Bertrand Cantat

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Bertrand Cantat

Bertrand Cantat est un chanteur, musicien et meurtrier né le 5 mars 1964.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

C’est en novembre 2003, avec la parution du premier numéro de son mensuel, La Vérité, que Marc-Édouard Nabe commence à écrire sur le meurtre de Marie Trintignant, battue à mort par son compagnon Bertrand Cantat, le 1er août 2003 à Vilnius. Il publie d’abord une tragédie en un acte, « Glauque Story », dans laquelle Nabe imagine le dialogue entre Cantat et Trintignant qui a conduit à la mort de cette dernière. C’est toujours dans La Vérité, dans un article intitulé « Nadine et ses chiens », que l’écrivain s’intéresse à l’attitude de Nadine Trintignant, mère de Marie, d’abord vindicative à l’endroit des journalistes puis accordant des interviewes pour promouvoir son livre sur l’affaire, publié deux mois après la mort de sa fille.

En 2004, dans un article sur Michel Fourniret, « Les cent mille vierges de Fourniret » (J’enfonce le clou, Éditions du Rocher), Nabe creuse les relations entre Marie et sa mère, entre elle et son père, Jean-Louis Trintignant, et aussi la façon dont Cantat a pu vivre tout ça.

Citations

Nabe sur Cantat

  • « BERTRAND. — Je me sens de moins en moins moi-même avec toi....
MARIE. — Rentre chez ta Hongroise si tu n’es pas content !
BERTRAND. — Tu es jalouse !
MARIE. — Quelquefois, je me dégoûte... Et si on se suicidait tous les deux ? Là, maintenant ! Ce serait une fin romantique pour deux amants rebelles comme nous, non ?...
BERTRAND. — Je sais bien que je suis une merde, mais pas au point de foutre ma vie en l‘air !
MARIE. — Quel lâche ! C‘est ça, le leader du plus grand groupe de rock français ? Une tantouze avec des bagouzes, oui !
BERTRAND. — Et toi, tu t’es vue ?... Avec tes yeux de veau myope, ta voix rauque... Tes airs pseudo-mystérieux... Tu te prends quand même pas pour une star ! Tu ne fais aucune « entrée »...
MARIE. — Ce n‘est pas un crime !
BERTRAND. — Tu es l‘actrice intello dans toute son horreur... Tu n’es pas Emmanuelle Béart, ni Sophie Marceau ! Tu ne seras jamais que la fifille à ton papa...
MARIE. — Touche pas à Papa !
BERTRAND. — Trintignangnan ?...
MARIE. — Il s‘est quand même tapé Brigitte Bardot !
BERTRAND. — Peut-être mais avec toi, il est au bord de l‘inceste, c‘est pas possible ! Moi, j‘étouffe. Entre ton père, ta mère, ton frère, ton fils... On dirait que tu vis en permanence sous perfusion de parents ! J‘ai l‘impression de baiser avec toute ta famille... » (« Glauque Story », La Vérité n°1, novembre 2003)
  • « Bertrand Cantat est une brute qui a osé frapper à mort une femme : nous sommes d’accord. Il a d’autant moins d’excuses qu’après leur dispute il a laissé crever Marie Trintignant à côté de lui dans la chambre d’hôtel de Vilnius, pendant des heures, sans alerter les secours : nous sommes toujours d’accord. Le leader de Noir Désir a même dissimulé au frère et au mari de sa victime la gravité de son état, par lâcheté et immaturité impardonnables : nous sommes encore d’accord. Et puis, c’est tout. Après, on ne peut plus être d’accord. Surtout quand la mère de Marie, Nadine Trintignant, publie, deux mois jour pour jour après la mort de sa fille, un livre Ma fille, Marie (chez Fayard, bien sûr). Qu’elle ait eu besoin d’écrire pour soulager sa douleur et sa haine, on peut le comprendre, mais pourquoi n’a-t-elle pas gardé dans son tiroir le manuscrit de ce texte dégoûtant ? Quand la comédienne dans le coma a été rapatriée sur un brancard, Nadine protégeait de ses mains, comme on couve un œuf, le visage massacré de Marie, flashé par les paparazzi, tout en les traitant de “bande de chiens !”. Aujourd’hui, après toutes celles qui ont été consacrées à sa fille starifiée grâce au drame du 27 juillet, la mère tira la couverture de Paris Match à elle, en posant à la Une, sans honte ni pudeur. Où sont passés les chiens ? » (« Nadine et ses chiens », La Vérité n°1, novembre 2003)
  • « Cantat existe, hélas. Et tous les amateurs de vraie musique savent bien que le premier drame de toute cette histoire, c’est qu’il y ait eu en France des millions de cons pour adorer ce chanteur inepte et son groupe de débiles... Au point même qu’il s’est trouvé des gauchos indécents pour lancer des appels à la solidarité (dans Le Monde, bien sûr) de leur “héros” en taule ! Ça les emmerde tous que leur idole soit un meurtrier. Ça les oblige à se renier en tant que bien-pensants, et ça, dans leur saloperie, ils ne le veulent à aucun prix. “Cantat est des nôtres”. Ils veulent à toute force faire de Cantat un “frère”. D’après eux, ce crime ne lui ressemble pas, ça ne peut pas être lui, il est trop “bon”, il est trop “pur”, il a juste été un instant le jouet tragique, shakespearien, racinien, bernsteinien, d’une fatalité dégueulasse qui lui est étrangère. Quelle peur de la réalité de la part de ces abstraits connards ! Cette affaire est l’un des plus violents coups portés à la bien-pensance. Il ne s’agit plus seulement de reconnaître qu’on peut à la fois être bien-pensant et mal-agissant, mais de comprendre que c’est à cause de cette bien-pensance-même que le mal peut naître désormais. Il faudra bien approfondir cette vérité : le vrai mal aujourd’hui vient toujours d’un excès de bien-pensance. Cherchez bien. Voilà pourquoi ce fait divers gêne tout le monde. On sait bien qu’on est loin d’une histoire d’amour fou romantique qui a mal tourné, d’une tragédie roméo-juliettesque pour journaux féminins qui branlent si bien leurs fleurs bleues au fantasme fusionnel malsain... L’histoire du SMS du mari envoyé à la femme et intercepté par l’amant ne suffit pas à transformer Cantat en Othello et Marie en Desdémone ! La belle et la rebelle... Non ! Le passage à tabac de l’actrice “éthérée” par le “poète” du rock n’est pas un accident. Il a été nourri par plus de deux générations d’encrassage intellectuel, de mauvais goût artistique, de politisation bidon, bref ce soudain tabassage est l’expression d’un matraquage ancien. Ce bourrage de gueule vient d’un bourrage de crâne ! Marie est le fruit d’une culture particulièrement répugnante et Bertrand aussi : voilà pourquoi dès qu’un peu de sentiment réel (la jalousie) surgit, une simple pulsion bêtement humaine, ancestralement barbare, trop mal refoulée depuis des lustres par un discours fallacieux sur le rapport entre les hommes sur cette planète, ça ne peut qu’aboutir à une explosion meurtrière. L’Affaire Cantat/Trintignant, c’est le dernier soubresaut de l’esprit de mai 68. Ultime avatar du soixante-huitardisme !... » (« Nadine et ses chiens », La Vérité n°1, novembre 2003)
  • « Finalement, dans ce monde de bourgeois, le seul qui a réussi à briser la nouvelle table des lois de l’inceste, c’est Bertrand Cantat. Il n’en est pas moins condamnable, mais son geste ne s’explique pas autrement que par une pulsion de haine irrépressible contre l’inceste évident auquel il était forcé d’assister par amour, et qui était d’autant plus évident qu’il était voilé par la bourgeoisie culturelle. Cantat, c’est un type qui a étouffé sous l’inceste trintignantesque. Il n’a pas pu se contrôler face à cette représentation théâtrale (en l’occurence un téléfilm) où la femme qu’il aimait, mais qui aimait son père et les pères de ses enfants plus que lui, allait toujours plus loin dans le jeu incestueux. Sans le savoir, la vision, pour le coup primordialement œdipienne, de Marie embrassant son fils aîné sous les caméras de sa mère à elle a dû détruire en Cantat quelque chose qui l’a poussé à commettre “l’irréparable”. Irréparable, irréparable... Cantat n’a pris que huit ans pour avoir tué un être humain, mais dans moins que ça, il sortira acclamé par ses fans aussi abrutis qu’avant, avec dans une main son album solo et dans l’autre son livre de confession intime (de la “littérature” bien sûr)... C’est déjà signé tout ça ! L’amant de Lady Trintignant ? Pas sûr... Opposer le prolo-beauf chanteur de rock à la grande bourgeoise de gauche dans leur conception antagoniste de l’amour ne suffit pas. [...] Cantat raconte que lorsqu’il s’est aperçu, après l’avoir assommée, qu’elle était tombée dans les pommes, pour la réveiller, il n’a rien trouvé de mieux pour la réveiller que de lui donner... d’autres gifles ! Même un chansonnier ne pourait pas inventer ça. Chaque époque mérite ses faits-divers mais aucune peut-être n’en a eu autant qui illustraient si bien sa grotesque tragédie contemporaine. » (« Les cent mille vierges de Fourniret », J’enfonce le clou, 2004, pp. 307-308)

Intégration littéraire

Notes et références