 87.
  2. Mohandas Karamchand Gandhi, « Oui à la non-violence », L’Éternité n°2, mars 1997, p. 13.
  3. Amaudy Brelet, « », Valeurs Actuelles, 16 février 2020, lire : https://www.valeursactuelles.com/culture/exil-celine-metoo-rencontre-avec-marc-edouard-nabe-lecrivain-le-plus-censure-de-france-22-116117
  4. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 675.