Pierre Clémenti

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Pierre Clémenti

Pierre Clémenti est un acteur et réalisateur né le 28 septembre 1942 et mort le 27 décembre 1999, à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Au début des années 1990, Marc-Édouard Nabe rencontre Pierre Clémenti grâce au docteur Gérard Tallet à la Closerie des Lilas. En 1992, Tallet et Nabe assistent à une représentation de « Chronique d’une mort retardée », un spectacle en solo de Clémenti au petit théâtre du Tourtour, avec déclamations autobiographiques de l’auteur et projections de bouts de films sur un écran, dans un décor occupé par un cercueil.

Fin novembre 1996, Clémenti est présent lors de la remise à Nabe du prix Paris Première (initié par Jean-Edern Hallier), attribué pour Inch’Allah, où le docteur Tallet cogne Frédéric Dutourd après que celui-ci a giflé Nabe. Par la suite, Clémenti et Nabe se verront souvent, la nuit, à Montparnasse.

Début 1999, Tallet fait signer à l’acteur mythique de Belle de jour et de Porcherie un « contrat » informel pour valider qu’il accepte d’incarner, dans un court-métrage de Tallet, le personnage de Raoul, homme qui se fait dépouiller jusqu’aux organes par des huissiers dans le conte de Nabe « Le cœur sur la paille » (K.-O. et autres contes, pp. 81-92). Le film ne se fera pas.

À la fin de sa vie, Clémenti, déjà très malade, recevra, chez une amie qui l’hébergeait dans son grand appartement de Montparnasse, Nabe, Hélène et Tallet, ainsi que son amie Tina Aumont (autre figure du cinéma des années 1970, et décédée elle aussi).

Nabe apprendra la mort de Pierre le jour même de son anniversaire (à Nabe), le 27 décembre 1999, alors qu’il était chez Bernadette Lafont avec Bulle Ogier, Delphine Volange et Jean-Jacques Schuhl.

À noter : Lié également à un de ses fils, Balthazar Clémenti, Nabe l’intègrera dans L’Homme qui arrêta d’écrire, dans la scène de la soirée de la fermeture de la Cinémathèque de Chaillot, où il s’était trouvé avec Florian (Popesco) :

« Merde, encore quelqu’un qui m’a reconnu... C’est Balthazar Clémentis, le fils de Pierre, et il est saoul. Il se pend à mon cou, tout transpirant, beuglant :
— Voilà un écrivain, Mesdames et Messieurs. Un vrai de vrai qui connaît la chanson.
Je ne peux pas en vouloir à Balthazar de s’enivrer ici, un tel soir. Quand on a déjà perdu un grand acteur comme son père, assister à l’enterrement du cinéma tout entier ne doit pas se vivre à jeun. Balthazar, je l’ai connu tout petit... Je lui présente Florian qui a adoré Clémenti dans La Voie lactée[1] »

Citations

Nabe sur Clémenti

  • « — Vous savez que je l’ai connu, Don Quichotte ?
— Voyez vous ça !
— Comme je vous vois. Je parle de sa réincarnation, bien sûr... C’était un grand acteur maigre et magnifiquement autodétruit, avec une grâce folle. Jamais vous n’aviez touché des mains d’homme d’une telle douceur. Quand on se voyait, je les lui prenais dans les miennes, rien que pour essayer de le croire ! Pierre avait tourné avec Visconti, Buñuel, Bertolucci, Garrel l’a glissé dans le lit de la Vierge (où il jouait... Jésus) ! Le cannibale golgothant sur l’Etna dans la Porcherie de Pasolini, c’est lui ! Pierre voulait jouer le personnage d’un de mes contes (un type sur la paille qui vend ses organes un à un pour rembourser ses dettes), mais moi, je lui disais qu’il valait mieux qu’il incarne le Chevalier à la Triste Sainte Face. Pierre était le seul Don Quichotte crédible valable, splendide. Les cheveux, le regard, la bouche, la voix. Il suffisait qu’un cinéaste lui trouve une Rossinante, un Sancho Pança, trois moulins à vent et puis, c’était bon... Ah ! Pierrot ! Toujours entre deux titubements, toujours plus beau, toujours plus élégant... Un jour, avec Gérard, son toubib, on l’a ramené à l’aube rue Amélie, la petite rue où Denoël avait ses locaux dans les années trente, et où Céline avait publié son Voyage. Voyageur de nuit au bout de la rue Amélie, Pierre a disparu en zigzaguant. Et il est mort, vous ne devinerez jamais quand...
— Le 27 décembre !
— L’année dernière... En 1999, au lendemain de la Tempête à faire s’envoler toutes les ailes de tous les moulins ! Je l’avais déjà vu dans son cercueil, mais vivant, pour une pièce de théâtre où il monologuait en tricotant dans sa bière pendant une heure. A l’église Notre-Dame-des-Champs, au milieu de la nef, il était entouré par tous ses amis bordés de noir, et par Balthazar et Valentin, ses fils, et même par sept saxos qui ont tenu une seule longue note à l’unisson (un mort bémol, je crois)... Pierre, là aussi, était couché dans un cercueil, mais, cette fois, il ne s’est pas relevé pour saluer à la fin. » (Alain Zannini, 2002, pp. 713-714)

Intégration littéraire

Notes et références