My wiki:Éphéméride/20 septembre

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1819 : Naissance du peintre Théodore Chassériau.
1879 : Naissance de Victor Sjöström, cinéaste et acteur suédois (évoqué par Nabe dans Les Porcs 2 et Nabe's News — « Le cinéma, c'est ça », numéro 32, 14 octobre 2022).
1934 : Naissance de Sophia Loren, bombe, bombasse, bonasse, ultra sexy, bandante, avec des seins, une taille, des hanches, des yeux, des sourcils, des cils, une bouche, des mains, une voix, un sourire, une démarche, des cuisses, des cheveux… Bref, tout ce que n'ont pas les actrices d'aujourd'hui, italiennes ou pas. À l'âge de 16 et 18 ans, Sophia apparaît les seins nus dans ses premiers films. Playboy en 1957 se servira d'une de ses photos de jeunesse pour soi-disant la planter, mais ça ne gêne pas Sophia qui punit les amateurs de rinçage de l'œil en disant qu'elle ne pourra pas toujours se mettre nue, parce que « Sophia Loren nue, ça représente beaucoup de nudité ». C’est vrai que lorsqu’elle se met nue, elle est plus nue que les autres (ça rappelle la phrase de Victor Hugo « une femme nue est une femme armée » souvent citée par Nabe), mais qu'est-ce que ça veut dire pour une femme d'être plus nue que les autres ? Ça veut dire qu'on a plus encore envie de la baiser parce qu'elle en montre plus que ce que montrent les autres quand elles sont « seulement » nues, par le regard et la grâce des mouvements. Sophia n’a pas été qu'un physique, mais un moral, si on peut dire, car le choix de ces rôles est toujours d’une grande intelligence éthique. C'est toujours des personnages qui respirent l'humanité, bonnes et mauvaises odeurs mélangées. La Loren a tourné huit films avec Vittorio De Sica dont des chefs-d'œuvre (presque tous) où elle est d'une puissance farouche. Par exemple L’Or de Naples (1953) où Sophia est une pizzaïola trompeuse grandiose ou alors Hier, aujourd'hui et demain (1963) d'après Eduardo de Filippo, en pute Mara qui se striptease devant le séminariste Mastroianni, et aussi dans Mariage à l’Italienne (1964), toujours d’après Eduardo, en Filumena (encore une pute) qui filoute encore Mastroianni, ou encore Le Voyage (1974), peu connu, avec Richard Burton... Elle n'est pas moins bonne dans les films de Dino Risi, La femme du prêtre (1971) ou Le signe de Vénus (1955) ou chez Lattuada, Monicelli, etc. Chez Cayatte, dans le peu vanté Le Verdict (1974), elle s'affronte à Jean Gabin avec une grande aisance, comme dans cet autre film encore plus décrié, La Comtesse de Hong Kong (1967), le dernier de Charlie Chaplin, où elle tient la dragée haute à Marlon Brando en comtesse russe. Tout se passe dans un bateau. Ou alors chez Etorre Scola (Une journée particulière, 1977) en grand cœur recueillant l'homo Mastroianni. Mais c’est évidemment dans La Ciociara (1960), peut-être son sommet chez De Sica, où elle se sublime en mère italienne avec sa fille en errance, plus que chahutées par les sauveurs alliés américains venus délivrer l'Italie du grand méchant Mussolini. Au début, De Sica avait prévu de faire jouer la mère par Anna Magnani et la fille par Sophia. Très bonne idée d'un duo qui s’annonçait historique à l'écran mais Magnani a refusé, alors Vittorio a décalé : il a fait de Sophia la mère, plus jeune ce qu'il avait prévu, et lui a flanqué une fille, plus jeune aussi, d'à peine 13 ans, et ça fonctionne, et plus que ça ! À 50 ans, La Loren a fait trois semaines de prison en Italie à cause du fisc, et à 71, elle a posé à poil pour les calendriers Pirelli… « Le sex-appeal, c'est 50% ce que vous avez, et 50% ce que les gens pensent que vous avez ». La boucle est bouclée ; bouclée comme sa toison (qu’on imagine, bien sûr…). La meuf est vivante, elle a 89 ans et elle habite… Genève. C'est pas beau, ça ?
1947 : Naissance de Patrick Poivre d'Arvor, journaliste français. Pour de tout autres raisons, PPDA, c'est comme Pierre Palmade : pas grand monde va lui fêter son anniversaire aujourd’hui.
1973 : Mort du saxophoniste de jazz Ben Webster (évoqué par Nabe dans Au régal des vermines, L'Âme de Billie Holiday, Petits Riens sur presque tout, Coups d'épée dans l'eau).
1979 : Assassinat de Pierre Goldman, vers 12h20, sur une place du 13e arrondissement à Paris, par deux hommes lui tirant à bout portant neuf balles de pistolets : l’un, deux balles ; l'autre, sept. C'est la fin d'une histoire démente d'escroquerie intellectuelle sur fond de gangstérisme et d'idéologie gauchiste dévoyée. On a dit que l'exécution avait été revendiquée par le groupe de flics vengeurs « Honneur de la Police », qui se plaignait du laxisme du Pouvoir et de la Justice qui avait libéré et blanchi Goldman, le gaucho. Puis, il fut démontré que c'était plutôt l'œuvre d'un mélange de DST, de RG et de SAC, comme l'a révélé un ami de Marc-Édouard Nabe, le documentariste Michel Despratx, dans son film. En tout cas, c’était de la flicaille… 15 000 personnes à son enterrement, avec un nombre considérable de vedettes du showbiz, de la politique, des médias, du journalisme, de la littérature et de la philosophie… Tous avaient participé à l'innocentisation de Goldman accusé du crime pour lequel il avait déjà purgé six ans de prison préventive avant un procès spectaculaire dans le sens « société du spectacle » (tiens, on ne sait pas trop ce que Guy Debord pensait de Pierre Goldman…), où tout Paris était là pour l'applaudir en tant qu’auto-avocat clamant sa non-culpabilité… On connaît l'histoire : en 1969, Goldman, s’était attaqué à une pharmacie (Delaunay), boulevard Richard Lenoir, laissant sur le carreau deux pharmaciennes tuées net + un client blessé. Arrêté quatre mois après, en 1970, il a toujours nié, même si on a retrouvé chez lui les armes du hold-up, et il multipliera les alibis plus douteux les uns que les autres. Mais comme il portait en lui ce discours, pour ne pas dire cette crécelle, gauchiste mise au point depuis le Venezuela (comme Carlos !) où il avait séjourné, et même du temps qu'il était le fils de ses parents juifs victimes du nazisme, toute la gauche de l'époque, post-68 et déjà mitterrandienne, l’a soutenu d'une façon hystérique : avocats comme maître Kiejman, amis comme Régis Debray, soutiens comme Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, sans parler de la Signoret et de son Montand, et même de Pierre Barouh chez qui il vivait aussi à un moment donné (encore une référence nabienne — voir, ou plutôt écouter, La dernière rumba de Django). Bref, tous au garde-à-vous devant le pauvre martyr Goldman, un peu fou OK, mais tellement drôle et si bien huilé dans son militantisme politique… En plus, en 1975, il écrit un livre en prison et qui devient un best-seller, le nouveau Petit Livre Rouge, rouge sang, d'un voyou sympa qui se raconte et qui n'a pas choisi son titre au hasard, Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France (plus démago tu meurs, de honte). Goldman n’était pas du tout anarchiste, mais militant sioniste, pro-Israël, très chatouilleux sur la question. Les pré-bobos des années 70 en ont fait un innocent idéal, pour servir la cause (du peuple évidemment). Les mémères se pâmaient devant l'écriture du ténébreux « révolutionnaire » doué pour tout (sauf pour la vérité peut-être…). Quand « Pierrot » est libéré après des mois de lutte judiciaire et de magouilles juridiques, c'est la fête. Il joue, il danse il drague, il tonitrue dans les boîtes. C’est le nouveau Capitaine Dreyfus réhabilité qui danse la salsa ! Toujours dans son élan de fanfaron et de forfanteur, il publie un deuxième livre en 77, mais celui-là a beaucoup moins d'écho. Dedans, il donne tous les éléments pour valider sa culpabilité, parce que lui-même se sentait coupable d'avoir été jugé innocent. Il savait qu'il avait tué des pharmaciennes. Donc ce fut contre-productif pour toute la gauche qui le lâche à ce moment-là, et qui le trouve gonflé de cracher dans la soupe refroidie. C'est évidemment ce second livre, L'Ordinaire Mésaventure d'Archibald Rapoport : roman, qui est beaucoup plus intéressant que le premier, psychiquement, psychiatriquement et psychanalytiquement déjà et, sur le plan juif, n’en parlons pas : instructif sur la haine du mensonge chez soi, ce qui va de soi. En 2005, même Michaël Prazan a fait un documentaire pour démontrer la culpabilité de Goldman, ce qui fut très mal apprécié chez les judéophiles pour qui Goldman était une sorte de héros. Il faudra quarante ans pour que les langues les plus chargées se délient. Régis Debray lui-même aura des doutes et finira par l’écrire dans le livre Les Masques qu'il présentera à Apostrophes en 1988 en même temps que Nabe son Bonheur. Il expliquera très bien à quel point son « frère d'armes », celui dont il avait écrit la préface de son best-seller, était loin d'être innocent. Pour une fois, Debray est impeccable et honnête, c'est son côté protestant : « Quand on s’est rêvé Manouchian, on ne peut se voir affubler la peau d’un petit malfrat butant deux pharmaciennes pour piquer dans la caisse, sans se faire porter absent. Goldman ne pouvait pas plus se supporter coupable que disculpé. Quant à l’intelligentsia, à laquelle je dois beaucoup, rien de plus aisé que de la faire marcher comme un seul homme quand on est derrière les barreaux et qu’on a un brin de plume. Elle se sent tellement coupable de ses mains blanches qu’un faux innocent aux mains sales fera toujours un martyr adorable. » La messe des faux culs est dite ! Hypnotisme collectif de toute une classe cherchant un bouc émissaire positif de ses propres turpitudes ! Que Pierre Goldman, mauvais garçon, grande gueule, anti-police, etc., ait servi de transfert à toute une partie de la gauche dégonflée et bourgeoise qui n'osait pas faire comme lui, passe encore… Le problème, c'est qu'ils ont tous menti, alors qu'ils savaient tous qu'il était coupable. Et c'est bien par-là que le bât de la bourgeoisie blesse : elle n'a pas voulu défendre un coupable (ça se fait), elle a voulu défendre un innocent, alors elle l'a fabriqué. Bien sûr, Goldman était coupable d'avoir tué les deux pharmaciennes, seulement la gauche n'a jamais voulu l'assumer. Et c'est là où c'est elle qui est coupable. Peut-être plus encore. Pas de couilles, cette gauche, on le savait, mais au point de mentir, et de faire passer un coupable pour un innocent, dans son seul intérêt idéologique, non. Ça rappelle la couverture de faux-témoignages qui avait été mise en place par toute la rédaction d’Hara-Kiri pour protéger Roger Knobelspiess quand il avait été accusé d'un nouveau braquage au début des années 80 (voir le journal de Nabe à ce sujet). Tout pour ne pas scinder la cohésion de groupe face à une société « de droite » à laquelle, en plus, tous ces bourgeois collaboraient, participaient et se corrompaient tous les jours. Spécialisé dans le braquage des pharmacies et dans les velléités d'enlèvements (Lacan, par exemple, qui a désarmé Goldman en un seul regard lorsque son ravisseur a essayé ; ou bien Jean-Edern Hallier, au rapt duquel il a fini par renoncer, ce qui donnera plus tard à Hallier l'idée d'organiser le sien lui-même), Goldman aura finalement toujours frôlé un destin qui aurait pu être intéressant, sans arriver à l’atteindre. Il se sera contenté de se laisser porter par ses fans de gauche qui peu à peu ont compris qu'il n’était après tout qu'un minable braqueur et un tueur d'apothicaires du onzième arrondissement, ce qui n'était pas très reluisant… Il a été en quelque sorte manipulé par eux tous, mais aussi par lui-même parce qu’au fond, il savait qu'il n'avait pas l'envergure de sa réputation. Goldman n'a été ni un guérillero en Amérique latine, ni un soixante-huitard actif, ni un grand écrivain, ni un grand Journaliste. Il aurait pu être un psy lacanien, un homme de Carlos, un compagnon de Che Guevara, un adjoint de Mesrine, un éditorialiste de Libération, un nouveau Jean Genet hétéro racontant ses méfaits et sa prison, un militant contre les conditions carcérales, une tête du parti communiste, un grand avocat de gauche. Rien. Goldman, c'est le type qui n'a pas su être, comme il le rêvait, Vergès, Cohn-Bendit, Régis Debray, Serge July, Benny Lévy dans un seul homme… Tant pis, Hombre ! Jamais rencontré par Nabe bien sûr, mais souvent évoqué par lui avec Pierre Bénichou dans leurs nuits de confidences…
1986 : Nabe assiste au Zénith de Paris à la « Nuit du jazz Canal Plus » à laquelle participent, entre autres, Claude Nougaro et Miles Davis (voir Inch'Allah, pp. 1785-1789).
1987 : Nabe achève sa relecture du Bonheur avec René Caumer.
1988 : Mort du batteur de jazz Sam Woodyard (évoquée par Nabe dans Kamikaze).
1989 : Dans Le Quotidien de Paris, Nabe répond à l’enquête « Comment faire véritablement scandale aujourd’hui ? » (repris dans Coups d’épée dans l’eau, 1999).
2008 : Affichage du septième tract de Nabe, Sauver Siné (évoqué par Nabe dans Les Porcs 1, chapitre CCXIII « La Calimero de l'antisémitisme », pp. 655-661).