Albert Algoud

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Albert Algoud

Albert Algoud est un auteur et humoriste né le 23 mars 1950 à Asnières-sur-Seine. Rédacteur de portraits et de sketches d’abord pour Antoine de Caunes (1989 - 1995) ensuite pour Laurent Gerra (2008 - 2012). Il est aussi chroniqueur pour France Inter (Stéphane Bern, Nagui). Auteur de plusieurs livres sur Tintin et scénariste et dialoguiste du remake de Le Schpountz par Gérard Oury en 1999 avec Smaïn à la place de Fernandel.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe rencontre Albert Algoud en septembre 1984, lors d’une soirée de bouclage de Hara-Kiri :

« Il s’appelle Algoud, Albert Algoud. Il a de longs cheveux épais qui tombent sur son col de blouson noir, de petites lunettes mesquines et un menton de curé. Il est prof de français.[1] ».

Algoud suit Nabe, en étant notamment présent le soir du 15 février 1985, dans le public d’Apostrophes, n’hésitant pas à s’interposer entre Nabe et Georges-Marc Benamou, venu le frapper à la sortie du studio.

Algoud sera l’un des amis les plus proches de Nabe avec Marc Dachy pendant sa période post-Régal, comme il est raconté dans son journal intime : « Je montre quelques vieux dessins à Dachy et à Albert et nous écoutons à la radio en nous tordant de dire une scène du Schpountz.[2] »

En 1989, Algoud devient le nègre littéraire d’Antoine de Caunes, en écrivant le portrait de l’invité prononcé par l’animateur dans l’émission Nulle part ailleurs, diffusée sur Canal+ :

« Albert découvre tous les jours davantage la bassesse du milieu de la télévision. La chaîne moralo-déconnante Canal + est un repaire d’esclaves snobs parmi lesquels il espère occuper une place de “vedette” à la mesure de son talent de portraitiste usurpé chaque soir par ce dégénéré d’Antoine de Caunes. Engagé comme nègre et bien cantonné dans son rôle, il supporte mal de devoir applaudir, avec les autres, le type qui se fait passer pour l’auteur de ses textes. J’essaie de le mettre en garde. Je connais bien ces ordures-là, ces monstres médiatiques, prêts à la première enculerie. Rien à attendre de ces mutants. Albert est encore trop naïf.[3] ».

Algoud se fâche une première fois avec Nabe après la publication, en 1991, de Nabe’s Dream, premier tome du journal intime de l'écrivain. Cependant, en février 1998, Algoud reçoit Nabe dans Nulle part ailleurs, au moment de la sortie de Je suis mort, vantant son style et ses autres livres.

En 2000, Nabe décrit dans Kamikaze l’évolution de son ami, ses relations avec sa femme, son fils, sa maîtresse enceinte, le montrant transformé par son travail de comique à la télévision, et son parcours politique : des Jeunesses Action Française au milieu bobo médiatique, en passant par le gauchisme. Albert Algoud réagit négativement à son intégration littéraire, se disant « sali, diffamé, couvert de crachats »[4] et se fâchant définitivement avec Nabe. En avril, l’humoriste a reproché à Philippe Bertrand, journaliste de France Inter, de ne pas avoir mis suffisamment Nabe en difficulté lorsqu’il l’a reçu dans son émission Trafic d’influence :

« Tu n’a pas posé les bonnes questions ! Certes, je ne suis pas dans la meilleure position pour critiquer ce livre : j’ai été un copain de Nabe il y a 10 ans et il m’étrille sévèrement dans son bouquin, moi, ma compagne d’origine kabyle et mon fils autiste. Mais ce qui ne passe pas du tout, ce sont toutes les pages sur les juifs.[5] »

Fin juin 2000, Algoud s’exprime sur France Inter dans l’émission de Michel Polac, La partie continue, prétendant qu’il s’attaque à Kamikaze pour ses pages qu’il juge antisémites :

Michel Polac : J’avais entendu parler de ce journal parce que j’avais appris que vous étiez assez trainé dans la boue.
Albert Algoud : Je vais faire une précision. Dans ce journal, il y a des insultes, des attaques personnelles, de la diffamation, des mensonges, des atteintes à la vie privée. Il mélange le vrai et le faux. Il s’attaque aux faibles en général et il épargne les puissants, c’est-à-dire ses potes qui sont bien installés dans le milieu littéraire. Il y a une erreur esthétique : ce n’est pas parce qu’on dit « je » dans un bouquin, dans un journal, vous en savez quelque chose, qu’il y a un effet de vérité. Ce n’est pas parce qu’on dit « je », alors qu’on bidouille son journal, qu’on le réécrit des années après, qu’on est plus vrai que Proust, que Maupassant, par exemple, qui à travers des personnages de fiction parlent de l’âme humaine, de la psychologie humaine, infiniment plus précisément que ces nabots littéraires.
Donc, pauvre bouillie dans sa tête. Et il y a une troisième chose qui est dégueulasse. Alors, évidemment, il y a des gens qui disent : « C’est parce que tu as un problème personnel avec Nabe que t’attaque son antisémitisme ». Non ! C’est son antisémitisme, on a essayé de l’en guérir, malheureusement, vous pensez qu’avec le temps, ça passerait, puis ce n’est pas passé. Douze ans après, dans un journal publié en l’an 2000, des éditeurs laissent passer des propos immondes, où on lave Rebatet de tous ses crimes, où on insulte les gens qui manifestent à Carpentras, en traitant ce long étron noir de Juifs et de non-Juifs, où on décrit une femme, une vieille, même pas femme, elle n’a même pas droit au statut de femme, a même sorti de la naphtaline, je le cite de mémoire, son étoile de douleur qu’elle se met sur la poitrine. On laisse écrire ça, on attaque Renaud Camus, et une chianterie pareille, on laisse passer. Moi, je ne m’en suis pas mêlé, j’ai laissé passer les choses, je n’attaque pas par voie d’avocat, mais quand je vois que vous êtes insulté, traité de censeur, alors que c’est vous qui êtes censuré, je ne peux que réagir là au micro. (Imitant Philippe Pétain) J’ai gardé mon droit de réserve, comme disait le Maréchal.

En dehors du journal, Nabe n’a plus jamais parlé d’Algoud, sauf dans Les Porcs où il note que l’ancien d’AF/Canal+ était venu rôder dans le local de Soral et de Batskin en 2009 pour accompagner son propre fils Jean-Baptiste devenu soralien.

Citations

Algoud sur Nabe

  • « Car le scandale est là (quand ils le lisent !) : les détracteurs du livre de Marc-Édouard Nabe ne choisissent de le lire que partiellement et partialement. comme vous l'avez fait, ils ne citent que des passages tronqués, extraits de leur contexte, vieux procédé trop éprouvé pour qu'on s'y attarde. à chausser les lunettes de l'inculture la plus myope, ou presbyte, c'est selon, on peut facilement faire passer M. É Nabe pour ce qu'il n'est pas. Cela arrange tout le monde ! À commencer par ces faiseurs insipides, interchangeables endives, dont il a eu le courage, sur lequel vous ironisez, et l'honnêteté, qui semble vous échapper, de dire en direct combien leurs bouquins ennuyaient ou suintaient le chic et le poncif » (Extrait d’une lettre d’Albert Algoud à Jérôme Garcin, février 1985, reprise dans Tohu-Bohu, 1993, p. 868)

Nabe sur Algoud

  • « Vendredi 7 juillet 1989. — [...] Après dîner, nous allons tous nous promener, dans la nuit, à pied jusqu’à la plage de Port-Donnant, tout près de l’ancienne maison d’Arletty. Le paysage est terrifiant. Des roches et une plage encaissée au milieu de montagnes pelées : du Jules Verne... Et la mer qui se déchaîne par rouleaux grandioses... Hélène et Jean-Baptiste, les plus “vivants” de nous tous, se déshabillent et vont se baigner. Hélène en soutien-gorge et culotte blanche s’amusant avec un gosse dans les vagues d’écume noire, quelle beauté !... Albert et sa Grosse traînent derrière nous parce qu’ils se disputent : l’atmosphère est lourde. Tout d’un coup, alors que nous sommes déjà sur le sable, Monique se retourne et voit Albert en bras de chemise faire demi-tour en courant. Le Bélier coléreux va-t-il se frapper la tête contre un dolmen ? Non : il a besoin de ces coups d’éclat puérils pour baiser sa Grosse. Finalement, le couple à la Tennesse Williams nous quitte, nous laissant la responsabilité de surveiller le premier fils d’Albert à la merci des rouleaux inquiétants... François n’en revient pas. La bêtise aberrante de son ami d’enfance l’étonnera toujours. En rentrant, nous retrouverons Albert en “homme”, débraillé, le cheveu humide, visiblement soulagé comme un bûcheron qui vient de rentrer son bois. L’heureuse trombonnée (la première des choses qui l’inquiétait, m’a dit Albert lui-même, c’est de savoir si elle pouvait continuer à faire l’amour en étant enceinte...) ne daigne pas sortir de sa chambre : notre compagnie ne l’intéresse plus, elle préfère attendre dans sa couche de pétasse que les couilles de son futur larbin se rechargent pour une nouvelle bourrade. » (Kamikaze, 2000, pp. 3339-3340)
  • « Pendant presque sept ans, c’est donc ce laid petit monde qui accueillerait toute la pas très fine fleur fanée des extrêmes droites diverses du pays. Lepénistes bariolés, antisionistes, mais anti-arabes surtout, anti-Noirs, ex-gudistes remotivés, hooligans quinquagénaires, nationalistes pro-syriens... Et même un sous-people canal-plusien antisémite et ex-copain à moi, Albert Algoud, un ancien d’Action française devenu gauchiste puis nègre d’Antoine de Caunes et de Laurent Gerra... On l’avait vu au Local faire de petites visites de (radio) courtoisie, pour goûter aux « joies » de l’extrême-droitisme d’antan... Chassez le facho, il revient au galop ! Albert venait avec son gros chien blanc pour exprimer son soutien au Soral de 2007, d’autant plus que son fils (je parle de celui d’Algoud), Jean-Baptiste, que j’avais bien connu enfant douloureux, s’était métamorphosé sans surprise en petit soldat E&R et pédé ! Heil Œdipe ! Le fils Algoud revendiquait d’ailleurs autant son ascendance que de m’avoir connu avant que son papa ne devienne complètement pourri. » (Chapitre CLXXII « L’agité du local », Les Porcs tome 1, 2017, p. 546)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 614.
  2. Marc-Édouard Nabe, Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, p. 1969.
  3. Marc-Édouard Nabe, Kamikaze, Éditions du Rocher, 2000, p. 3096.
  4. Marie Gobin, « Ceux qui nomment leurs victimes », Lire, 1er février 2001, lire : https://www.lexpress.fr/culture/livre/ceux-qui-nomment-leurs-victimes_805761.html
  5. Emmanuel Lemieux, « Nausée brune sur France Inter », France Soir, 19 mai 2000.