La Bombe de Damoclès

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La Bombe de Damoclès est le cinquième tract de Marc-Édouard Nabe, imprimé le 31 octobre 2007. Il y est question de la menace que le président iranien Ahmadinejad a faite au monde occidental de se doter la bombe atomique et des menaces que ce même monde occidental lui a renvoyées en retour. La diabolisation d’Ahmadinejad, dont Nabe approuve l’antisionisme mais réprouve le révisionnisme, permet à l’écrivain de brocarder la plupart des intellectuels français sous Sarkozy qui mènent tranquillement la France et les autres pays alliés à une guerre possible contre l’Iran. La dénonciation de ce bellicisme s’accompagne dans le tract d’une réfutation par Nabe de la phrase d’Ahmadinejad, pourtant répétée dans tous les médias : « rayer Israël de la carte ». Par une espèce de cours de traduction du persan, Nabe « innocente » Ahmadinejad et se réjouit de la possession par lui de l’arme nucléaire. Les évocations de Michel Foucault comme de l’ayatollah Khomeini, mais aussi du dessinateur de bandes dessinées Buzzelli, sosie du président iranien, amènent Nabe à ranger celui-ci (surtout que l’Iranien a lancé un concours de dessins) dans la catégorie des humoristes à la Hara-Kiri. Le récit de la réception chaleureuse à Téhéran par Ahmadinejad des « Neturei Karta », rabbins antisionistes chevronnés, clot le tract.

Le tract, son écriture et sa sortie apparaissent dans Les Porcs (« Préparation d’une bombe », pp. 540-541). Pour l’occasion, Nabe est invité est à Ce soir (ou jamais !) pour en rendre compte (voir Les Porcs, « Ça Iran ! », pp. 568-577).

Illustration de Yves Loffredo : Ahmadinejad se protégeant des retombées de ses velléités nucléaires par un simple parapluie.

Tract

On y va tout droit. Il suffit de refeuilleter la presse depuis deux ans, pour comprendre que la guerre contre l’Iran est déjà dans les tuyaux. Les journaux ne se trompent jamais quand il s’agit de sentir la merde. Depuis l’élection du président iranien Ahmadinejad en 2005, les médias, tous supports confondus, poussent à lui foutre une bonne branlée « démocratique »... C’était pareil pour l’Irak : du 11 septembre 2001 au 20 mars 2003, la tension médiatisée était montée jusqu’à ce que Bush appuie sur son petit bouton. Dans le cas de l’Iran, où les enjeux sont si différents, le processus est le même. C’est un réflexe obligé des démocraties et de leurs médias englués dans leurs échecs flagrants : aller dérouiller celui qui remplit à merveille, à un moment donné, le rôle imposé du grand méchant loup.
Les journalistes et responsables politiques jouent les hypocrites en jurant qu’ils sont en train de tout faire pour éviter cette guerre, mais chacune de leurs mises en garde est un appel déguisé à la mobilisation générale. Ça s’est bien vu dans la gaffe de Kouchner, ministre des Affaires étrangères, qui a spontanément déclaré qu’il fallait se préparer au pire, « c’est-à-dire à la guerre, monsieur ! » Faux tollé général ! Sarkozy rectifie le tir, mais pour la forme car lorsqu’un président a été capable de proposer l’alternative catastrophique suivante : « la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran », on peut faire son paquetage...
Kouchner n’a fait qu’exprimer le souhait de millions d’occidentalistes crispés. Si c’était un lapsus, il était révélateur pour tout le monde, pas seulement pour lui. Et sa reculade de principe n’a été qu’une façon de mieux monter au créneau d’un futur « je vous l’avais bien dit ». On oublie un peu vite que le Docteur Kouchner, sans remonter à son Kosovo chéri, était l’un des plus acharnés à aller ratonner Saddam Hussein. « Facile d’être contre la guerre ! » clamait-il quelques semaines avant l’offensive, aux côtés de ses potes pousse-au-crime, les Goupil, Glucksmann et Bruckner. Faut-il ressortir, tout jaunis (ou plutôt tout rougis du sang des 650 000 Irakiens morts depuis), les ignobles articles de cette bande de névrosés irresponsables toujours prompts à envoyer le plus possible de monde au casse-pipe chez Mahomet ?
Le climat est au bellicisme le plus injustifié et les Français ne trouvent rien d’autre à faire que la grève pour des histoires de justice sociale !... Sarko prépare tous les jours l’opinion à lutter contre la barbarie et pour la résistance à tous les totalitarismes... En quoi la lecture obligatoire de la lettre d’un jeune homme, fusillé en 1941, peut servir d’exemple à la conduite de ceux d’aujourd’hui ? Mais c’est tout simple : il faut les habituer à mourir pour un grand idéal. En l’occurrence, celui d’empêcher demain Téhéran d’avoir la bombe atomique. Guy Môquet est le premier mort de la prochaine guerre.
Sarkozy oublie juste de rappeler que la Droite (son camp), avait tout fait jadis pour que le pays tant détesté aujourd’hui ait la force nucléaire. Tricastin, Eurodif, ça ne dit apparemment plus rien à personne... Que d’enrichissements dans tous les sens !... Incohérente France ! Et qui continue de l’être, car pour libérer des infirmières bulgares prisonnières en Libye, Sarkozy n’a pas hésité à promettre à Kadhafi de quoi fabriquer une bombe.
En coulisse, des sales cons préparent les fusils Lebel et les bandes molletières pour les pioupious anti-perses. Il est temps d’aller stopper l’Iranien à l’uranium ! Les réticents seront accusés d’être des Munichois, le ton va monter, des inspecteurs d’armes de destruction massive vont proposer leurs services (déjà ce nul de Mohamed el Baradeï repointe son museau morveux), d’énormes manifs mondiales de pacifistes ne vont servir à rien, des ultimatums vont succéder aux résolutions, l’ONU va refaire caca dans son vieux slibard, l’Europe va finalement se coller aux États-Unis, et boum !
Tout pareil, je vous dis ! Petite différence : cette fois, pour attaquer l’Iran, le mobile est nettement avoué : il s’agit de protéger Israël. « Je ne transigerai jamais sur la sécurité d’Israël. » a décidé Sarkozy pour toute la France qui l’a élu et qui commence à comprendre qu’il n’est pas seulement un mec de droite décomplexé. Il est aussi un défenseur acharné (et très bien entouré) de ce pays dont il a dit qu’il ne pouvait « qu’admirer le fonctionnement démocratique et les performances économiques ». N’en jetez plus !
Au moins, les néo-va-t-en guerre ne cachent plus leur motivation sous des prétextes plus ou moins « moraux » de démocratisation d’un pays arabe ou de déboulonnage d’un dictateur musulman. Ils abattent leurs cartes, ou plutôt leur carte, car il s’agit bien d’un problème de carte... L’escroquerie intellectuelle consiste à dire que d’un côté Ahmadinejad veut la bombe et que de l’autre il veut rayer Israël de la carte, et d’en conclure donc : il veut rayer Israël de la carte avec la bombe ! Ce raccourci est bien pratique et rassembleur. Puisque apparemment personne ne s’y colle, je réponds à ce sophisme cousu de fil blanc par des malhonnêtes professionnels et sur mesure pour les paranos et les naïfs.
Premièrement, Ahmadinejad n’a jamais dit qu’il voulait rayer Israël de la carte. C’est pourtant ce qui se répète partout, de journalistes-perroquets désinformés en spécialistes-autruches catastrophés. La phrase « scandaleuse » a été extraite d’une conférence prononcée à Téhéran le 26 octobre 2005 et intitulée Le Monde sans Sionisme. En anglais : « The World without Zionism »... On voyait Ahmadinejad devant une affiche allégorique représentant le globe terrestre sous la forme d’un sablier géant qui s’est déjà délesté de l’Amérique, c’est-à-dire d’un œuf cassé au fond du sablier, et dont un autre œuf, orné de l’étoile de David, est en train de chuter lui aussi, et bientôt se cassera.
Les scandalisés se sont bien gardés de dire que le « nazi » Ahmadinejad (pour qualifier un iranien, « aryen » aurait suffi) exposait là une utopie, pour l’instant irréalisable : celle d’un monde sans sionisme, c’est-à-dire sans cette politique internationale de colonisation de Palestiniens, et de culpabilisation du reste de la planète. Un monde soulagé soudain de cette chape de responsabilité collective qui l’étouffe depuis soixante ans pour préserver la mémoire d’une Shoah qui ne concerne pas un quart de la population mondiale, et qui prétend continuer d’empoisonner la conscience des nouvelles générations. Pour Ahmadinejad, il y en a marre de vivre avec cette « faute » imposée par des maîtres-chanteurs et sur laquelle prospère un État criminel. La seule faute que les peuples devraient ressentir, c’est de laisser Israël détruire la Palestine tous les jours un peu plus, sans jamais réagir par peur d’être accusés d’antisémitisme.
Ahmadinejad n’a pas peur car il ne cesse de le répéter (et on ne veut pas l’entendre) : il n’est pas contre les Juifs, il est contre les sionistes, et ses questions sont légitimes : « Pourquoi la Palestine devrait payer pour un holocauste d’Européens ? », « Si on trouve légitime qu’Israël occupe la Palestine, pourquoi ne trouve-t-on pas légitime que Hitler ait occupé la France ? », « Pourquoi l’ONU n’enquête-t-il pas sur la façon dont Israël s’est doté de la bombe atomique ? »
Déjà, l’année dernière, à la « Journée mondiale de Jérusalem » (créée par l’ayatollah Khomeyni), Ahmadinejad avait prononcé un discours important en demandant à l’Europe « d’abandonner Israël ». Le jour où les Européens, puis les Américains (ça viendra) stopperont leur soutien inconditionnel aux criminels de Tel Aviv, le monde ira mieux, et dans tous les domaines. Cette évidence, Ahamadinejad est le énième esprit lucide à l’énoncer. Rien d’étonnant à ce que les ennemis de la libération du monde tronquent ses phrases. Après avoir expliqué que l’État sioniste était « la tumeur du Moyen-Orient », le président iranien a cité l’ayatollah Khomeyni, mais les désinformateurs ont supprimé son « comme disait l’Imam » pour ne laisser dans sa seule bouche que le « projet » de rayer Israël de la carte. Le problème, c’est que ni le mot carte, ni le mot rayé, ni même celui d’Israël n’ont été prononcés par Ahmadinejad. D’abord, parce que l’État hébreu est « rayé » d’office des cartes de géographie de tous les pays musulmans dignes de ce nom (Regardez une carte du Liban, vous avez un grand vide au sud); ensuite parce qu’Ahmadinejad n’a fait allusion ni au pays, ni au territoire, mais à ce qu’il appelle précisément « le régime usurpateur de Qods ».
Si vous voulez jouer au plus fin, on va se farcir la citation en persan : Imam ghoft een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar mahv shaved. Traduite au mot à mot, la phrase exacte est donc : « L’imam a dit que ce régime occupant Jérusalem doit disparaître de la page du temps. », ce qui est beaucoup plus poétique, mais la poésie, surtout quand elle est politique, n’est pas la tasse de thé glacé des ordures qui dirigent l’opinion mondiale. La falsification spectaculaire des citations est l’arme des minables qui grugent régulièrement les ignorants bernés. C’est comme sa phrase sur les pédés à l’université Colombia. Ahmadinejad n’a pas seulement dit « Nous n’avons pas d’homosexuels en Iran... », mais il a ajouté : « ... du genre de ceux que vous avez chez vous. » Ce qui change tout, car soudain ça ne signifie plus que l’islamiste ultra-conservateur est assez stupide pour nier l’existence des homos en soi, mais qu’en Iran il n’y a pas d’homosexuels comme en Amérique et en Occident, c’est-à-dire revendiqués en réseaux, associations, manifs, Gay Pride, etc.
Deuxièmement, Ahmadinejad ne veut pas la bombe ! Ça aussi, il ne cesse de le clamer partout et on n’en tient pas compte. « Le temps de la bombe est dépassé. » Pour lui, c’est ringard et inefficace. « Si ça avait été utile, les Russes s’en seraient servi !» Chirac (encore lui ?) avait dit, lui aussi, qu’une bombe iranienne ne serait pas « tellement dangereuse » puisque inutilisable. Irangaffe avait titré Libé. Après Chirak, Chiran ? Chiraz plutôt! La « bombe atomique » est un fantasme de vieux traumatisés par la Seconde Guerre mondiale. On parle de « menace iranienne », mais je vois plutôt une menace permanente des autres pays sur l’Iran, comme si la fameuse bombe était déjà suspendue au dessus de la tête d’Ahmadinejad ! Malgré la foirade en Irak, vous allez voir que des avions américano-franco-israéliens vont bombarder les sites nucléaires d’Arak, Natanz ou Ispahan (la cité turquoise !), comme les bombardiers de Tsahal avaient détruit Osirak en 81. Un raid sur « Osiran » est-il imminent? Bien sûr! C’est le dernier cadeau que Bush veut laisser sur la scène internationale avant de tirer sa disgracieuse révérence. L’Iran n’a aucune intention de balancer sa bombe sur Israël, mais si les pro-sionistes d’Amérique ou d’ailleurs y tiennent vraiment, Ahmadinejad pourrait céder au fantasme collectif... Ce à quoi il ne veut pas céder pour l’instant, c’est aux pressions qui lui feraient renoncer à son programme nucléaire civil alors que l’Inde, le Pakistan et Israël ont la bombe atomique sans avoir jugé bon de signer le T.N.P. (traité de non-prolifération nucléaire).
« L’énergie nucléaire est notre droit inaliénable. » dit l’Oriental, enrichisseur soupçonné d’uranium en douce. « Attention, sanctions! » répondent les gendarmes de l’Occident. On se croirait à Guignol. Ça va être quoi, les sanctions ? Un coup de bâton sur le crâne d’Ahmadinejad ? Des fessées sur son culcul de Chiite ?... Tous les mauvais prétextes sont bons pour le punir. Lors de son élection, les Américains avaient essayé de faire croire qu’il faisait partie des preneurs d’otages de l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979. Ce n’était pas Ahmadinejad ! Pour eux, tous les métèques se ressemblent : un barbu en vaut un autre...
Foutez-lui la paix et non la guerre ! Comment supporter que des peuples sans histoire comme les Américains ou bien sans géographie comme les Israéliens se permettent d’infantiliser un pays tel que l’Iran ? Ah ! Voir le tombeau de Cyrrus à Passargade ! Celui de Darius à Persépolis ! Ô Iran éternel, profond et mystique ! Immense planète qui a fait rêver plus que la Lune des cerveaux aussi pointus qu’Henry Corbin, Louis Massignon ou Michel Foucault pour ne rester qu’en France (le pays, ne l’oublions pas, qui, en l’hébergeant, a permis à l’ayatollah Khomeyni de renverser l’immonde shah) !...
En octobre 1978, Foucault, tout Foucault qu’il était, a été obligé d’écrire ses articles pro-iraniens dans les journaux italiens tellement les français n’en voulaient pas. Il voyait dans la révolution de Khomeyni « cette chose dont nous avons, nous autres, oublié la possibilité depuis la Renaissance et les grandes crises du christianisme : une spiritualité politique. J’entends déjà des Français qui rient mais je sais qu’ils ont tort. » Oui ! Et trente ans après, ils rient encore... Aux dépends d’un président qu’ils diabolisent comme un monstre sérieux, alors que c’est un véritable provocateur de la génération de Hara-Kiri. Regardez-le avec son allure de barbu maigrelet en costard gris tergal : il ressemble au dessinateur Buzzelli ! Mahmoud a même un petit côté Prince Muychkine, candide et souriant, concentré sur ses illuminations. Peut-être le seul « Idiot » de notre temps... Voilà pourquoi les vrais débiles des médias se moquent de lui. Un Ariel Wizman, salarié d’une entreprise de dérision généralisée, se permet de le trouver « ridicule » ! Il faut dire que le dandy donneur de leçons avait déjà traité la semaine précédente Che Guevara de « salaud ». Un peu court peut-être, non ? Ce n’est jamais assez court pour les anciens libertaires reconvertis à la vigilance droitière. Aujourd’hui, ce sont les « rigolos » les plus sinistres qui jugent risible ce qui est drôle.
Car Ahmadinejad est un déconneur. Quand il propose à Bush un référendum mondial genre Star Ac’ pour déterminer qui d’eux deux doit être éliminé de la scène internationale, il a plus d’humour que tous les « Beurs » et « Blacks » des stand-up potacheux. Au lendemain de la victoire divine du Hezbollah sur Israël, lors de la guerre au Liban en août 2006, le président a lancé un concours mondial de caricatures sur l’Holocauste pour répondre aux Occidentaux hypocrites qui jouaient aux outrés lorsque des musulmans se sont dit choqués par les caricatures du Prophète faites au Danemark ! Coincer la liberté d’expression occidentale à son propre piège devrait être considéré comme le top de l’humour. Que Charlie Hebdo, ce torchon antiarabe, en prenne de la graine de couscous ! « Les dessins qui partent du principe que l’Holocauste a existé sont acceptés. » disait le fascicule d’inscription. Des milliers de dessins plus révisionnistes les uns que les autres ont afflué du monde entier et Ahmadinejad s’est fait un plaisir d’en organiser l’exposition : Holocust... Enfin un vernissage marrant ! Une dessinatrice française a même décroché le troisième prix !
Encore plus drôle : en avril 2007, le « scorpion d’Aradan » fait kidnapper 15 gentils marins anglais parce qu’ils ont pénétré les eaux territoriales iraniennes à l’embouchure du fleuve Chatt-al-Arab. Après avoir exhibé les captifs en pénitents, en les obligeant à s’excuser publiquement, le président les libère... Magnanime Ahmadinejad ! Il décore les soldats qui les ont fait prisonniers, puis il joue à la poupée avec ses otages, rhabillant les hommes de costards neufs et voilant la seule femme d’un keffieh palestinien... Ahmadinejad les relâche, les bras chargés de babioles folkloriques en souvenir, dit que c’est un « cadeau » qu’il fait à l’Angleterre de gracier de tels hors-la-loi, et demande à Blair de ne pas les punir à leur retour !
Mais son plus grand gag, c’est à New York qu’il l’a accompli. Ahmadinejad y a été reçu comme un voyou. Accueilli dans les rues de Manhattan par des pancartes le traitant de « Hitler iranien » et ornées du dessin de Hachfeld le transformant en croix gammée, le pacifiste de Téhéran s’est vu successivement interdit de visite à Ground Zero et présenté à l’université Columbia comme « un dictateur cruel et mesquin ». Toujours poli, il a répondu aux questions grotesques des étudiants ignares. C’est seulement à la tribune de l’ONU qu’il a pu prononcer un magnifique discours spiritualiste beaucoup plus applaudi qu’on ne l’a dit malgré les grincements de dents dans la salle. Heureusement, certains New-Yorkais ne l’ont pas du tout rejeté (au contraire !), ce sont les rabbins antisionistes...
Les « Neturei Karta » en chapeaux et papillotes sont encore plus radicaux que l’Iranien indésirable : pour eux, le judaïsme ne doit pas être dévoyé en sionisme et, en tant que Juifs religieux et opposés à l’État d’Israël, ils ont remis à Ahmadinejad, pour sa « douceur envers l’humanité et en particulier envers les Juifs », une coupe digne de celle de Roland Garros ! Ils se sont ensuite embrassés les uns les autres dans des accolades interminables qui ont renvoyé toute image surréaliste au rayon des farces et attrapes. Les barbes des rabbins dégoulinaient de reconnaissance et Ahmadinejad pleurait d’émotion d’être si bien compris, ce qui, après tout, est la seule raison valable de pleurer aujourd’hui.

Marc-Édouard Nabe, 31 Octobre 2007.