Coleman Hawkins

Sauter à la navigation Sauter à la recherche
Coleman Hawkins

Coleman Hawkins est un saxophoniste ténor de jazz né le 21 novembre 1904 à Saint Joseph et mort le 19 mai 1969 à New York.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Coleman Hawkins a été chronologiquement le premier grand saxophoniste ténor de l’histoire du jazz. Il a beaucoup inventé et fait école. Plus tard, son cadet, Lester Young, le « révolutionnera » en inventant un autre style. Le jeune Zannini vivra dans le culte de Lester, mais sans perdre d’oreille Hawkins, surnommé par les jazzmen « Bean » (le haricot) ou « Hawk » (le faucon) : « Tous sortent d’une façon ou d’une autre de ce Père et de cette Mère Spermes. Coleman Hawkins et Lester Young ne sont rien moins qu’Adam et Ève[1] »

Son père, Marcel Zannini, aura l’occasion de rencontrer Hawkins dans les années 1950 à New York, et même d’oser jouer devant lui le « tube » du géant ténoristique qui l’a rendu célèbre : Body and Soul.

Une fois écrivain, Nabe fera souvent allusion à Coleman Hawkins, le comparant à un puma ou rapprochant dans son journal intime sa façon ample et charnelle de jouer au style de Paul Claudel.

Dans L’Âme de Billie Holiday, Nabe retracera l’émission de télévision de 1957 dans laquelle on voit Billie Holiday chanter, accompagnée de Lester Young et de Coleman Hawkins : « C’est à Coleman Hawkins de causer. Mulligan le regarde par en dessous en se balançant, très impressionné. L’“Inventeur du saxophone” tète son petit bec et s’agace du fatalisme de Billie Holiday. Coleman Ier se demande si ce n'est pas le Président, son détrôneur, qui lui aurait mis toutes ses idées noires dans la tête.[2] »

En 1995, interviewé par Thierry Ardisson pour Paris Dernière, Nabe fera allusion à un film retrouvé de 1950, tourné par Gjon Mili, où l’on voit Charlie Parker jouer avec Hawkins et regarder celui-ci avec un air d’admiration concentrée et inoubliable.

En 1996, à la demande d’Alex Dutilh et de François Lacharme, directeurs de la revue Jazzman, Nabe revient sur la « rivalité » entre Hawkins et Young dans un texte mettant en scène ces deux titans du saxo dans une Olympe grecque fantasmée (voir Citations).

Prez Bean.jpeg

Un Éclat de Nabe montre Marc-Édouard en train de chanter une partie du fameux solo Body and Soul devant une jeune américaine de passage dans sa galerie à Paris.

À noter : un twittos abonné au compte de Nabe, Alex Soudry, a comblé celui-ci en postant plusieurs vidéos de sa belle-mère Lili en train d’écouter du jazz, en particulier I Got Rythm en 1946 où la vieille dame jubile à l’écoute du solo de Coleman Hawkins.

Citations

  • « Soudain, entre au Temple Coleman Hawkins ! L’inventeur de la corne d’or ! Le Faucon en personne ! Celui qu’on appelle le Haricot ! Des sirènes frétillent. Une muse se gratte. Sagement, le Faucon farouche s’accoude au bar et commande à Zeus une coupe de vin rutilant comme le soleil lorsqu’il s’engloutit dans la mer au crépuscule. Le Haricot très glorieux n’est pas ici pour souffler dans sa trompe foudroyante mais pour se reposer un moment. Il a joué toute la soirée au “Poséidon Ballroom”. L’Olympe neigeux sera-t-il donc privé de la sonorité du Haricot, puissante et comme expiée par toutes les paires de narines des têtes de l’Hydre de Lerne lorsque Héraclès s’approchait d’un peu trop près de sa monstruosité légendaire ? Fougueusement, une nymphe aux cheveux de miel pose sa lyre et implore le Titan de jouer l’Anatole en si bémol ! L’AABA du bœuf total ! Le Faucon ravale ses haricots, il n’a jamais su résister à développer quelques chorus sur cette structure immortelle. Hawkins extrait rapidement sa corne scintillante de son fourreau en cuir de bouc. Un robuste triton en rupture de ban a bien sa trompette sous la bras mais l’idée de s’affronter au formidable Haricot le quitte plus vite qu’elle lui était venue. » (« Les Titans », Jazzman n°14, mai 1996)
  • « Le Faucon nourri aux haricots franchit tel un tigre bondissant les ponts les plus accidentés de l’Anatole. Dans une des tonitruantes profusions qui firent son renom, Hawkins vide l’abondance de sa corne d’un seul flot, comme s’il devait dévaler la vallée spongieuse de l’Empyrée. La mâchoire du terrible Faucon relâche le bec de sa trompe dorée et il va se percher, encore toute tremblant d’improvisation, sur un haut tabouret du bar du Père Zeus. » (« Les Titans », Jazzman n°14, mai 1996)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, « L’Homme aux mille et un saxo », Zigzags, Éditions Barrault, 1986, p. 248.
  2. Marc-Édouard Nabe, « Fine & Mellow », L’Âme de Billie Holiday, Éditions Denoël, 1986, p. 212.