My wiki:Éphéméride/21 septembre

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1832 : Mort de l'écrivain Sir Walter Scott (voir Éphéméride du 15 août).
1866 : Naissance de l'écrivain Herbert George Wells (voir Éphéméride du 13 août).
1907 : Jean Giraudoux embarque au Havre pour New York.
1913 : Georges Bernanos devient le directeur du journal monarchiste L’Avant-Garde de Normandie.
1914 : Naissance de Slam Stewart, contrebassiste de génie noir américain de jazz. Il n'a pas transformé l'instrument, il s'est transformé en instrument ! Beaucoup de grands jazzmen ont inventé, en s’imposant des contraintes, des choses impossibles, par exemple : Roland Kirk qui joue de trois saxos à la fois ; Wes Montgomery qui se passe de médiator pour jouer de la guitare ; ou encore Freddie Green qui ne joue que les quatre temps sans jamais prendre un seul solo chez Count Basie ; ou alors Yussef Lateef que ça amuse de jouer des standards avec un hautbois ; ou Howard Johnson avec un tuba, etc, etc. Slam Stewart a inventé un jeu de basse unique, c'est-à-dire qu'il chante ses solos à l'octave en s'accompagnant en même temps à l'archet, ou plutôt, il joue à l'archet des solos qui sont chantés par lui à l'octave : mettez ça dans l'ordre que vous voulez, en tout cas, personne n'avait jamais fait ça. Il sera copié plus tard par un ou deux autres bassistes mais jamais égalé. Et ce n'est pas un tour de cirque… Les solos à l'archet que compose, car il ne s'agit de rien d'autre qu'une composition, Slam Stewart sont remarquables par leur finesse, leur élaboration, leur intelligence, leur mélodie et leur humour (ô les citations de Slam !). On peut les chanter nous-mêmes, on peut les retranscrire sur partition, ce sont de véritables œuvres d’art. Ils ont l'air si fluides qu'on a l'impression que Slam les a pensés d'avance, mais non : s'il arrive à chanter si juste ce qu’il est en train de jouer, c'est que dans sa tête, il chante le solo qu'il est en train d'exécuter sur son instrument, et ça c'est un grand secret des vrais musiciens de jazz (Nabe en avait d'ailleurs parlé avec Lee Konitz). Dans le cas de Slam Stewart, c'est la première fois que ça se faisait en direct devant l'auditeur et c'était logique que ce miracle soit accompli par un bassiste puisqu'il n'a pas se servir de sa bouche pour souffler dans un instrument. Slam ne pouvait que trop bien coller avec un autre musicien très original qui, lui, jouait du piano les mains à l'envers et qui était Slim Gaillard (encore une référence nabienne, voir dans son Journal). « Slim et Slam » ont formé un duo qui eut beaucoup de succès dans l'Amérique de la fin des années 30, début 40. On les voit en mitrons dans le film Hellzapoppin’ (1941), leur tube c'était Flat Foot Floogie (with a Floy Floy), ils brillaient dans des espèces de petits opéras swinguants avec un langage quasi-joycien mâtiné de Lewis Carroll et inventé par Slim. Bref, Slam Stewart, non seulement était un grand improvisateur, mais il faut aussi tenir compte de lui comme énorme accompagnateur à la basse. Sans être un virtuose comme Ron Carter ou un monstre comme NHOP, ou un rentre-dedans à la Ray Brown, Stewart avait une pulsation d'un swing irrésistible : tempo d'acier et harmonies passées avec grâce. Si on devait donner un seul exemple, ce serait la prestation en duo que Slam Stewart à la basse et Don Byas au ténor ont enregistrée le 9 juin 1945 au Town Hall. Deux morceaux ultra célèbres qui ont mis par terre des générations de saxophonistes ténors jusqu'à Archie Shepp, et autant de bassistes qui peuvent toujours courir pour faire swinguer comme ça leur « grand-mère ». Indiana et I got rythm sont les deux étendards du jazz le plus savant l’air de rien, léger, époustouflant et notamment sur le plan harmonique : la fameuse descente en Fa# septième sur l’anatole en Si bémol par Byas et Stewart qui le suit sera utilisée par tous les boppers qui suivront (Monk en tête). Dizzy Gillespie en bavait encore dans les années 80… Slam Stewart est aussi visible dans un film de 1947 très noir qui s’appelle Boy! What a Girl!, en particulier dans une scène à pleurer qui se passe dans un appartement et où Slam, avec quelques comparses, joue un thème qu'il chante aussi, Oh Me, Oh My, Oh Gosh, pendant que les convives dansent, rigolent, boivent, draguent, déconnent, fument, kiffent. Une leçon pour tous les afters si tristes de ce temps...
1929 : Naissance du professeur Choron (évoqué par Nabe dans le Journal intime, Au régal des vermines, Chacun mes goûts, Coups d’épée dans l’eau, Patience 2, Les Porcs 1, Aux Rats des pâquerettes, Les Porcs 2).
1936 : Naissance de Sunny Murray, batteur de jazz noir américain, l'un des trois innovateurs de la batterie free jazz des années 60-70, avec Ed Blackwell et Milford Graves. Sunny Murray reste celui qui a cassé le premier les codes d'accompagnement du batteur swinguant chargé de soutenir le soliste par son tempo et ses accentuations, codes mis en place à l'époque classique puis rénovés par Kenny Clarke au moment du bebop. Murray aura marqué à jamais les sessions les plus extraordinaires de Cecil Taylor en trio (avec Jimi Lyons) et d'Albert Ayler (notamment avec Don Cherry), apportant aux orchestres sa touche fantomatique à lui, extrêmement inquiétante, par ses coups portés jusqu'à l'effroi sur la caisse claire avec sa baguette tenue à l’envers, et ses relances sur les toms qui ressemblent plus à quelqu'un qui tombe dans les escaliers qu’à des fioritures batteristiques. Sunny installe un climat plus qu'il n'accompagne, c'est un déluge, noyant littéralement les autres musiciens dedans. Ce n'est pas pour rien que son père était pasteur ! S’il a commencé par s'inspirer de Big Sid Catlett, et d'ailleurs il en avait la carrure, ce n'est pas du tout à la légère, car les coups que Sunny porte à sa caisse claire viennent directement de ceux que portait Big Sid lui-même à la sienne dans un contexte de jazz dit « middle » avec Louis Armstrong, ou un peu plus tard bebop avec Parker et Gillespie. Murray n'est pas un architecte comme Elvin Jones, ni un sculpteur comme Art Blakey, c’est un danseur de la batterie, il n'est pas le seul, mais dans la période Free, c'est lui qui est allé le plus loin dans une espèce de danse des sept voiles permanente, ne se contentant pas de faire tomber la tête d'un seul Jean Baptiste, menaçante, vrombissante, grondante comme mille orages… Il ne voulait pas qu'on entende seulement de la batterie quand il jouait, mais aussi des crashs de voiture, des crachements de volcan, des aboiements de chiens enragés et des tsunamis. Murray cherchait à détraquer tous les métronomes de la Terre. Ses roulements sont ceux de nuages dans le ciel en pleine nuit noire, quelquefois sa grosse caisse balance une bombe, de celles qui font les bons attentats ou qui tombent du ciel. Le jeu de Sunny est également reconnaissable par ses espèces de gémissements, de plaintes, de mugissements de douleur comme ceux d’un bébé géant sous la torture, agrémentés des grimaces et des tics de son visage dont il est pris lorsqu’il joue, la bouche ouverte, comme s’il dormait… Ça aussi, ça vient de quelque part, de ses origines Choctaw (comme Sam Woodyard) qui font de lui un Noir indien chez qui remontent, comme des bourdonnements lancinants et des cris étouffés, les restes de la mémoire des Peaux-Rouges massacrés qui pratiquaient la « danse des fantômes » pour faire revenir les morts de leur peuple décimé. À noter également que dans le jeu même de Sunny, dans son flot continu de harcèlement des trois cymbales placées hautes et de celles de sa charleston actionnée de façon incessante comme prise d'affolement, il y a aussi les huées que le batteur a entendues lorsqu'il jouait, notamment, avec Cecil Taylor puis avec Albert Ayler (ses plus belles années) dans les salles scandalisées, en Amérique, mais aussi en Europe, où ils se faisaient tous énormément siffler et conspuer. Après avoir « accompagné », si on peut dire donc, le tout free jazz, Sunny Murray s’est lancé dans le déploiement de ses compositions personnelles, à la tête d'orchestres sous sa direction, touffus, turbulents, rassemblant à la fois des membres de l’Art ensemble of Chicago aussi bien que des soufflants freelance comme Byard Lancaster, Kenneth Terroade, John Tchicai, Clifford Thornton, Arthur Jones, et Dave Burrell au piano… Ces disques-là, de 1969, tous sortis sous le label BYG bien sûr, Sunshine ; An Even Break (Never Give A Sucker) ; Suns of Afrika, sont absolument munificents, somptueux comme des tapis volants mordorés errant dans le ciel sans jamais redescendre… Sortes de fresques sonores grandissantes au fur et à mesure de l'écoute, cérémonies solennelles pour rites inconnus, inconnus mais africains… N’oublions pas que Sunny Murray a participé au Festival panafricain d'Alger, en cette même année 1969, parrainé par Boumédiène, et où Sunny, Archie Shepp, Alan Silva et quelques autres, se sont mêlés aux musiciens touaregs pour une apothéose musicale dix fois plus subversive que Woodstock à la même époque. C'est là que le poète Ted Joans prononça la phrase historique « We are come back ! » pour signifier au public arabe et africain que tout Noirs américains qu'ils étaient, les freejazzmen se sentaient avant tout africains et qu'ils étaient de retour. Un film de William Klein a fixé pour l'éternité cet événement. Évoqué par Nabe dans La Marseillaise (1989).
1950 : Naissance de l'acteur Philippe Caubère (évoqué par Nabe dans Nabe's News — « Zanini est mort », numéro 33, 12 juin 2023).
1960 : Naissance de Fabienne Issartel (évoquée par Nabe dans Tohu-Bohu, Inch'Allah, Kamikaze).
1965 : Naissance de Frédéric Beigbeder (évoqué par Nabe dans Inch’Allah, Coups d'épée dans l'eau, L’Homme qui arrêta d’écrire, Les Porcs 1, Les Porcs 2).
1972 : Mort de l'écrivain Henry de Montherlant.
1983 : Philippe Muray reçoit Marc-Édouard Nabe chez lui.
1985 : En 15 rounds, le boxeur Michael Spinks met au tapis Larry Holmes (évoqué par Nabe dans Tohu-Bohu, 1993).
1986 : Nabe écrit un texte sur Rainer Werner Fassbinder, « La Grande Ourse ».
1987 : Mort du bassiste de jazz Jaco Pastorius.
1988 : Jean-Dominique Bauby propose à Nabe d’interviewer Arletty pour Paris Match.
2001 : Nabe commence l’écriture d’Une lueur d’espoir.
2011 : Mort de l'actrice Paulette Dubost (voir Éphéméride du 8 octobre).