Robert Crumb

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Robert Crumb, 2009

Robert Crumb est un dessinateur de bande dessinée et musicien américain né le 30 août 1943 à Philadelphie.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Idole du dessin dans sa jeunesse, Robert Crumb sera toujours présent dans l’admiration de Marc-Édouard Nabe devenu écrivain. Et même musicien, car à l’instar de l’écrivain-guitariste qu’est aussi Marc-Édouard Nabe, Robert Crumb est un dessinateur-mandoliniste. Après avoir été présenté l’un à l’autre par la chanteuse Diane Tell pour le spectacle de qui Crumb avait fait l’affiche (Marilyn Montreuil, 1991), les deux musiciens amateurs se retrouvent réunis dans l’orchestre protéiforme « Les Primitifs du Futur », dirigé par Dominique Cravic. De nombreux concerts et enregistrements ont permis d’écouter et de voir se produire côte à côte l’inventeur du comic underground américain et l’auteur de Au régal des vermines. Le public peut les retrouver aussi sur plusieurs albums et clips.

Nabe et Crumb, en concert

En 2005, Nabe demande à Crumb, toujours selon sa politique d’illustration, de dessiner la couverture de Coups d’épée dans l’eau 2. Hélas, jusqu’à présent, le volume n’est toujours pas sorti.

Couverture de l’album des « Primitifs du futur », Résumé des épisodes précédents, réalisée par Robert Crumb, où Nabe est représenté au centre de l’image à côté du dessinateur
Nabe et Crumb en 1992 (photo : Diane Tell)

Citations

Crumb sur Nabe

Couverture Nabe Primitif.png

Nabe sur Crumb

  • « Nous papotons de choses et d’autres. De Crumb notamment, dont la revue de Frédérique vient de publier quelques dessins. Monique ne connaissait pas ce dessinateur, ça ne m’étonne pas que son instinct l’ait portée à remarquer ce pur génie de la bande dessinée au milieu des puérils gribouilleurs de ce faux art. Je m’enflamme sur l’idole de mes 14 ans, le gourou de l’underground... Ce serait drôle si je donnais encore une leçon, à la Marseillaise, aux renégats des années 70, en balançant un zigzag crumbien. Je ne vois personne aujourd’hui qui puisse dire tout ce que j’ai à en dire. » (Kamikaze, 2000, p. 3825)
  • « Soral changea de sujet, ou plutôt y revint. Il alla jusqu’à me reprocher de n’être rien à côté de Crumb en tant que dessinateur. Mais l’avait-il entendu à la mandoline ? On pourrait faire des concours de hobbies. Je n’avais jamais prétendu être comparable à Crumb en tant que dessinateur, mais peut-être m’en approchais-je de temps en temps en tant qu’écrivain ? » (Les Porcs tome 1, 2017, pp. 988-989)
  • « Quelle expo ! Immense et complète ! Tout en long... On la visitait par de vastes couloirs gris... Les dessins de Crumb à foison sur les murs faisaient un effet bœuf ! Julien et Yves allaient lentement, de planche en planche, en s’en approchant le plus possible, comme s’ils avaient voulu pénétrer dans les cases sur-hachurées minutieusement à l’encre de Chine par le génie américain underground.
On se retrouva vite devant Mr. Natural, Fritz the Cat, et Snoid. Des pleines pages de folie, rarissimes, de toutes les époques, des premiers Zap Comix à la Genèse, son dernier travail colossal pour illustrer le livre I de la Bible ! D’ailleurs, une salle entière lui était consacrée. On était dans la Genèse jusqu’au cou...
Yves remarqua combien les éditions non françaises de La Genèse étaient réussies... Typo, maquette, papier... Quels goûts, ces Allemands, ces Anglais, ces Italiens ! Seule la version Denoël, cartonnée lourdement, grossièrement mise en page avec son lettrage pâteux, étriquait le chef-d’œuvre de Crumb... Trop scolaires, ces Français... La Genèse en dur, “sérieuse”, en faux luxe argent, ne donnait pas envie de s’y plonger, tandis que la version espagnole avec son Dieu le Père hystérique broyant en gros plan le noir du Big Bang, si ! La meilleure était l’Américaine, voulue par Crumb, en imitation de ses albums de comics des années 60, avec seulement le titre en gothico-ecclésiastique magnifique ! En assumant la Genèse en BD par Crumb, les éditeurs yankees en avaient fait un objet hautement artistique qui, sans renier ce qu’il était, le plaçait parmi les plus beaux livres d’art du moment...
Arpentant les salles de l’exposition de l’année, un de nous trois (je crois que c’est moi) tomba sur les planches d’une bande datant de 1993 et qui avait fait polémique (ce que je ne savais pas)... En deux volets de trois pages chacun. D’abord, “Quand les nègres prennent le pouvoir en Amérique” (When the niggers take over America !). On y voyait des Noirs se faire sucer par des Blanches pendant qu’on exécutait leurs maris d’une balle dans la tête. “Vous avez peur des Noirs ? Vous avez raison. Ils haïssent vos tripes de Blancs !” En effet, les niggers tuaient, violaient, et se faisaient servir, porter... Chez Crumb, c’étaient les Blancs qui récoltaient le coton et se faisaient fouetter...
Le second volet, c’était carrément : “Quand les damnés de Juifs prennent le pouvoir en Amérique !” (When the Goddamn jews take over America !). On notait que pour les Noirs, le mot “nègre” suffisait. Pour les Juifs, il fallait rajouter un adjectif, et lequel ! On y voyait un financier “youpin” qui se foutait des clochards goys, un autre qui contrôlait le mental du monde moderne en tirant les ficelles d’une boîte à marionnettes (la télé)... Jaloux des tombeurs goys de meufs, un psychanalyste se servait de sa “science” pour baiser ses putes de patientes !...
Parodie d’antisémitisme ou antisémitisme parodiant les Juifs ? Évidemment, Crumb ne pouvait pas être taxé d’antisémitisme à cause de sa femme Aline (qui avait pensé, en le rencontrant, qu’il était juif...) et donc de sa fille Sophie, mais le soupçon était là... Surtout que sa haine du rock et de la culture anglo-saxonne en général en faisait déjà un réac très critiquable pour tous les américanophiles ! » (Les Porcs tome 2, 2020, pp. 679-680)

Intégration littéraire

Portrait

Notes et références