François Gibault

Sauter à la navigation Sauter à la recherche
François Gibault, 2012

François Gibault est un avocat né le 21 mai 1932 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Après avoir hésité longtemps, François Gibault, le gardien de temple de Meudon, consent à laisser Frédéric Vitoux amener, avec leur ami commun Dominique Charnay, Marc-Édouard Nabe (avec Hélène) chez Lucette Destouches, dans la maison de Céline, en novembre 1987. Depuis, Nabe a été accepté dans le cercle restreint des intimes de Lucette, avec Serge et Sergine. Il y a amènera lui-même d’autres personnages pour égayer les soirées chez la danseuse : Alain Kruger, Jean-François Stévenin, Jackie Berroyer, Stéphane Zagdanski, Marcel Zannini, Alexandre Zannini, Iris Turquin, les sœurs Hottiaux, etc.)

C’est tout naturellement que Lucette et Gibault acceptèrent en 1994 que l’auteur d’Au régal des vermines écrive un livre intitulé Lucette où celle-ci pourrait en toute liberté s’exprimer à travers l’écriture nabienne. Le livre a été publié par Gallimard, dans la collection Blanche. Les péripéties de l’ouvrage, conçu à l’origine pour « remplacer » le film de fiction que Stevenin n’a pas réussi à faire d’après Nord de Céline, sont racontées dans le roman Alain Zannini.

Nabe restera très proche de Lucette, dans une complicité amicale, littéraire et vitale. Le climax de leur relation aura lieu le 20 juillet 2012, lorsque Nabe, en surprise apportera à son héroine la version Folio de son Lucette (1995) dont Antoine Gallimard lui avait demandé de céder les droits pour le rééditer sous cette forme et ainsi marquer le centième anniversaire de la danseuse.

Depuis, le cercle des « protecteurs » de la centenaire déclinante n’a eu de cesse d’écarter l’auteur de Lucette jusqu’à sa mort, survenue le 8 novembre 2019. François Gibault, qui maitrisait tout cela, en est le seul responsable. Nabe lui reprochera surtout d’avoir abusé de la faiblesse de Lucette pour lui faire signer en 2017 une cession de droits pour la republication des pamphlets chez Gallimard de son vivant, alors qu’elle avait promis à Céline de ne jamais le faire. Ainsi que de l’avoir forcée à vendre sa maison historique à un voisin de Meudon, rendant ainsi impossible le souhait de Lucette d’en faire don à une association protectrice des animaux qui l’aurait transformée en refuge.

Les vives réactions de Nabe à ce qu’il considère comme une trahison des derniers instants est largement lisible dans l’entretien qu’il a donné dans son Nabe’s News numéro 12[1], ainsi que dans la lettre ouverture publiée le 15 décembre 2019, également dans Nabe’s News, « Mon petit François ! »[2], accompagnée d’un « pocket call », enregistrement malencontreux de Gibault assumant d’écarter Nabe de l’entourage de la danseuse.

Citations

Gibault sur Nabe

  • « Un peu turc, guitariste et peintre, le fils de Marcel Zanini est également écrivain. Cet homme qui sait tout faire aime déranger, ne pas faire comme tout le monde, ne surtout pas penser comme les autres et planter sa tente où les autres plient bagage, à Bagdad par exemple du temps de la guerre criminelle voulue par George W. Bush, pour des motifs imaginaires, royal cadeau des États-Unis à l’Iran. Quand il voit le roi tout nu, il ose le dire, ce qui en fait un écrivain scandaleux, infréquentable et impubliable, au point qu’il s’édite lui-même désormais et avec succès. Il se drape volontiers dans sa tunique d’écrivain maudit, c’est son côté Bloy. Comme lui, c’est l’un des meilleurs écrivains de sa génération. » (Libera Me, 2015, p. 263)
  • « Il a dit qu’il voulait venir vous voir. Il peut venir vous voir, il n’est pas méchant, mais j’y tiens pas tellement, moi. Il m’a dit “j’ai je-ne-sais-combien de procès en diffamation”, il m’a pas demandé d’être l’avocat, c’est Isabelle Coutant-Peyre je crois son avocat, et alors il a des procès en diffamation, il attaque tout le monde, il est complètement fou ! » (Pocket Call, 20 juillet 2018, repris dans Nabe’s News, 15 décembre 2019)

Nabe sur Gibault

  • « Lundi 16 novembre 1987. — [...] Tout à coup surgit François Gibault. On ne l’a pas vu entrer. Le regard de Lucette s’illumine : on sent une admiration réelle pour cet avocat fringant qui est ici chez lui. Ils s’embrassent affectueusement et l’avocat prend place non loin de moi. C’est Charnay qui le questionne sur Bokassa dont il est le défenseur. Gibault crâne un peu, plus aimable et volubile que je ne l’aurais cru. Il me regarde par-dessus ses lunettes en mangeant du saucisson. Je lui apprends des anecdotes sur Bokassa qu’il ignorait, j’ose en faire un personnage célinien. Charnay me pousse aussi à imaginer les lettres que l’avocat pourrait recevoir de son client : j’improvise quelques horreurs anthropophagiques qui font rire l’assemblée. Lucette est amusée, je sens son regard de bienveillance. Gibault dit en plaisantant jaune : “Lucette, vos amis tiennent des propos d’un goût douteux”. Mais il lui en faut plus pour être impressionné, à ce sec lieutenant-colonel plein de morgue ironique ! Par exemple : Bloy dont nous partageons l’admiration, Bloy qui me déclenche ! Je fais un long chorus très écouté sur les convergences Bloy/Céline, enrichissant le “papier” que Gibault est en train de cogiter pour L’Herne d’Arveiller. J’enchaîne sur le docteur Carton et j’initie les oreilles de ces murs à la diététique naturiste de ce grand fou chrétien... Gibault est conquis : il n’empêchera plus Lucette de me recevoir, il ne me trouvera plus “dangereux”. Peu à peu, le projecteur se fait plus éblouissant : je dois raconter encore mon aventure apostrophique. C’est pas plus mal : tout le monde est rassuré, une bonne fois pour toutes : Vitoux, connu pour être frileux, analyse parfaitement ma provocation, Gibault me traite de “comète lancée”, Lucette boit mon malheur, je montre mon stigmate juif à l’arcade sourcilière et on trique au Bonheur dont je dis quelques mots. » (Inch’Allah, 1996, pp. 2322-2323)
  • « C’est une très mauvaise opération, parce que Gallimard passe pour un type qui n’a pas les couilles de publier Céline et qui s’est laissé intimider par les clans juifs et partisans qui voulaient absolument que ces textes ne sortent pas. Lucette, ça l’a mise en porte à faux car elle a quand même été d’accord pour publier ces livres là alors qu’elle avait promis à Céline qu’elle ne le ferait jamais. Quant à Gibault, il passe pour l’avocat qui veut absolument faire un peu de fric pour pouvoir acheter les tisanes et les soupes de Mme Destouches. C’est un carnage sur le plan éditorial, littéraire, tactique et même éthique, on va dire... » (à propos de la réédition des pamphlets de Louis-Ferdinand Céline, « Bagatelle pour un Klarsfeld », Nabe’s News n°11, 30 janvier 2018)
  • « Maintenant, tu vas finir de vieillir, François, entouré de tes vrais amis, plus perclus de remords et de regrets que de rhumatismes, en continuant tes basses œuvres funèbres. Par exemple, la finalisation de la gallimardisation des pamphlets et le bazardage définitif de la maison. Deux grandes fautes de ta part sur lesquelles je me suis déjà exprimé et qui vont te suivre jusqu’au bout de ta nuit. Tu n’avais pas, François, à faire signer à Lucette à 106 ans un papelard autorisant (à bas prix) Gallimard à republier les pamphlets, alors qu’elle avait juré à Céline de ne jamais le faire de son vivant. On sait tous que c’était une femme qui ne savait pas dire non, sauf sur un seul sujet, celui-là… Mais un énorme NON ! chaque fois qu’on lui a parlé pendant plus de 70 ans de republier les pamphlets. Toi et ta Robert – véritables Thénardiers de Cosette Destouches – vous n’avez pas été loin de l’abus de faiblesse sur vieille personne déjà dans les vaps de la mort. Tu as fait d’elle une parjure sur la dernière ligne droite et ce n’est pas à ton honneur, maître ! Vous étiez tous si pressés que ça ? Et pour toucher des clopinettes ? Combien Gallimard vous a-t-il versé sur les trois misérables mille euros qu’il a déboursés au connard canadien pour lui racheter les droits de son édition des pamphlets fautive du Québec ? Coup d’édition dans l’eau merdique, puisque par une justice renversée, c’est l’État – qu’importe ses mauvaises raisons ! – qui, en s’opposant à cette republication, a sauvé Lucette de l’indignité où vous l’aviez acculée en la forçant à autoriser les pamphlets de son mari à reparaître ! Si la fin de vie de Lucette à Meudon devenait serrée, tu n’avais qu’à casser ta tire-lire en forme de cochon Ming, ou vendre une partie de ton cabinet ! » (« Mon petit françois. Lettre ouverte à maître Gibault par Marc-Édouard Nabe », Nabe’s News n°23, 15 décembre 2019)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. « Bagatelle pour un Klarsfeld », Nabe’s News n°11, 30 janvier 2018, lire : http://www.nabesnews.com/bagatelle-pour-un-klarsfeld/
  2. Marc-Édouard Nabe, « Mon petit François ! », Nabe’s News n°23, 15 décembre 2019, lire : http://www.nabesnews.com/mon-petit-francois-lettre-ouverte-a-maitre-gibault-par-marc-edouard-nabe/