Robert Faurisson

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Robert Faurisson, 1989

Robert Faurisson est un négationniste français, né le 25 janvier 1929 à Shepperton (Royaume-Uni) et mort le 21 octobre 2018 à Vichy.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Dans le troisième tome de son journal intime, Inch’Allah (1996), Nabe réagit à la publication d’un magazine, Zéro, qui contient un dossier sur Faurisson et le négationnisme :

« Vendredi 24 avril 1987. — [...] L’absurdité de la question (les chambres à gaz ont-elles existé ?) finit par disparaître, par ne plus exister ! Bien sûr les chambres à gaz ont existé et l’universitaire Faurisson, qui a essayé de démontrer d’abord l’“imposture” Rimbaud, puis l’“imposture” Lautréamont, est le premier à le savoir... La mauvaise foi entraîne la suspicion. Bientôt on pourra dire : le révisionnisme n’a jamais existé, et il y aura des révisionnistes du révisionnisme, aussi professoraux et convaincus que les autres. Qu’il y ait des points obscurs dans le déroulement de la Shoah, c’est l’avis même de certains Juifs insoupçonnables, mais ça n’empêchera jamais le concept même de révisionnisme d’être toujours complètement con. Le révisionnisme apporte de l’eau au moulin de ce que je déteste le plus au monde : le scepticisme. Le doute est un fléau et mon combat est de le détruire. Par goût du farfouillage dans un écheveau de vétilles, les révisionnistes sont des fanatiques du doute en soi : ils nient la force des symboles. Même s’ils avaient un milliardième de fois minusculeusement raison sur un dixième de millième de point, ils auraient encore tort parce qu’il était écrit que les chambres à gaz existeraient un jour dans l’histoire du monde. En maniant la négation sans poésie on devient révisionniste. Avec poésie, on devient Mallarmé qui “nie” que le bouquet de roses ait jamais trempé dans le vase qui ne se trouvait pas sur la table. Là où le révisionnisme s’arrête, l’art de la disparition chez Mallarmé commence : le poète ne se contente pas, en vulgaire escamoteur, de faire disparaître les fleurs, il annule aussi le vase, et la table ! Il annule tout ! Contrairement à ce qu’on colporte, c’est dans l’excès qu’on peut espérer être crédible, pas dans le fantasme du détail. Il faudrait pour y parvenir que Faurisson nie aussi les Juifs existent en tant que juifs et ça il ne le peut pas ![1] »

Dans Patience 1, publié en décembre 2014, Nabe évoque rapidement Faurisson, le qualifiant de « Trissotin du Zyklon B »[2]. Un disciple de Blanrue publie sur son mur Facebook le 14 décembre 2014 un post de Faurisson contre-attaquant l’auteur de Patience :

« De son vrai nom, il s’appelle Alain Zannini. Au physique, il se tient pour un nabot (d’où son nom de plume : Nabe), mais, sur le plan intellectuel, il semble qu’il se tienne à la fois pour un phare de la pensée et pour un génie méconnu. Pour l’instant, à en juger par la couverture et le contenu du premier numéro de son nouveau magazine, le titre de “Patience” paraît signifier à l’adresse de ceux qu’il n’aime pas : “Patience ! Le temps de votre exécution approche. Je vais jouir. Justice va m’être enfin rendue”. En couverture, le nabot a pris les proportions d’un géant, tout de noir vêtu et armé d’un couteau avec lequel il va égorger Dieudonné ; à genoux et résigné, ce dernier est en tenue orange guantanamesque ; tout en bas, à la gauche de Nabe, un acolyte lui amène, main au collet (orange encore), un Alain Soral dont on ne voit que la tête. A la page 30, figure une énorme tête rose, orange et rouge sang, qu’on pourrait croire décapitée, elle aussi ; vers la fin du magazine, à la page 78, la légende de cette photo porte : “Robert Faurisson dit la ‘crapule de Vichy’ après son tabassage (1989)”. Tout le reste est à l’avenant : du début, avec cette couverture, jusqu’à la dernière photo, où l’on voit un “Père djihadiste apprenant à marcher à sa petite fille (Syrie, 2014)”. Le père rit de bonheur tandis que la fillette qu’il soutient, âgée d’un ou deux ans, commence à marcher sur la tête d’un décapité. Le cul ne manque pas non plus, ça ou là. Le tout fait 80 pages de très grand format, date de décembre 2014 et coûte 20 euros. On n’y apprend rien. »

Mais c’est dans le premier tome des Porcs (2017) que l’écrivain développera davantage la figure de Faurisson, à travers ses liens avec Paul-Éric Blanrue et Dieudonné, notamment son apparition sur scène le 26 décembre 2008 au Zénith de Paris (que Nabe a vu incognito avant de quitter la salle) et la fête organisée après le spectacle (racontée à Nabe par Yves Loffredo, qui lui s’était rendu à l’after au Théâtre de la Main d’Or en compagne de Salim Laïbi)[3]. En 2017, dans le troisième numéro de Patience, Nabe raconte son voyage effectué avec Catsap à Auschwitz, en octobre 2012. Sur place, le 24 octobre 2012, il apprend la crise cardiaque de Faurisson :

« Ce devrait être la plus grande baffe que je pourrais donner aux révisionnistes. Là ce serait fini ! Ils pourraient dire : “Il est allé à Auschwitz, et c’est lui qui a fait mourir Faurisson ! C’est à cause de sa visite qu’il a fait une attaque.”[4] »

Citations

Faurisson sur Nabe

  • « Nabe, il a écrit des horreurs sur moi. Encore un planqué, ça. Nabe, c’est un planqué. » (Meta TV, 2018)

Nabe sur Faurisson

  • « Salim ne s’en remettait pas, de Faurisson ! Un vrai kiff : “Il y a plus de preuves de l’existence des extraterrestres que des chambres à gaz !“ Il me recommanda un sketch que Dieudonné avait fait avec le Professeur sur Internet. Ça l’avait fait pleurer de rire, ce jeu de rôles basé sur l’ironie... Je visionnai la chose... Dieudonné s’était déguisé en intervieweur juif, une sorte de déclinaison de Fogiel, et il recevait une variante de Serge Klarsfeld, joué par Faurisson lui-même avec une kippa. L’intervieweur était au service de sa majesté le traqueur de nazis et lui embrassait même le pied, à un moment. Et l’autre n’arrêtait pas de trouver supérieure l’extermination des Juifs à toute autre souffrance humaine. Il parlait de “Faurisson” comme étant l’ennemi à abattre, tandis que l’intervieweur disait du mal de Dieudonné qui avait osé le recevoir sur sa scène en décembre dernier.
On remarquait beaucoup de coupes dans ce sketch, sans doute dues à la difficulté pour Faurisson de jouer la comédie. Dieudonné était habitué, mais la présence de cet amateur déstabilisait son jeu. L’instrumentalisation n’allait pas assez loin à mon goût. Faurisson ne faisait que dire du bien, par la négative, de lui-même. En rendant outrancier le discours partial de Klarsfeld contre le révisionnisme, il faisait que le spectateur ne pouvait que prendre en pitié ce personnage de “Faurisson”, si détesté par sa voix.
Visuellement c’était drôle de voir Faurisson avec une kippa jouant le rôle d’un Juif. Mais encore une fois, il aurait fallu lui faire dire bien autre chose, en tout cas le rendre véritablement hystérique dans un sionisme shoahtique pathologique, pas le faire parler comme Faurisson lui-même parle, c’est-à-dire calmement, sournoisement, avec cette arrogance feutrée du con qui croit avoir raison. Même à travers l’ironie, ça transparaissait !
Quant à Faurisson lui-même, il ne se rendait pas compte qu’en faisant le clown ainsi, il perdait le peu de crédit auquel il pouvait encore prétendre : celle de sa “malédiction”. Il n’était pas un historien maudit dans l’ombre dont on jugulait la parole, mais un pantin pour Dieudonné sous les sunlights du théâtre du Mirador ! » (Chapitre CCXLVII « Faurisson en kippa », Les Porcs tome 1, 2017 p. 765)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, pp. 2101-2102.
  2. Marc-Édouard Nabe, Patience, anti-édité, 2014, p. 38.
  3. Marc-Édouard Nabe, Les Porcs tome 1, anti-édité, 2017, pp. 707-714.
  4. Marc-Édouard Nabe, Patience 3, anti-édité, 2017, p. 70.