Satirix

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Couverture de Satirix n°27

Satirix est une revue de dessins d’humour, éditée par Lucien Grand-Jouan, dont une première série de numéros est parue dans les années 1970 : numéro 1 sur Jean Sennep (1971), jusqu’au numéro 25 sur Kaher (1976) et que Grand-Jouan, après avoir sorti un hors-série sur son oncle (Jules Grandjouan, numéro 26), relance en 2017 pour un 27e numéro consacré aux dessins que Nabe avait faits à l’âge de 15 ans et demi (1974 - 1975).

Le numéro s’intitule « Tabous par Nabe » et reprend quelques dessins déjà publiés dans Hara-Kiri mais, pour la plupart, des inédits, dont le fameux Palestinen déféquant un étron en forme d’étoile de David (dessin lors de l’exposition Hara-Kiri en 2014 à la galerie rue Pierre-le-Grand à Paris) qui n’a pas été sans discussion de la part de l’imprimeur tchèque de ce numéro de Satirix.

Éditorial de Grand-Jouan

Le SATIRIX revient après 41 ans de pause. Il est né en 1971 pour faire revivre l’esprit de L’Assiette au Beurre, la revue d’art politique et satirique dirigée pendant un certain temps par mon oncle Jules Grandjouan. De 1901 à 1912, cette revue a publié des numéros conçus, pour la plupart, par un seul artiste et dont certains sont entrés non seulement dans l’histoire de l’art, mais dans l’histoire elle-même. L’Assiette au Beurre a laissé s’exprimer librement les meilleurs dessinateurs de l’époque avec force et même violence sans la moindre censure, généralement sans aucun texte, pour donner un éclat particulier à l’image, créée avec la vigueur des meilleurs talents graphiques et classiques du genre tels que Steinlen, Jossot, Veber ou Grandjouan ; mais aussi de futurs peintres célèbres, souvent étrangers résidant à Paris comme Gris, Kupka, Vallotton ou Van Dongen. L’Assiette au Beurre est devenue une vraie plateforme de l’art politique européen dans une Europe morcelée.
Ayant rencontré, au début des années 1970, Jean Effel, célèbre dessinateur d’après-guerre, j’ai décidé de renouer avec cette tradition en créant Satirix et de faire appel aux plus grands talents de l’époque, Sennep, Dubout, Siné, Solo, Tetsu, Serre, Moisan, Pino Zac et bien d’autres dessinateurs français et étrangers. La saisie par le ministère de l’Intérieur (sur la demande du Premier ministre prévenu par l’ambassadeur soviétique !) du n° 23 de l’Italien Pino Zac, présentant, entre autres, les caricatures d’hommes politiques (dont Brejnev, Nixon, Pompidou ou encore Paul VI) affublés de leurs sexes, a stoppé et tué net cette revue née sans aucun capital autre que l’envie de la création satirique.
Les dessins considérés comme des œuvres d’art, étaient, pour les originaux publiés, vendus en dehors de l’édition ordinaire dans des reliures à tirage bibliophilique, lui conférant ainsi son titre de « la revue qu’on ne jette pas ».
Alors pourquoi, après 41 ans d’absence, renouer avec cette aventure ? La première raison, c’est l’amitié de collaborateurs souhaitant promouvoir le dessin satirique en Europe, car le grand « dessin synthèse », qu’est la caricature, est un art véritable. La deuxième raison est due à une longue connaissance de l’immense talent de Marc-Édouard NABE en tant qu’écrivain. Il se trouve qu’avant d’écrire, Nabe, alors âgé de 15 ans en 1974, est allé porter ses dessins à Hara-Kiri du professeur Choron (à défaut d’aller chez Satirix, puisque le journal était suspendu en raison du procès en cours.) C’est Wolinski qui le premier a éclaté de rire et engagé Nabe dans l’équipe. Plusieurs dessins ont été publiés, mais le futur auteur d’Au régal des vermines allait déjà si loin que Gébé refusa d’en publier certains qu’il trouvait un peu trop crus pour l’époque (même pour Hara-Kiri, journal par autodéfinition bête et méchant !). En les revoyant, quarante-deux ans après, violents, drôles, provocants et pleins des tabous de l’époque, j’ai décidé d’en constituer le premier numéro de la nouvelle série de Satirix. Car je constate que les tabous contemporains sont restés les mêmes, aussi hypocrites qu’avant.
À bon entendeur salut et riez si m’en croyez, n’attendez à demain, cueillez dès aujourd’hui les roses piquantes de Satirix renaissant.

Lucien Grand-Jouan

Télécharger et lire le numéro 27 de Satirix