Edwy Plenel

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Edwy Plenel

Edwy Plenel est un journaliste né le 31 août 1952 à Nantes. Après une enfance passée en Martinique, Plenel adhère à la Ligue communiste révolutionnaire en 1970. Journaliste au Monde depuis 1980, il figure (comme Marc-Édouard Nabe) sur les listes des écoutés par l’Élysée (1983-1986) sur ordre de François Mitterrand[1]. En 1993, Plenel est le chef de file de la campagne contre L’Idiot international et Jean-Edern Hallier (en procès avec Josyane Savigneau, directrice du Monde des livres), lancée par Didier Daeninckx, et qui aura la peau de l’hebdomadaire satirique[2]. En 1996, Plenel devient directeur de la rédaction. En 2000, Le Monde sera l’organe officiel de la charge contre Renaud Camus, dont le journal intime, La Campagne de France (publié par Claude Durand chez Fayard), est jugé antisémite. En 2003, pour se venger, Claude Durand publie La Face cachée du Monde (Fayard), une enquête de Pierre Péan et Philippe Cohen qui démonte le fonctionnement autocratique du quotidien sous la direction d’Edwy Plenel, Alain Minc et Jean-Marie Colombani[3]. Ces révélations suscitent une crise à l’intérieur même du journal qui force Plenel à démissionner l’année suivante[4]. En mars 2008, il fonde le pure player d’information Mediapart, qui s’ingénie à multiplier les enquêtes à scandales (Bettencourt, Sarkozy, Cahuzac, Rugy, Ruggia, et Claude Lanzmann sur lequel une enquête prévue a été interrompue par sa mort en juillet 2018[5]) avec des procédés jugés policiers par le reste de la profession journalistique. Dans les années 2010-2020, Plenel intervient très régulièrement sur les plateaux de télévision pour faire la promotion de son cher support et réitère une défense des musulmans[6], par exemple en s’affichant avec Tariq Ramadan[7] et en critiquant l’islamophobie de Michel Houellebecq[8], ce qui pourrait le rapprocher, à son corps défendant, de certaines prises de positions et points de vue « nabiens », puisque Plenel est désormais considéré, lui aussi, par certains, comme un « islamo-gauchiste ».

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Réussissant à impliquer Marc-Édouard Nabe dans ses attaques acharnées contre les « rouges-bruns » de L’Idiot international en 1993, alors que Nabe n’écrivait déjà plus dans le journal d’Hallier depuis trois ans, Plenel est un des responsables du boycott de Nabe dans Le Monde, ainsi que dans Le Monde des Livres pendant toute la période (environ dix ans) où il a eu le pouvoir dans ce journal.

Le 29 mai 2002, à Sciences Po, Edwy Plenel, au cours d’un débat avec Alain Finkielkraut sur l’affaire Renaud Camus, évoque, pour une des premières fois publiquement, Marc-Édouard Nabe (qui le raconte en 2017 dans Les Porcs)[9].

Le 12 octobre 2002, Thierry Ardisson invite dans son émission Tout le monde en parle Nabe à l’occasion de la sortie de son roman, Alain Zannini alors que Plenel ignorait tout de sa venue[10]. C’est la première fois que les deux hommes se rencontrent. Ardisson interroge alors celui qui était à l’époque directeur de la rédaction du Monde sur l’absence de critiques des livres de Nabe dans les pages du quotidien (voir Les Porcs, Chapitre XXVII « On ne passe pas ses vacances en Irak », pp. 86-90). Curieusement, à l’arrivée dans l’émission d’Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, Plenel, assis à côté de Nabe, exprime des reproches tout à fait explicites à l’encontre d’Israël et sa politique, rappelant pour le massacre de Sabra et Chatila la responsabilité de Sharon, que Nabe, quelques minutes plus tard, traitera de « criminel de guerre », ce qui lui vaudra la réaction ulcérée de Barnavi.

Tout le monde en parle, 12 octobre 2002

En 2010, Nabe fait de Plenel un personnage de son roman anti-édité, L’Homme qui arrêta d’écrire, dans une scène (pp. 396-412) rassemblant les principaux journalistes de l’époque (Franz-Olivier Giesbert, Jean-François Kahn, Serge July, Daniel Schneidermann, Philippe Val, Philippe Tesson, Florence Aubenas, etc.).

Nabe intègrera également Plenel dans le récit des attentats de janvier 2015 et de leur médiatisation qu’en fait l’auteur dans Patience 2, à travers notamment son altercation avec Patrick Cohen autour de la publication de Soumission de Michel Houellebecq. Plenel apparaît enfin dans Aux Rats des pâquerettes, le pamphlet de Nabe sur les Gilets jaunes, où l’écrivain souligne la complaisance du journaliste envers les complotistes (notamment l’intervieweur de rue Isidora Duncan).

Citations

Plenel sur Nabe

  • « Alors, Marc-Édouard Nabe, ça me heurterait de citer Marc-Édouard Nabe, mais il n’y a pas pire antisémite. Ça n’empêche pas. Céline est un authentique écrivain d’accord mais c’est un sacré antisémite. » (débat avec Alain Finkielkraut à Sciences Po, 29 mai 2002, repris dans Les Porcs tome 1, 2017, p. 88)
  • « Thierry Ardisson : Edwy Plenel, à votre avis, pourquoi les livres de Marc-Édouard ne sont pas critiqués dans Le Monde et dans tous les autres journaux d’ailleurs ?
Edwy Plenel : Ils le sont, ça leur est arrivé, il a même été parfois publié dans des revues, vous parliez de Sollers tout à l’heure. Moi, je suis pour que tout se publie, je suis contre... La littérature, elle ne répond que d’un tribunal, la critique, ses lecteurs. [...] Donc je pense que dans le moment actuel, on peut écrire tout ce qu’on veut, faire la littérature qu’on veut, mais qu’elle ne se prenne pas trop au sérieux quand elle dit des conneries en clair. » (Tout le monde en parle, France 2, 12 octobre 2002)
  • « Thierry Ardisson : Edwy Plenel, au-delà de son côté comme ça énervant, clairement, vous pensez que c’est un écrivain, un bon écrivain ou...
Edwy Plenel : Céline est un très bon écrivain. Marc-Édouard Nabe a écrit des choses que j’ai pas trouvé du tout sympathiques en terme de... Allez, employez des grands mots, moi j’en fais pas un jugement moral, mais moi je trouve qu’on ne joue pas avec le racisme, on joue pas avec la détestation de l’autre, on joue pas sur les noms, voilà, donc... Pas dans ce livre-là particulièrement, puisqu’il a beaucoup de cordes à son arc, mais dans le passé. Bon... Il y a une posture de provocation, moi je suis de ceux qui pensent qu’il y a des choses avec lesquelles... Comment dire... Je pense que dans notre pays, en Europe, en France particulièrement, pays des trois religions maintenant, en Europe, en Occident, comment dire... On crie pas dans un cimetière. Voilà bon, donc moi je fais partie de ceux qui, allons bon, on peut dire, naïfs, “aimons-nous les uns les autres”, humanistes, tout ça, mais je pense qu’on ne joue pas avec cet imaginaire-là, surtout par les temps qui courent, voilà. » (Tout le monde en parle, France 2, 12 octobre 2002)

Nabe sur Plenel

  • « Tiens, revoilà Pleynel ? Non. Ce n’est pas possible. Je reconnais son corps qui revient des chiottes, mais pas sa tête... Est-ce encore lui ?
— Pari perdu, pari tenu !
Pleynel s’est rasé la moustache ! C’était ça ! Vision d’horreur ! Je crois qu’il aurait mieux valu pour lui qu’il se suicidât... Même Jean-François Khan qui n’est pas précisément une bête à concours de beauté tourne la tête. Aubenats préférerait être encore en geôle à Bagdad plutôt que de voir ça. Wilem fait tout de suite un dessin. Pleynel sans moustache, ce n’est pas comme la Joconde avec une. Ça n’a rien de drôle. Il est passé de la tête d’un Dupont Dupond à celle d’Humbert Humbert. On dirait qu’on lui a greffé sous le nez le pubis imberbe de Lolita en personne. Un vrai pervers... Des lèvres ridiculement fines qu’on n’imaginait pas, dégageant une rangée incomplètes de dents complètements pourries. Voilà le pourquoi de ces bacchantes pseudo-nietzschéennes qu’Edwy portait depuis l’âge de dix-huit ans. C’était pour cacher une dentition d’épouvante... Là voilà, la face cachée du Monde ! Personne n’a envie de rire, il y aurait pourtant énormément de quoi. » (L’Homme qui arrêta d’écrire, 2010, pp. 410-411)
  • « Un clip “Je suis Charlie”, succession de selfies, avait été monté vite fait, et il était exponentiel. Du plus minable au plus célèbre, chacun y allait de sa solidarité à gerber. [...]  Des défections étaient à noter dans ce clip toc ! Kouchner, BHL... Une surtout m’avait sauté aux yeux : Edwy Plenel ! Si Edwy Plenel n’était pas Charlie, c’est parce qu’il savait très bien lui aussi, comme moi, que Charlie Hebdo était vraiment islamophobe. Moi, je dirais carrément antiarabe. Trop facile, “islamophobe” ! Les Charlie n’avaient pas la phobie de l’islam, ils avaient la haine profonde, raciste, de la race arabe, comme tout Français, qu’il soit “de gauche” et “humoriste” n’y changeait rien. » (Patience 2, 2015, p. 24)
  • « Par exemple, le chef de Mediapart Edwy Plenel ne se pose plus de questions. Sur Chouard, il est vachement indulgent et est plutôt pour pardonner ses accointances soraliennes : pour Plenel, ce qui est important, c’est la dynamique sociale, pas les personnages douteux, et s’en servir pour diaboliser le mouvement ne peut qu’enrayer l’élan. Il faut que ça avance ! Tant pis ! “C’est regarder d’en haut” que de trouver Chouard conspi ! Plenel pense que les GJ seront si forts qu’ils absorberont les mauvaises brebis ! Ce serait même une bonne façon de combattre l’extrême droite que de laisser l’extrême droite se mêler à un si merveilleux mouvement ! Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Comme d’habitude, Edwy Plenel ne peut que se tromper. À une de ses mortelles conférences de presse données pour pester contre les juges et les flics qui l’empêchent de faire son boulot de juge et de flic, Edwy Plenel a salué chaleureusement Marc Ryleswki, le journaliste-pararazzi de rue... Pas de problème ! Plenel, moi, m’a boycotté dans Le Monde pendant quinze ans sous prétexte que j’étais “d’extrême droite”, mais la nouvelle vague des journalistes “fachos” de terrain sont les bienvenus chez lui. Qu’importe qu’ils croient aux complots partout et que ça pourrisse d’avance toute leurs actions ! C’est à croire que si un con d’extrême droite avéré est conspi, ça n’aggrave pas son cas ; au contraire, ça l’allège ! » (Aux Rats des pâquerettes, 2019, p. 69)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Hervé Gattegno, Erich Enciyan, « M. Ménage désigne François Mitterrand comme l'instigateur des écoutes », Le Monde, 28 avril 1997.
  2. Edwy Plenel, Olivier Biffaud, « L’Idiot, laboratoire rouge-brun », Le Monde, 1er juillet 1993.
  3. « Jean-Marie Colombani attaque “la Face cachée du Monde” », Libération, 21 mai 2003, lire : https://www.liberation.fr/medias/2003/05/21/jean-marie-colombani-attaque-la-face-cachee-du-monde_434270
  4. Olivier Costemalle, « Au «Monde», Plenel sort de son placard et prend la porte », Libération, 3 septembre 2005, lire : https://www.liberation.fr/medias/2005/09/03/au-monde-plenel-sort-de-son-placard-et-prend-la-porte_531095
  5. « À propos de Claude Lanzmann », Médiapart, 11 juillet 2018, lire : https://blogs.mediapart.fr/la-redaction-de-mediapart/blog/110718/propos-de-claude-lanzmann
  6. Edwy Plenel, Pour les musulmans, La Découverte, 2014, 135 p.
  7. Pauline Moullot, « Quels sont les liens entre Tariq Ramadan et Edwy Plenel ? », Libération, 10 novembre 2017, lire : https://www.liberation.fr/desintox/2017/11/10/quels-sont-les-liens-entre-tariq-ramadan-et-edwy-plenel_1609042
  8. C à vous, France 5, 6 janvier 2015
  9. Marc-Édouard Nabe, Chapitre XXVII « On ne passe pas ses vacances en Irak », Les Porcs tome 1, anti-édité, 2017, pp. 88-89.
  10. « Edwy Plenel n’était pas prévenu de ma venue (vieille technique ardissonienne), mais le filmeur Serge Khalfon ne loupa pas son expression atterrée, les sourcils au ciel, et même un peu la moustache, au moment où je fus annoncé. », Les Porcs, 2017, p. 87.