Wolfgang Amadeus Mozart

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Mozart

Wolfgang Amadeus Mozart est un compositeur né le 27 janvier 1756 à Salzbourg et mort le 5 décembre 1791 à Vienne.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Au début de l’année 1984, Marc-Édouard Nabe se passionne pour Mozart et décrit ses découvertes musicales dans son journal intime :

« Mercredi 29 février [1984]. — [...] J’entraîne Hélène dans une cabine d’écoute du “Lido-Musique”. On se fait passer un quatuor à cordes de Mozart. Grand moment ému, moi sur les genoux de la panthère, bien au chaud, sous la douche des pluies d’accords du divin enfant ! Quelle ambiance, ce Mozart ! Moi j’adore ça les quatuor... Flûte, harpe, clarinette me font essentiellement chier : je n’aime que les cordes en chambre, les archets de boudoir, délicieux voyeur frémissants, préparatifs lyriques aux noces de champagne !... Quatre violons, c’est l’Infini ! Les possibilités me semblent inépuisables. On peut tout faire en partie carrée. Mozart glisse, virevolte, funambulise très haut dans ses harmonies bleutées, avec l’aisance d’une araignée en dentelle. C’est de la déchirure pure. Les trois mousquetaires du trouble. Je ne me lasserai pas de ces frottements.[1] »
« Jeudi 15 mars [1984]. — [...] Quatuors. Bartok, beau volume mais un peu chiant. Schönberg : très fin. Brahms : très chiant. Haydn : pompier-chiant. Mozart, La Chasse : le sommet de la journée ! Ah ! Cette fébrilité, ces degrés qui descendent en roulant des anges “gris” ! Rires jaunes de rossignols aveugles ! Ça glisse, ça évite le drame jusqu’au bout, pour le prochain ! Le menuet de cette Chasse est d’une splendeur ! Le cerf de la mélodie est presque espiègle de se jeter dans les taillis du mode mineur où les chiens majeurs le poussent avec élégance. C’est la battue d’archets cruels : ils vont coincer le gros violoncelle ! Hallali d’accords ! Ça y est ! Il saigne ! Adagio ! Les fauves se disputent la proie : c’est l’allégro ! Les six coups de couteau dans le cou de la bête et c’est le final ! Je suis tué ! O choc ! Wolfgang a l’air de me dire dans une pirouette : “Petit écrivain français de la fin du XXe siècle, tu as mis du temps pour avoir ma révélation !”
En fait, Mozart m’avait été révélé un dimanche pluvieux où une jeune femme (pas Hélène) me suça voluptueusement en écoutant l’ouverture de Cosi fan tutte... Ça me revient maintenant...[2] »

Ses descriptions de musique, appelées entre connaisseurs les « petits Mozart », trouvent un grand amateur chez Claude Nougaro qui appelle régulièrement Nabe dans les années 1990 pour s’enthousiasmer sur ces textes. Nabe reparlera de Mozart à la radio dans une émission de Pierre Bouteiller en 1998 sur France Musique ce qui occasionnera une longue correspondance avec une auditrice mozartienne, avec laquelle Nabe dialoguera par lettres.

En 2013, Nabe réalise une série de portraits de Mozart qu’il expose dans sa galerie à Aix-en-Provence.

Citations

Nabe sur Mozart

  • « Dimanche 5 février [1984]. — [...] J’écoute pour l’occasion du Mozart que Sollers avait judicieusement associé à Sade : en effet, cette musique dont j’ignore tout est la partition des livrets du divin marquis. » (Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 249)
  • « C’est un des personnages les plus essentiels, pour quiconque s’intéresse, même de loin, à l’art en général, que ce soit la sculpture, la peinture, l’architecture, la danse... Il faut revenir à Mozart. C’est pour moi vraiment quelqu’un qui m’aide à vivre tous les jours, pas seulement sentimentalement mais structurellement, car il y a une stratégie Mozart, une stratégie artistique : intercaler les œuvres mineures et majeures, passer d’un petit rien à un divertimento, plonger dans un opéra, resurgir dans un menuet, monter jouer de l’orgue dans une cathédrale et redescendre composer un concerto de basson, enfin il pratique une diversité d’expressions qui est ahurissante en restant toujours évidemment lui même, quel que soit le support, quel que soit le format et quel que soit l’instrument... » (Comme de bien entendu, France Musique, 1er mars 1998, retranscrit dans Marc-Édouard Nabe, « Mozart le jazzman », Coups d’épée dans l’eau, Éditions du Rocher, 1999, p. 427)
  • « Et le gros jaune canari m’explique que L’Enlèvement est une bande dessinée d’une vitesse inouïe. L’orchestration des masses musicales ! L’enchevêtrement des dialogues ! Les montées en tension ! L’alternance des passages parlés et chantés, comme dans les livres illustrés où à certains moments on ne peut plus écrire : il faut faire un dessin ! Les coups de théâtre coincés dans les charnières de contre-ut, les zigzags de duos et les petits riens de solos, les répétitions et les flash-back !... Je regarde ce Turc exalté. Il s’illumine en parlant de Mozart. Chaque année, à Topkapi, on donne une représentation de son opéra fétiche, avec des artistes différents. Il n’en loupe pas une une. Il a remis son walkman, mais sur son gros cou de bison ravi, et on entend les grésillements du sérail... L’enchantement est irrépressible. Il me raconte l’histoire, il ne m’oublie aucun détail musical, psychologique... L’opérette de Belmonte, la sérénade de Pedrillo ; des complaintes de Constance aux colères d’Osmin, tout y passe. Il raffine et postillonne dans toutes les langues... Il me refait cette chirurgie à cœur ouvert des quatre cœurs pataugeant dans le soupçon du dernier acte. Ô le pervers Amadeus, jusqu’au bout il tentera de brouiller les cartes des couples. L’air les défait, les décompose, les recompose. » (Visage de Turc en pleurs, 1992, pp. 36-37)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Mozart sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, p. 300.
  2. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, pp. 323-324.