Professeur Choron : Différence entre versions

Sauter à la navigation Sauter à la recherche
Ligne 12 : Ligne 12 :
  
 
[[Fichier:Choron_4e_Patience2.png|thumb|center|upright=1|Quatrième de couverture de ''Patience 2'', 2015]]
 
[[Fichier:Choron_4e_Patience2.png|thumb|center|upright=1|Quatrième de couverture de ''Patience 2'', 2015]]
 +
 +
En 2017, dans [[Patience#(3) Israël/Auschwitz (décembre 2017)|Patience 3]] (''Israël/Auschwitz''), et plus particulièrement dans la partie ''Auschwitz'', Nabe reviendra sur Choron en relatant une conversation entre lui et [[Catsap]], visitant l’ancien camp de concentration, et mettant en corrélation l’absence d’humour des nazis et l’abondance bête et méchante de celui de [[Hara-Kiri]] :
 +
:« On ressort. Au bout de la première rangée de baraquements, j’aperçois un bâtiment avec une croix : sans doute le Carmel d’Auschwitz. On marche encore. Le seul wagon qui reste est un wagon de démonstration. Il est presque rouge acajou. Très beau. Avec le cadenas en énorme de marque Wermein. ''Au régal des Wermein''. 
 +
:Il y a même une petite cabane de chiottes à l’avant du wagon... Des gens apportent des pierres, des fleurs sur le marche-pied... Catsap, lui, y dépose un badge de Choron... Pour lui, le Professeur est directement lié à Auschwitz.
 +
:— Après Auschwitz, il ne pouvait y avoir que Choron. Ce qui a déterminé la naissance d’''[[Hara-Kiri]]'', c’est l’absence d’humour du nazisme et de l’Allemagne plus généralement : les Allemands n’ont strictement aucun humour, [[Rainer Werner Fassbinder|Fassbinder]] compris. Auschwitz n’a aucun humour. À part bien sûr “Le travail rend libre” et les camions de la Croix-Rouge remplis de Zyklon B.
 +
:Pour lui, il fallait ''Hara-Kiri'' pour compenser ce manque d’humour si bien incarné par les nazis jusqu’en 45. Et quinze ans après, ''Hara-Kiri'' naît !
 +
:— Sans Auschwitz, pas d’''Hara-Kiri'', je te dis ! Et pas de toi non plus... Car sans ''Hara-Kiri'', pas de Nabe. C’est une chaîne. Donc sans Auschwitz, il n’y a pas de Nabe !
 +
:— Je suis né d’un four crématoire bricolé par Choron !<ref>[[Marc-Édouard Nabe]], ''[[Patience#(3) Israël/Auschwitz (décembre 2017)|Patience 3]]'', [[L’anti-édition|anti-édité]], décembre 2017, p. 73.</ref> »
 +
 +
Dans la vidéo ''[[Patience#Patience in progress|Patience in progress]]'' (2018), sur cette question, on retrouvera un extrait de ''Catsap à Auschwitz'', illustrant la conversation de [[Marc-Édouard Nabe]] avec Laurent Dimitri, et filmée par [[David Vesper]].
 +
 +
[[Fichier:Patience_choron.mp4|thumb|center|upright=1.3|Extrait de ''[[Patience#Patience in progress|Patience in progress]]'', juin 2018]]
  
 
== Citations ==
 
== Citations ==

Version du 21 septembre 2020 à 19:58

Professeur Choron, 1982

Georges Bernier, dit le professeur Choron, est un patron de presse né le 21 septembre 1929 à La Neuville-aux-Bois et mort le 10 janvier 2005 à Paris. Il est le créateur, avec François Cavanna et Fred, de Hara-Kiri, puis de Charlie-Hebdo première période (1970 - 1982). On peut citer, entre mille choses qu’il a inventées pour Hara-Kiri et Charlie, la série des « Fiches Bricolages ».

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Lorsque Alain Zannini est venu présenter ses dessins d’humour à l’équipe de Hara-Kiri, en août 1974, il n’avait pas encore rencontré Choron. C’est deux mois après, en revenant rue des Trois-Portes, qu’il fait la connaissance du professeur qu’il lui remet son premier chèque de 400 francs en rétribution de sa page de dessins publiée. Choron découvre, en devant le libeller à son vrai nom, que « Nabe » est le fils de Marcel Zannini. Nabe aura l’occasion d’observer souvent Choron durant les bouclages de Charlie Hebdo auxquels il assistera dans les années 1970 avant d’abandonner sa carrière de dessinateur de presse. Après une longue absence, en 1984, en pleine écriture de son premier livre (qui deviendra Au régal des vermines en 1985), Nabe fréquente à nouveau l’équipe de Hara-Kiri, raconte tout ce qui s’y passe et retranscrit les monologues du professeur Choron dans son journal intime. Celui-ci (4 tomes = 4 000 pages) reste à ce jour un trésor pour les choroniens et le témoignage le plus authentique et sensible de l’une des personnalités qui a le plus influencée Nabe dès son enfance.

En novembre 1993, Choron apparaît dans le film de Fabienne Issartel, Tohu-Bohu, soirée de vernissage de la sortie du deuxième tome de son journal intime. En mai 1998, Choron et Nabe sont invités ensemble par Pascal Bataille et Laurent Fontaine sur Canal Jimmy, dans l’émission Le meilleur du pire, où ils parlent de la démocratie et de mai-68[1].

Choron et Nabe sur Canal Jimmy, 24 mai 1998

En 2009, Nabe apparaît dans le film de Pierre Carles et de Martin consacré aux dernières années du professeur Choron en acceptant d’être interrogé avec Vuillemin dans les locaux historiques du journal, situés rue des Trois-Portes à Paris. En août 2015, le second numéro du magazine de Nabe, Patience, est sous-titré « La vengeance de Choron », en référence à l’attaque de Charlie-Hebdo par les frères Kouachi en 2015, dans laquelle il voit une punition, inconsciente bien sûr, de l’équipe pour l’abandon du professeur par tous ceux qu’il avait contribué à faire connaître dans les années 1970 et qui ont rejoint Philippe Val quand ce dernier a voulu refonder Charlie-Hebdo en 1992. La quatrième de couverture de Patience 2 est un dessin réalisé par Marc-Édouard Nabe en 1984, « Choron de dos disparaissant dans sa fumée ».

Quatrième de couverture de Patience 2, 2015

En 2017, dans Patience 3 (Israël/Auschwitz), et plus particulièrement dans la partie Auschwitz, Nabe reviendra sur Choron en relatant une conversation entre lui et Catsap, visitant l’ancien camp de concentration, et mettant en corrélation l’absence d’humour des nazis et l’abondance bête et méchante de celui de Hara-Kiri :

« On ressort. Au bout de la première rangée de baraquements, j’aperçois un bâtiment avec une croix : sans doute le Carmel d’Auschwitz. On marche encore. Le seul wagon qui reste est un wagon de démonstration. Il est presque rouge acajou. Très beau. Avec le cadenas en énorme de marque Wermein. Au régal des Wermein
Il y a même une petite cabane de chiottes à l’avant du wagon... Des gens apportent des pierres, des fleurs sur le marche-pied... Catsap, lui, y dépose un badge de Choron... Pour lui, le Professeur est directement lié à Auschwitz.
— Après Auschwitz, il ne pouvait y avoir que Choron. Ce qui a déterminé la naissance d’Hara-Kiri, c’est l’absence d’humour du nazisme et de l’Allemagne plus généralement : les Allemands n’ont strictement aucun humour, Fassbinder compris. Auschwitz n’a aucun humour. À part bien sûr “Le travail rend libre” et les camions de la Croix-Rouge remplis de Zyklon B.
Pour lui, il fallait Hara-Kiri pour compenser ce manque d’humour si bien incarné par les nazis jusqu’en 45. Et quinze ans après, Hara-Kiri naît !
— Sans Auschwitz, pas d’Hara-Kiri, je te dis ! Et pas de toi non plus... Car sans Hara-Kiri, pas de Nabe. C’est une chaîne. Donc sans Auschwitz, il n’y a pas de Nabe !
— Je suis né d’un four crématoire bricolé par Choron ![2] »

Dans la vidéo Patience in progress (2018), sur cette question, on retrouvera un extrait de Catsap à Auschwitz, illustrant la conversation de Marc-Édouard Nabe avec Laurent Dimitri, et filmée par David Vesper.

Citations

Choron sur Nabe

  • « Tu sais, il y a des génies, comme ça, qui savent tout faire ! Il sait jouer de la musique, il sait dessiner, il sait écrire ! C’est rare des gens comme ça ! C’est très rare ! Et quand j’ai vu la couverture de son livre, je me dis “qui a fait cette peinture extraordinaire ?”. Nabe ! C’était lui. Et quand je lis son bouquin, c’est encore lui ! » (24 novembre 1993)

Nabe sur Choron

  • « Mardi 5 février [1985]. — [...] Choron sourit comme un ange... Un ange on le reconnaît à son sourire. Sa petite moustache, son crâne, son regard : comment résister à ce charme atroce ? Ce qui me plaît chez Choron, c’est qu’il vit avant Jésus-Christ, avant Marx et même avant Freud. Il émane de sa personne une barbarie innée à côté de laquelle les libertés des autres paraissent retenues. Il n’a pas le vice d’une seule qualité, l’obstacle d’un seul goût, le conscience d’une seule idée. Il ne sait même pas ce que signifie le mot “tabou”. Comme l’eau célinienne, il n’a pas d’opinion, ce qui lui permet de tout sentir, de tout oser. » (Nabe’s Dream, 1991, p. 808)

Intégration littéraire

Voir aussi Tohu-Bohu, le film de Fabienne Issartel (1994)

Nabe et Choron, novembre 1993

Portraits

Notes et références

  1. Marc-Édouard Nabe, « La révolutionnette de 68 », Coups d’épée dans l’eau, Éditions du Rocher, 1999, pp. 466-473.
  2. Marc-Édouard Nabe, Patience 3, anti-édité, décembre 2017, p. 73.