Jacques Mesrine

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Jacques Mesrine

Jacques Mesrine est un gangster révolutionnaire né le 28 décembre 1936 à Clichy et mort le 2 novembre 1979 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

C’est pendant son service militaire, à Charleville-Mézière en novembre 1979, juste avant d’aller à Mourmelon sous les ordres de Pierre Chanal, que Nabe apprend l'exécution par le commissaire Boussard de Jacques Mesrine, que Nabe admirait depuis sa jeunesse. Devenu écrivain, Nabe continuera à creuser la figure de Mesrine, sa biographie, ses écrits et les témoins de son entourage (l’un de ceux qui lui dira les choses les plus intéressantes sur Mesrine étant le chanteur Jean-Jacques Debout). En 2004, dans son journal La Vérité, Nabe publiera un texte de souvenirs inédits de Roger Knobelspiess, autre « voyou » emprisonné par l’État français et illustré par une photo du cadavre de Mesrine troué de balles et imprimée en rouge. La page de Knobelspiess était présentée ainsi :

« Au moment où Vincent Cassel a réussi à “désincarner” à l’écran Blueberry, nous sommes très inquiets d’apprendre que Claude Berri va produire un film sur la vie de Jacques Mesrine avec cet acteur dans le rôle titre. Il est temps de quitter le cinéma, et de revenir au réel. De 1976 à 1977, Roger Knobelspiess partage sa détention au QHS (Quartier de Haute Sécurité) de Fresnes avec “l’ennemi public n°1” Mesrine, il se souvient...[1] » 

En effet, Nabe ne cessera de fustiger le film de Jean-François Richet produit en 2008 par Thomas Langmann, sur un scénario d’Abdel Raouf Dafri, resté célèbre pour avoir mis Alain Finkielkraut hors de ses gonds dans Ce soir (ou jamais !), et avec Vincent Cassel et Ludivine Sagnier dans les rôles de Jacques Mesrine et de Sylvia Jeanjacquot, sa dernière compagne, blessée dans la BMW lors de l’assassinat du hors-la-loi en cavale par la police, et que Nabe a également toujours admirée.

Tout cela apparaîtra dans la courte intervention que Frédéric Taddeï a permis de faire à Marc-Édouard Nabe le 2 novembre 2009 pour les 30 ans de la mort de Mesrine dans Ce soir (ou jamais !) (voir l’article de l’émission). Il saluera notamment Sylvia Jeanjacquot :

Frédéric Taddeï : Sylvie Jeanjacquot, dont c’était la perruque qu’on a vu dans l’extrait du Soir 3 de l’époque. On croit que c’est la perruque de Mesrine, non, c’était…
Marc-Édouard Nabe : C’était son anniversaire ce jour-là et moi, aujourd’hui, j'ai une pensée pour elle, je lui souhaite un bon anniversaire malgré tout, parce que, elle, elle sait exactement ce qui s’est passé. Pour en revenir à ce film indigne qui a été fait avec Vincent Cassel, qui n’a rien à voir avec Mesrine, ni dans le charisme, ni la puissance, parce qu'ils en ont fait une sorte de psychopathe énervé, qui s’agite dans tous les sens, alors que pour faire ce qu’il a fait, il fallait être très calme et très déterminé. Sylvia Jeanjacquot a refusé de participer à ce film, on a essayé de l’acheter en lui payant 20 000 euros les droits de son livre, et elle a refusé, ce qui est tout à fait honorable et magnifique de sa part.

C'est à la fin de cette émission que Nabe prononcera cette phrase qui sera reprise souvent et partout (notamment par le Zapping de Canal+) : « À l’époque, les gens braquaient les banques, et aujourd’hui, c’est les banques qui braquent les gens ».

En septembre 2011, à l’occasion de la sortie de son livre racontant sa relation avec Mesrine, Sylvia Jeanjacquot critique elle aussi à la télévision le film de Richet et la prestation de Cassel, les considérant comme « grotesques » et « mensongers » :

Désaveu de Sylvia Jeanjacquot sur Mesrine, l’instinct de mort, septembre 2011

Citations

Nabe sur Mesrine

  • Mercredi 25 avril 1990. – […] Le soir, une émission sur Mesrine, avec son fils, un jeune Arabe vitupérant presque aussi fort que Sylvia Jeanjacquot, sa maîtresse borgne. Ils reviennent sur l’exécution de 79. Quelques témoins racontent sa vie. Les flics se rebiffent. Il y a même Jean-Jacques Debout qui l’a bien connu gosse. Debout rêvait d’une trompette[2]. “Un jour Jacques arrive à l’école et me tend un paquet : "Tiens, voilà ta trompette."” Ça c’est un geste ! Ce genre d’élan de voyou me ravit... Il faudra bien un jour que j’écrive sérieusement sur Mesrine, dans mes Capricornes peut-être, il ferait bien entre Cassius Clay et Pierre Loti, Milt Jackson et Drieu la Rochelle, Louis Jouvet, Saint-Simon et Guyotat ! » (Kamikaze, 2000, p. 3688)
  • « Lui, il ne niquait pas le show-business, il niquait toute une société, tout un pouvoir, toute une police. C’est beaucoup plus dur ! Parce qu'on oublie que pour avoir la vie qu’a eu Mesrine, il faut une énergie, une détermination, un aplomb et un sang-froid extraordinaires. C’est un métier, c’est pas un rigolo qui s’amusait à faire le gangster. C’est une véritable vocation depuis qu’il était enfant. Au début il était turbulent, puis délinquant, il a voulu braquer des banques, etc. Tout ça, ça demande beaucoup d’énergie. Et si vous étudiez sa vie anecdotiquement, épisode par épisode, vous voyez que c’est sans arrêt des choses à faire toute la journée, une inventivité. Alors, évidemment, ce n’est pas très moral, mais qu’est-ce que la morale aujourd’hui ? » (Ce soir (ou jamais !), France 2, 2 novembre 2009)
  • « Quand j’ai appris à Besson que Lançon avait reçu dans la joue une balle qui lui avait fracturé la mâchoire, il a pensé toute de suite à Mesrine. C’est de cette façon en effet que le grand Jacques en 1979 avait puni le journaliste-flic Jacques Tillier qui lui avait manqué de respect dans son journal Minute... Pour que dorénavant Tillier tourne plusieurs fois sa langue de pute dans sa bouche de con avant de parler, Mesrine lui avait enfoncé dedans le canon de son gun, et avait tiré. En joue, feu ! » (Patience 2, 2015, p. 108)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Chapô non-signé de l’article de Roger Knobelspiess, « Mesrine par Knobelspiess », La Vérité n°4, février 2004, p. 13.
  2. En vérité, il s’agissait d’une clarinette, comme Jean-Jacques Debout le précisera à Nabe lorsque celui-ci le questionnera vingt ans plus tard.