Stéphane Zagdanski

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Stéphane Zagdanski

Stéphane Zagdanski est un écrivain, concepteur d’émissions littéraires à la télévision, vidéaste et artiste contemporain, né le 28 avril 1963 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

« L’Eunuque raide » dans L’Infini (printemps 2014)

Marc-Édouard Nabe et Stéphane Zagdanski se rencontrent en 1992 lors du vernissage de l’exposition « Turqueries ». Nabe soutient le jeune auteur de Céline seul (L’Infini, 1993) et lui présente beaucoup de monde, en particulier Lucette Destouches chez qui, à Meudon, Zagdanski est présenté et où il multipliera les gaffes dans le cénacle célinien. Ainsi, Zagdanski apparaît en personnage dans Lucette publié en février 1995. La même année, il est invité par Emmanuel Leclerc à commenter dix ans après le passage de Marc-Édouard Nabe dans l’émission Apostrophes, en compagnie de l’écrivain ainsi que de Jackie Berroyer, Hector Obalk et Frédéric Taddeï[1]. En 1998, il apparaît aussi dans Je suis mort, sous le nom de Rodolphe.

En février 2000, Stéphane Zagdanski publie Pauvre de Gaulle, un livre racontant son incapacité à écrire un livre sur le général. Il réserve deux chapitres à Marc-Édouard Nabe, qu’il appelle « Marco Banana », et dans lesquels en occultant complètement les épisodes de leur amitié, il le présente avec distance comme un égocentrique à la pensée superficielle aux penchants scatophiles. En réponse, Nabe publie dans L’Infini numéro 70[2], la revue littéraire de Philippe Sollers, un portrait de Stéphane Zagdanski (qui n’est jamais cité), intitulé Mon meilleur ami. Dans Alain Zannini, Nabe intègre Zagdanski en en faisant un « amisexuel » défini comme étant celui qui « pénètre dans la sexualité de son ami sans être son amant »[3].

Quatorze ans après Mon meilleur ami, Marc-Édouard Nabe réagit au « Pamphlilm » réalisé par Zagdanski en 2013 et dans lequel ce dernier l’attaquait lui et Philippe Sollers. Nabe écrit donc un récit de 33 pages, L’Eunuque raide, qui met en scène Stéphane Zagdanski en cadavre eunuque enterré au Cimetière des Amis pour la Vie (gardé par Daniel Picouly), visité par des personnages apparaissant sous leur simple prénom ou surnom[4]. Par exemple, le guitariste corse qui vient rendre visite à Zagdanski, « Julien » est en réalité Julien Battesti, et « Toto » est Thomas Ravier, (ces clefs ont été données dans Nabe’s News en décembre 2019[5]), tous deux publiés par Philippe Sollers dans la collection L’Infini (Gallimard). Le décor mortuaire met également en scène la femme africaine de l’Eunuque raide, sa fille, son père, son frère ainsi que le général de Gaulle, en fantôme...

Un Tumblr est créé quelques mois plus tard à son intention et fait circuler le texte de Nabe.

En 2016, Zagdanski annonce qu’il arrête d’écrire, devient un peintre contemporain et s’installe à Marseille.

Citations

Zagdanski sur Nabe

  • « Marco Banana[6], par exemple. Cas amusant de nihiliste sodomital. L’anus qui lui sert d’encéphale n’a pas digéré le portrait tragi-comique que j’ai crayonné de lui en l’an 2000. Très blessé parce que j’ai expliqué pourquoi il était camé aux sunlights et comment ses textes en pâtissaient sur le fond, il tenta sans succès une cure de désintoxication médiatique à Patmos où il brûla ses plus précieux manuscrits. Puis il partit au Moyen-Orient au début de la seconde guerre d’Irak, persuadé qu’en présence de tant d’équipes de télévisions internationales, il finirait bien par apparaître sur un écran. Enfin, dépité, il est revenu vociférer sa haine contre les juifs, Israël, l’Occident, entre deux tirades enthousiastes en faveur de la sodomie et des allusions toujours anonymes me concernant, sans cesser d’entonner sa rengaine pleurnicharde de ne pas passer assez à la télé. » (De l’antisémitisme, 2006 (1995), pp. 356-357)
  • « C’est une grosse merde, comme son titre l’indique. Les titres des mauvais livres aussi peuvent révéler des destins. Celui de Nabe consiste à être littéralement fasciné par la merde. Je le connais mieux que personne, et surtout mieux que lui-même. Il ne s’est jamais remis de la longue description circonstanciée que j’ai faite de lui dans mon livre “Pauvre de Gaulle !”. De rage, il en a brûlé le manuscrit inédit de son “Journal intime” où j’apparaissais sous un jour flatteur, car nous avions longtemps été d’excellents amis. Ce portrait a réveillé tous ses démons contre les Juifs – et du coup contre moi, qu’il insulte régulièrement. Au fond, il n’est valable que comme personnage burlesque d’un roman. “Petit bouffon de la comédie vénitienne” : c’est la signification littérale de son patronyme, Zannini. » (BibliObs, 4 octobre 2012, à propos de L’Enculé[7])

Nabe sur Zagdanski

  • « Mon meilleur ami est un bourgeois de Louveciennes qui aurait fait un excellent bibliothécaire, il aime tellement lire ! Il croit que lire, c'est écrire, alors que c'est savoir lire qui est savoir écrire. Mais savoir écrire n'intéresse pas mon meilleur ami. Il n'a besoin des conseils de personne, mais les demande sans arrêt pour en tirer profit et les retourner dans une volonté manifeste de nuire à tous ceux qui osent lui en donner, sincèrement, dans son intérêt. La sincérité n'est pas le fort de mon meilleur ami.
Il est surtout copieur dans l'âme. Il a mélangé le style du meilleur écrivain fran­çais vivant et celui de son meilleur ami, et personne ne se décide vraiment à rendre compte de la supercherie car beaucoup, parmi les ennemis du premier et du second, ont intérêt à occulter ou à dénigrer la personnalité de ces deux-là, au profit de la cuistrerie fabriquée de mon meilleur ami. Les femmes lucides appellent mon meilleur ami “le cache-sexe” des esprits pénétrants.
Incapable d'écrire sans dictionnaire, il est fier de ses misérables allitérations qu'il va chercher dans celui des synonymes, comme il fouille du bout de la langue les cons des amatrices par défaut de ses cunnilingus. Ainsi mon meilleur ami croit rattraper son infirmité poétique par une prétention au sens et à la pensée, mais sa “pensée”, qu'il jette à la figure de qui a le sens du son qui lui fait cruellement défaut est vite comprise : la haine de la France, point. “Je pense, donc je hais la France. Je hais la France, donc je pense.” C'est pas mal, mais un peu court. Surtout quand on sait quelle idée raciste mon meilleur ami se fait du Français : est français tout ce qui n'est pas lui, alors que lui est le plus français de nous tous, dans ce qu'il reproche au Français : lourdeur et insensibilité, arrogance, bêtise psychologique et cécité narcissique.
Mon meilleur ami n'a aucun courage, cela va sans dire. Il appelle un chat une souris. Il ne dit jamais ce qu'il pense à personne, et fait croire à tout le monde qu'il n'en pense pas moins. Il ne dit sa vérité que dans ses livres, et cette vérité l'accable. Le masque soudain tombe. L'aigreur bien retenue dans la vie sourd comme du pus de ces ouvrages vulgairement hargneux. Oui, il a la méchanceté vulgaire, mon meilleur ami. C'est comme ça.
Dénué de toute psychologie, mon meilleur ami se croit le maître de l'ironie, sa clé préférée. Il devient touchant de naïveté quand il croit que les autres sont aussi enfer­més dans l'ironie, alors qu'ils disent exactement ce qu'ils pensent, surtout en ce qui le concerne. En particulier les femmes, qu'il croit séduire par son charme, alors qu'il n'y parvient que par sa gentillesse. Il les méprise trop pour jouir avec elles. En trou­vera-t-il une, un jour, assez bonne pour passer l'éponge sur son indifférence fondamentale ? Rien de moins sûr, quand on voit agir en direct son antisentimentalisme mielleux par lequel il sucre son mépris. Mon meilleur ami n'aime pas les femmes, il aime l'effet négatif que peut faire une femme sur des hommes, autant dire, des Fran­çais. Voilà pourquoi il fait semblant, jusqu'à les gruger, de s'éprendre d'Africaines, croyant choquer le Français blanc en les embrassant à pleine bouche devant lui.
Mon meilleur ami se comporte avec les femmes étrangères comme avec les auteurs de la Pléiade. C'est par complexe qu'il les triture. Personne ne lui a dit à quel point il était gênant de le voir se tortiller pendant des années, d'une façon trop ostensible pour ne pas être louche, avec une épouvantable Brésilienne dont il valori­sait la laideur, dans un mouvement de masochisme sadiquement retourné à son désavantage. C'était à moi de le lui dire. J'ai eu tort de ne pas le faire. » (« Mon meilleur ami », L’Infini n°70, été 2000)
  • « Quant à ses propres livres, la recette de Stéphane pour les fabriquer était simple... Vous prenez d’abord quelques morceaux de jazz et d’embryons congelés que vous mettrez à la sauce chinoise, enrichie de crème de Talmud bien sûr. Ensuite, dans de la purée de sexes (pas trop légère s.v.p.), vous incorporerez une bonne centaine de citations du meilleur cru classique (faire penser les autres à sa place, c’est excellent). Étalez, au fond d’un moule emprunté à un vrai styliste, plusieurs tranches épaisses de Bible fumée, roulées dans la farine psychanalytique... Puis vous découperez, en essayant de ne pas rire, le plus possible de clichés bien français, truffés de mots faussement rares (attention, si vous ne les émincez pas suffisamment, vous risque de tomber “in petto” sur des métaphores “infrangibles”). Tout le “chic” du “roman” viendra alors de l’introduction d’une bonne gousse de Proust dans le croupion de Guy Debord... En garniture, n’oubliez pas une poignée d’insultes en branches. Secouez sans goûter, jetez le tout au plafond et attendez que ça retombe dans un savant désordre. Ajoutez-y, avant de servir, une pincée d’autodestruction... Dégustez froid. » (Alain Zannini, 2002, pp. 437-438)
  • « — Eh bien voilà, commença le père eunuque d’Abigaëlle en s’adressant à elle. Je vais t’expliquer aujourd’hui comment te comporter avec autrui. Il faut s’insinuer dans la vie de quelqu’un, se faire passer pour son ami, ne jamais réagir à chaud sur tout ce qui te déplait de lui, mais attendre plusieurs années avant de reconstruire froidement tout ce que tu as vécu avec lui. Chaque anecdote, la refroidir, la réfrigérer, si tu préfères. Lui enlever tout vérité vécue, tout contexte qui pourrait en donner une idée chaleureuse. Surtout, ma petite Abi, n’oublie pas d’effacer tout ce qui pourrait être à l’avantage de ton ami, pour ne garder qu’une vision biaisée de lui. C’est très important de ne jamais dire la vérité de ce qui s’est passé, et de la remplacer par ce que tu en penses beaucoup plus tard. Toutes les confidences que tu auras recueillies dans certaines circonstances, tout ce qui a pu se dire de spontané et sous le couvert de plaisanteries, tu le prendras très au sérieux une fois que tu seras plus grande, afin d’en tirer des lois générales qui iront dans le sens de ton objectif, c’est-à-dire détruire, pour toi-même comme pour les autres, l’image positive de ceux que tu aimais le plus par le passé. Compris, ma petite Abigaëlle ? » (« L’Eunuque raide », L’Infini n°126, printemps 2014, p. 73)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Emmanuel Leclerc, Les Écrits de l’Image, n°6, printemps 1995, repris dans Coups d’épée dans l’eau, « Apostrophes now », Éditions du Rocher, 1999, p. 285-295.
  2. Marc-Édouard Nabe, « Mon meilleur ami », L’Infini n°70, été 2000
  3. Marc-Édouard Nabe, « L’amisexuel », Alain Zannini, Éditions du Rocher, 2002, p. 444.
  4. Jérôme Dupuis, « Nabe, Sollers et Zagdanski : règlement de comptes à Saint-Germain-des-Prés », L’Express, 20 mars 2014, lire : https://www.lexpress.fr/culture/livre/nabe-sollers-et-zagdanski-reglements-de-comptes-a-saint-germain-des-pres_1501753.html
  5. « Un personnage de L’Eunuque raide publie un roman ! », Nabe’s News n°23, 15 décembre 2019, lire : http://www.nabesnews.com/un-personnage-de-leunuque-raide-publie-un-roman/
  6. Surnom donné à Marc-Édouard Nabe par Stéphane Zagdanski
  7. David Caviglioli, « “DSK ? Paix à son sperme.” », BibliObs, 4 octobre 2012, lire : https://bibliobs.nouvelobs.com/rentree-litteraire-2012/20121002.OBS4293/dsk-paix-a-son-sperme.html