Mae West

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Mae West

Mae West est une actrice et chanteuse née le 17 août 1893 à Brooklyn et morte le 22 novembre 1980 à Los Angeles.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe découvre Mae West par un portrait de Dalí, Le Visage de Mae West pouvant être utilisé comme appartement surréaliste (1934-1935), où le peintre recompose le visage de l’actrice par des rideaux qui figurent les cheveux, des paysages encadrés les yeux, une cheminée (avec une horloge dessus) pour le nez, la peau en parquet ciré et enfin un canapé à l’image de sa fameuse bouche rouge. Créé par Dalí en 1936 après une commande d’Edward James, le canapé (Mae West Lips Sofa) a depuis été reproduit par des designers de meubles, dont quelques-uns sont exposés dans des musées européens.

Dans sa « formation » cinéphilique des années 1980, le futur auteur de Nabe’s Dream épanche sa curiosité pour Mae West dans les salles de cinéma d’art et d’essai où il découvre l’actrice américaine sur laquelle il écrit aussitôt. Mae West fera partie de ces personnalités contemporaines de Nabe (comme Jean Rouch, Madeleine Castaing, Marcel L’Herbier, le dessinateur Pichard…) qu’il aurait très bien pu connaître, ce qui hélas ne s’est pas fait.

Citations

Nabe sur Mae

  • « Mardi 6 mars [1984]. — [...] Avant de récupérer Marcel, je vais au cinéma voir mon premier film de Mae West ! J’avais toujours piqué des extraits par-ci, par-là, des bribes d’interviews et des photos : je savais d’emblée qu’il s’agit d’une très grande copine à moi. Le film qui inaugure le festival (I’m an angel) ne m’a pas déçu. Fantastique femme ! Grande Juive ! C’est pas Rika Zaraï, ça : quelqu’un, avec un grand Q, et deux épaules à billes !... Arletty new-yorkaise, pas moins ! Quel animal, et quel esprit ! Scénariste, dialoguiste, auteur, metteur en scène, actrice : elle pisse très fort, Mae West ! Moi, je trouve qu’elle va très loin ! Dans la charrette, entre Billie Holiday et Lou Andréas-Salomé !... Pas trois filles dans la salle : Mae West n’attire que les pédés, curieusement. Aucune femme aujourd’hui pour saisir que Mae West peut tout leur apprendre, qu’en une heure et demie de sourire et de subtilité, elle peut chasser tous les papillons des têtes et des culs confus de toute la connasserie contemporaine ? Ce n’est pas possible ! je ne peux pas le croire, Mae West est un ange, c’est indiscutable ! Elle swingue comme une Noire, c’est normal : elle est juive. Il est évident que Dali n‘allait pas laisser passer cette bête narquoise à la démarche unique, cette silhouette d‘une décontraction en somme inadmissible. Aucun temps mort dans cette comédie anodine. Les répliques de Mae sont implacables comme les meurtres chez Hitchcock. C‘est la plus forte, on le sait, on est venu comme au zoo. Mae West va manger tous les lions. Toute sa perception masculine, sur laquelle il faudrait écrire pendant des bottins, se résume à ce plan du film où sur une commode l‘on voit rangées des petites statuettes d‘animaux et à chacune correspond un homme de sa vie... Génial raccourci ! Putois, serpent, cochon, chien, ours, hippopotame : c‘est “la ferme aux animaux”, la vraie, celle des amants ! Il faudrait citer tous ses mots. Mae West, c‘est le Sacha Guitry des femmes. Une de ces spirituelles qui, où qu‘on se trouve, dans quelque souci que l‘on soit, fait voler en éclats la tristesse et la connerie humaine, en passant des sourires à sa cruauté, comme des gants... Le sexe, le mot d‘auteur, la féminité, la judaïté, la vulgarité, l‘anatomie, les vêtements, les regards... Quel que soit mon prochain écrit, je réserve à cette cracheuse d‘aphorismes ovariens une place de choix. Un à un j‘irai voir tous ses films. Mae West réussit ce miracle de joindre l‘intelligence et le cul, l‘intelligence dans le cul et le cul dans l‘intelligence, ce qu‘aucun homme — même pas Dieu — n‘avait osé demandé à une femme !
Mae West est sexy sans trouble. Moi, en tout cas, je ne la désire pas : je rêve d‘une femme qui me désire comme ça. Au fait, Mae West désire-t-elle ses hommes jusqu‘au bout ? L‘excitation est paradoxalement minée, sapée par l‘outrance de la provocation : c‘est un traité de séduction piégé que Mae West propose, avec son air de pute qu‘on imagine sans sexe, tant elle est sexy ! Vraiment dans un lit, avec la grande bite de Cary Grant ? Inimaginable ! Et pas seulement à cause des années 30 dans lesquels Mae évolue. Non, Mae West n‘est pas une salope sans charme dont on ne cherche à tirer qu‘un coup, comme Ornella Mutti ou Gudrun Landgrebe : elles sont bandantes. Mae West est sexuelle, on ne la pénètre pas, on se laisse enculer par elle. C‘est elle qui bande. C‘est sa chatte qui trique. » (Nabe’s Dream, 1991, pp. 312-313)
  • « Lundi 2 juillet [1984]. — [...] Retour en force au cinéma : nous voyons d’abord Lady Lou, une nouvelle réédition de Mae West. Hélène n’avait jamais vu l’aguicheuse géniale. Elle est impressionné surtout par la lumière laiteuse de sa peau lourde. Ici, dans un scénario moins bon que celui de Je ne suis pas un ange, Mae West déménage assez de tics célèbres pour que son charme reste efficace. C’est une artiste peintre : avec ses fards elle brosse des natures mortes que ses hommes-objets composent. Le serpent et les bonnes poires. Elle en arrive même à tuer une rivale, et ça passe comme un clin d’œil de plus. Lady Lou est un félin rapace : elle grogne quand elle sent la sueur des poils de poitrine, tout en refusant le moindre baiser, pour la gloire, pour le pied de nez de tout orgasme, pour le pied du non-pied en pédée macho, en dragueuse asexuée par son hypersexualité... Toujours rien sur Mae West : bientôt un quart de siècle de réflexions psychanalytiques sur la séduction, de répercussions glandulaires et pas un intello pour se stimuler à un tel personnage... » (Nabe’s Dream, 1991, p. 505)
  • « Et si on juge les moyens de Dalí puérils, qu’on fasse mieux ! […] Qu’on fasse mieux que de prendre les lèvres de Mae West pour en faire un canapé rouge ! » (Kamikaze, 2000, pp. 3060-3061)
« Quand je suis bonne, je suis très bonne, mais quand je suis mauvaise, je suis meilleure encore ! », etc.

Intégration littéraire

Notes et références