Jésus-Christ

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Jésus-Christ, Basilique Sainte-Sophie, Constantinople

Jésus-Christ est le Messie des Chrétiens, fils unique de Dieu.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Dessin publié dans Hara-Kiri

Tout d’abord inspiration blasphématoire majeure dans sa période Hara-Kiri, le Christ n’a cessé d’occuper les œuvres de Marc-Édouard Nabe. Pris dans l’ordre chronologique des publications, la figure du Christ apparaît dans Au régal des vermines, premier livre de Marc-Édouard Nabe. Elle est d’abord détestée :

« Il faut continuer à persécuter le Christ. Le Lynché n’a pas fini d’en baver. Tous les jours, je lui lance des mauvais sorts, je rentre dans les églises pour l’insulter, tout bas, très fort, comme une prière. Depuis ma plus tendre enfance, je dessine des images blasphématoires, des christs pas à prendre avec des pincettes, toutes sortes d’horreurs... Je n’ai aucun “anticléricalisme” en moi : trop mystique pour ça. Mais je suis gorgé de blasphème et d’exégèse péjorative. Vous savez qu’entre deux mots, et quel que soit mon sentiment, je choisis toujours le plus péjoratif, sinon je ne peux écrire. Mon ignorance intuitive m’a poussé à mal interpréter ce concerto de charogne qu’est la vie du Christ. Tuer le Fils, retuer le Fils, voilà l’histoire ! Avec moi, c’est le Sacrilège comme Fanatisme.[1] »

Cependant, à partir de 1987, Marc-Édouard Nabe s’intéresse plus positivement au Christ, après l’avoir déjà représenté de nombreuses fois dans sa peinture. Il envisage même de faire sa première communion le jour de ses trente-trois ans, le 27 décembre 1991, à Jérusalem, ce qu’il fera et racontera dans deux livres. D’abord, dans L’Âge du Christ, en 1992, puis, en 2017, sous la forme du journal intime dans Patience 3 - Israël/Auschwitz, où Nabe raconte les deux semaines passées avec Frédéric Pajak en Israël[2]. L’Âge du Christ se termine par le récit de la montée au calvaire et la crucifixion de Jésus-Christ, rémarquée par Philippe Sollers : « Personne n’a écrit sur Jérusalem comme vous ! Tout est fabuleux ! Et surtout, surtout, la crucifixion finale. Tintoret ! C’est du Tintoret ! Vous avez visité la Scola San Rocco de Venise ? C’est ça, c’est là. Vous avez touché le Tintoret ![3] »

En avril 2016, dans sa galerie installée rue Frédéric Sauton, à Paris, Nabe organise une exposition de « Trente-Trois Christs », une sélection de portraits réalisés depuis 1984 ainsi que des inédits.

Citations

Nabe sur le Christ

  • « Trente-trois ans ! Il m’aura fallu tout ce temps pour comprendre que c’était moi mon ennemi. Avant, je reporterais toute la faute sur un autre, j’avais un bouc émissaire, le bouc tout trouvé, en or, ancestral, inusable, j’ai nommé : Jésus-Christ ! Quelle erreur ! Je croyais que mon ennemi, c’était le Christ, en fait c’était moi ! L’Ennemi, c’est moi. Ah ! ce que j’ai pu lui foutre sur le dos ! Ç’a été un calvaire pour Lui d’être mon souffre-douleur. Mais je ne renie pas tous les blasphèmes. Ils sont comme un cortège de gueux ouvrant la procession du Roi des hommes. J’ai mis beaucoup d’énergie à injurier Notre-Seigneur. Je ne tiens même pas à ce qu’il me le pardonne. C’est comme si je regrettais mes enthousiasmes. Lui non plus ne déteste pas les blessures. On s’y connaît nous autres Capricornes en plaies. » (L’Âge du Christ, Éditions du Rocher, 1992, p. 11)
  • « Je Le vois donc, le Capricorne-émissaire, ce rebelle flagellé, strié comme un tigre plus ou moins debout, une poutre sur l’épaule, mitraillé par les crachats comme des flashes de paparazzis, star déchue triomphalement accompagnée par les flics de Tibère (Verseau ascendant Balance). Des insultes volent bas et font tomber plusieurs fois l’hébreu grillé, on L’aide à se relever, on Lui remet la poutre sur l’omoplate contusionnée, Son œil au beurre vert tourne à l’orange, des ecchymoses font de jolies taches de couleur sur Sa peau blême. Finalement, Simon de Cyrène (Cancer ascendant Vierge) se charge du fardeau, c’est bien lui qui dépose le patibulum au pied du stripes. Sur leurs croix, les larrons sont déjà installés. Un Sagittaire et un Bélier. Ça hurle et saigne à qui mieux mieux. Jésus refuse le gobelet du condamné (ceci n’est pas Son sang). Un vigile le déshabille. Dieu est nu. Il mesure 1,75 m pour 70 kg. On Le couche au sol, sur le dos, les bras déployés sur Sa poutre et frappés par un marteau de 1,3 kg ; deux grands clous (40 cm) Lui percent les poignets. En plein nerfs médians. Les pouces se recroquevillent. Pour faire joli, un panneau de 50 cm2 (titulus) est punaisé au-dessus de Sa tête : “Jésus de Nazareth Roi des Juifs.” C’est écrit en trois langues. Jésus ne dit pas un mot (le Christ est stoïque). On hisse le tout avec des cordes jusqu’à la cime dans chaque, ça tiendra mieux. Les trois clous sont quatre. Ça y est, le Messie est fixé, le papillon ne s’envolera plus, Il va s’asphyxier rapidement, son torse est compressé. [...] » (L’Âge du Christ, 1992, p. 122)

Intégration littéraire

Portraits

En 2016, Marc-Édouard Nabe expose trente-trois portraits du Christ, toutes techniques confondues, dans sa galerie rue Frédéric Sauton, à Paris.

Portraits du Christ sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Au régal des vermines, anti-édition, 2012 (1985), p. 97.
  2. Marc-Édouard Nabe, « Israël » Patience 3, anti-édité, 2017, pp. 4-51.
  3. Marc-Édouard Nabe, Chapitre 24 « ... déçu », Alain Zannini, Éditions du Rocher, 2002, p. 293.