Stéphane Mallarmé

Sauter à la navigation Sauter à la recherche
Stéphane Mallarmé

Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, est un poète né le 18 mars 1842 à Paris et mort le 9 septembre 1898 à Valvins.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En 1976, Marc-Édouard Nabe passe l’épreuve orale du bac français en étant interrogé sur Stéphane Mallarmé, scène qu’il raconte dans le deuxième tome de son journal intime, Tohu-Bohu, publié aux Éditions du Rocher en 1993 :

« Mardi 5 novembre 1985. — [...] Je me revois arrivant au bac de français en 1976... L’oral... L’examinateur me dit : “J’ai horreur des élèves qui apprennent par cœur les commentaires de tous les textes de leur liste. Alors ma méthode est la suivante : vous choisissez un auteur et moi je vous impose un texte qui n’était pas inscrit au programme !”
— O.K.
Ils étaient tous passés avant moi : je les avais vu revenir dans les sanglots, toutes les pucelles, les canards aux pattes coupées, les baisés du poteau !... J’étais le dernier à passer (“Z”) : ils me regardaient bien dans l’embrasure, comment j’allais m’en sortir.
— Mallarmé !
J’affirme mon choix à la Bête.
— Vous êtes fou, jeune homme : trop dur !
— Non, non, Mallarmé ! Sans ombrage ! J’insiste.
— Vous l’aurez voulu, insolent : allez ! Détorchez-moi ce Tombeau d’Edgar Poe !... Mallarmé ! Suicide d’un faune ! Vous êtes perdu !
Je ne me rappelle plus ce que j’ai dit vraiment. Les camarades du couloir ont commencé à envahir la salle, ils arrivaient comme un public : je me sentais en conférence, je m’en suis servi : j’ai déliré le grand numéro, l’époustouflance majeure ! Toute mon éponge s’essora sur la gueule du prof, les élèves rigolaient, je me suis mis au tableau, j’ai recopié un vers, j’ai renversé des craies. Tout y est passé : le tournant de Tournon, la rue de Rome, le cimetière de Samoreau, Anatole, Hérodiade, Poe, Odilon Redon, Méry Laurent, les éventails, l’anglais et Valvins ! Je bouffais tous les “mardis”, j’imitais le Faune dans sa yole, au fil de l’eau ! Les nénuphars abolis de grenouilles ! J’avais rallumé l’époque dans un vomi de pastel !...
Le prof était éberlué. J’avais fini en beauté son interrogatoire de police : il n’avait pas pu placer un mot. Les copains autour se sont mis à applaudir, les filles aussi : j’avais enlevé l’affaire...
Il m’a dit :
— Le règlement empêche de vous mettre vingt, hélas ! Alors : 19 ! Moi, je rentre chez moi relire Igitur ![1] »

En décembre 2003, dans son mensuel La Vérité, Marc-Édouard Nabe publie un article, « Le 11 septembre de Mallarmé », mettant en parallèle l’enterrement de Stéphane Mallarmé, le 11 septembre 1898, avec les attentats du 11 septembre 2001 :

« Depuis ce 11 septembre, on enterre Mallarmé tous les jours. Et je dirais presque : tant mieux. Car toute la trajectoire du “Prince des poètes” (finir “prince des poètes” dans un banquet à La Closerie quand on est Mallarmé ! Bref...) nous indique la voie à suivre. L’échec de Mallarmé, ce n’est pas de ne pas avoir réussi à ce que le monde aboutisse à un beau livre, c’est d’avoir montré, par son exemple, qu’il était désormais impossible de rester dans sa tour d’ivoire... Je me demande même si ce n’est pas aussi cette tour d’ivoire que Ben Laden, l’artiste absolu de la nouvelle réalité fictionnelle, le postmallarméen suprême de l’action poétique en vol, a voulu symboliquement abattre. “Nul ptyx !” Oui ! À côté de la tour de Babel, il y avait la tour d’ivoire de l’artiste “noble”, qui se veut dégagé de toute contingence, et qui croit qu’il ne peut créer que loin du monde, du centre du monde. Abolition de la Babel et de l’Ivoire le même jour ! Les Twin Towers qui s’écroulent, ce sont vraiment les calmes blocs ici-bas crus d’un désastre obscur...
Mallarmé, pour qui couper les pages d’un grand papier était un “attentat”, savait que toute son œuvre était démolissante. Il s’est toujours dit inspiré et motivé par l’annihilation de l’essentiel. Ce n’est pas pour rien qu’il soupirait, entre deux quatrains de circonstance sur un galet, une cruche, un éventail ou un œuf de Pâques : “la Destruction fut ma Béatrice”. C’est également celle du chef d’Al-Qaida aujourd’hui. Qui peut le nier ? On l’a assez dit, que Ben Laden était l’incarnation du Mal armé. Oussamallarmé ![2] »

Citations

Nabe sur Mallarmé

  • « Tout le monde sait que toute page de Mallarmé, c’est du Mallarmé traduit en français par Mallarmé. J’ai beaucoup vertigé sur sa prose : je sais de quelle mayonnaise il s’agit : Mallarmé écrit une prose blanche. Blanche comme une voix par la peur. Mallarmé, c’est la peur de la grammaire : la syntaxe qui ne sent plus ses jambes !
Ce qui perd Mallarmé, c’est-à-dire qui nous perd pour lui, c’est qu’il croit en l’objet. Personne ne croit plus en l’objet. Mallarmé lit vraiment à livre ouvert dans l’existence. La vie, c’est sa bible ; et il ne connaît rien de la vie : c’est un petit-bourgeois insignifiant sans biographie, sans “pittoresque”, sans saga !... Cependant... Qui peut se vanter de tourner des pages sans arrêt, de ne voir dans une foule qu’une phrase mal faite, de ne recevoir des gifles que si elles sont lancées dans le sens des virgules, des virgules d’une montre on peut dire aussi, car Mallarmé est le grand maître du Temps ! L’éphémère a soif d’infini ! Le Messie n’a pas cessé de revenir depuis la nuit des temps. Tout est à lire ! On n’existe que si on lit : dès qu’on s’arrête de lire, on est mort : on ne vit plus. Comment échapper de cette obsession, moi ? Moi, aujourd’hui, si peu mallarméen ? 
Ah ce que j’ai pu frémir dans ses ailes, me rouler dans sa moustache ! Quand j’y pense ! Quand j’y repense... » (Tohu-Bohu, 1991, pp. 1325-1326)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Mallarmé sur le site de Marc-Édouard Nabe.

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, 1993, pp. 1326-1327.
  2. Marc-Édouard Nabe, « Le 11 septembre de Mallarmé », La Vérité n°2, décembre 2003.