My wiki:Éphéméride/30 septembre : Différence entre versions

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1897 : [[Léon Bloy]] commence la rédaction de son ''Exégèse des lieux communs''.<br>  
 
1897 : [[Léon Bloy]] commence la rédaction de son ''Exégèse des lieux communs''.<br>  
 
1917 : Naissance de [[Buddy Rich]], [[:Catégorie:Batteurs|batteur]] de [[Thèmes#Le jazz|jazz]] blanc américain. Très blanc et très américain, trop blanc dirons certains, mais il est étonnant qu’un tel Blanc ait été si sollicité par les Noirs, quelquefois même plus que d'autres batteurs noirs. Pourquoi ? Parce que d'abord, Buddy était un monstre de virtuosité technique qui impressionnait les plus grands du jazz, tous instruments confondus, par exemple : voir la tête réjouie et sidérée de [[Charlie Parker]] grimaçant de joie à regarder Buddy Rich friser la caisse claire dans un film précieux de [[Gjon Mili]] en 1950 où ils jouent tous les deux avec [[Ray Brown]] ''Celebrity''. Et n’oublions pas que [[Lester Young]] et [[Nat King Cole]], deux immenses musiciens noirs devant l’Éternel (noir aussi), ont choisi pour les accompagner en trio (1951) Buddy Rich qui s’est montré là aussi sobre aux balais (comme il le sera d'ailleurs avec [[Art Tatum]]) qu'il pouvait ne pas l'être du tout en big band, ou dans une toute autre formation tonitruante. Ensuite, si Buddy Rich était si apprécié, c’est parce que c’était une grande gueule, et plus que ça : un bagarreur, une ceinture noire de karaté, qui insultait fréquemment ses musiciens (blancs, on l'a trop peu remarqué), une sorte de dictateur des drums. L’un d’eux d'ailleurs avait dit : « ''Je suis venu dans ce groupe pour jouer de la musique, pas pour rejoindre les Marines !'' » Plusieurs fois, Buddy s'est battu physiquement avec Frank Sinatra jusqu'à ce qu'ils deviennent inséparables. Il pouvait être aussi vexant que méprisant : quand Parker choisit [[Max Roach]] pour l’accompagner, Buddy Rich en fut super jaloux, mais comme il était très honnête musicalement, il a reconnu que Max était un grand (et comment !). Avec les petits jeunes aussi, il n'était pas du meilleur caractère : un jour, [[Billy Cobham]], batteur impressionnant des années 70, était venu admiratif lui demander de lui signer sa caisse claire dans un club. Rich la laissa exprès tomber dans l'escalier, patatras, et il aurait très bien pu ajouter : « Tu vois, mec, comme ça, elle fait un meilleur son que tu ne pourras jamais obtenir en frappant dessus ! » Un biopic de Buddy Rich aurait très bien pu être réalisé ou par [[Martin Scorsese|Scorsese]] ou par [[John Cassavetes|Cassavetes]] ! Dernière chose à son actif : grand admirateur de [[Sam Woodyard]], le batteur de [[Duke Ellington]], lorsque celui-ci est tombé malade dans des années 70 et qu'il était paralysé des jambes et ne pouvait donc plus jouer de batterie, Buddy Rich l'a engagé dans son propre big band sans lui donner la fonction de batteur bien sûr puisqu'il l'occupait lui-même, mais en le mettant aux bongos, et Sam a joué comme un dieu avec ses mains ses rythmes choctaws, au plus grand ravissement de Buddy qui a permis ainsi à l'un des plus grands batteurs du monde de survivre. Il y a un contraste en effet entre la technique sèche et blanche mais estomaquante de Buddy Rich par ses croisements de bras, ses roulements d'une seule main, ses tricotages de baguettes, ses bombes au pied, ses découpages de cymbales comme à la scie électrique, et son exigence absolue de grande musicalité. Il ne prônait pas un entraînement excessif : « ''Je pense que c'est une erreur de croire que plus vous pratiquez, plus vous devenez meilleur. Vous pouvez vous améliorer en vous asseyant dans un sous-sol avec une batterie et pratiquer, mais si vous ne jouez pas avec un groupe, vous n'apprendrez pas le style, la technique et le goût, vous n'apprendrez pas comment jouer''. » La veille de sa mort, le 1<sup>er</sup> avril 1987, comme Buddy Rich devait subir une opération chirurgicale, l'infirmière lui demanda s'il était allergique à quelque chose (elle pensait à un médicament bien sûr), et Rich a répondu : « ''Il y a une seule chose à laquelle je suis allergique, c'est la musique'' country'' !'' »<br>
 
1917 : Naissance de [[Buddy Rich]], [[:Catégorie:Batteurs|batteur]] de [[Thèmes#Le jazz|jazz]] blanc américain. Très blanc et très américain, trop blanc dirons certains, mais il est étonnant qu’un tel Blanc ait été si sollicité par les Noirs, quelquefois même plus que d'autres batteurs noirs. Pourquoi ? Parce que d'abord, Buddy était un monstre de virtuosité technique qui impressionnait les plus grands du jazz, tous instruments confondus, par exemple : voir la tête réjouie et sidérée de [[Charlie Parker]] grimaçant de joie à regarder Buddy Rich friser la caisse claire dans un film précieux de [[Gjon Mili]] en 1950 où ils jouent tous les deux avec [[Ray Brown]] ''Celebrity''. Et n’oublions pas que [[Lester Young]] et [[Nat King Cole]], deux immenses musiciens noirs devant l’Éternel (noir aussi), ont choisi pour les accompagner en trio (1951) Buddy Rich qui s’est montré là aussi sobre aux balais (comme il le sera d'ailleurs avec [[Art Tatum]]) qu'il pouvait ne pas l'être du tout en big band, ou dans une toute autre formation tonitruante. Ensuite, si Buddy Rich était si apprécié, c’est parce que c’était une grande gueule, et plus que ça : un bagarreur, une ceinture noire de karaté, qui insultait fréquemment ses musiciens (blancs, on l'a trop peu remarqué), une sorte de dictateur des drums. L’un d’eux d'ailleurs avait dit : « ''Je suis venu dans ce groupe pour jouer de la musique, pas pour rejoindre les Marines !'' » Plusieurs fois, Buddy s'est battu physiquement avec Frank Sinatra jusqu'à ce qu'ils deviennent inséparables. Il pouvait être aussi vexant que méprisant : quand Parker choisit [[Max Roach]] pour l’accompagner, Buddy Rich en fut super jaloux, mais comme il était très honnête musicalement, il a reconnu que Max était un grand (et comment !). Avec les petits jeunes aussi, il n'était pas du meilleur caractère : un jour, [[Billy Cobham]], batteur impressionnant des années 70, était venu admiratif lui demander de lui signer sa caisse claire dans un club. Rich la laissa exprès tomber dans l'escalier, patatras, et il aurait très bien pu ajouter : « Tu vois, mec, comme ça, elle fait un meilleur son que tu ne pourras jamais obtenir en frappant dessus ! » Un biopic de Buddy Rich aurait très bien pu être réalisé ou par [[Martin Scorsese|Scorsese]] ou par [[John Cassavetes|Cassavetes]] ! Dernière chose à son actif : grand admirateur de [[Sam Woodyard]], le batteur de [[Duke Ellington]], lorsque celui-ci est tombé malade dans des années 70 et qu'il était paralysé des jambes et ne pouvait donc plus jouer de batterie, Buddy Rich l'a engagé dans son propre big band sans lui donner la fonction de batteur bien sûr puisqu'il l'occupait lui-même, mais en le mettant aux bongos, et Sam a joué comme un dieu avec ses mains ses rythmes choctaws, au plus grand ravissement de Buddy qui a permis ainsi à l'un des plus grands batteurs du monde de survivre. Il y a un contraste en effet entre la technique sèche et blanche mais estomaquante de Buddy Rich par ses croisements de bras, ses roulements d'une seule main, ses tricotages de baguettes, ses bombes au pied, ses découpages de cymbales comme à la scie électrique, et son exigence absolue de grande musicalité. Il ne prônait pas un entraînement excessif : « ''Je pense que c'est une erreur de croire que plus vous pratiquez, plus vous devenez meilleur. Vous pouvez vous améliorer en vous asseyant dans un sous-sol avec une batterie et pratiquer, mais si vous ne jouez pas avec un groupe, vous n'apprendrez pas le style, la technique et le goût, vous n'apprendrez pas comment jouer''. » La veille de sa mort, le 1<sup>er</sup> avril 1987, comme Buddy Rich devait subir une opération chirurgicale, l'infirmière lui demanda s'il était allergique à quelque chose (elle pensait à un médicament bien sûr), et Rich a répondu : « ''Il y a une seule chose à laquelle je suis allergique, c'est la musique'' country'' !'' »<br>
1928 : Naissance de [[Elie Wiesel]], témoin et donneur de leçons roumain, naturalisé américain, prix Nobel de la paix en 1986. Oui, il est passé par Auschwitz (comme [[Primo Levi]]), mais a été très vite transféré à Buchenwald, et ça lui a servi pour faire toute une carrière, pendant plus de 70 ans, en délayant son témoignage jusqu’à l’indécence. Très proche en France du président [[François Mitterrand|Mitterrand]],  Elie Wiesel est devenu une espèce de mascotte culpabilisatrice omniprésente dans les années 80, le totem vénéré de la Shoah, ce qui ne pouvait que déplaire à [[Claude Lanzmann]], et à juste titre. Pourtant au début, Lanzmann, quand il a commencé en 1973 à travailler sur son ''Shoah'', pensait faire d’Elie Wiesel « ''un des protagonistes du film'' », mais de son propre aveu, il a été déçu comme il l’a dit dans une interview à France Inter en 2016 où Lanzmann était censé rendre hommage à son collègue antinazi qui venait de clamser, et où il eut tout le mal à se faire entendre : « ''Je ne suis pas fanatique d’Elie Wiesel à beaucoup d’égards. Je suis allé le voir avec sa femme à New York, j'ai dîné avec eux au Russian Tea Room de la 57e Avenue et il s'est passé quelque chose d'extraordinaire : quand j’ai annoncé ça à Wiesel, ça n'était pas un projet, c'était une demande, une commande même, j'ai cru que je commettais un crime de lèse-majesté, ou que je lui annonçais la fin du monde… Pourquoi ? L'idée que je réalise ''Shoah'' semblait le rendre fou. Je crois que l'explication est simple : la Shoah c'était son domaine à lui, et moi je n'étais pas survivant d'un camp, voilà, c'est tout, et alors à partir de ce moment-là, les choses deviennent très très compliquées.'' » Outrée par ses propos, la journaliste l'interrompit en lui demandant de ne « ''pas oublier les victimes'' ». Qu'est-ce qu’il s'en fout des victimes, [[Claude Lanzmann]] ! Comme tous les vrais compétents sérieux en matière de camps de la mort, ce qui l'intéresse, ce sont les bourreaux et la façon dont a fonctionné la machine infernale, mais ça évidemment, ça ne peut que passer au-dessus des petites têtes bourrées de peur des bien-pensants : « ''Ben'', continua Lanzmann, ''évidemment qu’il ne faut pas oublier les victimes. On ne les oublie pas, mais pourquoi m’interrompez-vous pour me dire cela ? J’avais commencé à vous expliquer quelque chose qui devient incompréhensible si vous ne me laissez pas aller jusqu’au bout.'' » - « ''Claude Lanzmann, est-ce que je peux me permettre de vous couper ?'' » - « ''Non ! J'ai pas envie que vous me coupiez… Quand ''Shoah'' est sorti aux États-Unis, ç’a été un grand triomphe et tous les gens attendaient de savoir ce que Elie Wiesel en avait pensé et Elie Wiesel n'écrivait pas, ça a pris des mois, et il a fini par écrire dans le ''New York Times'' un étonnant article où il ne parlait ni du film, ni de celui qui l’avait fait, mais où il a dit simplement : “J'aurais bien aimé connaître les protagonistes de ''Shoah'' pour leur serrer la main !” Voilà !'' » Évidemment, les complotistes se sont servis des critiques acerbes de Lanzmann pour remettre en question la véracité du témoignage de Wiesel, allant jusqu'à affirmer que ce n'était pas lui sur la photo à Buchenwald couché dans un coya, ou alors que son tatouage était inexistant sur son avant-bras, et même qu’il n'était jamais allé dans aucun camp… Non il y est allé, mais comme disait encore Claude Lanzmann, dans une phrase merveilleuse pour laquelle [[Marc-Édouard Nabe]] lui avait téléphoné aussitôt pour l'en féliciter : « ''Ceux qui sont allés à Auschwitz n'ont pas connu des chambres à gaz et ceux qui ont connu les chambres à gaz n'ont pas connu Auschwitz !'' » Évoqué par [[Marc-Édouard Nabe|Nabe]] dans ''[[L'Enculé]]'' (2011) où l’auteur imagine [[Dominique Strauss-Kahn]] en prison se torcher avec le célèbre livre d’Elie Wiesel ''La Nuit'' (1958), offert par sa femme [[Anne Sinclair]] (rires garantis), et lu en direct par [[Guy Birenbaum]] sur les antennes d'Europe 1, le 20 octobre 2011 (voir ''[[Les Porcs (deuxième tome)|Les Porcs 2]]'', chapitre CI « Le problème, c'est que Dominique Strauss-Kahn a la diarrhée », pp. 279-284). <br>
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1928 : Naissance de [[Elie Wiesel]], témoin et donneur de leçons roumain, naturalisé américain, prix Nobel de la paix en 1986. Oui, il est passé par Auschwitz (comme [[Primo Levi]]), mais a été très vite transféré à Buchenwald, et ça lui a servi pour faire toute une carrière, pendant plus de 70 ans, en délayant son témoignage jusqu’à l’indécence. Très proche en France du président [[François Mitterrand|Mitterrand]],  Elie Wiesel est devenu une espèce de mascotte culpabilisatrice omniprésente dans les années 80, le totem vénéré de la Shoah, ce qui ne pouvait que déplaire à [[Claude Lanzmann]], et à juste titre. Pourtant au début, Lanzmann, quand il a commencé en 1973 à travailler sur son ''Shoah'', pensait faire d’Elie Wiesel « ''un des protagonistes du film'' », mais de son propre aveu, il a été déçu comme il l’a dit dans une interview à France Inter en 2016 où Lanzmann était censé rendre hommage à son collègue antinazi qui venait de clamser, et où il eut tout le mal à se faire entendre : « ''Je ne suis pas fanatique d’Elie Wiesel à beaucoup d’égards. Je suis allé le voir avec sa femme à New York, j'ai dîné avec eux au Russian Tea Room de la 57e Avenue et il s'est passé quelque chose d'extraordinaire : quand j’ai annoncé ça à Wiesel, ça n'était pas un projet, c'était une demande, une commande même, j'ai cru que je commettais un crime de lèse-majesté, ou que je lui annonçais la fin du monde… Pourquoi ? L'idée que je réalise ''Shoah'' semblait le rendre fou. Je crois que l'explication est simple : la Shoah c'était son domaine à lui, et moi je n'étais pas survivant d'un camp, voilà, c'est tout, et alors à partir de ce moment-là, les choses deviennent très très compliquées.'' » Outrée par ses propos, la journaliste l'interrompit en lui demandant de ne « ''pas oublier les victimes'' ». Qu'est-ce qu’il s'en fout des victimes, [[Claude Lanzmann]] ! Comme tous les vrais compétents sérieux en matière de camps de la mort, ce qui l'intéresse, ce sont les bourreaux et la façon dont a fonctionné la machine infernale, mais ça évidemment, ça ne peut que passer au-dessus des petites têtes bourrées de peur des bien-pensants : « ''Ben'', continua Lanzmann, ''évidemment qu’il ne faut pas oublier les victimes. On ne les oublie pas, mais pourquoi m’interrompez-vous pour me dire cela ? J’avais commencé à vous expliquer quelque chose qui devient incompréhensible si vous ne me laissez pas aller jusqu’au bout.'' » - « ''Claude Lanzmann, est-ce que je peux me permettre de vous couper ?'' » - « ''Non ! J'ai pas envie que vous me coupiez… Quand ''Shoah'' est sorti aux États-Unis, ç’a été un grand triomphe et tous les gens attendaient de savoir ce que Elie Wiesel en avait pensé et Elie Wiesel n'écrivait pas, ça a pris des mois, et il a fini par écrire dans le ''New York Times'' un étonnant article où il ne parlait ni du film, ni de celui qui l’avait fait, mais où il a dit simplement : “J'aurais bien aimé connaître les protagonistes de ''Shoah'' pour leur serrer la main !” Voilà !'' » Évidemment, les complotistes se sont servis des critiques acerbes de Lanzmann pour remettre en question la véracité du témoignage de Wiesel, allant jusqu'à affirmer que ce n'était pas lui sur la photo à Buchenwald couché dans un coya, ou alors que son tatouage était inexistant sur son avant-bras, et même qu’il n'était jamais allé dans aucun camp… Non, il y est allé, mais comme disait encore Claude Lanzmann, dans une phrase merveilleuse pour laquelle [[Marc-Édouard Nabe]] lui avait téléphoné aussitôt pour l'en féliciter : « ''Ceux qui sont allés à Auschwitz n'ont pas connu des chambres à gaz et ceux qui ont connu les chambres à gaz n'ont pas connu Auschwitz !'' » Évoqué par [[Marc-Édouard Nabe|Nabe]] dans ''[[L'Enculé]]'' (2011) où l’auteur imagine [[Dominique Strauss-Kahn]] en prison se torcher avec le célèbre livre d’Elie Wiesel ''La Nuit'' (1958), offert par sa femme [[Anne Sinclair]] (rires garantis), et lu en direct par [[Guy Birenbaum]] sur les antennes d'Europe 1, le 20 octobre 2011 (voir ''[[Les Porcs (deuxième tome)|Les Porcs 2]]'', chapitre CI « Le problème, c'est que Dominique Strauss-Kahn a la diarrhée », pp. 279-284). <br>
 
1964 : Naissance de l'[[:Catégorie:Acteurs|actrice]] [[Monica Bellucci]]. Rencontrée et évoquée par [[Marc-Édouard Nabe|Nabe]] dans ''[[L'Homme qui arrêta d'écrire]]'', 2010.<br>
 
1964 : Naissance de l'[[:Catégorie:Acteurs|actrice]] [[Monica Bellucci]]. Rencontrée et évoquée par [[Marc-Édouard Nabe|Nabe]] dans ''[[L'Homme qui arrêta d'écrire]]'', 2010.<br>
 
1983 : [[Marc-Édouard Nabe|Nabe]] écoute chez [[Francis Paudras]] des enregistrements inédits de [[Thelonious Monk]].<br>
 
1983 : [[Marc-Édouard Nabe|Nabe]] écoute chez [[Francis Paudras]] des enregistrements inédits de [[Thelonious Monk]].<br>

Version actuelle datée du 30 septembre 2023 à 23:34

1207 : Naissance de Jalal Ud Din Rumi, mystique et poète persan soufi. Initiateur de la confrérie des derviches tourneurs fondée dans la ville de Konya qui en firent leur Mevlana. Son grand œuvre, c’est le Mesnevi : 25 000 distiques en vers racontant 424 histoires allégoriques, métaphoriques, ou moralistes sur les hommes et Dieu inspirées de certains versets du Coran, et toujours apologétiques du Tawhid. Déjà très captivé au début des années 90 par les derviches tourneurs qui ont suscité beaucoup de tableaux qu'il a peints, Nabe approfondira sa connaissance de Rumi par le texte dans la traduction complète du Mesnevi publiée par son éditeur Jean-Paul Bertrand aux éditions du Rocher. L'auteur de L'Âge du Christ nourrira ainsi pendant une petite décennie une passion pour le Mevlana, en vérité jusqu’aux attentats du 11-Septembre en 2001 et à ses voyages au Moyen-Orient, notamment à Bagdad en 2002 et en 2003, où il recentra son intérêt sur le sunnisme et ses conséquences politiques dans ce début du vingt-et-unième siècle. Pour être plus exact encore, c'est lors d'un voyage à Istanbul en 2003, avec son fils Alexandre et Shéhérazade, que Nabe verra comme un signe, et même comme un chant du cygne, la fin de sa « période Rumi » en ratant d’une seule minute le train (les Turcs sont très précis, en tout cas, les chefs de gare) qui devait emmener le trio à Konya, la ville même du maître persan. Évoqué dans L’Âge du Christ (1992) et Visage de Turc en pleurs (1992).
1732 : Naissance à Genève de Jacques Necker, financier et homme politique suisse dont le licenciement par le roi Louis XVI déclencha rien de moins que la Révolution française (voir Éphéméride du 12 juillet).
1791 : Première de La Flûte enchantée, de Mozart au Theater auf der Wieden de Vienne (Autriche).
1859 : Geronimo venge le meurtre de sa mère, de sa femme et de ses trois enfants par l’armée mexicaine par un carnage sanglant en représailles. C'est même de là qu'il a tiré son nom, car les Mexicains effrayés par l'assaut des Peaux-rouges furieux invoquaient comme des cons de catholiques Saint Jérôme dont la fête tombait ce jour-là (30 septembre) : « Geronimo ! Geronimo ! » hurlaient-ils pour se protéger des foudres et des flèches indiennes. C'est ce qui donna l'idée au grand guerrier apache de prendre ce nom, à partir de là et pour l'Éternité.
1897 : Mort de Thérèse de Lisieux.
1897 : Léon Bloy commence la rédaction de son Exégèse des lieux communs.
1917 : Naissance de Buddy Rich, batteur de jazz blanc américain. Très blanc et très américain, trop blanc dirons certains, mais il est étonnant qu’un tel Blanc ait été si sollicité par les Noirs, quelquefois même plus que d'autres batteurs noirs. Pourquoi ? Parce que d'abord, Buddy était un monstre de virtuosité technique qui impressionnait les plus grands du jazz, tous instruments confondus, par exemple : voir la tête réjouie et sidérée de Charlie Parker grimaçant de joie à regarder Buddy Rich friser la caisse claire dans un film précieux de Gjon Mili en 1950 où ils jouent tous les deux avec Ray Brown Celebrity. Et n’oublions pas que Lester Young et Nat King Cole, deux immenses musiciens noirs devant l’Éternel (noir aussi), ont choisi pour les accompagner en trio (1951) Buddy Rich qui s’est montré là aussi sobre aux balais (comme il le sera d'ailleurs avec Art Tatum) qu'il pouvait ne pas l'être du tout en big band, ou dans une toute autre formation tonitruante. Ensuite, si Buddy Rich était si apprécié, c’est parce que c’était une grande gueule, et plus que ça : un bagarreur, une ceinture noire de karaté, qui insultait fréquemment ses musiciens (blancs, on l'a trop peu remarqué), une sorte de dictateur des drums. L’un d’eux d'ailleurs avait dit : « Je suis venu dans ce groupe pour jouer de la musique, pas pour rejoindre les Marines ! » Plusieurs fois, Buddy s'est battu physiquement avec Frank Sinatra jusqu'à ce qu'ils deviennent inséparables. Il pouvait être aussi vexant que méprisant : quand Parker choisit Max Roach pour l’accompagner, Buddy Rich en fut super jaloux, mais comme il était très honnête musicalement, il a reconnu que Max était un grand (et comment !). Avec les petits jeunes aussi, il n'était pas du meilleur caractère : un jour, Billy Cobham, batteur impressionnant des années 70, était venu admiratif lui demander de lui signer sa caisse claire dans un club. Rich la laissa exprès tomber dans l'escalier, patatras, et il aurait très bien pu ajouter : « Tu vois, mec, comme ça, elle fait un meilleur son que tu ne pourras jamais obtenir en frappant dessus ! » Un biopic de Buddy Rich aurait très bien pu être réalisé ou par Scorsese ou par Cassavetes ! Dernière chose à son actif : grand admirateur de Sam Woodyard, le batteur de Duke Ellington, lorsque celui-ci est tombé malade dans des années 70 et qu'il était paralysé des jambes et ne pouvait donc plus jouer de batterie, Buddy Rich l'a engagé dans son propre big band sans lui donner la fonction de batteur bien sûr puisqu'il l'occupait lui-même, mais en le mettant aux bongos, et Sam a joué comme un dieu avec ses mains ses rythmes choctaws, au plus grand ravissement de Buddy qui a permis ainsi à l'un des plus grands batteurs du monde de survivre. Il y a un contraste en effet entre la technique sèche et blanche mais estomaquante de Buddy Rich par ses croisements de bras, ses roulements d'une seule main, ses tricotages de baguettes, ses bombes au pied, ses découpages de cymbales comme à la scie électrique, et son exigence absolue de grande musicalité. Il ne prônait pas un entraînement excessif : « Je pense que c'est une erreur de croire que plus vous pratiquez, plus vous devenez meilleur. Vous pouvez vous améliorer en vous asseyant dans un sous-sol avec une batterie et pratiquer, mais si vous ne jouez pas avec un groupe, vous n'apprendrez pas le style, la technique et le goût, vous n'apprendrez pas comment jouer. » La veille de sa mort, le 1er avril 1987, comme Buddy Rich devait subir une opération chirurgicale, l'infirmière lui demanda s'il était allergique à quelque chose (elle pensait à un médicament bien sûr), et Rich a répondu : « Il y a une seule chose à laquelle je suis allergique, c'est la musique country ! »
1928 : Naissance de Elie Wiesel, témoin et donneur de leçons roumain, naturalisé américain, prix Nobel de la paix en 1986. Oui, il est passé par Auschwitz (comme Primo Levi), mais a été très vite transféré à Buchenwald, et ça lui a servi pour faire toute une carrière, pendant plus de 70 ans, en délayant son témoignage jusqu’à l’indécence. Très proche en France du président Mitterrand, Elie Wiesel est devenu une espèce de mascotte culpabilisatrice omniprésente dans les années 80, le totem vénéré de la Shoah, ce qui ne pouvait que déplaire à Claude Lanzmann, et à juste titre. Pourtant au début, Lanzmann, quand il a commencé en 1973 à travailler sur son Shoah, pensait faire d’Elie Wiesel « un des protagonistes du film », mais de son propre aveu, il a été déçu comme il l’a dit dans une interview à France Inter en 2016 où Lanzmann était censé rendre hommage à son collègue antinazi qui venait de clamser, et où il eut tout le mal à se faire entendre : « Je ne suis pas fanatique d’Elie Wiesel à beaucoup d’égards. Je suis allé le voir avec sa femme à New York, j'ai dîné avec eux au Russian Tea Room de la 57e Avenue et il s'est passé quelque chose d'extraordinaire : quand j’ai annoncé ça à Wiesel, ça n'était pas un projet, c'était une demande, une commande même, j'ai cru que je commettais un crime de lèse-majesté, ou que je lui annonçais la fin du monde… Pourquoi ? L'idée que je réalise Shoah semblait le rendre fou. Je crois que l'explication est simple : la Shoah c'était son domaine à lui, et moi je n'étais pas survivant d'un camp, voilà, c'est tout, et alors à partir de ce moment-là, les choses deviennent très très compliquées. » Outrée par ses propos, la journaliste l'interrompit en lui demandant de ne « pas oublier les victimes ». Qu'est-ce qu’il s'en fout des victimes, Claude Lanzmann ! Comme tous les vrais compétents sérieux en matière de camps de la mort, ce qui l'intéresse, ce sont les bourreaux et la façon dont a fonctionné la machine infernale, mais ça évidemment, ça ne peut que passer au-dessus des petites têtes bourrées de peur des bien-pensants : « Ben, continua Lanzmann, évidemment qu’il ne faut pas oublier les victimes. On ne les oublie pas, mais pourquoi m’interrompez-vous pour me dire cela ? J’avais commencé à vous expliquer quelque chose qui devient incompréhensible si vous ne me laissez pas aller jusqu’au bout. » - « Claude Lanzmann, est-ce que je peux me permettre de vous couper ? » - « Non ! J'ai pas envie que vous me coupiez… Quand Shoah est sorti aux États-Unis, ç’a été un grand triomphe et tous les gens attendaient de savoir ce que Elie Wiesel en avait pensé et Elie Wiesel n'écrivait pas, ça a pris des mois, et il a fini par écrire dans le New York Times un étonnant article où il ne parlait ni du film, ni de celui qui l’avait fait, mais où il a dit simplement : “J'aurais bien aimé connaître les protagonistes de Shoah pour leur serrer la main !” Voilà ! » Évidemment, les complotistes se sont servis des critiques acerbes de Lanzmann pour remettre en question la véracité du témoignage de Wiesel, allant jusqu'à affirmer que ce n'était pas lui sur la photo à Buchenwald couché dans un coya, ou alors que son tatouage était inexistant sur son avant-bras, et même qu’il n'était jamais allé dans aucun camp… Non, il y est allé, mais comme disait encore Claude Lanzmann, dans une phrase merveilleuse pour laquelle Marc-Édouard Nabe lui avait téléphoné aussitôt pour l'en féliciter : « Ceux qui sont allés à Auschwitz n'ont pas connu des chambres à gaz et ceux qui ont connu les chambres à gaz n'ont pas connu Auschwitz ! » Évoqué par Nabe dans L'Enculé (2011) où l’auteur imagine Dominique Strauss-Kahn en prison se torcher avec le célèbre livre d’Elie Wiesel La Nuit (1958), offert par sa femme Anne Sinclair (rires garantis), et lu en direct par Guy Birenbaum sur les antennes d'Europe 1, le 20 octobre 2011 (voir Les Porcs 2, chapitre CI « Le problème, c'est que Dominique Strauss-Kahn a la diarrhée », pp. 279-284).
1964 : Naissance de l'actrice Monica Bellucci. Rencontrée et évoquée par Nabe dans L'Homme qui arrêta d'écrire, 2010.
1983 : Nabe écoute chez Francis Paudras des enregistrements inédits de Thelonious Monk.
1984 : Nabe regarde L’Inconnu (1927) de Tod Browning.
1985 : Mort de Simone Signoret.
1989 : Fermeture de la piscine Molitor (Paris 16e), inaugurée en 1929 par le nageur olympique Johnny Weissmuller (Tarzan au cinéma). Fréquentée au début des années 80 par Nabe et Hélène, surtout pour son atmosphère et sa merveilleuse architecture art déco. Évidemment, Gabriel Matzneff, toujours de très mauvais goût, préférait la piscine Deligny pour draguer avec son ignoble copain Roland Jaccard. On voit aussi la piscine Molitor dans le très beau film vraiment romantique Dites-lui que je l'aime (1977) de Claude Miller avec Dominique Laffin et Gérard Depardieu au sommet, comme dans tout ce qu'il fait. Depardieu plongeant, en rêve, tout habillé avec Dominique Laffin en robe de mariée dans la piscine Molitor est une fin de film digne de Jean Vigo (celui de Taris, pas seulement de L’Atalante). Évoquée par Nabe dans son Journal (Tohu-Bohu, 1993).
2005 : Le journal danois Jyllands-Posten publie 12 caricatures, « Les visages de Mahomet » (évoqué par Nabe dans Patience 2, 2015, et dans Les Porcs 1, 2017).
2019 : Mort à 91 ans de André Gaillard, humoriste duettiste avec Teddy Vrignault dans Les Frères ennemis dont la particularité était de faire se croiser un dialogue absurde et très rapide entre les deux protagonistes jouant sur les mots. Grandes vedettes des années 70, Les Frères ennemis furent fauchés littéralement par la disparition soudaine, le 1er novembre 1984, de Teddy qu'on n'a jamais pu ni expliquer, ni élucider. Gaillard s'est retrouvé d’une heure à l’autre tout seul, il a essayé un peu de prolonger sa carrière avec une femme, mais c'était raté. Plus inconsolable que n'importe quel veuf, il vécut pendant près de 35 ans au chômage. Cette mystérieuse volatilisation inexplicable de Vrignault, qu'on a attribuée à un suicide, à une fugue, un enlèvement, un règlement de comptes sans jamais pouvoir l'affirmer, donna une puissance au visage comique d'André Gaillard, bien connu dans les films de Jean Yanne ou dans les émissions populaires de la télé comme La Classe. Rencontré une fois par Nabe et son père Zanini dans la rue à Saint Germain, où l'écrivain put sonder en lui parlant, avec l'humanité qui le caractérise, la détresse métaphysique d'un clown pour le coup vraiment tragique, qui était comme amputé de son partenaire, ce qui lui donnait une dimension shakespearienne.