Patience

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Patience est un magazine rédigé et publié par l'écrivain Marc-Édouard Nabe depuis 2014.

Se présentant comme un magazine tout en couleur et de grand format (24 cm sur 34 cm), Patience paraît à un rythme annuel et s’apparente plutôt à un livre d’artiste. En effet, chaque numéro articule autour du texte des illustrations de divers ordres : images, photos, gravures, dessins, manuscrits, captures d’écran, extraits d’Internet etc. La couverture est le plus souvent illustrée par un photomontage, pratique par laquelle Nabe désormais entend supplanter celle, trop habituelle, du dessin de presse. À part le numéro 4 où il n’y a que l’éditorial (pourtant copieux) à lire, les autres numéros peuvent rivaliser par leur masse de texte avec les autres livres de Nabe. À titre d’exemple : 640 000 signes pour le numéro 2.

Origine du titre

Le 10 janvier 2014, Marc-Édouard Nabe annonce dans l'émission de Frédéric Taddeï, Ce soir (ou jamais !), la publication imminente d'un livre de mille pages sur le conspirationnisme. Ayant été retardé, et lassé depuis plusieurs années de s’entendre répondre « Patience... » à ceux qui lui demandaient quand allaient sortir Les Porcs, l’écrivain décide « pour faire patienter [ses] admirateurs et faire enrager [ses] détracteurs »[1], de publier un magazine sur l’actualité dont un des buts artistiques est de récupérer sur papier la virtualité du matériau Internet.

Numéros

(1) Un État de Grâce (décembre 2014)

Éditorial

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Qu’est-ce que c’est que tous ces cons qui me font chier sur Twitter et Facebook ? « Alors, ton livre, il vient quand ? » Avec toute la vulgarité, grossièreté, familiarité si caractéristiques des « résidus sociaux »... Il y en a même qui doutent ! « Il va pas le faire ! » Ces abrutis...
Je ne suis pas à leur disposition. Ils se prennent pour qui ? Pour le Pape Jules II qui s’énervait parce que Michel-Ange n’avait pas encore fini sa fresque au plafond !
— Quand est-ce que tu terminera la chapelle Sixtine, fainéant ?
— Quand je pourrai... répondait le peintre du haut de son échafaudage.
Je prends exprès un grand exemple pour montrer l’énormité de ce que je suis en train d’accomplir, à tous ces planqués inertes donneurs de leçons impatients pressés. Que les pressés aillent se faire enculer une bonne fois pour toute : moi, je travaille ! Certains me menacent de en plus me lire, na ! Ils boudent. Je leur ai fait passer l’envie ! Quelles gonzesses, ces lecteurs... Ils faudrait subir leurs caprices ? Et puis quoi encore ? Bande d’étrons enfarinés !
Je fais ce que je veux. Si soudain je veux lancer un magazine, je lance un magazine... La preuve ! Premier numéro : Daech pour les nabiens, autant dire pour les nuls...
Je vous l’ai déjà dit : je suis trop sympa !

Sommaire

Éditorial, p. 2
Introduction, p. 3
Vidéos, p. 4
Irak, p. 7
Syrie, p. 8
Califat, p. 10
Lawrence, p. 10
Stratégie, p. 12
Révolutions arabes, p. 13
Nationalisme, p. 13
Israël, p. 16
Argent, p. 16
Fonctionnement, p. 18
Idéalistes et aventuriers, p. 22
Filles, p. 25
Décapitations, p. 26
Bary, p. 34
Thèses conspi, p. 36
Thèses du système, p. 41
Hervé Gourdel, p. 42
Nus de Gourdel, p. 44
Not in my name, p. 52
Le 1, p. 56
Art contemporain, p. 57
Chrétiens, p. 62
Kurdes, p. 66
Doaa, p. 72
Conclusion, p. 74

Contenu et réactions

Publié au tout début de la montée en puissance de l'État islamique (décembre 2014), ce Patience montre sur sa couverture l'écrivain en bourreau vêtu de noir et s'apprêtant à décapiter un Dieudonné à genoux dans le désert, dans la tenue orange des otages de Daesh (qui elle-même reprend celle des prisonniers de Guantanamo). En médaillon, la tête d’Alain Soral est montrée tenue par le col et promise au même sort[2], une façon pour l’auteur de se positionner en appel sur son prochain livre où ces deux personnages prendront une part prépondérante. Sur 80 pages, Nabe entend expliquer les raisons de l’émergence de l’EI et de son fonctionnement. Le texte est abondamment illustré de captures d’écran (dont beaucoup de décapitations) et de nombreuses photographies (dont des nus féminins réalisés par Hervé Gourdel). Sur la quatrième de couverture, une phrase d’un des combattants de Daesh en caractères blancs sur fond noir : « Libérez la réalité ». Le magazine a été tiré à 2 000 exemplaires et vendu à 20 euros[3].

Un an après sa sortie, de longs extraits sont repris dans la publication francophone de l'État islamique, Dar al-Islam, en novembre 2015[4].

Dans son émission Répliques du 12 décembre 2015, diffusée sur France Culture, le philosophe Alain Finkielkraut critique le contenu du numéro, ainsi que le positionnement anti-conspirationniste de Nabe, en présence de la romancière Émilie Frèche[5].

Teaser de Patience 1

(2) La vengeance de Choron (septembre 2015)

Éditorial

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Ça crépite sur Twitter... #JAimeMonProphete m’apostrophe : « Ou es tu ? Parles !!! Ou bien ne veulent t’ils pas que tu réveil les français de cette hypnose médiatique. »
José Moutinho est d’accord : « Oui on veut connaître l’avis d’un ancien de charlie hebdo (1ere époque). »
Lula Giovannotti n’est pas en reste : « C’est vrai ça ! Au secours venez nous aidez !!! Tout se dit et rien se dit ! »
Abu Roschdy le followe, et s’adresse carrément @ONPCofficiel : « Je me joins à toi pour que Nabe soit invité de luxe et en solo. Rejoignez-nous ! Join us ! RT please ! »
C’est très gentil à vous tous, mais enlevez-vous ça de la tête... Jamais je ne serai invité chez Ruquier pour donner mon avis sur la situation. Laurent m’aime bien je sais, mais il n’a pas son mot à dire avec, au-dessus de lui, une Catherine Barma qui me boycotte officiellement depuis 1989 (à part quelques invitations exceptionnelles dues uniquement à l’opiniâtreté de Thierry Ardisson)... Pourquoi pas en « invité spécial politique », tant que vous y êtes ! Face à la salace Léa Salamé dite « Gros Nibards » et à Aymeric Caron dit « Petites Couilles » quand on l’accuse d’antisémitisme ?
Non, contrairement à ce que quelques conseils mal informés imaginent, je ne fais pas partie du « système », je ne suis pas médiatisé, et c’est tant mieux ! Beaucoup croient que je « veux » absolument passer à la télé, alors que j’en ai rien à foutre ; une fois de plus, de moins, ça ne changerait plus rien à mon destin d’écrivain. « Passer à la télé » ne me fait pas vendre plus de livres, ni n’accroît ma notoriété. Stress et affrontement assuré à des cons supplémentaires. Quel intérêt ? La seule « télé » qui me reste à faire, c’est à Raqqa, face caméra, mitraillette au poing, encadré de mes copains de l’EI, en train de proférer des menaces à l’encontre de cet Occident abject !
Je suis désolé, les amis, mais il va falloir désormais vous passer de moi à la télé, dans les journaux, dans tous les médias d’ailleurs... C’est ça qui est beau ! Vous ne voyez pas ce qu’il y a de jouissif d’être à ce point négligé, méprisé, oublié, enfoui, enterré par toute une époque de pauvres damnés qui sont déjà en enfer sans le savoir ? Jamais je n’ai été l’objet d’autant d’indifférence, d’un si violent opprobre, d’un aussi épais refoulé de la part d’ignorants arrogants pleins de morgue, de largués par leur temps et qui se croient au fait des choses...
Franchement, vous me voyez reçu par la bécasse Sublet sur sa tour Eiffel de conneries ? Ou bien au dîner de C à vous, passé à la question par Patrick Cohen, entre une bouchée de paupiette de porc à la marmelade de cerveau malade et un fou-rire de Bébête Lemoine, et sous les effrayantes grimaces de gargouille désséchée de Pierre Lescure ?
Ou alors à La Grande Librarie par le chuinteur chiant François Busnel, entre Alexandre Jardin et Yann Moix, pour parler de mon dernier livre qui fait « l’apologie de Daech » ?
— Alors, Marc-Édouard Nabe, ch’est churprenant chez vous, chette propenchion au daechisme chevronné ! Cha vous vient d’où ? Ch’est prodigieux !
Encore moins au Grand Journal avec le salsifis Antoine de Caunes, raté de tous les arts, qui me ferait cuisiner par le plouc de gauche Aphatie et la crypto-FN au look SM Natacha Polony...
« Parles !!! » Je veux bien, mais où ? Non, on va rester entre nous, avec tous ceux qui ont acheté Patience n°1, ou bien l’ont téléchargé, qu’importe ! Ils l’ont bien mérité... La parole, ça ne se demande pas, ça se prend.

Sommaire

Éditorial, p. 2
1. Delfeil à la galerie, p. 3
2. Les faits, p. 5
3. Sacré décrochage, p. 8
4. Les précisions du 8 janvier, p. 13
5. Pelloux la pleureuse, p. 17
6. Fourest gouine, p. 18
7. Bougrab, la veuve poignante, p. 20
8. « Je suis Charlie », mais « Ils sont Kouachi », p. 23
9. 9 janvier-Free Jihad, p. 25
10. Chérif, p. 33
11. Coulibaly BFM, p. 35
12. Le testament de Coulibaly, p. 37
13. Débriefing des discours, p. 38
14. Chronologie de Charlie Hebdo, p. 41
15. Charlie blaireaux, p. 48
16. Je suis Pavlov, p. 92
17. Cabu, p. 94
18. Wolinski - Georges le tué, p. 95
19. Charb, p. 97
20. Tignous, p. 98
21. Maris, p. 99
22. Houellebecq, p. 102
23. Lançon, p. 104
24. 10 janvier, p. 108
25. La marche du 11, p. 113
26. La victoire de la synagogue, p. 115
27. Le nouveau Charlie, p. 122
28. Siné Mensuel, p. 127
29. Ruquier Bedos, p. 130
30. Houellebecq’s Back !
31. Todd, le Juif zombie
32. Cavanna, le vieux traître, p. 138
33. Vuillemin = SS, p. 141
34. Le communionisme, p. 144
35. Salut, Charlie !

Contenu et réactions

Écrit pendant six mois, dès l’annonce des attentats du 7 janvier 2015, le deuxième numéro traite de l’événement sur 152 pages, et en particulier du phénomène Charlie[6]. La Une est un photomontage mettant en scène Adolf Hitler affichant son soutien à Charlie Hebdo en tenant un panneau « Je suis Charlie » pour montrer que dans une société où la dictature de la bien-pensance est si forte, même Hitler serait obligé d’être Charlie. La quatrième de couverture est composée d’un dessin de Nabe réalisé en 1984 : « Choron de dos disparaissant dans sa fumée ». Le premier tirage de 800 exemplaires s’est vendu en moins de deux mois, suivi d’un second tirage de 900 exemplaires.

Nabe établit une connexion factuelle entre l’acte punitif des frères Kouachi le 7 janvier 2015 sur l’équipe de Charlie Hebdo et l’abandon par cette équipe même ayant provoquée la mort du professeur Choron dix ans avant. D’où le titre (« La vengeance de Choron »). Nabe décrit ensuite précisément les attentats des 7 et 9 janvier (apportant des informations politiques totalement méconnues des journalistes), ainsi que la marche du 11 et les réactions médiatiques que ces événements ont suscitées. Il analyse ensuite le contenu de la seconde version de l'hebdomadaire Charlie Hebdo année par année, sur 42 pages non illustrées, de 1992 jusqu’au numéro du 7 janvier 2015. Tout en faisant le portrait individuel de chaque victime (Cabu, Wolinski, Charb...), il se mêle au récit en évoquant son exposition Hara-Kiri (décembre 2014) dont le décrochage a eu lieu le 7 janvier 2015, ainsi que des souvenirs personnels de sa collaboration à Hara-Kiri en 1974-1975, et sa situation d’écrivain boycotté mis en parallèle, non seulement avec le parti-pris pro-Charlie de Michel Houellebecq ayant publié son roman islamophobe Soumission le jour des attentats, mais aussi avec la « liberté d’expression » ardemment défendue durant les mois qui ont suivi les attentats.

Symboliquement, Nabe organise le lancement du second numéro de Patience le 20 août 2015, devant les anciens locaux d'Hara-Kiri situés rue des Trois-Portes, pour les quelques survivants de l’aventure Charlie/Hara-Kiri des années 1970.

La sortie de ce deuxième numéro de Patience est annoncée dans L'Obs par Delfeil de Ton, dans l'édition du 3 septembre 2015. « Son point de vue est original et, pour ce qui est de l'écriture, c'est du Nabe de bonne cuvée. Détestons ses outrances, regrettons ses injures inutiles, déplorons les carences de son information, haïssons parfois son point de vue, n'empêche, son livre existe »[7].

Signalons que ce Patience a perturbé l'annonce à Drouant du lauréat du prix Goncourt 2015. La couverture a été brandie par un membre de l’équipe de la galerie de Nabe, rue Frédéric Sauton, devant Didier Decoin, secrétaire général de l’Académie Goncourt, au moment où il allait prononcer le nom du lauréat[8]. L'acte a été interprété à tort comme une dénonciation de la réédition en France de Mein Kampf.

(3) Israël/Auschwitz (décembre 2017)

Éditorial

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À peine Les Porcs 1 paru, on me presse : « Quand le 2 ? le 2 ! le 2 ! » « Patience... » me suis-je entendu redire. Alors, OK, un troisième numéro, et cette fois, on passera la marche-arrière. On va voyager dans ce Patience 3 : pas de présent, ni d’avenir ; du passé ! Pour vous faire patienter encore...
Qu’ai-je en stock ? Voici deux récits de deux voyages effectués à deux époques différentes, et avec deux amis différents. D’abord en Israël avec Frédéric Pajak en 1991-92, pour mes trente-trois ans. Ensuite, à Auschwitz avec Catsap en 2012, pour ses cinquante à lui. Les deux textes ont été écrits au jour le jour.
Frédéric Pajak ? Ça ne vous dit rien ? C’est ce dessinateur suisse qui fabrique des livres chics exprès pour les « fromages blancs » de Saint-Germain (comme il les appelait à l’époque), sur les solitudes de Nietzsche, de Pevese et de Van Gogh, et où il fait alterner copies à l’encre et à la plume de leurs portraits et réflexions creuses de son cru... Ô Télérama ! Bref, un raté qui croit qu’il a « réussi ».
Catsap, c’est autre chose... Lui aussi est un raté, mais un raté très réussi ! D’abord, il ne fait rien, sauf être juste et drôle. C’est un philosophe dans son genre. Ses aphorismes sont prisés des connaisseurs : « La drogue est ce qu’il y a de mieux si on peut s’en passer » ; ou : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire mal » ; ou : « Qu’est-ce que je vais devenir si je meurs ? » Il souffre en Bretagne.
J’avais emmené le premier avec moi au Saint-Sépulcre pour ma première communion et le second à Birkenau pour la sienne avec les morts de la Shoah. Tous les deux sont juifs. À Catsap, ça n’a jamais posé de problème. Pajak, lui, doutait encore de l’être, au point qu’à notre retour de Terre sainte, il nous affirma, à Patrick Besson et à moi, s’être fait circoncire, à trente-six ans ! pour être bien sûr...
Vous allez voir. Beaucoup de correspondances entre les visites des seuls lieux où il faut être allé dans sa vie si on veut comprendre quelque chose aux sujets dont on me disait, quand j’ai commencé à publier, en 1985, qu’ils seraient bientôt tout à fait démodés : les Juifs, les Arabes, la Palestine, Israël, le nazisme...
Mais attention ! Que le lecteur antisémite (pléonasme) ne s’attende pas à trouver dans ce diptyque un pamphlet pro-palestinien et un autre pro-nazi ! En 91, je suis allé en Terre sainte pour des raisons strictement chrétiennes ; et en 2012, en Pologne, pour appuyer mon combat contre le révisionnisme.
Je prétends que raconter ce qu’on a vu sur ces deux terres promises par Dieu à l’Enfer en dira toujours plus long que les clichés que déblatèrent aussi bien les nièces de la Vérité avachis sur leur divan rouge que les pleurnicheurs de la Mémoire allongés sur celui de leur psychanalyste.

Sommaire

Éditorial, p. 2

ISRAËL

Lundi 23 décembre 1991, p. 4
Mardi 24 décembre 1991, p. 7
Mercredi 25 décembre 1991, p. 14
Jeudi 26 décembre 1991, p. 17
Vendredi 27 décembre 1991, p. 21
Samedi 28 décembre 1991, p. 26
Dimanche 29 décembre 1991, p. 34
Lundi 30 décembre 1991, p. 36
Mardi 31 décembre 1991, p. 38
Mercredi 1er janvier 1992, p. 41
Jeudi 2 janvier 1992, p. 43
Vendredi 3 janvier 1992, p. 46
Samedi 4 janvier 1992, p. 48

AUSCHWITZ

Lundi 22 octobre 2012, p. 52
Mardi 23 octobre 2012, p. 56
Mercredi 24 octobre 2012, p. 68
Jeudi 25 octobre 2012, p. 96
Vendredi 26 octobre 2012, p. 104

Contenu et réactions

Contrairement aux deux premiers, ce numéro n’est pas d’actualité, mais composé de deux récits de voyages réalisés en 1991 et en 2012[9]. Le premier se déroule en Israël, en compagnie de Frédéric Pajak, quand le second se déroule en Pologne, dans le camp d’extermination d'Auschwitz, aux côtés de Catsap. La couverture de Patience 3 représente un déporté dans un four crématoire lançant à son bourreau nazi en train de l’enfourner la fameuse phrase attribuée à Voltaire : « Je ne partage pas vos idées, mais je suis prêt à mourir pour que vous puissiez les exprimer ! ». La quatrième de couverture est composée d’un dessin de Nabe réalisé en 1991 : « Père et fils dans les rues de Jérusalem ».

Sous la forme de deux journaux intimes datés au jour le jour, Nabe raconte d’abord ses quinze jours en Terre sainte en compagnie du dessinateur Pajak pour accomplir sa première communion à Jérusalem. Il mêle aux conversations politiques et mystiques avec celui-ci, et aux descriptions des paysages des différentes villes visitées, sa situation amoureuse personnelle : son adultère d’Hélène, mère récente de leur fils Alexandre (1 an) avec la chanteuse Diane Tell, prise de passion pour l’écrivain et devenue sa maîtresse en 1991. Beaucoup de documents photographiques et épistoliers sur ces histoires entrecoupées de réflexions religieuses constituent la singularité de ce récit.

Dans la seconde partie du diptyque, on lit la narration journalière du voyage plus court (5 jours) de Nabe, d’abord à Cracovie puis à Auschwitz, en compagnie de son ami Catsap à qui il a offert cette visite du lieu mythique de l’Holocauste pour ses cinquante ans. Là encore, un autre adultère vécu par Nabe vingt ans après (2012) où l’écrivain était en train de quitter Audrey Vernon pour la jeune Leïla, se trouve emmêlé (et nourri par de nombreux textos et commentaires) à l’étude minutieuse sur le terrain des camps d’Auschwitz et de Birkenau, ce qui permet à l’auteur de démonter une fois de plus les thèses révisionnistes. Par l’humour sarcastique de Catsap, dont le grand-père était mort là, le récit d’Auschwitz brasse tout un tas de sentiments contradictoires, mais apporte également au lecteur bien des informations historiques sur la Shoah que les illustrations pour la plupart jamais vues et des rapprochements étonnants d’images de différentes époques et de différents univers complètent et enrichissent.

Le magazine, tiré à 800 exemplaires, est vendu (35 euros) avec un DVD contenant un film de 75 minutes sur le voyage à Auschwitz, réalisé en octobre 2012, intitulé « Catsap à Auschwitz ».

Extrait du film Catsap à Auschwitz, tourné en octobre 2012

En juillet 2018, la revue de la Licra, Le droit de vivre, publie une interview de Claire Lopez, permanente de la commission Juridique de la Licra, qui est interrogée sur la loi de 1881 sur la presse et son délai de prescription de trois mois, qui fixe la période durant laquelle une action en justice peut être menée contre un titre de presse. Elle donne l'exemple de Patience 3, et des « textes orduriers de l’“essayiste” antijuif Marc-Édouard Nabe sur Israël et Auschwitz, diffusés impunément par voie numérique début 2018 » (selon Raphaël Roze, auteur de l'article), qui n'ont pas été poursuivis car « repérés par nos veilleurs numériques quelques semaines trop tard »[10].

Patience in progress

En juin 2018, six mois après la sortie du troisième numéro de Patience, « Israël/Auschwitz », Laurent Dimitri interroge Marc-Édouard Nabe dans un film réalisé par David Vesper.

Teaser de Patience 3

(4) Pornabe (juin 2019)

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Le 1er juillet 2019, Marc-Édouard Nabe sort le quatrième numéro de Patience, titré Pornabe. La couverture est composé d'un selfie de l'écrivain pris sur une plage à Lausanne l’année précédente avec sa compagne, Alexandra. Composé de 120 pages, vendu 120 euros, le magazine est « entièrement pornographique » et « interdit aux mineurs ». Seulement présentée par un long éditorial fouillé sur la question du nouveau féminisme MeToo, cette succession de photos, pour la plupart d’entre elles prises à l’iPhone en gros plan, floues, mal cadrées mais très explicites, forme un ensemble qui tend plus vers l’art contemporain que vers la pornographie au sens strict du terme. Pourtant, une série pareille de photos intimes n’a jamais été publiée ni du vivant ni posthumément par aucun artiste, écrivain ou autre. À l’âge (60 ans) où certains se cacheraient plutôt et s’assagiraient, Nabe démontre, par cette exhibition volontaire, et malgré la crudité des images, qu’il repousse encore par là les limites de la liberté totale d’un créateur dans une époque si régressive. Pénétrations, sodomies, fist, baisers, masturbations, et autres sont les actions totalement visibles entre les deux amants auto-filmés (car la plupart des photos sont des captures de vidéos) dont le couple respire l’amour et la complicité.

Sur la quatrième de couverture, une photo plus « calme » des deux amants en train de dormir sur un lit.

À noter : la présence de la figure de Jean-Luc Godard dans un plan d’une chambre où, sur un ordinateur, une interview du réalisateur était en train d’être visionnée. Ce clin d’oeil à l’aspect cinématographique du numéro 4 de Patience n’échappera pas aux amateurs de livres d’images.

Début de l'éditorial

« Il y a longtemps que je voulais le faire : une œuvre entièrement pornographique. Il fallait attendre le bon moment et la bonne femme. Bingo ! Le bon moment, c’est le pire de tous les temps ! Celui où sévit une dictature moralisatrice ignoble qui punit policièrement, judiciairement, médiatiquement (c’est pareil) tout homme qui ose considérer une femme comme autre chose qu’un pur esprit dégagé de toute contingence séductrice, un elfe éthéré sans aucune perversité propre, mi-ange, mi-agneau, victime éternellement innocente, bref, une militante pour l’Égalité, la Liberté et la Sororité, une républicaine en diable (non, pas en diable !)...
Quant à la femme consentante pour poser avec moi en photos plus que nue, il fallait la trouver... Alexandra ! Qui s’aligne chez mes ex ? Personne ! Alexandra est exceptionnelle, c’était donc elle, la bonne, et pas seulement parce qu’elle est “bonne”. Son corps respire l’intelligence de sa beauté. 
Tous ceux qui ont aimé les passages érotiques dans mes livres vont avoir soudain sous les yeux une seule femme sur qui mettre un visage, des seins, un cul, des trous... Ils vont se retrouver sans mots, mais avec des images ! Celles d'Hélène à cheval sur moi, ils ne les ont pas eues. Ils n'ont pas eu Diane en train de me sucer dans une voiture ; Laura en train de s'astiquer le clitoris pendant que je la prenais ; Delphine crachant dans sa main pour mieux me branler mon enfant ; Audrey se faisant enculer systématiquement ; Leïla me léchant les couilles... C'est Alexandra qui va absorber toutes les images qu'on a pu se faire de mes autres femmes, comme une éponge. Une éponge juive, les meilleures !
Ce numéro collector de Patience est un geste d'amour d'elle à moi et de moi à elle, comme quoi l'amour et la pornographie portés à ce niveau se rejoignent, fusionnent ! [...] »

Contenu et réactions

Le premier article consacré à Pornabe est publié sur le blog Coup de trafalgar, le 5 août 2019, illustré par des photos de l’intérieur du magazine[11] :

« Chaque acte de Nabe possède un sens profond, une cohérence; on le sait depuis le temps. Pornabe n’échappe pas à la règle. C’est un chapitre de plus dans l’œuvre du fabuleux diariste. Quand Nabe pénètre le... cœur d’une femme, c’est elle qui entre, au vu et au su de tous, dans sa littérature. Depuis Hélène, “la déesse aux yeux pers” du Journal intime ou du Régal des Vermines, les femmes de l’artiste ont toujours joué un rôle majeur dans l’œuvre de Nabe. Avec Patience 4 intitulé Pornabe, l’artiste enrôle carrément sa muse comme co-auteur de son art. »

Teasers de Patience 4

Lien externe

Patience sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. David Doucet, « Avant la sortie de son livre contre Soral et Dieudonné, Nabe sort un magazine », lesinrocks.com, 4 décembre 2014, lire : https://www.lesinrocks.com/2014/12/04/actualite/actualite/sortie-livre-contre-soral-dieudonne-nabe-sort-magazine
  2. David Doucet, « Avant la sortie de son livre contre Soral et Dieudonné, Nabe sort un magazine », lesinrocks.com, 4 décembre 2014, lire : https://www.lesinrocks.com/2014/12/04/actualite/actualite/sortie-livre-contre-soral-dieudonne-nabe-sort-magazine/
  3. « Marc-Édouard Nabe sort un magazine », La lettre de l'audiovisuel, 19 janvier 2015
  4. Anne-Laure Debaecker, « La 7e édition du magazine français de l’État islamique menace l’école », Valeurs actuelles, 2 décembre 2015, lire : http://www.valeursactuelles.com/societe/la-7e-edition-du-magazine-francaise-de-letat-islamique-menace-lecole-francaise-57671 ; Robin Verner, « Le magazine en français de Daech déclare la guerre à l'école républicaine », Slate.fr, 1er décembre 2015 ; lire : http://www.slate.fr/story/110885/magazine-francais-ei-complotisme ; Marie-Estelle Pech, « La propagande de Daech s'en prend à l'école française », Le Figaro, 2 décembre 2015, lire : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/12/02/01016-20151202ARTFIG00158-la-propagande-de-daech-s-en-prend-a-l-ecole-francaise.php ; Vincent Coquaz, « Après Onfray, la propagande de Daech enrôle Marc-Edouard Nabe », Arrêt sur images, 2 décembre 2025, lire : https://beta.arretsurimages.net/articles/apres-onfray-la-propagande-de-daech-enrole-marc-edouard-nabe ; « N° 7 de "Dar al Islam", le magazine en français de l'#EI. MàJ : Appel à tuer "les professeurs qui y enseignent la laïcité" », Fdesouche, 2 décembre 2015, lire : http://www.fdesouche.com/675581-sortie-du-numero-7-de-dar-al-islam-le-magazine-en-francais-de-lei-consacre-aux-attentats-de-paris ; « Marc-Édouard Nabe, Michel Onfray, stars de l’État islamique », Jeune Nation, 2 décembre 2015, lire : http://www.jeune-nation.com/societe/24662-marc-edouard-nabe-michel-onfray-stars-de-letat-islamique.html
  5. Alain Finkielkraut, Répliques, France Culture, 12 décembre 2015 ; Extrait de l'émission :
  6. Fabrice Pastre, « Patience 2 : la « vérité vraie » sur Charlie Hebdo », Philitt, 8 octobre 2015, lire : https://philitt.fr/2015/10/08/patience-2-la-verite-vraie-sur-charlie-hebdo ; Rahsaan, « Nabe leur fait “hara-kiri” ! », La patience et la rage, 30 octobre 2015, lire : http://patiencerage.over-blog.com/2015/10/nabe-leur-fait-hara-kiri.html ; Rounga, « Nabe l'anti-Charlie », AgoraVox, 24 septembre 2015, lire : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nabe-l-anti-charlie-172196 ; Guillaume Basquin, « Patience 2 : Lucidité politique de Nabe », Les Blogs de Médiapart, 12 septembre 2015 : lire : https://blogs.mediapart.fr/guillaume-basquin/blog/120915/patience-2-lucidite-politique-de-nabe
  7. Delfeil de Ton, « Joies du tourisme », L’Obs, 3 septembre 2015, p. 30
  8. Rounga, « L’annonce du lauréat du Goncourt perturbée par des activistes nabiens », AgoraVox, 13 novembre 2015, lire : https://www.agoravox.tv/culture-loisirs/culture/article/l-annonce-du-laureat-du-goncourt-51482
  9. Docteur Marty, « Nabe rend libre ! », Nabe’s News ; lire : http://www.nabesnews.com/nabe-rend-libre/
  10. Raphäel Roze, « Les irréductibles chausse-trappes de la loi sur la presse », Le Droit de vivre, juillet 2018, p. 17.
  11. « Pornabe, la meilleur jeunesse », coupdetrafalgar.blog 5 août 2019, lire : https://coupdetrafalgar.blog/2019/08/05/pornabe-meilleure-jeunesse/