Sonny Rollins

Sauter à la navigation Sauter à la recherche
Sonny Rollins

Theodore Walter Rollins, dit Sonny Rollins, est un saxophoniste ténor et compositeur de jazz né le 7 septembre 1930 à New York.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Le père de Nabe, Marcel Zannini, pendant son séjour à New York de 1954 à 1958 voyait souvent Sonny Rollins (bras dessus bras dessous avec Ben Webster), notamment au syndicat des musiciens où la plupart des jazzmen se croisaient. Lors d’un de ses concerts en France à la fin des années 1950, Sonny Rollins, après avoir joué à Marseille, est allé « faire le bœuf » dans un club à Aix-en-Provence. C’était le 11 mars 1959 et Marcel Zannini était là, ainsi qu’un amateur qui enregistrait le concert impromptu que Rollins donna accompagné par Kenny Clarke et Henry Grimes. À la fin, Zannini proposa d’échanger la bande magnétique Revox contre une autre, vierge, qu’il s’engageait à donner à celui qui avait enregistré ce moment rare. Voilà pourquoi Nabe depuis son enfance écoutait ce live inédit et pirate de Rollins datant de quelques mois après sa naissance et où le saxo ténor joue extraordinairement Woodin’ You, But No for Me et Lady Bird. Hélas, 40 ans plus tard, Marcel échangea à son tour la bande précieuse contre une éventuelle séance en studio pour lui-même à un producteur. Résultat, celui-ci publia immédiatement le disque de Rollins et le commercialisa à son seul profit, au nez de Zanini et à la barbe de Rollins (cette anecdote sera racontée par Nabe dans un Éclat en 2016)[1] :

Rollins Aix.jpeg

Dans les années 1970 et 1980, Nabe verra souvent Rollins en concert à Nice, à Antibes, à Paris. Lorsqu’Alex Dutilh et François Lacharme lui demanderont d’écrire pour leur revue Jazzman un texte sur Sonny Rollins, l’écrivain acceptera volontiers.

Citations

Nabe sur Rollins

  • « Quand Sonny Rollins joue, on dirait un éléphant. Il a la lenteur lourde et désespérée d’un éléphant qui se balance en trépignant. Son saxophone est la trompe dorée que le fameux pachyderme gris lance dans le ciel vert et laisse ensuite retomber dans la poussière beige.
Sonny Rollins ne souffle pas, il barrit, et fort, dans des graves et des aigus hachés et malaxés par une exaspération terrible. Quelque que soit sa joie, il fulmine. Son problème, ce n’est pas la drogue, ce n’est pas la négritude, ni le succès ni l’insuccès. Son problème, c’est lui. Éléphant pirandellien, Rollins est le seul musicien de jazz à être ravagé à ce point par l’angoisse métaphysique. Il n’a jamais supporté de n’être que lui-même, c’est-à-dire un immense saxophoniste ténor, point final. Ce point final, c’est sa blessure. Tout jeune, il a reçu une balle en pleine orgueil, et il n’en est pas mort. C’est connu : fou de douleur, l’éléphant charge. Par sa plaie, s’écoule cette musique de brute raffinée.
Seul un éléphant furieux comme Sonny Rollins peut être si délicat. Dans un magasin de standards en porcelaine, il ne casse rien, il époussette les potiches rares, dépoussière des vases fragilissimes. La moderne lui va mal, mais les vieilleries aussi. Il a besoin de Coleman Hawkins auprès de lui pour se sentir historique, il se fout Don Cherry sur le dos, en cornac destroy, pour être sûr d’aller dans la bonne direction.
Sonny Rollins n’a jamais été vraiment bop, ni vraiment hard bop, pas plus free que post-free... Il flotte dans un marasme et parce qu’il y batifole, on croit qu’il est heureux comme un énorme bébé dans son bain. Le bonheur d’être un éléphant enfanteur ne le rassure pas plus. C’est de ses pères que Rollins aurait voulu être le père ! Quel fou ! Il est suffisamment lucide pour savoir qu’il a inspiré toute une génération d’éléphanteaux du ténor, qui ne se saoulent pas assez pour se voir roses. » (« L’éléphant fou », Jazzman n°3, mai 1995)

Intégration littéraire

Notes et références