Siné

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Siné, 2008

Bob Siné est un dessinateur français né le 31 décembre 1928 et mort le 5 mai 2016 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe rencontre Siné très tôt dans son enfance (1964)[1], le dessinateur est un ami de son père, Marcel Zannini. C’est certainement l’un des artistes qui a le plus influencé Nabe en dessins et en idées politiques. Ils sont restés soudés, puis proches, puis un peu moins, au fil des années. En 1982, co-directeur de la revue Vertiges des lettres, Siné passe des textes de Nabe. En 1989, Siné réalise la couverture de La Marseillaise. Il apparaît avec Fred sur le plateau de Frédéric Mitterrand pour une émission spéciale consacrée à Zanini et Nabe. Siné sera également très présent dans son journal intime (de Nabe’s Dream à Kamikaze).

En 2008, après l’éviction de Siné de Charlie Hebdo par son directeur depuis 1992, Philippe Val (affaire longuement évoquée dans Les Porcs tome 1), Nabe écrit un tract sur l’« affaire Siné », Sauver Siné, pour le mettre en garde contre son entourage qui encourage le grand dessinateur anarchiste à la modération en créant un journal médiocre aux yeux de Nabe : Siné Hebdo. L’épouse de Siné, Catherine Sinet, conseille à son mari de couper définitivement les ponts avec Alain Zannini. Bob mourra sans avoir revu Nabe (2016).

Siné, Catherine Sinet, Zanini et Nabe (à l’âge de 14 ans) au Bilboquet, extrait de Mourir plutôt crever de Stéphane Mercurio, 2010

Citations

Siné sur Nabe

  • « J’ai une vieillie adresse mais je tente quand même le coup ! Merci pour ton bouquin “J’enfonce le clou” avec la sublime couverture de Willem. Je vois, avec plaisir, que tu vieillis bien et que tu cognes toujours avec le même enthousiasme et aussi fort ! Moi, qui gueulais toujours : “on les aura !”, je n’y crois plus, mais c’est quand même indispensable d’essayer !
Je t’embrasse,
Bob Siné. » (repris dans Les Porcs tome 1, p. 214)

Nabe sur Siné

  • « Tout part de Siné, parce que Siné, c’est le meilleur et c’est terminé. Tout le monde a oublié que Bob fut la véritable révélation du dessin des années 50-60, le dieu de la décennie cruciale, combien il a transfusé la plupart des anémiques suivants, donquichotté tous les scélérats, et dans un rythme soutenu cravachant jusqu’à “la révolution” de mai 68... Ils sont tous là à s’inventer des souvenirs de barricades, a posteriori, des importances de héros “sur parole”... Le seul dont on peut être sûr, c’est Bob. Lui n’a pas plaisanté avec la mèche : il est responsable de la fumée des “événements”. Sur le modèle de Siné-Massacre, il a créé L’Enragé avec Pauvert. Huit, dix pages par semaine comme ça, pour pousser la révolution au cul. Hélas cette salope était frigide ou alors c’est Cohn-Bendit qui n’a pas su la faire jouir !... Si c’est Siné qui avait baisé 68, on n’en serait pas là aujourd’hui... 
Les cartes de vœux de Bob sont célèbres : de Gaulle dans un cercueil ; Moshe Dayan avec un bandeau sur les couilles ; un type qui efface le drapeau américain avec une éponge ; un autre qui tapette des mouches-flics, mouches-juges, mouches-prêtres... Toutes sortes de souhaits pieux !... Je ne connais pas de meilleure vitamine que de vivre parmi les dessins de Bob Siné : ils dictent exactement ce qu’il faudrait faire. Ils furent mes premiers commandements, ma morale originelle : Tu noieras un curé dans son bénitier ! Tu compléteras P.C.F. en “Pourritures-Crapules-Fumiers” ! Tu mettras les handicapés sur des montagnes russes ! Tu donneras un coup de pied au cul des pieds-noirs ! Tu feras transporter les bagages d’un Nègre par quinze colons ! Tu montreras l’Oncle Sam s’allaitant à la louve nazie ! Tu cloueras les juges et les prêtres ! Tu feras égorger les militaires par des Algériens ! Tu brûleras vif le Général ! Tu te moqueras systématiquement des infirmes, des Juifs, des pédés, et tu montreras toujours les paras, les Américains, le clergé, les riches et les flics accomplissant au grand jour leurs plus secret et répugnants fantasmes...
Etc., etc. ! Ça fait de très bonnes bases pour démarrer dans la vie je trouve. Bob m’a vraiment donné les fondements de la candeur ! À boulets rouges ! En voilà un, de titre ! Il a toujours été clair là-dessus : Bob, c’est Bonnot, c’est Baader ! Pour le terrorisme le plus suicidaire... Enfin, jamais décalé : je ne connais pas un artiste en France qui, politiquement, soit plus irréprochable que Bob. Il a tout fait au bon moment et s’est toujours trompé : deux qualités en une seule phrase banale comme ça mais que personne ne pourrait écrire sur soi-même dans ce pays de merde. » (Kamikaze, 2000, p. 3284)
  • « Quand j’ouvre ce Siné Hebdo moche, débile, creux, potache, inepte, indigne, j’ai honte ! Honte pour Siné Massacre et L’Enragé ! “Un journal, sans tabou, ouvert à tous, réunissant tous ceux à qui on a fermé le clapet dans les autres journaux”, dit Bob. Tu parles Charles, et même Charlie ! C’est pire que celui de Val où au moins il y a encore Willem et Wolinski. Charlie Hebdo est un journal de vieux, et Siné Hebdo, un journal de morts. Le casting donne la nausée : polardeux, cultureux, inrockuptibleux, philosopheux, chansonniers... L’Axe Ruquier-Groland, il fallait le trouver ! Quand je pense que c’est Siné qui en est responsable… Philippe Geluck/Benoît Delépine, même combat… Merci, Bob, de montrer qu’en vérité ce sont tous les mêmes minus de l’humour... Les différences n’étaient qu’apparentes : ils servent la même France franchouillarde de beaufs, celle que Siné a combattu toute sa vie, son oeuvre, son cul ! Je parie qu’on verra bientôt Michel Drucker faire la pub de Siné Hebdo à “Vivement Dimanche”. Canal+ s’en délecte déjà. Siné Hebdo ne peut que rencontrer un grand succès comme tout ce qui est un ersatz aujourd’hui. Notre époque c’est : parce qu’il n’y a rien d’autre à se mettre sous la dent, on bouffe n’importe quoi. Le pis-aller roi ! Siné Hebdo, c’est la fête aux billets d’humeur et aux petits Mickeys dans les coins… Que du remplissage ! Siné lui-même reprend ses vieux clichés graphiques et les autres dessinateurs, ça fait peur de voir comment ils sont ininspirés. » (Sauver Siné, tract, 20 septembre 2008)

Une des nombreuses dédicaces de Siné à Marc-Édouard Nabe

Dédicace de Siné à Marc-Édouard Nabe, 24 janvier 1975

Photos

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Siné, Nabe et sa mère à Val d'Isère, janvier 1964