Jackie Berroyer

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Jackie Berroyer, 2013

Jackie Berroyer est un auteur et comédien né le 24 mai 1946 à Reims.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe et Jackie Berroyer se rencontrent souvent lors des mardis d’Hara-Kiri à partir de 1983, mais Berroyer, selon Nabe, garde une certaine distance. Elle ne disparaît qu’à la lecture du premier livre de Nabe, Au régal des vermines :

« Lundi 11 février [1985]. — [...] Autre réaction favorable tout à fait inattendue : celle de... Berroyer !!! Il était allé offrir ses services à Barrault qui lui a parlé de moi et lui a remis le Régal. Dès la première page, il a été ébranlé et tient absolument à me le dire. À Hara-Kiri, il y a quinze jours, me voyant à la distribution des petits pains, il s’était félicité que je ne lui en aie pas offert un car il se serait senti obligé de me dire après après ce qu’il en avait pensé ! Polac samedi ne l’a pas convaincu davantage mais je semble être remonté dans son estime comme l’ascenseur de l’Empire State Building.
Berroyer me jugeait depuis longtemps comme un petit con violent certes, polémiqueur arrogant, mais “genre brillant premier de la classe”. Il me téléphone pour rectifier son jugement en m’expliquant pendant une heure combien la musique de mon Régal l’a ému, combien personne ne va comprendre le mystère profond exprimé de talent de maître et qui se trouve derrière tous ces sujets d’attaque facile. Je vais avoir le monde entier contre moi et personne ne s’en apercevra qu’on me reprochera exactement ce qu’on reprochait à Céline ou à Proust... Berroyer n’y va pas à la cuiller ! Il me chicane un peu sur le rock, que je ne sache pas discerner les escrocs des musiciens authentiques !... Pour le reste, qu’il n’a pas entièrement lu, Berroyer me comble de compliments presque gênants par leur intelligence, leur gravité émotionnée, leur virilité pudique. Il admire beaucoup le passage sur Monk qui dit tout ce qu’il faut dire, et plus. Lui n’aurait pas su aller si loin ! J’arrive à donner envie d’écouter Monk, ce qui est très important.[1] »

Depuis, Berroyer n’a cessé de rester fidèle à Nabe. Le 20 août 2015, il assiste au lancement de Patience 2, organisé au 10, rue des Trois-Portes, devant les anciens locaux de Hara-Kiri.

En avril 2016, Berroyer, affaibli par un cancer, rend visite à Nabe dans sa galerie, rue Frédéric Sauton, à Paris.

En 2017, Berroyer publie un recueil de souvenirs et de chroniques, Parlons peu, parlons de moi (Le Dilettante), où il évoque à plusieurs reprises Nabe et son père.

Citations

Berroyer sur Nabe

  • « Les plus belles pages sur Choron sont dans le journal de Nabe, un autre artiste contemporain très dérangeant. Et c'est en lisant le récit de ces soirées folles à la rédaction d'Hara-Kiri que Jean-Jacques Lefrère, grand biographe de Rimbaud et de Lautréamont, a commencé, m'a-t-on dit, à se passionner pour le personnage de Choron, et en mesurer l'importance. Il faudrait tout le sérieux et la pénétration d'un homme comme lui pour faire entendre l'ampleur et la qualité de l’œuvre de Choron aux prochaines générations exemptes de préjugés et prêtes à rigoler. » (Les Inrockuptibles, « Mangez vos cavalières », 19 janvier 2005)

Nabe sur Berroyer

  • « Mardi 24 novembre 1987. — [...] Nous recevons les Berroyer à dîner. Hélène trouvait un peu bizarre que Jackie nous ait téléphoné pour s’inviter, ce jour précis, d’autorité. Pourquoi pas ? Tout s’explique quand on les voit arriver sous la pluie, les bras chargés de paquets... Berroyer porte un énorme bloc bleu étoilé. Lenny un autre “cadeau” plus petit. Qu’est-ce que c’est ? Voilà pourquoi ils se sont imposés aujourd’hui. Je déballe en tremblant et découvre un vieux pick-up des années 50, un mastodonte ! Et l’autre paquet cache un coffret de disques : “Les entretiens de Paul Claudel”. 1951 ! C’est du seize tour. Berroyer a d’abord acheté les sept disques, puis se rendant compte que je ne pourrais pas les écouter, il s’est mis en quête d’une machine idoine et il l’a trouvée ! Elle va du 16 au 33, en passant par 78... C’est à peine croyable comme démence généreuse de la part de fauchés de leur sorte... Personne n’est capable d’un tel geste à notre époque... Je suis bouleversé. Je transpire même carrément. Plusieurs sentiments se mélangent en couleurs : mon affection réelle pour Berroyer, ma dureté envers ses œuvres, le poids de sa bonté morale bien connue et aussi une honte, honte pour Marcel qui m’a laissé si longtemps sans chaîne hi-fi... Berroyer vint et le son fut ! Il faut que ce soit le plus pauvre de mes amis qui m’offre de quoi écouter des disques ! Et quels disques ! Berroyer a été si profondément touché par ce que je lui ai dit de Claudel la dernière fois qu’il a tenu à me faire ce cadeau !... Et il a préparé son coup ! Lenny est magnifique ce soir aussi : elle me jette des regards de mère Noël sur un enfant coi d’amour. Nous écouterons un peu de vieux plouc sacré (y en a pour des heures), et on en parlera entre nous toute la soirée (Berroyer dit de Claudel “On dit qu’il est chiant comme on dit de Céline qu’il est fasciste”). Je les ferai rire aux larmes en imitant sa voix à la Michel Serrault. C’est la moindre des choses pour noyer cet incendie d’amitié qui a embrasé ce dîner-surprise. » (Inch’Allah, 1996, pp. 2331-2332)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Nabe’s Dream, Éditions du Rocher, 1991, pp. 813-814.