Paul Claudel

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Paul Claudel, à Brangues

Paul Claudel est un écrivain né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Fère et mort le 23 février 1955 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Le 15 février 1985, dans l’émission Apostrophes, Nabe défend André Suarès en attaquant des écrivains célébrés et publiés dans la Pléiade, comme Paul Valéry ou Paul Claudel, « des gens qui ne sont pas à la hauteur de Suarès »[1]. Néanmoins, à partir de 1987, Marc-Édouard Nabe s’intéresse à Claudel, et de plus en plus :

« Dimanche 31 mai 1987. — [...] Dans une allée sombre du marché Vernaison, je tombe sur un lot de bouquins. Une bibliothèque catho d’ouvrages de et sur Bloy, Nouveau, Verlaine... Pour deux cents balles, le type me lâche quelques Claudel : depuis un moment, Claudel me travaille. Quel phrasé ! Trouver les joints de culasse entre Rimbaud et Mallarmé, il fallait le faire ! Claudel, ça m’est venu de la lecture du poème Le Porc à haute-voix dans l’arrière-boutique du Dilettante un jour, et de l’effet que m’a fait l’inscription de sa pierre tombale surprise dans un autre ouvrage.[2] »

La lecture de Paul Claudel accompagne l’intérêt croissant développé par Nabe pour le Christ et la religion :

« Dimanche 7 juin 1987. — [...] Il faut que je me recloue au Christ. Claudel va m’y aider. C’est un monstre d’écriture pulsée. Je remets très volontiers en question ma stupide antipathie claudélienne. Quel con je fus de n’avoir pas saisi le maudit que Claudel est, le maudit chez les maudits puisqu’il a accepté de ne pas être un maudit ! Son ambivalence homme d’affaires/poète me fait songer à celle de Jean-Pierre, ainsi que son antipathie. Sa foi, qui frise sans cesse la mauvaise, m’enchante absolument.[3] »

En 1988, Nabe donne une interview pour l’émission Océaniques sur Arte par Pierre-André Boutang. Celui-ci l’intitule « Entre Proust et Claudel » où l’on voit Nabe parler de Claudel et même faire écouter sa voix à l’aide d’un pick-up et de vieux vinyls (offerts par Berroyer, voir Inch’Allah).

Nabe écrit dans L’Infini à la demande de Philippe Sollers, les Cent phrases sur Paul Claudel :

« Je bois la semence de Paul Claudel.
Tout le monde déteste cette montagne.
On n’aime pas Paul Claudel parce qu’il n’a rien de maudit et tout du poète.
Les coups de bec des petites colombes n’atteignent pas le gros crapaud.
Il est tellement artiste qu’il n’a pas besoin d’avoir l’air d’un artiste.
Dans Claudel, il y a à boire (du sang) et à manger (du pain).
Tout n’est pas bon. Tout sonne.
Un académicien lyrique, un ambassadeur lyrique, un châtelain lyrique, un consul lyrique, un diplomate lyrique, un P.-D. G. lyrique... C’est gênant, non ?
Comme Bloy, Péguy, Bernanos ou Simone Weil — ces hérétiques plus chrétiens que des papes —, Claudel a fait Dieu à son image.[4] »

Depuis, Nabe n’a cessé de lire et d’approfondir Claudel, notamment son théâtre, mais aussi ses écrits bibliques exégétiques. Il a pu partager sa passion avec deux autres claudéliens de son entourage : François Angelier et Audrey Vernon.

Citations

Nabe sur Claudel

  • « Claudel justement. Je commence à lire ses Cinq grandes Odes. La Montagne sort de terre. J’attaque l’ascension.
Quel soliste alambiqué ! Chaque vers prosé vient chercher le sens comme un serpent métallique au tréfond de son délire tourbillonnant. Lire Claudel, c’est manger des escargots poétiques.
Lyrique, c’est peu dire ! Cette énorme bête inconnue chante comme aucune autre. Claudel vomit de la splendeur comme un hippopotame préhistorique qui n’aurait pas digéré l’avenir... Ses versets sont somptueux. Quand ils giclent sur la compréhension du lecteur, ils l’illuminent. Claudel prend de haut ses propres images. Il tue le ridicule. Sa première Ode sur les Muses est belle comme un solo de Coleman Hawkins. » (Inch’Allah, 1996, p. 2144)
  • « L’introspection, c’est ce que hait Claudel parce qu’il trouve que ça fait fermenter l’individu et que ça ne lui donne pas cette ouverture vers les autres, ce qui lui permet de sortir de sa tête. Et Proust ne fait que ça. Proust prend sa tête et la met dans son ventre et mâchonne à l’intérieur son écriture. Un peu comme Gertrude Stein. C’est ce genre d’écrivain qui explore le fin fond de sa sensibilité, c’est exactement le contraire de ce que Claudel préconise. Moi je serais plutôt d’une tendance qui serait partie de l’introspection proustienne pour rejoindre cette fantastique peinture de l’univers extérieur qu’exige Claudel pour tout artiste. » (« Marc-Édouard Nabe entre Proust et Claudel », Océaniques, France 3, 1988)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Paul Claudel sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Apostrophes, Antenne 2, 15 février 1985.
  2. Marc-Édouard Nabe, Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, p. 2133.
  3. Marc-Édouard Nabe, Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, p. 2140.
  4. Marc-Édouard Nabe, « Cent phrases pour Paul Claudel », L’Infini n°21, printemps 1988.