Jean Yanne

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Jean Yanne

Jean Roger Gouyé, dit Jean Yanne, est un acteur et réalisateur né le 18 juillet 1933 aux Lilas et mort le 23 mai 2003 à Morsains (dans la Marne).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe évoque Jean Yanne dans son journal intime, en parlant notamment de ses films :

« Vendredi 3 mai 1985. — [...] Le dernier film de Jean Yanne Liberté, égalité, choucroute n’a pas l’air d’accrocher grand-monde. Il a fait faire l’affiche par Faizant ! Je déteste ce dessinateur mais j’approuve Jean Yanne d’avoir demandé à un type du Figaro (même nul) d’illustrer sa conception de la Révolution française en 1985... J’imagine que ce film est raté comme la plupart des autres, même si Yanne sait comme personne réussir un film raté.[1] »

En janvier 1990, dans un de ses derniers textes publiés dans L’Idiot international, « La nouvelle France de Jean Yanne », Nabe raconte le jeu Rira, rira pas, conçu par Jean Yanne et diffusé sur La Cinq. Dans les années 1990, les deux hommes se rencontrent au Flore en compagnie de Florence Belkacem et Jérôme Béglé qui présente Nabe à Jean Yanne. Mais celui-ci, déjà atteint de surdité, n’a pas compris qu’il discutait avec l’auteur de Rideau, dans lequel il avait pu lire avec plaisir son apologie.

Citations

Nabe sur Yanne

  • « Jeudi 18 octobre 1988. — [...] À deux tables, Jean Yanne se gratte la barbe. Il me rappelle un sultan : Amurat II, la même tête ! Ou plutôt Mustafa IV... J’hésite à me lever et à aller lui dire à quel point je l’admire, et pas seulement comme acteur comme la plupart des snobs le clichetonnent : comme metteur en scène ! Des films comme Moi y en a vouloir des sous, Chobizenesse ou Les Chinois à Paris (compris par Dominique de Roux) sont les meilleurs films français des années 70... Autre chose que ceux de Truffaut, Sautet, Deray, Girod, et autres tartignols !... » (Kamikaze, 2000, p. 2894)
  • « J’ai toujours beaucoup aimé Jean Yanne. Ses films lourds, mal faits, franchouillards et antifranchouillards à la fois, sont parmi les plus subversifs de notre cinéma merdeux. Les Chinois à Paris, qui, en 1974, ont réalisé les prophéties céliniennes, avaient suffisamment enthousiasmé Dominique de Roux — notre hibou des Cahiers de L’Herne — pour qu’il consacre à l’acteur-réalisateur un de ses meilleurs livres : La France de Jean Yanne. De Roux lui trouvait du Péguy. Dans la France pompidolienne de l’époque, Yanne pouvait encore se servir du cinéma pour pervertir les médias. Il écrivit, en préface du livre de Dominique : “Que faire aujourd’hui pour se garder de la bêtise ? Faire le bête.” Je crois qu’en concevant Rira, rira pas, la plus géniale émission télévisée sur la bêtise, Jean Yanne, l’Américain barbu, y est magistralement parvenu. » (« La nouvelle France de Jean Yanne », L'Idiot international n°34, 17 janvier 1990)
  • « N’importe quel Jean Yanne, démontant, avec un mauvais goût royal (et de l’intérieur) la machine des médias, vaudra mieux que les chiadages chics des cinéastes glacials. J’insiste sur Jean Yanne, car il a su à la fois ne pas devenir son copain Jacques Martin, et en même temps refuser une carrière d’acteur-cinéaste à la française, c’est-à-dire ringarde sans le savoir. Son exil est intelligent, comme tout ce qu’il a fait. Ses films, tous mal foutus et magnifiques, resteront parmi les très rares à montrer ce qui se passe dans l’abjection du cérémonial spectaculaire. Après avoir tout dit de la collaboration à travers les âges dans Les Chinois à Paris, Jean Yanne porte son art de l’antiparodie anticomique à son sommet : Chobizenesse est son chef-d’œuvre : toutes les partouzes entre l’art et le Spectacle y sont décrites parfaitement. Prophète en direct, Jean Yanne sera longtemps considéré en France (ce pays dont il a toujours renchéri la franchouillardise) comme un rigolo, ce qu’il n’est pas du tout. » (Rideau, 1992, pp. 66-67)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, 1993, p. 1017.