Georges Ibrahim Abdallah

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Georges Ibrahim Abdallah

Georges Ibrahim Abdallah est un révolutionnaire pro-palestinien,chrétien et militant communiste né le 2 avril 1951 à Kobayat (Liban). Il est le chef des FARL (Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises) et est accusé de plusieurs assassinats. Il est jugé en 1986 et purge depuis une peine de prison en France. Libérable depuis 1999, sa remise en liberté est sans cesse repoussée.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En 1986, Marc-Édouard Nabe s’intéresse au parcours de Georges Ibrahim Abdallah et suit son procès (défendu par Jacques Vergès). Abdallah est le premier « terroriste » à qui Nabe donnera la parole dans ses livres (suivront les revendications des membres d’Action directe, puis, dans les années 2000, les allocutions de Ben Laden, de Zarkaoui, de Saddam Hussein (Une lueur d’espoir, 2001 ; La Vérité, 2003-2004 ; Les Porcs, 2017) jusqu’aux déclarations des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly dans Patience 2 en 2015), autant de discours que la presse et les autres médias se gardent bien de reproduire. Dans Inch’Allah (1996),en effet, Nabe reproduit in extenso sur trois pages le propos liminaire prononcé par Georges Ibrahim Abdallah lors de l’ouverture de son procès, le 23 février 1987 :

« Qu’un combattant arabe soit jugé par une cour spéciale en Occident, rien de plus normal. Qu’il soit traité de criminel, de malfaiteur, rien de vraiment nouveau. Déjà, les “bandits de l’Aurès”, les “terroristes” de Palestine ainsi que les “fanatiques lépreux” d’Ansar et de Khiam ont été l’objet de ces honorables qualificatifs. Ils rappellent à tous ceux qui ont la mémoire courte le patrimoine de votre justice occidentale, de votre civilisation judéo-chrétienne. Mais que le criminel yankee, bourreau de tous les déshérités de la terre, soit en plus le représentant des prétendues victimes, il y a bien de quoi, alors, s’abstenir de tout commentaire sur la nature de cette cour. Quarante ans après la libération de Paris, on voit persister dans votre pays une référence quasi obligée de tous vos patrons aux années d’occupation, référence mystifiante, larmoyante et vantarde. Elle occulte la lâcheté de ceux qui se foutaient des porteurs de l’étoile jaune et qui n’ont découvert leur virilité qu’en soutenant les escrocs qui exploitent les souvenirs d’Auschwitz. Elle occulte aussi les actions illégales de ces “terroristes lépreux” de “l’Affiche rouge” et de leurs camarades résistants qui sauvaient l’honneur de votre pays en se battant héroïquement contre l’ordre des criminels et de leurs fantoches. Ils attaquaient l’occupant là où ils pouvaient, foulant aux pieds toute légalité. Bien sûr, vous n’êtes pas ici pour parler politique. C’est clair, vous êtes ici simplement pour juger des actions qui ont perturbé la paix de votre ordre, dans votre jargon judiciaire. C’est cette paix qui est menacée par les actions que vous prétendez juger avec la “sérénité” et l’“indépendance” d’“apolitiques”. Avec quelle sérénité et quelle indépendance prétendez-vous juger des actes de guerre en les isolant du processus de l’agression impérialiste perpétrée contre notre peuple ! [...][1] »

En 2015, dans un Éclat, Nabe revient sur son rapport au monde arabe et en particulier à Georges Ibrahim Abdallah :

Extrait de l’Éclat « Regarde toutes les flèches qu’ils m’ont envoyées, tes frères… », 8 novembre 2015

Citations

Nabe sur Abdallah

  • « Lundi 23 février 1987. — L’ordre ne chôme pas ! Après l’arrestation d’Action directe, le procès de Georges Ibrahim Abdallah s’ouvre aujourd’hui, comme par hasard.
Ça va chier ! Le Palais de justice est surfliqué, ça fourmille de partout. Quelle tension en ce moment à Paris ! Je la sens d’ici. Même les Ardennes ont le frisson. Il suffit de tendre la narine, c’est comme un souffle marin qui viendrait d’une mer de mort. Les directs de l’action et le manitou maronite font swinguer le pays. Enfin ! Et Klaus Barbie, l’autre client du grand Vergès, à Lyon, qui attend sur le starting-block de l’ignominie. La Franchouillance ne sait plus où donner une dégoût. Y a trop de grands méchants loups !
Georges Ibrahim Abdallah est jugé dans la salle où Zola “accusa” ; où la bande à Bonnot débanda ; où Weidmann fut condamné à mort dans le seul but d’être immortalisé par Jean Genet qui le fit vous apparaître à la première phrase de Notre-Dame-des-Fleurs ; où le docteur Petiot ne se lamenta pas devant son mur de valises de Juifs partis en fumée en “Argentine” ; où les généraud Jouhaud et Salan furent traités d’OASsassins ; où l’on débattit de la baraka de Ben Barka abattu !... Ça en fait des ondes...
C’est splendide un accusé entrant dans son box ! On dirait un cheval, un étalon super pur-sang qu’on va bichonner dans son écurie avant la course. Abdallah me rappelle El Hedi Ben Salem, l’acteur de Fassbinder dans Tous les autres s’appellent Ali. Même gravité méprisante, même noblesse dans la lourdeur. Ce mélange de chrétien et d’Arabe va à ravir à un terroriste. La Magistrature voudrait bien lui foutre sur le dos les attentats de l’automne, mais même si on soupçonne encore ses frangins roublards, lui, Georges, n’y est pour rien. On ne l’accuse aujourd’hui que d’être peut-être le chef des FARL responsables il y a quelques années des butages de diplomates yankee et israélien : des témoins ont identifié la copine d’Abdallah, Jacqueline Esber aux grosses hanches... Encore une dessoudeuse sans froid aux yeux ! Comme l’Aubron et la Ménigon. Ça devient la spécialité des femmes couillues que d’abattre une huile sur un paillasson... Les journaux ont de quoi tartiner : les colonnes s’affolent : d’un côté les rouillaneries, de l’autre les ibrahimages !
J’aurais bien voulu voir autrement qu’à la télévision l’entrée d’Abdallah en chemise blanche, bien barbu, lisant “d’une voix douce sa déclaration”… » (Inch’Allah, 1996, pp. 2029-2030)

Intégration littéraire

Notes et références