Éric Naulleau

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Éric Naulleau

Éric Naulleau est un éditeur, chroniqueur et animateur de télévision né le 11 mars 1961 à Baden Baden (Allemagne).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En janvier 2006, dans l’émission de Laurent Ruquier Ça balance à Paris, Éric Naulleau défend Marc-Édouard Nabe à l’occasion de la réédition du premier livre de l’écrivain, Au régal des vermines[1] :

Laurent Ruquier : Vingt-cinq ans après la publication de son premier livre, Marc-Édouard Nabe signe la préface de la réédition de ce livre, Au régal des vermines. On comprendra dans la préface qu’il en a un peu marre qu’on parle de Houellebecq, tout le monde Houellebecq, toujours Houellebecq. Et il dit : “J’existe encore, mais pour combien de temps ?”, en gros, c’est ce qu’il raconte dans la préface. Il nous dit même presque que c’est peut-être son dernier livre, cette réédition du premier. Alors, parlez-nous un peu de ce coup de cœur, parce que c’est un véritable coup de cœur que vous avez eu, Éric Naulleau.
Éric Naulleau : C’est le vingt-septième livre de Marc-Édouard Nabe, et aussi le premier. Il faut juste rappeler que le premier livre de Marc-Édouard Nabe, Au régal des vermines, ça avait été un choc. Je me souviens de son passage à Apostrophes.
L. R. : Un scandale !
É. N. : Il était tombé sur Morgan Sportès, qui doit s’en souvenir ! Il revient après et il fait un parallèle avec Houellebecq. Pourquoi ? Pas tellement parce qu’il n’a pas de succès : Marc-Édouard Nabe se définit comme un worst-seller, contrairement au best-seller qui est Houellebecq. Mais il se trouve qu’à l’époque où il écrivait son premier livre, il était voisin avec Houellebecq, ils habitaient à la même adresse, 103 rue de la Convention[2]. Il analyse le pourquoi de son insuccès à lui et le pourquoi du succès de Houellebecq, parce que lui a fait dans la pureté et Houellebecq s’est prostitué au capitalisme littéraire. Houellebecq a donné aux gens ce qu’ils voulaient, c’est-à-dire de la médiocrité, tandis que lui faisait dans la mystique, la transcendance jazzesque. C’est d’une méchanceté incroyable et jamais il n’a été aussi bon depuis des années, parce qu’il va vraiment très loin dans le mauvais esprit. À un moment, il décrit Houellebecq qui attend le prix Goncourt, qu’il ne va pas obtenir, et il dit : “Houellebecq attendait avec ses deux chiens, Clément et Raphaël”. Le problème, c’est que Clément, c’est vraiment le chien de Houellebecq, mais Raphaël, c’est Raphaël Sorin, son éditeur. Tout est comme ça. Il y a longtemps qu’on ne l’avait pas vu aussi en forme, je trouve que la méchanceté lui va bien.[3] »

Éric Naulleau apparaît à la télévision aux côtés de Marc-Édouard Nabe en avril 2009, dans l’émission de Daniel Picouly, Café littéraire. Il défend l’écrivain venu parler de son Vingt-septième livre.

En 2010, interviewé par Cyril de Graeve et Romaric Sangar dans Chronic’Art à l’occasion de la sortie de L’Homme qui arrêta d’écrire (dans lequel Nabe intègre le personnage transposé de Nauleau dans la scène du Train bleu), l’écrivain raconte aux journalistes que peu après Café Littéraire, il a été approché par Naulleau l’éditeur[4] :

Chronic’Art. : Eric Naulleau n'a-t-il pas également proposé de vous éditer à l’Esprit des Péninsules ?
Marc-Édouard Nabe : Oui, il m'a reçu dans son bureau et m'a proposé gentiment de lui faire un roman dans trois mois pour 4 000 euros... Plus on est faible - économiquement -, moins il faut céder. Plus tard, Naulleau a dit : « Oui, j'ai vu Nabe, il est fini... A force de prendre des coups, voilà ce qui arrive ». Il a dû penser que j'étais un auteur ringard des années 80 terminé sur le plan littéraire. Mais c'est sympathique (rires). On ne s'est jamais revu avec Naulleau, mais on en reparlera, c'est drôle. Il m'a vu comme un loser, alors que c'était le contraire : j'étais en train de préparer ma victoire. Je jouais simplement mon rôle. Après l'avoir vu, d'ailleurs, je suis rentré chez moi, je me suis rasé et me suis remis immédiatement au travail. Je songeais à Albert Spaggiari, que j'ai connu : il m'avait raconté que pour faire son hold-up à Nice en passant par les égouts, il creusait toute une partie de la nuit en cuissardes avec ses acolytes dans la boue, les rats et la merde, puis rentrait chez lui, prenait une douche, mettait une cravate et sortait jusqu'à l'aube dans les bars en ville.

En 2011, dans son émission, Ça balance à Paris, Naulleau est le seul à avoir invité Nabe à la télévision pour son roman L’Enculé. Ce dernier s’en prendra violemment à Arnaud Viviant, Philippe Tesson et Élisabeth Quin, tous trois hostiles au roman[5].

En 2012, Naulleau demande à Nabe de participer gracieusement au numéro 0 d’une émission qu’il espère proposer à France Télévisions. Finalement, ça deviendra De Quoi Je Me Mêle sur C8 et 2019. L’auteur des L’Enculé accepte, il est aux côtés de Mazarine Pingeot et d’Ivan Rioufol mais les images ne seront jamais diffusées.

En 2013, Naulleau acquiert un portrait de Simenon, dans la galerie tenue par Nabe à Aix-en-Provence.

Simenon à l’imperméable jaune sur fond bleu (2013) — Collection Éric Naulleau

La même année, Éric Naulleau écrira un livre d’entretiens à quatre mains avec Alain Soral, Dialogues Désaccordés (Éditions Blanche, 2013). À partir de cette date, Naulleau, sans jamais répondre aux nombreux lecteurs qui s’en étonnent, n’invitera jamais Nabe ni à Zemmour et Naulleau, ni à nouveau dans Ça balance à Paris, et en 2019, prendra radicalement position en faveur de Yann Moix, d’une façon aveuglée qui laisse tout le monde pantois, au point de le réintégrer à la télévision en lui donnant une place de chroniqueur dans sa nouvelle émission sur C8, De quoi j’me mêle (la concrétisation enfin de son pilote en 2012 avec Nabe et Pingeot), dans laquelle Nabe n’a pas encore été invité.

Citations

Naulleau sur Nabe

  • « Je pense que c’est un grand écrivain, Nabe. Mais jamais, on va aller dans le détail de son texte : on va dire l’antisémitisme, on va parler de ses frasques, on va sortir du contexte tel ou tel passage, jamais on va parler du texte. Ça va être le personnage qui va occulter pour toujours, je le crains, l’écrivain véritable qu’il est. » (Café littéraire, France 5, 13 avril 2009)

Nabe sur Naulleau

  • « Quand je commence à lui parler, il joint les mains en prière comme pour marquer son respect devant un écrivain tel que moi. C’est Éric Nauleau, le “méchant flingueur” critique de chez Ruquié. Nauleau aussi a commencé dans l’illusion de défendre la littérature à la télé, la vraie, l’exigeante, la pas compromise, et puis on lui a fait endosser la peau du nounours bulgare mal léché comme Jean Renoir revêt la sienne dans La Règle du jeu, et on ne lui a plus donné à lire et à critiquer que des livres de tout sauf de littérature. Lui qui aime Musil, Breton, Chalamov se retrouve tous les samedis soirs à esquinter Laurence Bocolini ou Philippe Candelorot comme s’il y avait là le moindre enjeu littéraire, tout le monde sait que les livres de people et des politiques ne sont pas des livres, alors pourquoi le leur reprocher ? Cibles faciles... » (L’Homme qui arrêta d’écrire, 2010, p. 275)
  • « Éric Naulleau (chez Hanouna...) défend la “vraie” police, la “vraie” justice et le respect des lois. Face à un Gilet jaune (arabe et ancien des RG) qui dénonçait la partialité macroniste des médias au sujet des manifs du samedi, Naulleau l’a traité aussitôt d’imposteur qui faisait un one man show ! Naulleau n’a pas supporté : “Pas touche à mes médias !”, suivi d’un grand éloge de BFM... Ah, Éric Naulleau ! Lui aussi a tellement changé... En dix ans de télé, le critique littéraire est devenu le pire corporatiste médiatique qui soit : pour Naulleau, s’attaquer à la sainte télé, c’est déjà du fascisme ! » (Aux Rats des pâquerettes, 2019, p. 27)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Ça balance à Paris, Paris Première, 30 janvier 2006.
  2. Anecdote erronée : Au régal des vermines a été écrit entre 1979 et 1984, Nabe s’est installé rue de la Convention qu’en 1989, avant d’être rejoint par Houellebecq entre 1991 et 1999.
  3. Ça balance à Paris, Paris Première, 30 janvier 2006.
  4. « Le vrai voyou de la littérature », Chronic’Art, avril 2010
  5. Dans un message publié le 7 avril 2019 sur son compte Facebook, à l’occasion de l’arrêt de l’émission, Vivant écrit : « L’émission avait 15 ans, je la faisais depuis neuf ans. Elle m’a obligé à aller régulièrement au théâtre surtout privé, à écouter le dernier album de Patrick Bruel, à lire des BD, autant de choses très éloignées de moi. Je m’y suis engueulé avec Nabe, Onfray et quelques autres. [...] »