Michel Polac

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Michel Polac, 2007

Michel Polac est un journaliste, réalisateur et animateur d’émissions (radio et télé) français né le 10 avril 1930 et mort le 7 août 2012, à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Animateur de Droit de réponse, Michel Polac a invité Nabe pour la première fois à la télévision en tant qu’écrivain le 24 septembre 1984 (lui laissant annoncer l’imminente publication de Au régal des vermines), avant de réitérer l’exercice en novembre de la même année, puis en janvier 1987. En 1991, Polac défend Nabe, après la publication de Nabe’s Dream, mais l’attaquera en 1994 après celle de Tohu-Bohu dans lequel l’écrivain se moque des prétentions littéraires du journaliste. En mai 2000, après la sortie de Kamikaze et influencé par la campagne de dénigrement d’Albert Algoud à France Inter et à Canal+, Polac s’en prend violemment à Nabe dans Charlie Hebdo tronquant des citations tout en prétendant que l’écrivain invente les propos qu’il rapporte dans son Journal, et rangeant Nabe aux cotés de « Faurisson, des négationnistes et des lepénistes qui, entre eux, vitupèrent carrément les “enjuivés et les youpins” : comme Nabe au bistrot ».

Fin mai 2000, un débat autour des journaux intimes est organisé par Serge Moati sur La Cinquième dans son émission Ripostes, réunissant Marc-Édouard Nabe et Michel Polac (Renaud Camus ayant déclaré forfait). Polac attaque Nabe sur son traitement de l’émotion médiatique suscitée par la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990 dans Kamikaze. En riposte, Nabe encourage Dorothée Woilliez, chroniqueuse de l’émission, à lire un passage du journal intime de Polac qu’elle avait déjà prélevé dans l’intention d’en faire état, et où l’ex-animateur de Droit de réponse raconte une expérience pédophilique avec un enfant diminué :

« [...] et enfin à 40 ans, avec ce curieux gamin un peu bizarre, sauvage, farouche, un rien demeuré, fils de paysan, orphelin peut-être, qui devait avoir 10, 11 ans, peut-être moins, et qui m’a si étrangement provoqué jusqu’à se coucher nu dans ma chambre d’hôtel en me racontant une obscure histoire de relation sexuelle avec un homme de son entourage et je me suis rapproché de lui, et il était nu sur le côté, et j’ai seulement baissé mon pantalon et ai collé mon ventre contre son cul, et j’ai déchargé aussitôt, en une seconde, dans un éblouissement terrible, et il a eu un petit rire surpris comme s’il s’attendait à ce que je le pénètre, il paraissait si expérimenté, si précocement instruit, tout en ignorant ce que cela signifiait, tout en étant capable de préciser ce qu’il savait ou voulait.[1] »
Extrait de l’émission Ripostes censurée par Michel Polac

Outré par la lecture de Woilliez, et empêchant physiquement la journaliste d’aller jusqu’au bout, Polac quitte Ripostes furieux et obtiendra quelques jours plus tard la censure intégrale de l’émission. L’affaire fait grand bruit dans la presse, et sur la chaine même (La Cinquième), dans une séquence spéciale d’Arrêt sur images de Daniel Schneidermann.

Extrait de l’émission Arrêt sur images

En 2006, Michel Polac menace de démissionner d’On n’est pas couché si Laurent Ruquier ne renonce pas à inviter Nabe dans son émission. C’est la raison pour laquelle Ruquier modifiera son invitation de Nabe en l’invitant plus tard dans On a tout essayé, sans Polac mais avec Gérard Miller...

Citations

Polac sur Nabe

  • « Et voici Au régal des vermines, aux éditions Barrault, de Nabe. Nabe, c’est ce garçon qui est venu à Droit de réponse et nous a parlé véhémentement de Léon Bloy et de Céline. C’est son premier livre, c’est un livre assez extraordinaire au niveau du style. Il y a quelques chapitres assez prodigieux : je crois qu’un écrivain est né. Il faudra ensuite qu’il apprenne à élaguer peut-être un peu, parce qu’il a trop de facilité, mais c’est un livre à recommander... » (Droit de réponse, 9 février 1985, retranscrit dans Nabe’s Dream, 1991, p. 812)
  • « Je donne tous les Goncourt et d’Ormesson, P.-J. Rémy, Marguerite Duras pour Nabe, l’affreux Jojo. » (L’Événement du Jeudi, 11 juillet 1991)

Après la publication de Tohu-Bohu (1993)

  • « Ce Journal est une histoire (de pipelette) pleine de bruit (de couloir) et de fureur (de plumitif) racontée par un idiot, mais hélas, si on voit bien l'idiot on cherche encore le Shakespeare. » (L’Evénement du jeudi, 27 janvier 1994, à propos de Tohu-Bohu)

Après la publication de Kamikaze (2000)

  • « Un ami m’a joué un sale tour : il m’a envoyé la photocopie de pages du Journal de Nabe. J’ai passé une nuit blanche avec l’envie de vomir. Je ne devrais pas parler de cette raclure de bidet, il pourrait s’en servir de pub, mais je suis ahuri qu’un éditeur paye ce type pour écrire ça... » (Charlie Hebdo, 17 mai 2000, à propos de Kamikaze)

Nabe sur Polac

  • « Nous allons souper tous ensemble, mais avant j’aimerais choper Polac qui circule dans les allées. Dès qu’il me voit ce n’est qu’un cri : “Ah ! Mon auteur favori ! Celui qui m’a fait brouiller avec tout Paris !”
— Alors, vous n’avez pas aimé Zigzags ?
— Qui vous a dit ça ?
— Je le sens !
— En effet, je l’ai trouvé moins travaillé que l’autre, et sur le jazz je ne m’y connais pas assez. Il faut dire que je n’ai pas eu le temps de le lire entièrement...
— Il est meilleur que le premier !
— Peut-être... Mais, de toute façon, ce n’est pas bon de parler de chaque livre. Et j’ai si peu de “littéraires”...
— Pour celui-là, ça m’aurait bien arrangé, un petit gros plan sur l’étagère, ça ne mangeait pas de pain. Avec le boycott que je subis, les critiques de la honte, les ordures du système ! Mais je m’en fous, les suivants arrivent !
— Il ne faut pas trop publier, Nabe, laisser l’espace, ne pas s’éparpiller...
— Ah ! Non ! Pas de paternalisme ! Je n’accepte pas ce genre de discours ! Si un type éprouve le besoin physique d’écrire quatre livres par an, il n’y pas de raison qu’il se restreigne ! Merde, chacun son tempérament, pas de Loi définie, bonne pour tous. Moi, j’écris, je publie et j’en crève !
— Vous avez raison... Ne vous inquiétez pas : quoi qu’il arrive, je vous suis...
— Alors, c’est parfait : à bientôt !
Toute notre conversation était littéralement enregistrée par le très sympathisant éditeur Balland. » (Tohu-Bohu, 1993, pp. 1534-1535)
  • « Dans le cas de Polac, ne croyez pas qu’il me traite de tous les noms parce qu’il est sincèrement choqué par mon analyse à chaud de la surmédiatisation nécrophilique particulièrement abjecte de la profanation du cimetière juif de Carpentras il y a dix ans... Non, ce vaniteux susceptible m’en veut uniquement parce que j’ai révélé à quel point les éditeurs qui le publiaient méprisaient sa prose et se foutaient de sa gueule en tant qu’“écrivain”. Pour cet “affront”, l’ancien animateur de “Droit de réponse” qui se rêve “artiste”, me ferait mettre en prison, ou guillotiner s’il le pouvait. Un jour, peut-être, une certaine justice, fragilisée par l’autoculpabilisation française, donnera raison à ce genre de procureur du bas journalisme, contre tout individu libre qui lui tient tête. En attendant, à l’heure où j’écris ces lignes, Polac étire le plus possible son bras dans les médias pour me dénoncer comme monstre. Quelle détresse ! » (« La mort de Polac », fax envoyé à toute la presse en juin 2000 puis repris dans Cancer n°2)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Michel Polac, Journal 1980-1998, Paris : PUF, 2000, p. 147)