Dino Risi

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Dino Risi

Dino Risi est un réalisateur italien né le 23 décembre 1916 à Milan et mort le 7 juin 2008 à Rome.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Adolescent, Nabe allait voir (souvent avec son père) les films de Dino Risi dès qu’il en sortait un, sans compter les reprises. Parmi ceux-là, Nabe avait particulièrement apprécié Au nom du peuple italien (1971), préfigurant déjà l’esprit conspirationniste, ou Rapt à l’italienne (1973) et Cher Papa (1978), tous deux très lucides sur le terrorisme et ses victimes. Sans parler évidemment de Le Fanfaron (1962), ni d’un des derniers, Fantôme d’amour (1981) avec Romy Schneider et Marcello Mastroianni. C’était toujours une joie de découvrir des fables grinçantes et hilarantes comme Moi, la femme, avec Monica Vitti dans tous les rôles, Les nouveaux monstres (1977), avec l’apparition d’Ornella Muti, ou Parfum de femme (1975), grand numéro de Vittorio Gassman... Tout ce cinéma était porté par les figures des trois autres grands acteurs de l’époque, Alberto Sordi, Ugo Tognazzi, Nino Manfredi, indissociables de l’univers de Risi qui a beaucoup influencé le jeune Zannini lorsqu’il commença à écrire des sortes de nouvelles qui ne sont pas sans évoquer les sketches risiens.

En 2003, lorsque la Cinémathèque ouvre à Paris une retrospective Risi, l’un de ses directeurs, Jean-François Rauger, demande à Nabe, avec qui il partage un grand goût pour le cinéma de Dino, d’écrire le texte de présentation. Le réalisateur, venu d’Italie pour l’occasion, appréciera beaucoup le texte, mais hélas, à cette date-là, Nabe sera parti pour Bagdad en guerre, d’où il rapportera son roman, Printemps de feu. Le réalisateur italien et son admirateur écrivain français, aussi déçus l’un que l’autre de ne pas s’être rencontrés, auront une seconde chance, encore grâce à Rauger, puisque Nabe, de passage avec Audrey Vernon à Rome deux ans après, rencontrera Dino Risi qui l’invitera chez lui dans une sorte d’appartement-hôtel confortable qu’il habitait depuis plusieurs décennies, seul, et qui jouxtait la Villa Borghèse… Ce sera le 25 février 2006 que Nabe, Audrey et Risi passeront plus de deux heures et demi ensemble à discuter (en français) de tout un tas de sujets, cinématographiques évidemment, mais aussi métaphysiques et humoristiques, par exemple : la mort… Nabe et Risi ne se reverront plus, le cinéaste devant mourir deux ans plus tard, à l’âge de 91 ans... Tout cela sera écrit et raconté plus tard, bien sûr.

Marc-Édouard Nabe et Dino Risi, le 25 février 2006, à Rome. Photo : Audrey Vernon

Citations

Nabe sur Risi

  • « Au seul nom de Dino Risi, ce sont des flashs hilarants qui me revien­nent. Tous ses films sont avant tout des scènes restées dans ma mémoire comme si j’y avais assisté en vrai... Sexe fou, Moi la femme, Les Monstres... Un mari est tellement plongé dans sa télé qu’il ne s’aperçoit pas que sa femme couche avec son amant dans la pièce d’à côté... Un plouc s’amourache d’un travesti qui se trouve être son frère... Un men­diant, pour ne pas perdre l’infirmité rentable de son compère aveugle, ne lui dit pas qu’il pourrait guérir... Un ancien boxeur va en convaincre un autre qui s’était rangé de remonter sur le ring : celui-ci se retrouvera sur un fauteuil roulant, en train d’applaudir les cerf-volants sur la plage... “Sono contento !” Ça, des monstres ? Lorsqu’on est confronté plus tard aux vraies mons­truosités de la société de décomposition, on se rend compte que les monstres de Risi sont des anges ! Sans scrupules devant la pauvreté, la maladie, la vieillesse, les enfants, les femmes, les vieillards, et bien sûr l’Église, la Police et la Justice, ils ont surtout une grâce que ceux de la « réalité » semblent se vanter pathétiquement d’être dépourvus. » (« Le Klaxon du fanfaron », programme de la rétrospective Dino Risi à la Cinémathèque française, mars 2003)
  • « Sordi, fils faux-cul, accompagne sa mère à l’asile en lui faisant croire à une promenade champêtre et l’abandonne aux infirmières (« Traitez-la comme une reine ! »). Manfredi finit par faire cocu un sourd-muet avant de lui rendre involontairement l’ouïe et la parole grâce à une tentative ratée d’assassinat. C’est Tognazzi qui joue l’infirme : aussitôt guéri, et croyant à un miracle, il entre dans les ordres pour faire voeu de silence ! ... Gass­man, accusé en mal d’alibi, fait interner son vieux père qui refusait de se fendre d’un faux témoignage en sa faveur... Comédien cocaïnomane, fasciste flamboyant, prophète médiatique, archevêque coquet ou riche automobiliste prenant des jeunes en stop pour mieux les insulter : Gassman est tous les hommes. En aveugle outrageusement à l’aise dans Parfum de femme (un des cinq, six chefs-d’œuvre de Risi), il est sublimement odieux. Et même si on faisait semblant, le temps d’un texte, de l’ou­blier dans Le Fanfaron, on ne pourrait pas ôter de ses tympans le son du Klaxon de la Lancia décapotable qu’il conduit à toute berzingue sur les routes éblouissantes de soleil de l’Italie de l’âge d’or. » (« Le Klaxon du fanfaron », programme de la rétrospective Dino Risi à la Cinémathèque française, mars 2003)
  • « C’est vachement bien (comme on disait dans les années 70) de revoir les films de Dino Risi tournés à la fin du siècle dernier, car ils ne parlent que de ce qui préoccupe le début de ce siècle-ci : la peur. Pas seulement celle du terrorisme, parfaitement compris, mais celle qui suinte de toutes les âmes. Tout le monde a peur en 2003. Quand les films de Dino Risi sont sortis, ceux qui les comprenaient riaient jaune. Aujourd’hui, ils feront pleurer noir ceux qui vont les découvrir. » (« Le Klaxon du fanfaron », programme de la rétrospective Dino Risi à la Cinémathèque française, mars 2003)

Intégration littéraire

Notes et références