Comte de Lautréamont

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Comte de Lautréamont

Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont, est un écrivain né le 4 avril 1846 à Montevideo (Uruguay) et mort le 24 novembre 1870 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En 1977, Marc-Édouard Nabe se passionne pour Lautréamont, dont il réalise le portrait et étudie attentivement les textes pour écrire son propre livre : « Je décide d’écrire un livre. Le livre de mes vingt ans. Ça devait se terminer comme ça. Lectures, écritures. De Dante à Borges, de Shakespeare à Artaud, de Pétrarque à Raymond Roussel. Je me penche surtout sur Lautréamont que j’examine scalpel en main. C’est lui, d’abord et violemment, qui, bien lu, est le vrai détonateur d’un écrivain.[1] »

En 1988, la revue L’Infini (dirigée par Philippe Sollers) publie un texte de Nabe sur « La littérature de Lautréamont », qui est cité en 2009, dans la bibliographie placée dans les Œuvres complètes de Lautréamont établie par Jean-Luc Steinmetz et publiée dans la collection de la Pléiade[2].

Citations

Nabe sur Lautréamont

  • « J’ai lu Lautréamont partout : à l’avenue Hoche, à la gare d’Austerlitz, à Golfe-Juan, au lavoir de Thiverval, à la soute de Charleville, chez l’officier-conseil, au garage, à Dakar, en Mercedes, contre un arbre, dans mon bain... Chaque fois ça semble s’écrire sous mes yeux. Il n’y a pas un livre qui donne plus la sensation de la Littérature dans toute sa dynamique, dans son fourmillement de ruisseaux, ses rigoles bouillantes, ses ramages, ses aiguillages et ses bolides dessus, fendant la foule de soucis. Aucune écriture ne bouge plus que celle de Lautréamont. Rassemblée en un seul petit volume, son œuvre forme un objet extrêmement dangereux. J’ai toujours eu peur de voir un Lautréamont chez quelqu’un. Les gens ont l’air de ne pas s’en rendre compte. Par hasard on le trouve chez des anodins, des bourgeois ignares : ils ont ça, ils ont acheté le livre de poche, ça n’engage à rien, un livre, qu’est-ce que c’est ?... Le petit passe à côté, personne ne se méfie... Un jour ça va leur exploser à la gueule : ils l’auront bien mérité ! Moi c’est un livre qui m’a toujours effrayé sur une table, près du porto. Lautréamont a montré que la Littérature n’avait besoin de personne pour s’écrire. Les Chants de Maldoror, les Poésies, les lettres, tout ce qu’écrit Isidore n’est que le journal de bord d’une écriture. Rétrospective, régressive, sa rhétorique bégaie, radote, se gonfle de crises, s’entre-commente dans ses mots mêmes. Sans cesse en mouvement, elle se pare, en avançant, de pompons énormes, d’ornements sinistres qui s’emmêlent sauvagement. En progressant, elle emporte dans ses bagages tout ce qu’elle a déjà écrit depuis le début, poids mort indispensable. Lautréamont ne peut écrire que s’il se relit. Il puise dans sa relecture ce qu’il va écrire. En parlant, il a l’impression d’enlever quelque chose : c’est ce qui va suivre. En fait ce sont des ratissages successifs qui débouchent sur la suite, aveuglément constituée de retours en arrière. Tout est bon pour cacher, pour perdre le fil du récit. C’est le rôle du discours, et Lautréamont ne se gêne pas pour embrouiller le lecteur et s’embrouiller lui-même dans les excroissances dégressives, les restrictions, les repentirs, les retranchements, les rétractions et les renvois, les étirements, les anecdotes superflues, les incisives incises, les métaphores surfilées, les périphrases, tout un délire énumératif sans progression vers ce fameux sens du discours auquel il se refuse d’aboutir, et dont l’accès nous est interdit. » (« La littérature de Lautréamont », L’Infini n°23, automne 1988)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Lautréamont sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 19
  2. Lautréamont, Œuvres complètes, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2009, p. 777