Henry Bernstein

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Henry Bernstein, 1936

Henry Bernstein est un dramaturge français né le 20 juin 1876 à Paris et mort le 27 novembre 1953.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe, grand admirateur de ce dramaturge méconnu, contacte la fille de Bernstein, Georges Bernstein-Gruber, pour lui proposer de mettre en œuvre un recueil des pièces de son père. Après deux ans de travail en commun avec elle, les Éditions du Rocher publient en 1997 Théâtre, un recueil de huit pièces d’Henry Bernstein (La Griffe, Samson, Israël, Judith, Félix, Espoir, Elvire, Victor). Le volume de 750 pages s’ouvre sur une préface de 80 pages de Marc-Édouard Nabe, « La jungle de Bernstein », qui contient les arguments de toutes les pièces, dans l’ordre chronologique, plus la biographie de l’auteur vue par Nabe, ainsi que des analyses théâtrales, littéraires et politiques qui couvrent plus de cinquante ans de l’activité de Bernstein. Le livre, qui a fait la joie de sa fille Georges, tombe évidemment dans l’indifférence la plus complète et n’est remarqué que par Jean-Jacques Pauvert, Ariel Wizman et Pierre Bénichou, ainsi que par des acteurs et metteurs en scène qui s’en serviront pour porter certaines pièces sur les planches (Jean-Pierre Cassel pour Elvire, 2002 ; Eric Cantona et Rachida Brakni, pour Victor, 2015).

Citations

  • « Dimanche 23 novembre 1986. — [...] Encore un grand Juif ! Avec Soutine, Proust, Suarès, Simone Weil, Kafka, Lee Konitz et Gertrude Stein, ça commence à faire une sacrée cohorte intime... Bernstein ne possède pas la métaphysique de Pirandello ni le lyrisme de Strindberg, mais si toutes ses pièces sont de cet acabit bouleversant, ça demande une halte conséquente à sa gare dramatique. Mélo est un titre parfait qui retourne le second degré sur le premier comme une crêpe dans une poêle à frire. Il paraît qu’il a écrit une pièce qui s’appelle Le Bonheur. Je ne manque pas d’air. » (Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, p. 1905)
  • « Bernstein a été un auteur adoré et détesté dans un barouf fumeux pendant plus d’un demi-siècle, et qui, le jour même où il mourut, plongea dans l’oubli pour ne plus jamais en ressortir. Comme si son corps, contrairement aux autres mal-aimés qui se servent du leur pour boucher l’accès à l’amour dont ils estiment que leurs contemporains leur sont redevables, avait emporté dans la tombe l’énergie à laquelle tenait son exaspérante notoriété. Tout le monde connaissait Bernstein : une fois invisible plus personne ne sait qui c’est. » (« La Jungle de Bernstein », préface à Henry Bernstein, Théâtre, Éditions du Rocher, 1997, p. III-IV.)
  • « Bernstein, à l’époque de ma Chinoise, je venais de le déterrer... Lazare surgissant tout pourri hors du trou du souffleur ! J’avais appelé sa fille un jour, sans la connaître, en trouvant son numéro dans le bottin, puis j’avais rencontré cette vieille dame de quatre-vingts ans. Elle s’appelait Georges, avec un “s”... Son père (le plus haï des auteurs à succès du théâtre de l’entre-deux-guerres) refusa toujours de lui dire pourquoi il l’avait prénommé comme un garçon... Ah ! moi et mes vieilles ! Après madame Keaton, madame Céline, madame Parker, madame Clouzot, mesdemoiselles Claudel, Bloy et Péguy : mademoiselle Bernstein ! Georges était une dame impeccablement coiffée et appuyée sur sa canne. Tout défrisait cette indéfrisable. D’un caractère presque autant de cochon que le mien, Georges reconnaissait que j’étais un des rares à la supporter... Elle prenait beaucoup de Deroxat pour éviter de se faire la gueule à elle-même toute la journée. Georges avait du mal à marcher, mais pas à parler ! Qu’est-ce qu’on a pu discuter, Georges et moi, dans son petit appartement face au musée Bourdelle (O.K., ce n’est pas Rodin, mais Le Centaure mort, ça existe !) ! Privé de postérité depuis plus de cinquante ans, pour avoir trop bien étalé avec son couteau tordu l’immonde confiture d’âme de la haute bourgeoisie française de son temps sur les scènes parisiennes jusqu’à les briser comme des biscottes, Bernstein n’avait jamais été vraiment publié. Seul Jean-Paul, parce que je lui écrivis une préface fouillée de quatre-vingt-dix pages, accepta de sortir du néant un gros volume de ce théâtre considéré par presque tous comme le plus glauque qui soit. Dans son petit milieu théâtral, chaque fois qu’elle parlait de moi (en bien), Georges se faisait quasiment insulter : “Ça me rappelle mon père !” Elle prononçait toujours “Paire”, comme pour insister sur la véracité des aventures invraisemblable qu’on prêtait à l’auteur de Mélo (porté à l’écran par le cinéaste Alain quelquechose). Georges a fini par quitter Paris pour une maison de retraite à Marseille, Le Soleil du Roucas, célèbre pour avoir brûlé une nuit de 14 juillet, au milieu des feux d’artifices !... Un jour, elle me téléphone : “Bonjour, c’est Georges, vous connaissez la nouvelle ? Je ne suis pas morte !” » (Alain Zannini, 2002, pp. 430-431)

Intégration littéraire

Notes et références