Marcel Zannini

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Marcel Zannini, 28 juin 2017

Marcel Zannini, dit Marcel Zanini, est un musicien de jazz (saxophone ténor, clarinette, chant) né le 7 septembre 1923 à Constantinople (Empire ottoman) et mort le 18 janvier 2023 à Paris.

Lien avec Marc-Édouard Nabe

Marcel Zannini est le père de Marc-Édouard Nabe, conçu à New York, où Marcel et sa femme Suzanne vivaient entre 1954 et 1958. À cette période, Marcel travaille dans une boutique d’anches et rencontre de grands musiciens de jazz, dont John Coltrane, Charlie Parker et Billie Holiday.

En mars 1955, Zanini prend les dernières photos de Charlie Parker jouant au Birdland avec Bud Powell, Charles Mingus et Art Blakey. De retour en France en 1958 pour la naissance d’Alain Zannini, il continue sa vie de chef d’orchestre à Marseille puis, en montant à Paris, connaît un succès fulgurant en janvier 1970 avec Tu veux ou tu veux pas ?, avant que Brigitte Bardot n’enregistre sa propre version du titre.

Zanini fera profiter au futur Nabe de sa pénétration du monde du showbiz après son « tube », ce qui permettra à l’écrivain à venir d’emmagasiner tout un tas de connaissances du milieu du music-hall et de la chanson française. Zanini intègrera son fils dans différentes émissions de radio et de télévision ainsi que des séances photos.

Zanini et les camarades de classe d’Alain, tous portant un masque de son père, sauf un... Boulogne-Billancourt, 1971

Amateur de peinture (Matisse, Modigliani, Léger..), Zanini est surtout un passionné de Picasso dont il a transmis le goût très tôt à son fils. En littérature, totalement autodidacte, Zanini sera un lecteur de Montherlant, Giraudoux, Pirandello, Wilde et Tchekhov... Mais c’est surtout Céline qui domine totalement sa « culture ». Et c’est bien sûr grâce à Zanini que Nabe lira l’auteur de Rigodon. Musicalement, ayant fait baigner le futur Nabe dans le jazz avant même sa naissance, il a encouragé et suivi le parcours instrumental de son fils, passé du piano au trombone, du trombone à la batterie, et de la batterie à la guitare. Le père engagera le fils dans son orchestre dès l’âge de 17 ans, ce qui permettra à Nabe de pratiquer la guitare, de côtoyer les musiciens et d’approfondir sa connaissance du jazz de l’intérieur (avec notamment Sam Woodyard et François Rilhac...). Pendant des décennies, bien des aventures pas toutes racontées encore dans les livres de Marc-Édouard Nabe ont eu lieu entre les deux personnages. Le « Zanine », comme l’appelle Nabe dans son œuvre, a fait d’abord l’objet de tout un chapitre du Régal, « Tempête sous une moumoute », et a plus largement une place particulière dans toute l’œuvre de l’écrivain (les journaux intimes surtout). Zannini est transposé, sans nom, en clown dans Le Bonheur (1988)[1] et en aveugle dans Je suis mort (1998)[2].

Il apparaît, à l’âge de 92 ans, plusieurs épisodes de la série des « Éclats de Nabe » en 2015.

Citations

Marcel sur Nabe

Nabe sur Marcel

  • « Lundi 29 août [1983]. - Deux jours après Lester, c'est au tour de Parker d’avoir pu avoir soixante-trois ans ! Un jeune retraité qui soufflerait ses bougies à la mitrailleuse ! Cette commémoration intime est l’occasion pour le Zanine de ressortir ses souvenirs d’Amérique que je connais par cœur et qui me ravissent toujours. Pour mon père, la vie est une extase. Et l’art en est le seul responsable : toutes les misères sont sans importance pour un artiste. L'artiste (amateur ou créateur) est sauvé d’avance parce qu’il a la chance d’apprécier les choses de la beauté. La Nature lui a donné ce sens alors qu’elle le refuse à bien d’autres, qui n’ont pas plus de raison de vivre que de mourir. L‘Art, pour Marcel, rend futile la pire des agonies. L’Art, c‘est la liberté en soi, pour toujours. La plus fantastique machine d'exaltation et de bien-être : c’est le plus beau des remèdes. Je suis loin de cette idée, inutile de le dire. C’est une conception de musicien. » (Nabe’s Dream, 1991, p. 83)
  • « Samedi 8 octobre [1983]. — « 21 ». Archibourré à craquer. Les gens attendent dehors pour descendre écouter Grif. Je suis devenu le prince ici. Un oiseau dans la jungle. Marcel arrive. Il m’apporte des affaires propres. Je vais dans les chiottes me mettre en costume noir et nous échangeons nos cravates. Je passe par cœur en Aristide Bruant morbide. La foule s’accroît. Charlie a le tiroir-caisse qui fait des sauts périlleux arrière. Slim Gaillard est encore là, nous plaisantons ensemble. Au deuxième set, mon père, mort de peur, est invité par Griffin pour une jam. Les gens hurlent de joie. Ils attaquent Just friends et très gentiment Grif laisse le Zanine dévider ses chorus mal assurés mais pleins de son. Tout cela est vidéofilmé. Après le triomphe, le petit géant insiste pour que Marcel continue. Beaucoup plus décontracté, il se lance alors dans un blues en sol formidable où la rythmique tourne comme une table hantée. C’est l’hystérie dans le club. Là papa joue vraiment très bien. Beau découpage lesterien, bonne mise en place, bonne anche. Je crois rêver. Le fils mettant le père sur un coup ! Jouer avec Griffin a certainement ému profondément Marcel. C'est une de mes rares satisfactions depuis plus de deux mois. Slim le félicite aussi sur son mélange de Lester et de Byas. Ça vibre pour le petit père. Baume. » (Nabe’s Dream, 1991, pp. 133-134)
  • « Mardi 1er novembre [1983]. — Marcel drague au restaurant un cageot immonde comme lui seul en a le goût. J’ai honte d’arriver au Petit Journal avec une telle fille. C’est sa spécialité ! Dès qu’il y a une belle femme, il fait le timide ; les ailes ne lui poussent que lorsqu’une caisse est assez tordue pour mordre à ses minauderies ridicules de crooner vieillot. » (Nabe’s Dream, 1991, p. 156)
  • « Samedi 7 janvier [1984]. - Bonne discussion avec mon père au sujet de Mesdames, Messieurs qu’il trouve un peu trop aigri. Je suis comme le prince de ce conte qui fit pendre le peintre de son royaume parce qu’il montrait dans ses tableaux une trop belle vision du monde. Ce sont les enfances très heureuses qui font les malheureux : j’en suis sûr... Le Zanine très en verve me parle de l’art et de sa stagnation universelle, de l’histoire du jazz, de l’oreille faussée de la jeunesse pernicieusement humiliée par le boum-boum de la nouvelle musique populaire (le rock), des thèmes démodés de Parker si c’est pas lui qui les joue, des bienfaits artistiques des guerres, du trio du siècle Parker-Picasso-Céline, et de l'espérance de nouveaux messies quí se font attendre... (Nabe’s Dream, 1991, p. 213)
  • « Mercredi 25 janvier [1984]. — De retour de province, Marcel ramène de très vieux et précieux 78 tours que la veuve d’un vieil ami lui a confiés. Nous écoutons religieusement ces reliques éraillées de concerts marseillais des années 50 où Marcel, Arvanitas, Léo Missir et Jean-Pierre accompagnent Don Byas ! Ils n'avaient peur de rien ! Allen’s alley ; Robin’s Nest, en pleine fraîcheur !
Zanine Band and Byas !... Quels souvenirs ! Ils avaient tous dans l'orchestre douze mois d’instruments dans les doigts. Marcel a bien gardé sa sonorité : on dirait Zoot Sims sur certains sillons : il perd un peu les pédales dans les tempos rapides... These foolish things, How high the moon, Whispering, All the things you are sont encore étayés d’arrangements un peu présomptueux... C’est le bop de la pétanque ! Les grands moments sont les tonitruantes entrées de Don Carlos, ses cascades lyriques sous les ponts des anatoles, et une belle version touffue de la déchirante Laura !
Je lis à pleine voix les arrangements de postures du cher Dolmancé ! Ma mère se bouche les oreilles pendant que Marcel s’écroule de rire : ça marche, comme sur Jean-Pierre... Tous les hommes doivent rire, c’est le test, le test d’humour! Les femmes ne peuvent pas rire de Sade, d'abord parce qu’elles n’ont ni humour ni imagination, et surtout parce qu elles ne peuvent pas jouir. » (Nabe’s Dream, 1991, p. 237)
  • « Vendredi 24 février [1984]. – Je récupère Rubis que javais demandé à Marcel de m’apporter (pour Henric). En nous ramenant en voiture, il m’avoue qu’il a lu les premières pages, s’autorisant un droit que je lui ai toujours refusé ! Et c'est lui qui crie au scandale. Il a apprécié le début de l’aventure, mais a dû s’arrêter net, dégoûté et rebuté par ma stance au sujet de Stéphane Grappelli, anodine griffure qui réprouve violemment : “Très bon musicien de caf’ conc’, mais pas de jazz. Il a gâché tous les enregistrements de Django Reinhardt ! Je ne peux pas le supporter avec ses chemises bariolées "ça-va-avec-tous-les-repas" et ses envolées pompelardes de précieuse ridicule ! Heureusement, il n'en a plus pour longtemps : son violon sent le sapin.”
— C’est la Diffamation qui t’attend ! Enlève ça ! C'est une honte ! Son violon sent le sapin... Tu ne te rends pas compte ! me lance-t-il en démarrant.
Hilarité d’Hélène, Est-ce ma faute à moi si je préfère Ray Nance ? » (Nabe’s Dream, 1991, p. 291)
  • « Au début, on peut croire à une absence, une distraction générale comme ça qui se pose sur sa fréquence de réalité, par trous divers, par brouillages ainsi, mais bien vite on voit qu’il s’agit d’une fuite, d’un refus voulu depuis si longtemps qu’il ne le maîtrise même plus.
Dès que vous lui adressez la parole, il se débranche. Au bout, de deux secondes, il n’y a plus d’yeux, vous le voyez chavirer, c’est fini. Il a les yeux qui ne vont pas avec le regard. C’est instinctif chez lui : à peine quelqu’un lui parle qu’il se déconnecte, il enlève une prise en lui, il se met dans une incapacité d’écouter, de comprendre, de réagir à ce qu’on lui dit qui le protège de tout. Quelle merveilleuse technique ! Mon père ne se fait pas chier dans l’existence. Ce que les autres disent ne l’intéresse absolument pas : il connaît d’avance. Seule le rassemble la musique : le reste, ça le laisse s’envoler, s’éparpiller, s’effilocher filandreusement dans l’atmosphère comme une blanquette mentale... C’est quelque chose qui donne la chair de poule. À peine on commence à parler, il s’éteint. Il ne faut pas essayer de lui faire comprendre, le persuader, le convaincre, encore moins lui raconter quelque chose : les récits, c’est physique, il décroche immédiatement, vertigineusement...
Byzance, c’est un homme qui ne participe à rien de la vie. Il n’écoute pas. Il ne voit rien. C’est l’inattentif par excellence. Il ne fait même pas semblant d’écouter. Il fuit en courant devant le moindre effort. On dirait à voir sa mine éternellement sinistre qu’il est plein de soucis. Il se demande simplement comment gagner sa vie le lendemain. Nous avons toujours vécu vraiment au jour le jour. Il a la chance de gagner sa vie avec sa clarinette, car il fait partie de ces types – j’en suis un atroce autre (plus décidé, plus buté, plus ingrat) – qui sont incapables d’autre chose. Miraculeusement, depuis quarante ans, il ne s’est jamais arrêté. Il n’y a jamais eu de problème d’argent chez nous : quand Byzance revient d’une gâche, il balance les liasses sur la table : chacun se sert : ma mère est la reine de la gérance, sans elle on serait sous le pont de l’Alma... On prend les miettes qui restent, de quoi acheter un disque de Miles ou la Pléiade de Vallès ! ... C’est ça le plus beau : tout infirme mental qu’il est, il reste encore le plus lucratif, le plus utile, le plus populaire et le plus disponible. C’est qu’il se régale, résolument. Proportionnellement à l’angoisse nauséeuse de la vie, de tous les êtres humains qui essaient de s’en sortir (on se demande pour entrer où ?), c’est mon père qui s’amuse le plus. Avec sa clarinette il oublierait tout s’il avait encore quelque chose à oublier : mais tout a été oublié d’avance. Dès qu’il souffle, il ne pense plus à rien. Et quand il ne joue pas, il ne pense qu’à une chose : « Vivement que je joue pour ne penser à rien. » Il ne se passe plus rien dans sa tête quand il souffle ses notes d’ébène d’une délicatesse quasi répugnante. Il est arrivé à vivre de sa clarinette, c’est-à-dire qu’on le paie pour ne penser à rien ! De plus, il est plus viril que moi. A la fois pratique et fou. Il ne comprend rien et oublie tout, il ne peut pas aligner deux phrases, ni raconter quelque chose, il distrairait la Distraction elle-même, il est excessivement détaché de certaines contingences torrides, et par-dessus tout ça, il arbore un bon sens insupportable, une logique d’une mauvaise foi révoltante, un raisonnement d’un fonctionnel et d’une impeccable cohérence : il peut résoudre tous les problèmes d’ordre pratique, maîtriser les lieux et les dates, les croisements et les rendez-vous : c’est son plaisir. Il est passionné par les horaires, par exemple : des journées entières il travaille comme un savant fou à ça, les gens viennent lui demander des conseils sur leurs ennuis de trains, d’avions, comment faire correspondre les changements, le chemin le plus rationnel, la meilleure heure pour les bouchons... Pour la fête des soi-disant pères, je lui ai offert les Œuvres complètes de la S.N.C.F. et d’Air Inter (avec les vols bleus et tout !) : huit volumes...
(...)
Mon père, c’est quand même un monde. C’est un cas de force majeure. Sa tête à la Edgar Poe, tragique et engloutie, emmerdée de soucis énigmatiques, est l’une des choses qui me font le plus rire au monde. Dès que je le vois, je vais mieux. Dans quelque état où je me trouve, dès qu’il m’apparaît j’ai un rire nerveux qui me pince le cœur. Sa philosophie roublarde d’odieux détachement est si clairement affichée, que je suis heureux d’avance des catastrophes, des agacements, des malentendus et des déroutes qu’elle va provoquer. Quand il y a des soirées, on nous met aux deux bouts de la table, surtout pas ensemble sinon on dénoue nos codes, on se fait rire, on déconne trop : ça vous casse un dîner !
Byzance n’a pas de vie intérieure. Il n’a aucun problème psychologique. Il a une vie parallèle qui suit son cours, imperturbable et majestueuse de détachement complet, totalement à côté de ce qui se passe, à chaque instant. Il est décourageant.
(...) Byzance, qui peut être le type le plus drôle du monde, retombe entre deux traits d’esprit dans l’abrutissement sinistre d’un inspecteur de la Répression des fraudes. Il est très bon dans les mots courts. C’est pas un long conteur, encore moins un “foisonnant” : il s’épuise vite, il digresse, il se perd dans les relatives et les conjonctions surtout : dès qu’il fait attention à sa propre subtilité, ça l’émeut, il perd le fil. Ariane elle-même, lasse de le voir hésiter, se saque vite au loin, hop ! C’est pas un lyrique mon père, pas du tout : c’est pas un descriptif. Incapable de dresser un décor, des personnages, de jouer avec son pouvoir d’évocation, de composer ses nuances. Zéro. Aucun goût non plus de la métaphore ou du lieu commun comme ma mère. C’est le roi de la remarque piquante recouverte d’une tonne de sucre, et qui fait mouche. Loukoums empoisonnés ! Je n’ai jamais vu quelqu’un remarquer à quel point ses petits mots pseudo-anodins peuvent être blessants. Parce qu’il ne faut pas croire : trop fainéant pour être méchant, mon père n’a pas moins en lui une sorte de mépris déguisé en humilité, un orgueil naïf, une certitude d’avoir raison, pas du tout affichée, et enrobée lâchement par une gentillesse très légèrement écœurante par laquelle il se réconcilie pour un côté à la crouillasserie de sa nature ! Ça lui suffit pour ne plus douter de sa “violence”. Il a une manière de virilité de la sympathie, et il dit des choses énormes qui passent très bien. Vexer à côté de la plaque lui suffit pour se sentir fort, non enculé par le monde. (« Tempête sous une moumoute, L’Être au pair », Au régal des vermines, 2012 (1985), pp. 185-187 + 191 + 192-193)
  • « Mardi 26 mars 1985. — Séance d’enregistrement du quatrième trente-trois tours de Marcel. Le jour n’est pas très bien choisi. Le quartet revient d’une semaine harassante. Sam est une momie, lente et bougonne. Chebel a baisé toute la nuit : sa basse sur sur les genoux... Rilhac et moi, on s’occupe à peine de monter ses caisses que Sam est déjà au bar du coin à s’enwhiskycocaliser... Pourtant il ne s’enivre pas : ce sont les alcools qui s’enivrent de lui. Il s’en pare. Ils sont ses eaux de Cologne. C’est le type qui va au bistro fêter la fin de sa cure de désintoxication. Après chaque morceau il traverse la rue et réapparaît un peu plus titubant après une demi-heure d’absence. Les nerfs de Marcel hésitent un peu à lâcher, puis ma bonne humeur et mes sarcasmes parviennent à les retendre, les réaccorder à la situation : il était un peu bas quand même, comme son barillet... Sam n’est pas seul fautif : Marcel a une conception détestable de la manière d’enregistrer un disque : n’ayant absolument rien préparé, il en fait un bœuf plus filandreux encore que les autres, une espèce de concert pour personne. Un live mort... L’ambiance du studio pétrifie toute spontanéité. De la musiquette en bocal. Pris à froid vers les 14 heures, nous sommes là pour jouer les éternels mêmes thèmes ! Ce n’est pas très stimulant. Sam l’a bien senti qui s’acharne sur l’absurdité de répéter et d’accumuler les prises de Rosetta ou de My Buddy !!! Finalement, mon père est, par sa paresse, son indécision, son bordel interne et sa sinistre routine, un grand explorateur de la grâce : rarement mieux que là, je me rends compte que c’est lui qui prend le plus de risques, qui donnant à l’improvisation tout son sens suicidaire. Ce ne sera pas un bon disque, mais il faut se méfier avec le Zanine, on ne sait jamais : il y a des équilibres que le funambule ne trouve qu’en tombant. » (Tohu-Bohu, 1993, p. 952)
  • « C’était le 7 septembre. J’avais choisi ce jour-là pour m’évanouir dans l’atmosphère car c’était l’anniversaire de mon père. Quel plus beau cadeau aurais-je pu lui faire que celui de ma disparition ? “Tu reviendras dans deux semaines, prophétisa-t-il stupidement comme pour masquer son futur manque de moi. C’est comme quand tu meurs, on te pleure trois jours, puis on t’oublie. Regarde-moi, si je mourais, tu ne pleurerais pas six mois !” Je laissai papa à ses soixante-dix-sept ans. “Désormais, je ne pourrai plus lire Tintin...” Et c’est dans cette dernière phrase que mon père, qui s’appelait Marcel, mit toute la mélancolique ironie dont il avait été incapable pour commenter mes adieux. » (Alain Zannini, 2002, p. 12)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Chapitre XXIII « ”Papa, ta mère est morte !” », Le Bonheur, Denoël, 1988, pp. 413-430.
  2. Marc-Édouard Nabe, Je suis mort, Gallimard, 1998, pp. 80-84.