Constantin Brancusi

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Constantin Brancusi

Constantin Brancusi est un sculpteur né le 19 février 1876 à Hobița (Roumanie) et mort le 16 mars 1957 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En 1986, Marc-Édouard Nabe écrit un texte sur Brancusi pour la revue de Marc Dachy, Luna Park, mais « L’oeuf du baiser » ne sera publié qu’en 1998, dans le recueil d’articles positifs de Nabe, Oui.

Nabe devant le portrait de Brancusi par Modigliani (Rome, 2008)

En mars 2010, invité par Frédéric Taddeï dans son émission Ce soir (ou jamais !), à l’occasion de la sortie de son roman L’Homme qui arrêta d’écrire, Marc-Édouard Nabe, aux côtés de Laurent Fabius invité également ce soir-là, souligne la faiblesse de l’artiste contemporain en comparaison aux travaux de Brancusi et donne l’exemple de l’exposition Jeff Koons au palais de Versailles :

« Son homard suspendu n’a de valeur que s’il est à Versailles pour choquer, c’est le contraste. C’est quelque chose de très courant dans l’art contemporain, il faut toujours un mode d’emploi ou une explication ou un contexte. L’œuvre ne peut pas vivre par elle-même, c’est sa grande faiblesse ! Il a besoin, lui, d’être au château de Versailles parce que c’est marrant et c’est tellement incongru de voir un homard suspendu dans un salon versaillais. Tandis que la différence avec Brancusi, le sculpteur dont je parlais tout à l’heure, vous mettez un coq ou un phoque de Brancusi n’importe où, que ce soit à Beaubourg, que ce soit en pleine campagne en Roumanie, ou vous pouvez même le mettre dans un salon bourgeois ou dans une grange, c’est extraordinaire ! Ça éclate, c’est évident que c’est une sculpture extraordinaire ! Tandis que là, ça a besoin d’un contexte, c’est la grande faiblesse, c’est l’explication. C’est ce que j’appelle la régression aussi, puisque c’est quand même toujours pour imiter des bouées ou des choses enfantines. Ils n’ont pas compris que la simplicité d’un Brancusi n’a rien à voir avec l’infantilisme et l’enfantillage de la plupart des acteurs de l’art contemporain aujourd’hui : Murakami ou alors lui, Koons, devant lesquels les critiques d’art sont à plat ventre, en faisant semblant de trouver ça génial, parce que la plupart des critiques quand même sont assez cultivés et intelligent pour faire la différence avec les vrais créateurs de l’art moderne.[1] »

En janvier 2019, Jérôme Dupuis publie dans L’Express un article sur Le Baiser, une sculpture de Brancusi installée au cimetière Montparnasse, objet de querelle franco-russe, et écrit que « L’écrivain Marc-Édouard Nabe raconte même dans son Journal s’être livré un jour à son pied à des ébats sexuels avec une amie...[2] ». En effet, dans le quatrième (et dernier) tome de son journal intime, Kamikaze (2000), Nabe écrit :

« À propos, nous profitons d’une accalmie pour aller faire un tour au cimetière. Je montre à Marc l’emplacement de la statue de Brancusi. Il l’ignorait, le nécrotouriste de Montparnasse ! Ce baiser splendide devant lequel je me suis fait branler par ma copine Catherine, en 1977 je crois... Je me vois encore éjaculer dans le ciel gris, ma colonne de foutre sans fin ! [3] »

Émilie Frèche fait allusion à ce passage du journal dans son roman, Un homme dangereux (2015)[4], où elle raconte comment celui dont elle voulait faire son amant, Patrick Besson, lui met le doigt sur l’extrait au sujet de Brancusi dans le journal de Nabe, et sur les lieux mêmes de la scène, c’est-à-dire le cimetière Montparnasse.

Citations

Nabe sur Brancusi

  • « Brancusi est un sage d’une antiquité intemporelle, c’est un cycle à lui tout seul. Il y a chez Brancusi ainsi ce mélange estomaquant de simplasticité à la Douanier Rousseau et de spiralité joycienne, cette ascèse et cette vitesse. Rarement on a vu un être aussi peu contradictoire : que ce soit dans la globalité de son œuvre, son mode de vie, ses aphorismes, ses amis : tout est d’une cohérence solennelle qui nous porte sur ses ailes dans la région de la Certitude, de l’Évidence Monkienne je dirais... Brancusi fait partie de ces artistes de la perfection, c’est-à-dire clos et saints. C’est vraiment l’oiseau entré par mégarde dans une pièce et qui se pose calmement sur le dossier d’une chaise pour réfléchir à la sortie. Rien à voir avec aucune frénésie tragique dans tous les sens, fourmillement euclidique et brouillon de monstres médiévaux. Ermite campagnard et lent, au courant du Cosmos. Brancusi est cet ouvrier des infinis qui extrait d’un geste toute une femme, d’une érection tout un procès (et une princesse), d’un baiser tous les couples du monde. Tristan et Isolde, Roméo et Juliette, Paul et Virginie et tous les autres ne sont que des Rien-du-Tout près de cette pierre à peine désossée par-ci par-là, cet accouplement dont il devait faire une colonne et la frise schématique d’une cariatide pour temple “grec”. » (« L’œuf du baiser », Oui, p. 20)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Ce soir (ou jamais !), France 3, 22 mars 2010.
  2. Jérôme Dupuis, « Brancusi, la suicidée, Le Baiser et les millions », L’Express, 9 janvier 2019, p. 36.
  3. Marc-Édouard Nabe, Kamikaze, Éditions du Rocher, 2000, p. 2748.
  4. Émilie Frêche, Un homme dangereux, Paris : Stock, 2015, pp. 164-165.