Georges-Marc Benamou

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Georges-Marc Benamou

Georges-Marc Benamou est un journaliste né le 30 mars 1957 à Saïda (Algérie).

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Le soir du 15 février 1985, Marc-Édouard Nabe est invité par Bernard Pivot à défendre Au régal des vermines dans l’émission Apostrophes. Les « provocations » du jeune écrivain, qui fait l’éloge de Céline, de Rebatet et du fascisme, suscitent l’irruption dans le studio, après l’émission, de Georges-Marc Benamou. Le journaliste de Parispoche, venu en voiture avec Bernard-Henri Lévy et Valérie Kapriski (dit-on), parvient à entrer dans les locaux d’Antenne 2 grâce à sa carte de presse et assène plusieurs coups de poing au visage de Nabe, cassant ses lunettes, au cri de « SOS Racisme ! SOS Racisme ! ». Dans Le Quotidien de Paris, Benamou s’explique : « J'aurais volontiers, il y a 40 ou 50 ans de cela, cassé la figure au Céline de Bagatelles pour un massacre, au Rebatet des Décombres, à Brasillach... »[1].

L’agression physique subie par Nabe ne donne lieu à aucune plainte ni condamnation. Elle le marquera néanmoins à vie, lui déchirant la rétine, l’obligeant à subir des interventions chirurgicales à l’œil gauche en 2011 et en 2015. Trente-cinq ans après, on félicite encore Benamou pour son « coup d’éclat »[2]. Benamou lui-même se voit félicité d’avoir « eu la bonne intuition » de frapper Nabe, par Valérie Abécassis (animatrice de l'émission Culture sur i24), qui le qualifie ainsi de « Mensch » (terme yiddish signifiant homme honorable et intègre).

Extrait de Culture, i24, 8 février 2020

Récit de l’agression

« À ce moment-là, je vois foncer sur moi un type qui crie : “Sale chien !” et me donne plusieurs coups de poing dans la gueule. Mes lunettes volent en éclats. Ainsi que le verre de jus de fruit que je tenais à la main. Je suis à terre, je me protège la tête avec mes bras et j’entends les bruits de la bagarre, Albert certainement vient à ma rescousse. Je reste un instant recroquevillé dans mon corps, percevant à peine le monde extérieur, comme dans le ventre de ma propre conscience.
— Mais laissez-le-moi ! Vous ne vous rendez pas compte, alors ? Vous ne voyez pas qui c’est... S.O.S. Racisme ! S.O.S. Racisme !
Je sens une main qui me relève : c’est Barrault. Il me guide par le bras vers une porte dérobée. Albert veut renchérir le pugilat. Pivot le calme. Je devine les personnages mais je ne vois plus assez pour passer devant Sportès et lui lancer : “Alors, t’es content ?” Quelque chose me dit quand même que sa jubilation doit s’étrangler. Albert insulte encore le “grand con” et cherche une trique... Barrault apaise mon “garde du corps“. Très digne, m’étonnant moi-même de mon calme, la gueule en sang, rassuré même un peu d’avoir été assez vicieux pour emporter au dernier moment une deuxième paire de lunettes, je me laisse diriger vers la cahute des sapeurs qui étaient en train de regarder un film porno sur Canal Plus ! Pivot nous rejoint bientôt, un peu affolé, engueulant le service d’ordre d’avoir laissé entrer mon agresseur. Sans le voir vraiment je me tourne vers Pivot et radieux, le front dégoulinant je lui dis :
— Enfin, vous savez ce que c’est que la littérature... »[3]

Citations

Benamou sur Nabe

  • « Nos destins sont liés. Je pense que je lui ai rendu le service de ne pas devenir complètement fasciste. Je pense que c’est quelqu’un qui a du talent, c’est quelqu’un qui écrit magnifiquement bien sur le jazz, c’est quelqu’un qui peint, c’est quelqu’un qui est très intéressant, mais je crois, ce jour-là, que je lui ai évité de devenir fasciste. » (Regarde les hommes changer, Europe 1, 15 mai 2007)

Nabe sur Benamou

  • « Vendredi 22 février 1985. — Ça y est ! Je commence à mieux comprendre. Avant-hier, le 20 février, a été créé le mouvement S.O.S. Racisme... Libé s’en gargarise. Parrainé par Bernard-Henri Lévy et Marek Halter, le jeune mi-noir Harlem Désir prend la tête de cette “organisation antiraciste”. Parmi ses très proches, un certain Georges-Marc Benamou... Tout se recoupe. Albert et moi, on se demandait ce qu’il voulait dire en hurlant “S.O.S. Racisme !” quand il m’a frappé chez Pivot. J’ai compris. Il testait son slogan ! La naissance du mouvement était imminente il y a huit jours. C’était moi la dernière contraction ! Benamou ne fera plus croire à un geste isolé et spontané, c’est tout une politique qui lançait sa campagne ce soir-là. Son coup de poing fut un coup d’envoi. » (Tohu-Bohu, 1993, p. 848)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Georges-Marc Benamou, « Pourquoi j’ai bondi », Quotidien de Paris, 18 février 1985.
  2. « Saint Benamou léché par son chienchien Samama », Nabe’s News n°24, 16 février 2020, lire : http://www.nabesnews.com/saint-benamou-leche-par-son-chienchien-samama/
  3. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s DreamÉditions du Rocher, 1991, pp. 822-823.