Pierre Bénichou

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Pierre Bénichou

Pierre Bénichou est un journaliste né le 1er mars 1938 à Oran (Algérie française) et mort le 31 mars 2020 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Croisé avec son père depuis son adolescence, Bénichou suivra l’évolution du petit Zannini en Marc-Édouard Nabe, d’abord par l’intermédiaire de Michel Polac, puis par Delfeil de Ton, travaillant avec lui au Nouvel Observateur. On le voit passer ça où là dans les livres de Marc-Édouard Nabe et d’une façon toujours sympathique.

Citations

Nabe sur Bénichou

  • « Près du bar, un vieux type, très grand, en costume de bourgeois de gauche années 60, hurle de sa voix cassée :
— Moi j’en ai rien à foutre ! Qu’ils viennent m’arrêter, m’enfermer, me déporter si ça les amuse ! Je fume !
C’est Pierre Bénichoux, le chroniqueur de chez Ruquié, qui tonitrue. C’est fou comme il me rappelle le dramaturge Henry Bernstein, son sosie en à peine un peu moins laid. Pierre traîne tellement partout depuis quarante ans que tout le monde a l’impression d’être sorti avec lui toute sa vie. Comme il voit que je rigole de le revoir, toujours avide de public, ce cabot de Bénichoux s’approche...
— T’as du feu, mon petit gars ? me demande-t-il en tendant sa cigarette à la bouche.
Sandrine est obligée d’intervenir.
— On ne peut plus fumer ici, monsieur Bénichoux...
— Mais c’est une femme ! se retourne-t-il. “Le poète a toujours raison... Je déclare avec Aragon... La femme est l’avenir de l’homme
— C’est ça, c’est ça... Et je t’aime moi non plus... lui dit Sandrine en l’éloignant de notre table.
— Tu sais que ce n’est pas de Gainsbourg, ça ? lui rétorque Bénichoux en s’adressant très vite à tout le monde... Gainsbourg est un piqueur, c’est de Dali, le coup du “moi non plus”, au sujet de Picasso : “Il est communiste, moi non plus !” Gainsbourg est un voleur en tout : musique, paroles, bons mots. Fausse valeur ! Comme Luquini et Édouard Bäer ! Encore deux tantes refoulées qui ne savent pas parler aux femmes. Celui qui sait parler aux femmes, c’est le mec qui en voit une et qui aussitôt lui dit : “Toi, là, viens voir, je vais te tasser ta merde !”
Personne ne fait attention à Bénichoux qui prêche dans le vide. Viennent d’entrer justement Édouard Bäer et Benoît Poelvorde, se tenant l’un l’autre par le cou et débordant d’une joie de vivre forcée. Ils se font vite de la place au bar en parlant fort. Édouard, tout à sa perpétuelle et douloureuse déconnade au second degré, n’a même pas vu son frère Julien sur un tabouret, seul, comme une loque, ivre, qui cherche à voix haute le nom des animaux apparentés au fourmilier :
— Le tapir...
— Où sont passées les vraies tapettes d’antan ? se lamente Bénichoux. Ah, ils ont bien disparu, les Agostinelli !
Cette allusion proustienne, il n’y a que moi qui la relève, alors en partant, Bénichoux me dit :
— Monsieur, vous êtes l’honneur de la profession !
— Quelle profession ?
— Danseur de claquettes ! (L’Homme qui arrêta d’écrire, 2010, pp. 542-544)
  • « Je ne l’avais jamais fait encore : quitter un plateau de télévision ! Peu après, à la radio, lorsque Bénichou ferait mine de quitter le studio, Ruquier lui demanderait de ne pas faire « son Marc-Édouard Nabe ! ».
Le même Bénichou, plus tard, au Mathis, regrettant de ne pas avoir été présent ce jour-là à On a tout essayé, me lancerait en riant : « Il paraît que tu n’es plus fréquentable, éloigne-toi, ça me compromet ! »
— Je t’aurais défendu ! ajouterait-il en me caressant affectueusement la joue, avant de me présenter à un type :
— Nabe, le plus violent antisémite de Paris !
Bénichou reconnaîtrait avec moi que Miller était le dernier des abrutis, un pauvre psychanalyste véreux, mais que ce n’était pas à moi de le dire.
— Donc j’ai bien fait de partir ? lui demanderais-je.
— Oui ! me dirait Pierre. » (Les Porcs tome 1, 2017, p. 364)
  • « Quand il me vit, Bénichou s’interrompit et se retourna pour me serrer la main, solennellement et ironiquement à la fois, en criant tout fort :
— Oh, un antisémite !
— Oh, un Juif ! répliquai-je, je n’en avais jamais vu !
Et on s’embrassa comiquement, en grande complicité, comme toujours, dans une vraie scène de théâtre. Ardisson était sidéré et hilare.
— J’ai bien connu votre père, me dit Pierre, continuant à plaisanter.
— Et moi, je n’ai pas connu le vôtre... renchéris-je.
— Évidemment, il est mort à Auschwitz ! dit Bénichou, en se foutant délibérément de la gueule des Pieds-Noirs qui disaient que leurs parents étaient morts dans les camps.
Bénichou était le premier à se révolter contre tous ces Sépharades qui se la jouaient martyrs alors qu’ils avaient mangé des dattes pendant que les Ashkénazes sortaient en fumée des cheminées nazies.
— Tu écoutes Georges-Marc Benamou, il te dit que toute sa famille est morte à Birkenau !
Décidément ce Mathis devenait, sinon un Temple, une succursale du Sanhédrin. J’étais jugé plus ou moins gentiment sur la question de mon “antisémitisme” au moins une fois par semaine. » (Les Porcs tome 1, 2017, p. 535)
  • « C’est impossible qu’un Pierre Benichou, un des maîtres de l’humour juif hétéro à la parisienne, ne méprise pas, au fond de lui, les calembredaines permanentes, la calembourderie pitoyable d’une petite fiottasse goye normande et complexée telle que Laurent Ruquier qui lorsqu’il rit émet le son d’un dindon dont on arracherait les plumes du croupion ! » (« Couché, Ruquier ! », Nabe’s News n°23, 15 décembre 2019)
Affiche de publicité pour L’Homme qui arrêta d’écrire, 2010, avec un choix de personnages nommés (dont Pierre Bénichou)

Intégration littéraire

Notes et références