Billie Holiday

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Billie Holiday

Eleanora Fagan, dite Billie Holiday, est une chanteuse de jazz née le 7 avril 1915 à Philadelphie et morte le 17 juillet 1959 à New York.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Après l’avoir vue souvent en concert à New-York où il s’était exilé, le père de Nabe, Marcel Zannini, a eu l’occasion de croiser Billie Holiday en 1955, une photo en témoigne.

Billie Holiday et quelques amis musiciens (plus Marcel Zannini), New-York, août 1955

En 1985, Marc-Édouard Nabe écrit un article de trois pages sur Billie Holiday, qu’il date du 15 février 1985 (jour de son passage polémique à Apostrophes) et qu’il publie dans L’Infini, la revue littéraire dirigée par Philippe Sollers. Son texte est apprécié par son entourage et par la direction de Denoël (Gérard Bourgadier) qui l’encouragent à écrire un livre entier sur Billie Holiday. L’ouvrage paraît en 1986 sous le titre L’Âme de Billie Holiday (« L’Infini »). Un des passages les plus remarqués est celui où Nabe raconte qu’il entendit Billie Holiday pour la première fois dans le ventre de sa mère qui accompagnait son père à un concert. En 2007, Denis Tillinac, directeur de la collection La Petite Vermillon, à la Table Ronde, réédite en poche L’Âme de Billie Holiday, avec une encre de Nabe en couverture.

La même année, Nabe réalise une soixantaine de portraits de la chanteuse, dont certains sont montrés dans l’exposition « Écrivains et Jazzmen », à Paris.

Citations

Nabe sur Billie

  • « Quand Billie Holiday transfigure ses chansonnettes, on devient sa voix même. C’est nous qui sortons lentement... Les notes surgissent les unes après les autres dans la lenteur et le sang comme des nouveau-nés... La Grande Bête Violette commence à gagner : un poing se ferme. Elle rauque dans les bulles, les vieux rubans. En déployant sa complainte elle fait balancer ainsi ses beaux bijoux mastiques qui lui arrachent les oreilles. Les lèvres qui lèchent des poissons, la très délicate narine triangulaire, le sourcil qui monte, la nuque... Qui ne s’est pas extasié infiniment sur tout ça ? Billie, lestérienne ! Billie à la voix si biographique ! Ô Pute souillée ! On pense à tous ces gros nègres en chemise, tous ces Blancs pourris qui ont dû empaler son grand corps sépia. On pense à tous ces nœuds odieux qui ont dû bien décharger dans le gosier d’ignobles gluants jets de foutre, et toute cette putasserie dans la gorge de la plus belle voix de tous les temps ! On en pense des choses !... » (« Billie Holiday », L’Infini, 1985, pp. 14-15)
  • « Werner Shroeter disait que le son de la voix de Maria Callas le faisait saigner du nez. Les morceaux de Billie Holiday m’ont arraché plusieurs dents. Ni grave, ni aiguë, ni sucrée ni salée, ni aigre-douce ni douce-amène, la voix de Billie n’a pas de tessiture : elle serpente dans les spectres sans se laisser classer. Elle fore les basses fréquences, déhanche celle des anches qui lui ressemblent : c’est un cygne aux harmoniques inférieurs qui joue au basson, puis vibre au vol en laissant dans la mare les ondes suffisantes à troubler la verdeur du ciel reflété. Elle n’a pas de limite : son timbre n’est pas collé d’un tour de langue sur l’enveloppe d’un registre quelconque. La glotte s’ouvre comme la grotte d’Ali-Baba, par Sésames résonateurs. On n’arrive jamais à imaginer que Billie Holiday possède des cordes vocales. Il faudrait écrire un gros ouvrage cette fois sur sa voix même, des pages et des pages de listes d’images auxquelles sa voix nous attache, un genre de journal intime du timbre de la Grande Dame Diurne. » (L’Âme de Billie Holiday, 1986, p. 51)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Billie Holiday sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références