Friedrich Nietzsche

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Nietzsche

Friedrich Nietzsche est un philosophe allemand né le 15 octobre 1844 à Röcken (Prusse) et mort le 25 août 1900 à Weimar (Allemagne).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Durant l’écriture de Au régal des vermines, Marc-Édouard Nabe étudie l’œuvre de Nietzsche :

« Dimanche 4 mars [1984]. — J’emporte dans mes poches quelques livres de Nietzsche dont j’ai très envie en ce moment : à la lumière des reproches que l’on m’adresse, je découvre en lui l’œuvre en morceaux types. Je lis quelques numéros d’Aurore, un des derniers Nietzsche que j’avais omis... Ça, c’est pas du roman ! Quel catalogue d’opinions ! Quelle candeur cosmique ! Quelle puérilité dionysiaque !... Lyrisme boche, sombre miel ! Autorité magistrale d’une naïveté en effervescence ! Ah ! Le zarathoustrien tombe à pic.[1] »

Ainsi, on retrouvera cet intérêt dans le Régal lui-même : « Sade encule Freud. Encore un peu il enculait Nietzsche. L’Anus Boche se défend bien : il est de taille. Mais la vraie transmutation des valeurs, c’est tout de même Sade qui l’a gagnée, ouvrier du recul des limites[2] ».

Dans sa pratique du pèlerinage, Nabe est aussi allé visiter des lieux nietzschéens : à Nice (il en rendra compte dans Le Bonheur) et à Gênes (dans Zigzags).

Citations

Nabe sur Nietzsche

  • « Toujours pas de Nietzsche. J’allais abandonner quand de l’autre côté de la butte, je repère une magnifique descente pavelée, à flanc de coteau, rougie par le soleil qui se jette avec elle sur le gros tunnel Garibaldi... C’est celle-là ! Je lis bien : Sallita delle Batistine ! Je dévale la pente en canard. J’arrive juste avant la nuit au 8, voici l’endroit. Une maison rose humant le choux fermenté. Rien ne semble avoir été massacré, sauf la porte : une grosse bleu marine à clous que Nietzsche n’a pas dû pousser. Pas de plaque : les Génois se foutent du gai savant qui fit ici son “soc de charrue”. Ils préfèrent Paganini.
Zarathoustriezsche y découpera des morceaux d’Aurore. Dans le tumulte et le calme, il découvrira Carmen et Chamfort. La nouvelle de la mort de Wagner le fauchera en descendant du port. Gênes est partout dans les aphorismes de ces premières années 80, ils sont tortueux et lumineux, comme ses ruelles.
Je me suis tout ému contre le mur infini qui fait face à la baraque nietzschéenne. Une croix gammée inscrite à l’envers à la craie m’a fait ricaner. Le crépuscule a définitivement chu sur la pente rosâtre et l’obscurité fit disparaître mes grands gestes dans un tableau de Magnasco. » (« Extases génoises », Zigzags, pp. 223-224)
  • « Après bien des voyages en zigzag, Nietzsche avait enfin trouvé son paradis climatique... Victoire niquée ! Il en bavera autant là, dans la maison de Bonaparte et de Pie VII, chambrette tapissée conformément à son mauvais goût. Sa majesté Caramantran assis au bord du poêle. C’est là que le philosophe, rongé par la maladie wagnérienne, accouchera de son prélude à une philosophie de l’avenir. Il balaye le passé d’un coup de moustache puis va se perdre dans la ville italienne. Ce qu’il aime à Nice, c’est l’Italie, comme ce qu’il aimera en Italie c’est l’Afrique. Il espère la destruction radicale de Nice et des Nizzards. La promenade des Anglais sans Anglais, ça semble son rêve ! Nietzsche sera comblé en 1887 : en plein carnaval un tremblement de terre bousculera la ville au ciel blanc : le casino morflera. C’est toujours lui qu’on vise à Mardi gras : il a des confettis plein la moustache. La manne de Dieu sur l’Antéchrist. Plusieurs fois Nietzsche fera de Nice sa niche : il y aboiera à la mort son 3ème chant zarathoustrien, du rocher d’Eze, un hiver parmi d’autres. Sur son effrayante machine à écrire qui ressemblait à la manche d’un couturier géant strangulée par un œuf tout hérissonné d’épingles, énorme oursin mécanique rébarbatif qui trônait si bien à l’image de son âme sur le lit débordé de son garni niçois ! À 20 mètres, l’Opéra : aujourd’hui aux Rameaux on joue Wagner. Bocumar regardait cette bâtisse et imaginait un type dans les escaliers un peu voûté avec des yeux cloués au fond d’une grange cérébrales : son état d’esprit ressemblait au Palais de la jetée. Sous son bras, un gros livre d’un cousin siamois qu’il vient de découvrir : Dostoïevski. » (Le Bonheur, 1988, pp. 71-72)
  • « Jeudi 8 mars [1984]. — [...] Si je n’ai jamais lu la Bible c’est grâce à Nietzsche, et grâce à mon père (dont Ecce Homo fut la bible). C’est l’un ou l’autre. Un type qui ouvre une Bible n’a pas le droit de lire Nietzsche et vice versa. Nietzsche était plus donquichottesque qu’il ne voulait l’admettre. » (Nabe’s Dream, 1991, p. 315)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Nietzsche sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, pp. 308-309.
  2. Marc-Édouard Nabe, Au régal des vermines, anti-édité, 2012 (1985), p. 40.