Arletty

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Arletty, 1958

Léonie Bathiat, dite Arletty, est une actrice française née le 15 mai 1898 à Courbevoie et morte le 23 juillet 1992 à Paris.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

C’est en mai 1985, grâce à Pierre Monnier, que Marc-Édouard Nabe rencontre Arletty, avec Hélène, et le raconte en detail dans son journal intime :

« Elle ouvre. Une grande dame rose et blanche. Beaucoup moins décatie qu’on ne l’aurait cru. 85 ans dans cinq jours : un corps droit et sec, une peau orangée, un beau sourire, un nez parfait, une coiffure d’Antonio pour de beaux cheveux blancs, grandes mains, chemisier rose pâle Guy Laroche, pantalon ivoire, collier, petites chaussures : le tout très sain, très alerte… Le visage à peine ridé, un teint splendide, de grosses lunettes avec derrière deux yeux pas morts du tout qui semblent voir même, mouvants, rieurs encore...[1] »

En octobre 1988, Nabe est envoyé par Jean-Dominique Bauby pour interviewer Arletty pour Paris-Match, et retourne chez elle pour l’occasion[2]. L’interview, qui a lieu le 26 septembre, est racontée dans Kamikaze[3] :

« On commence notre “colloque” comme elle dit.
— C'est à vous d'attaquer, parce que moi, je réponds, je tranche, mais je ne sais pas attaquer !
Attaquons donc ! Sur les aphorismes, sur Chamfort, sur Racine (“Est-ce un si grand malheur que de cesser de vivre ?” aussi beau que “La vérité c’est la mort” de Céline — je rêve : Arletty me cite du Racine !), et même sur Gertrude Stein qu’Arletty a connue “dans une société snob” : “Elle était très typée…”
Sur les actrices vieillissantes qui acceptent de se laisser photographier, Arletty me dit que “c’est bien fait pour elles si on les abîme.”
— Moi, on ne peut pas dire que je suis une vieille clochière de 90 ans, parce que j’ai gardé la tempête dans la voix, alors je n’en souffre pas. Mais montrer ma gueule, oh non !
La Tempête dans la voix. Quel titre !
Ensuite, je la dirige vers Le Vigan… Céline… Elle parle librement : un à un, elle brise toujours les mêmes disques qu’elle a trop l’habitude de faire jouer à ses interlocuteurs sur son phonographes de souvenirs. Elle ne m’aura pas, mais la partie est coriace au début. Elle a un esprit solide qui ne se laisse pas mener par le bout du nez comme ça. Heureusement, je suis très fort pour faire parler les gens ! »

Citations

Arletty sur Nabe

  • « Marc-Édouard Nabe, c’est vraiment joli comme nom... » (mai 1985)

Nabe sur Arletty

  • « Marc-Édouard Nabe : Que pourriez-vous me donner comme conseil, vous qui avez soixante ans d’anarchisme d’avance sur moi ?
Arletty : Oh ! Je n’ai pas la recette ! En tout cas, j’aurais été de votre côté. Il faut les ridiculiser ! Oui, par le ridicule, par la satire. » (« La reine Anar », Paris-Match, 13 octobre 1988, repris dans Coups d’épée dans l’eau)
  • « Non, Arletty n’est pas “sympa”, elle est mieux que ça, elle est vivante. » (Tohu-Bohu, 1993, p. 1029)

Intégration littéraire

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, Tohu-Bohu, Éditions du Rocher, 1993, p. 1024.
  2. « Cette naïade, c’est Arletty », Paris-Match n°2055, 13 octobre 1988 ; retranscrit dans Marc-Édouard Nabe, « La reine Anar », Coups d’épée dans l’eau, Éditions du Rocher, 1999, pp. 109-112.
  3. Marc-Édouard Nabe, Kamikaze, Éditions du Rocher, 2000, pp. 2865-2868.