Frédéric Beigbeder

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Frédéric Beigbeder, 2020

Frédéric Beigbeder est un écrivain, journaliste, présentateur et chroniqueur télé et radio né le 21 septembre 1965 à Neuilly-sur-Seine.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

En mars 1988, Marc-Édouard Nabe rencontre fortuitement et furtivement Frédéric Beigbeder :

« Dimanche 27 mars 1988. — Dans la discothèque, je suis présenté au président du Caca’s club Frédéric Beigbeder, un grand exalté avec un menton pointu qui dit “m’admirer plus que tout”.[1] »

Durant la seconde moitié des années 1990, Frédéric Beigbeder publie des critiques élogieuses des livres de Marc-Édouard Nabe : Inch’Allah[2], Je suis mort[3], K.-O. et autres contes[4], Alain Zannini[5]. En septembre 2003, dans l’émission de Thierry Ardisson, Tout le monde en parle, venu présenter son dernier roman, Printemps de feu, Nabe attaque Beigbeder sur son apologie de l’Amérique et sa défense de la superficialité, six mois après le déclenchement de la guerre en Irak par les États-Unis. Beigbeder se vengera en multipliant les attaques et les piques sur l’œuvre et le destin de Nabe postérieurs à leur confrontation médiatique (par exemple, dans Premier bilan après l’apocalypse).

Nabe s’expliquera avec virulence encore sur Beigbeder dans une vidéo en plusieurs parties interrogé par Sébastien Bardos (Fluctuat, juin 2010).

Citations

Beigbeder sur Nabe

  • « Seul Nabe pouvait accomplir pareil exploit : me forcer à déménager à la place de Gaignault pour rédiger deux feuillets sur son journal intime. Car comment pourrais-je dire, dans ma petite colonne, combien sa lecture est nécessaire ? » (Elle, 4 novembre 1996, à propos de Inch’Allah)
  • « Ce qu'il y a de meilleur dans son livre, c'est sa description détaillée des effets du décès : notre civilisation est tellement angoissée par la mort qu'elle cache les cadavres dans des tiroirs de morgue, des urnes, des cercueils. Il est très rare que l'on raconte ce qui leur arrive ensuite. Les plus belles pages de Je suis mort sont celles où Nabe fait l'éloge de la solitude, du silence des macchabées, avec pour seule compagnie les asticots qui font guili-guili. (Le Figaro, 23 janvier 1998, à propos de Je suis mort)
  • « Maintenant qu'il a 40 ans, on va enfin pouvoir parler de Nabe normalement. L'ex-provocateur célinien, Marseillais d'origine gréco-turco-ritale, s'est assagi et même reproduit (Alexandre a 8 ans). Ses derniers livres (Je suis mort, roman chez Gallimard ; Loin des fleurs, poèmes au Dilettante ; Oui et Non, recueils d'articles au Rocher ; K.-O., contes au Rocher) auraient plutôt tendance à en faire une sorte de gentil ronchon mystique, jazzy et baroque. On est loin des dérapages du Régal des vermines, le pamphlet qui lui fît tant d'ennemis à ses débuts. Après avoir été haï et boycotté, il risque de lui arriver encore pire : être aimé. (En particulier dans son QG : le Baron, 6, av. Marceau, 75008 Paris.) » (Voici, 16 mars 1999)
  • « Disons que, pour ceux qui connaissent un peu cet auteur prolifique, Alain Zannini entrecroise ce qu'il a de meilleur : la sincérité de Je suis mort mêlée à la violence du Régal, et le lyrisme du Bonheur additionné à la tendresse de Lucette. [..] Lui que l'on prenait pour un fanfaron solide, un petit prétentieux sûr de lui, se révèle disciple de Don Quichotte, meurtri par la haine qu'il suscite (par sa faute), complètement paumé, abandonné de tous (surtout toutes), fauché et au bord de l'anéantissement. L'homme le plus seul du monde mettra 800 pages d'enquête à retrouver son journal intime volé par un pope, avec l'aide d'un inspecteur dont le nom signifie “petit clown”. C’est un puzzle qui joue à quitte ou triple. Beaucoup d'écrivains publient des romans sur eux-mêmes. Pourquoi aucun ne ressemble-t-il à Alain Zannini ? Parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font. Alléluia et voilà. (Voici, 16 septembre 2002, à propos d’Alain Zannini)
  • « Ah, il a raison ! Il a totalement raison. De toute façon, ça va se terminer comme ça. Tout le monde devrait faire comme lui. Ce serait bien si tout le monde faisait comme lui. On aurait 70 % au lieu de 10-15 % au mieux. Je pense que la technologie va nous amener à le faire de plus en plus. C’est un précurseur. J’aimerais beaucoup lire son livre, il faut que je l’achète. Il paraît qu’il y a un personnage qui me ressemble, qui est un peu ridicule. » (Salon du Livre, 30 mars 2010, à propos de l’anti-édition)

Après Tout le monde en parle (2003) et la lecture de L’Homme qui arrêta d’écrire (2010)

  • « Marc-Edouard Nabe imprime à compte d'auteur un ramassis de ragots mondains et d'attaques personnelles, est-ce A) le dernier écrivain libre ou B) un aigri que la jalousie rend haineux ? » (Voici, 18 avril 2010, à propos de L’Homme qui arrêta d’écrire)
  • « Il tenait autrefois son journal intime et c’est mon livre préféré de lui. » (France Culture, 11 octobre 2011)

Nabe sur Beigbeder

  • « De pubard déconneur dans l’ombre des vrais écrivains qu’il admirait dans les années 80, il est devenu maffieux cocaïné, un type qui a à son actif un nombre imposant de crimes contre la littérature... Dommage, s’il n’avait jamais écrit, ce que d’une certaine façon il a fait, il serait resté un type très sympa. (L’Homme qui arrêta d’écrire, 2010, p. 263)
  • « C’est l’une des plus grandes escroqueries de notre époque parce que derrière ça, il y a quelqu’un de très sérieux, de très calculateur et même, il y a plein de choses qu’on découvrira plus tard sur lui, qui vont effarer même ses meilleurs amis. C’est quelqu’un de très secret et de très caché, et qui n’est pas celui qu’on croit. Moi, comme je le connais bien, je peux en parler, et j’ai pas peur de le dire. Sous l’attitude de quelqu’un très drôle, très marrant, très déconneur, qui vante la superficialité, il y a quelqu’un aussi de très politique et de très calculateur dans sa volonté même de nuire, aussi bien aux auteurs qui peuvent lui faire de l’ombre que de se placer lui-même dans une certaine bourgeoisie des lettres, à des fins qui sont pas toujours très nettes. Et ça, c’est cette espèce de double face que moi j’aime bien révéler aussi, de montrer et de faire dire aux autres “attention, c’est pas le marrant que vous croyez”. Il est pas du tout marrant. C’est même l’un des personnages les plus sinistres. Alors, sous couvert de se faire plaindre lui-même, en se flagellant, en se disant “je suis une merde”, en espérant qu’on lui dise “mais non, t’es pas si une merde que ça, mais non, t’es quand même attendrissant”, c’est ça la théorie. En fait, au fond, il y a vraiment un type qui est vraiment une merde, qui le sait et qui ne supporte pas qu’on le voit. Il fait partie de ces gens qui ne supportent aucune critique. Ils ont le pouvoir, tout ce dont ils ont rêvé, pour réussir dans ce qu’ils croient être la littérature, alors que ce n’est que le monde des lettres, et ils sont malheureux ! Ils ont encore le luxe d’être malheureux. C’est-à-dire qu’ils veulent tout. Ils veulent en plus avoir du succès, être connu, de l’argent, de la reconnaissance, des prix littéraires, tout en continuant à se considérer comme une merde et de dire “je suis une merde”, mais ils ne supportent pas que quelqu’un puisse les critiquer ou leur faire comprendre qu’ils sont quand même pas au niveau. » (Entretien avec Sébastien Bardos, Fluctuat, juin 2010)
  • « Ah, Beigbeder… J’en ai tout dit, et pourtant, il y en a toujours à dire ! Il est l’incarnation de la lâcheté suprême de ce monde littéraire. Sur l’affaire Matzneff, encore une fois, Beigbeder a été exemplaire dans la minablerie ! C’est lui qui a été désigné comme le représentant du jury Renaudot, et il n’a pas échappé à la question Matzneff dans toutes les promos de son dernier navet… » (« J’accule... ! », Nabe’s News n°25, 11 mai 2020)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Inch’Allah, Éditions du Rocher, 1996, p. 2524.
  2. Frédéric Beigbeder, « Inch’Allah - journal intime 3 », Elle, 4 novembre 1996, p. 50.
  3. Frédéric Beigbeder, « Lettre d’outre tombe », Le Figaro, 23 janvier 1998.
  4. Frédéric Beigbeder, « Des nouvelles nouvelles », Voici, 16 mars 1999, p. 58.
  5. Frédéric Beigbeder, « Vie d’un fameux semeur de Zannini », Voici, septembre 2002.