Naïma Haoulia

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Naïma Haoulia, 9 février 2018

Naïma Haoulia est une avocate née le 29 août 1985 à Marseille. Elle a notamment défendu Salim Laïbi et est à l’origine de la première censure d’un texte de Marc-Édouard Nabe, après 36 ans de publication.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe rencontre Naïma Haoulia le 9 février 2018, à l’occasion du procès opposant l’écrivain à Salim Laïbi, pour la destruction par le feu du tableau de Charles Mingus en 2013, réalisé et offert par Nabe en avril 2005. Laïbi, défendu par maître Haoulia, est condamné à 4 500 euros d’amende[1]. Le 7 juin, dans le numéro 15 de la « gazette numérique » de l’écrivain, Nabe’s News, Marc-Édouard Nabe publie son premier texte signé sur Internet : « Où puis-je vous la mettre, maître ? ». Il s’agit d’une lettre ouverte construite comme une déclaration d’amour, mais sardonique et sarcastique, alternant des descriptions appréciatives sur l’avocate et dépréciatives sur son client Laïbi. Le titre fait référence à un air de clarinette du père de Marc-Édouard Nabe, Marcel Zannini, qui avait enregistré sur cet instrument un morceau bien connu de John Coltrane, Naïma, et qui était joint en fichier audio au texte mis en ligne dans Nabe’s News.

En réponse, dès le 9 juin, maître Haoulia contacte son confrère maître Emmanuel Pierrat, avocat de Nabe depuis 2005 et le procès intenté aux Éditions du Rocher (et gagné en 2008) jusqu’à celui contre Laïbi (gagné également) cette même année 2018, pour obtenir le retrait du texte « ordurier », menaçant de l’attaquer en justice[2]. Pierrat intervient auprès de Nabe pour qu’il retire la lettre, mais celui-ci refuse et maintient le texte dans sa « gazette ». Après une procédure en référé auprès du Tribunal de grande instance de Marseille, une audience publique se tient le 9 juillet, en présence de Salim Laïbi et de maître Caroline Fima, conseil de Naïma Haoulia[3]. L'audience est reportée au 13 juillet, durant laquelle Laïbi menace physiquement maître Mathieu Croizet, avocat de Nabe, lui disant « Faites attention à ce que vous dites, on ne sait jamais ce qui peut vous arriver. », amenant ainsi Croizet à être escorté par des policiers pour rejoindre la gare Saint-Charles[4].

Le juge Cyrille Vignon rend sa décision le 20 juillet et condamne Marc-Édouard Nabe pour « trouble manifestement illicite qui porte un préjudice moral évident » (délit inventé de toutes pièces pour l’occasion) à 7 500 euros d’amende et au retrait dans le Nabe’s News du texte ainsi que de la photo officielle de l’avocate[5].

Le 29 août 2018, un numéro entier de Nabe’s News est consacré à l’affaire, avec la diffusion de toutes les pièces judiciaires (assignation, conclusions des avocats, ordonnance du référé) ainsi que des recensions de chaque audience par des témoins. Un montage, à la Une, montrant une clarinette fichée dans une paire de fesses illustre la « réponse » de l’écrivain, après sa condamnation : « Le véritable visage de Naïma Haoulia ».

Face à la sévérité du juge Vignon, Marc-Édouard Nabe publie en octobre dans la revue Adieu (dirigée par David Vesper) un texte intitulé « Lettre au juge » où il revient en détail sur l’affaire, qu’il analyse à l’aune des mouvements féministes #MeToo et #BalanceTonPorc, toujours sous la forme d’une lettre ouverte, au vice-président du TGI de Marseille, lui rappelant de célèbres exemples de prédécesseurs censurés (Sade, Balzac, Flaubert, Baudelaire) par différents juges (notamment Ernest Pinard).

En octobre 2018, Naïma Haoulia procède à une saisie-attribution directement sur le compte personnel d’Alain Zannini (et pas de sa SARL), de 8 322,39 euros (les 7 500 euros de condamnation et les frais d’huissier)[6]. Néanmoins, l’avocate lance une nouvelle procédure et réclame à Marc-Édouard Nabe 50 000 euros de dommages et intérêts pour le numéro de riposte de Nabe’s News du 29 août 2018. L’assignation est signée par son avocat, maître Fabrice Giletta, mais un nouveau Nabe’s News démontre qu’elle a été falsifiée puisque rédigée par Salim Laïbi, client de Naïma Haoulia :

« La récurrence du mot “érotomane”, parfaitement subjectif pour définir “monsieur Zanini”, la diffamation pour le coup avérée en faisant de la célèbre discothèque Le Matignon une description injurieuse (“club de strip-tease avec ce qui semble être des prostituées”), et surtout, la gaffe de la faute d’orthographe sur le mot “sbire” orthographié avec l’accent : “zbire”, tout cela ne pouvait que faire douter que l’assignation soit de la main d’un Fabrice Giletta. Là, c’était signé. Signé Laïbi, ce Kabyle de Biar qui depuis quinze ans maintenant se fait corriger ses déjections pour avoir l’air le plus français possible dans son blog dégueu, et dont les intimes connaissent pourtant bien l’ignorance crasse de la langue française.[7] »

Maître Giletta est rappelé à l'ordre, « son » assignation radiée et maître Haoulia doit trouver un autre avocat, maître Erick Campana. Une nouvelle procédure encore est aussitôt lancée, où elle réclame cette fois-ci 100 000 euros. Nabe réagit dans le numéro de Nabe’s News suivant, publié le 27 décembre 2018 : « Naïma Haoulia, voleuse et falsificatrice », et imaginant aussi une liste de produits (presque tous à connotation érotique) que l’avocate pourra s’acheter avec la somme prélevée au centime d’euro près[8].

La procédure ayant été renvoyée plusieurs fois par maître Croizet, Haoulia fait convoquer Nabe à Marseille par deux juges (Badene et Sémériva) le même jour (3 mai 2019) ainsi que plusieurs personnes de l’entourage nabien dans différents postes de police de Paris et de Marseille. En juin, maître Croizet parvient à renvoyer l’affaire dans une autre juridiction, celle d’Avignon, et une réouverture des débats est ordonnée pour le 2 septembre. Après une audience finalement tenue le 7 octobre 2019, c’est le 4 novembre que le TGI d’Avignon rend son ordonnance : il déclare madame Haoulia « irrecevable en son action » et la « déboute » de toutes ses demandes concernant le numéro de Nabe’s News du 29 août 2018. Réduite alors à revenir sur l’affaire, pourtant déjà jugée, de la lettre ouverte du 7 juin 2018, « Où puis-je vous la mettre, Maître ? », maître Haoulia fait citer à comparaître Marc-Édouard Nabe au TGI de Marseille en correctionnelle pour « diffamation et injure publique », le 24 janvier 2020. C’est son avocat maître Croizet qui le représentera, en l’absence de la plaignante et demanderesse.

Citations

Haoulia sur Nabe

  • « Cet article au titre des plus injurieux “ou puis-je vous la mettre, Maître ?“ m’attaque de façon personnelle sur tous les plans : physique, sexuel, religieux et ethnique. Les propos particulièrement sexistes, racistes, infamant et outrageants de Monsieur Nabe sont d’une férocité sans égal. » (mail envoyé à Emmanuel Pierrat, 9 juin 2018, intégralement reproduit dans Nabe’s News)

Nabe sur Haoulia

Interdite par la justice, à la demande de sa destinataire (et par la condamnation par le juge Cyrille Vignon), la lettre ouverte ne peut pas être citée, mais il n’est pas interdit de la décrire :

Elle s’ouvre sur une citation de Sacha Guitry, puis sur une description de l’audience du 9 février 2018 du procès intenté par Marc-Édouard Nabe à Salim Laïbi, par un procédé littéraire liant descriptions positives de maître Haoulia et descriptions négatives de son client.
Dans le second paragraphe, Nabe file la métaphore en comparant le feu mis par Laïbi au tableau de Nabe (acte destructeur filmé et diffusé) aux étincelles et flammes métaphoriquement déclenchées par l’avocate.
Dans le troisième paragraphe, Nabe raconte les difficultés de maître Haoulia à décrire un montage de Nabe’s News montrant Paul-Éric Blanrue et Salim Laïbi en porcs en plein coït, ne pouvant dire que le premier sodomise le second, et décrit ses propres sentiments pour l’avocate.
Nabe passe, dans le quatrième paragraphe, à Salim Laïbi, dont il raconte le parcours (départ d’Algérie en 1993, relation entre Laïbi et Nabe, insultes à maître Pierrat).
Dans le paragraphe suivant, la comparaison n’est plus entre Haoulia Naïma et Salim Laïbi, mais entre ce dernier et Marc-Édouard Nabe. Si la lettre ouverte est élogieuse à l’égard de l’avocate, l’écrivain fait quelques critiques au détour de quelques phrases.
Dans le sixième paragraphe, Nabe décrit la défense de l’avocate, qui n’a pas hésité à qualifier les cendres du tableau brûlé à une œuvre d’art elle-aussi. Il signale aussi le bas procédé d’avoir exhibé les couvertures des trois numéros de Patience publiés alors, au nez du tribunal, comme argument, pourtant hors-sujet.
Au septième paragraphe, plus court que les autres pour signifier une rupture dans la lettre ouverte, Nabe déclare son intention de prendre Naïma Haoulia comme avocate.
Dans le huitième paragraphe, Nabe invite l’avocate à venir le rejoindre avec Alexandra (sa femme depuis 2016) à Paris pour partager avec eux des moments érotiques.
Enfin, dans le neuvième et dernier paragraphe, l’écrivain se propose de rejoindre l’avocate et envisage de la présenter à son père, ce qui lui permet d’évoquer Naïma de John Coltrane, joué à la clarinette par Marcel Zannini (la particularité étant que le thème était joué par Coltrane au saxophone ténor) et qu’il veut faire écouter à l’avocate. Ignorant son adresse, il demande, pour terminer, où il pourrait lui déposer cet enregistrement à la clarinette par Zanini.

Intégration littéraire

  • « Où puis-je vous la mettre, Maître ? », Nabe’s News n°15 (7 juin 2018)
  • « Le mail de dénonciation de Maître “Haouliq” à Maître Pierrat », Nabe’s News n°16 (29 août 2018)
  • « Lettre au Juge », Adieu n°2 (octobre 2018)
  • « La jurisprudence Haoulia », Nabe’s News n°17 (12 octobre 2018)
  • « Haoulia braque la banque de Nabe », Nabe’s News n°18 (27 décembre 2018)
  • « Exclusif ! Ce que Naïma Haoulia va faire des 8322,39€ volés à Nabe... », Nabe’s News n°18 (27 décembre 2018)
  • « Haoulia fait écrire l’assignation de Fabrice Giletta par Salim Laïbi », Nabe’s News n°18 (27 décembre 2018)
  • « Haoulia, espèce de déboutée ! », Nabe’s News n°24 (16 février 2020)

Notes et références

  1. « Salim Laïbi condamné ! », Nabe’s News n°15, 7 juin 2018, lire : http://www.nabesnews.com/salim-laibi-condamne/
  2. « Le mail de dénonciation de Maître “Haouliq” à Maître Pierrat », Nabe’s News n°16, 29 août 2018, lire en ligne : http://www.nabesnews.com/le-mail-de-denonciation-de-maitre-haouliq-a-maitre-pierrat/
  3. « Roméo et Joliette. Une interview de Julien le Belge par Anthoine Carton », Nabe’s News n°16, 29 août 2018, lire : http://www.nabesnews.com/romeo-et-joliette/
  4. « “Faites attention à ce que vous dites, on ne sait jamais ce qui peut vous arriver…” Salim Laïbi à Maître Croizet, avocat de Nabe. », Nabe’s News n°16, 29 août 2018, lire : http://www.nabesnews.com/13-juillet/
  5. « Ordonnance du référé », Nabe’s News n°16, 29 août 2018, lire en ligne : http://www.nabesnews.com/ordonnance-du-refere-2/
  6. « Haoulia braque la banque de Nabe », Nabe’s News n°18, 27 décembre 2018, lire en ligne : http://www.nabesnews.com/haoulia-braque-la-banque-de-nabe/
  7. « Haoulia fait écrire l’assignation de Fabrice Giletta par Salim Laïbi », Nabe’s News n°18, 27 décembre 2018, lire en ligne : http://www.nabesnews.com/haoulia-fait-ecrire-lassignation-de-fabrice-giletta-par-salim-laibi/
  8. « Exclusif ! Ce que Naïma Haoulia va faire des 8 322,39€ volés à Nabe... », Nabe’s News n°18, 27 décembre 2018, lire en ligne : http://www.nabesnews.com/exclusif-ce-que-naima-haoulia-des-8322e-voles-a-nabe/