My wiki:Éphéméride/18 août

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1750 : Naissance de Antonio Salieri, compositeur italien, médiocre (on le sait) et jaloux de Mozart (c'est connu aussi), mais de là à lui mettre sur le dos la mort de Wolfgang qui serait en « vérité » un « meurtre » fomenté et perpétré par lui, non ! Cette thèse conspi est partie d'une pièce de Pouchkine, Mozart et Salieri, 1830 (mise en musique par Rimski-Korsakov) et reprise par Peter Shaffer pour en faire Amadeus dont Miloš Forman tira un film à succès en 1987. Cela dit, il est évident que Salieri était jaloux de Mozart et qu'il lui voulait du mal. Les arguments avancés pour dire le contraire sont sophistiques : Salieri avait plus de succès que Mozart donc il ne pouvait pas l'envier ; Salieri était un des seuls présents à ses obsèques donc il était peiné par sa mort ; Salieri, après la mort de Mozart, s'est vu confié par sa veuve l'éducation musicale de leur fils Franz-Xaver, donc les Mozart, Constance en tête, estimaient Salieri... C'est mal connaître la nature humaine, et en particulier celle des artistes ratés contre les réussis. Le succès des premiers ne les empêche pas de crever de jalousie pour le génie des seconds ; s’il se rend aux funérailles d'un génie, c'est parce que le médiocre est trop content de vérifier qu'il est bien mort et enterré ; s'il prend sous son aile sa progéniture, c'est une façon de continuer à contrôler le père à travers le fils. C'est pareil en littérature et dans la critique : il y a une façon d’aider, d'aimer et de soutenir un grand artiste, et ce n'est certainement pas en le saliérisant. Ernest Hello avait déjà noté que le plus grand ennemi de l'homme de génie, c'est l'homme de talent. Évoqué par Nabe dans son Journal à travers une réflexion de sa mère au sujet de Philippe Sollers (voir Nabe’s Dream, 1991, p. 813).
1843 : Herman Melville s’engage sur une frégate de la marine de guerre américaine, le United States, qui se rend dans le Pacifique.
1850 : Mort de l’écrivain Honoré de Balzac.
1884 : Auguste de Villiers de L'Isle-Adam commence à publier dans Gil Blas.
1889 : Mort de l’écrivain Auguste de Villiers de L’Isle-Adam.
1904 : Naissance de Jean Dasté, comédien français assez quelconque mais qui eut la grâce de tourner, comme premier rôle, dans L'Atalante (1934) de Jean Vigo avec Michel Simon et Dita Parlo, incarnant, et pour toujours, au cinéma le symbole de l'amoureux pur et déterminé. Tous les cinéastes qui ont engagé Dasté par la suite l'ont tous fait en hommage à ce rôle : Renoir, Jean Grémillon dans les années 30, et jusque dans les 60, Alain Resnais et François Truffaut, et pour de furtives apparitions bien sûr, estimant que le talent de Dasté ne méritait pas plus, ce qui est choquant pour Jean Dasté mais aussi derrière lui pour Jean Vigo. Car ces cinéastes, Resnais et Truffaut, en employant Dasté, laissaient croire ainsi qu'ils avaient, dans leur propre cinéma, récupéré un petit quelque chose du Vigo de L’Atalante, ce qui est faux. Truffaut surtout, qui, avec son sentimentalisme bourgeois de pacotille à la française, n’a dans ses films pépères rien retenu de la leçon d'émotivité flamboyante d'un jeune anarchiste éternel tel que Vigo.
1922 : Naissance du réalisateur Alain Robbe-Grillet.
1933 : Naissance de Roman Polanski, homme de théâtre et de cinéma franco-polonais. Plus transgressif dans sa vie que dans son œuvre, hélas. Rencontré par Nabe au Mathi's et évoqué dans L'Homme qui arrêta d'écrire, Les Porcs 1, Les Porcs 2 et bientôt dans le prochain Nabe's News.
1949 : Naissance de François L’Yvonnet (évoqué par Nabe dans le Journal intime, Alain Zannini, « L’Eunuque raide » — L’Infini n°126, printemps 2014, inédit en volume —, Patience 3).
1961 : Naissance de Daniela Lumbroso, animatrice de radio puis de télévision française. Rencontrée plusieurs fois par Nabe invité plusieurs fois aussi par elle au début des années 2000 dans son émission LCA sur LCI (voir Coups d'épée dans l'eau 2, pas sorti). Très complice avec Nabe qui l'a coachée sur l'affaire de la pédophilie avérée de Michel Polac en vue de son passage très réussi dans On n'est pas couché de Laurent Ruquier en 2007. Nabe retrouvera Lumbroso en 2010 en tant que musicien (moustachu !) de Zanini dans une émission de variétés sur les tubes (voir l'Éphéméride sur Claire Keim du 8 juillet) produite par son mari Éric Ghebali, pas insensible aux charmes que se trouvaient l'un l'autre sa femme et l'écrivain.
1969 : À l'aurore nietzschéenne, devant une foule en ruine, pour ne pas dire des décombres de gens (car beaucoup de spectateurs étaient déjà partis et ceux qui restaient étaient assommés par ces trois jours de festival), Jimi Hendrix — veste blanche aux manches à franges, diamants aux oreilles, collier et bague vertes et bandana rouge — entonne, sur sa guitare Fender « Izabella », l'hymne américain, presque seul sur la scène de Woodstock. Le Star Spangled banner est joué en distorsion, à la pédale wha-wha d'abord et aussi en glissandos, avec les dents à un moment, pour finir en feedback. Hendrix malaxe l'hymne national pour le transformer en hymne de protestation contre la guerre au Vietnam, il veut faire entendre le bruit des bombes qui tombent, celui des immeubles qui sont détruits, les hurlements des victimes comme les sirènes des pompiers, et les étincelles du feu du napalm (faire entendre le napalm !). Il le croise, à la Charles Ives, avec d'autres hymnes guerriers et des sonneries militaires aux morts. Seule La Marseillaise « massacrée » par Albert Ayler quelques années plus tôt peut être comparée à ce morceau, dans le domaine du free-jazz que Jimi ici frôle, frise, titille… On sent à son visage qu’il est conscient qu'il transgresse à deux niveaux : d'abord, il veut choquer le public de pacifistes qui auraient pu mal prendre d'entendre soudain l'hymne américain, et bien sûr les officiels qui ne peuvent que considérer comme une provocation destructrice cette interprétation de leur chant patriotique si sacré et si chéri.
1985 : Nabe écoute Charlie Parker à la radio.
1989 : Nabe vexe Pierre Marcelle qui veut en découdre physiquement dans les locaux de la librairie Le Dilettante.
2011 : Mort de Jean Tabary, dessinateur français de bandes dessinées (Iznogoud mais aussi Totoche, Corinne et Jeannot et Valentin le vagabond). Encore un qui n'avait pas besoin de Goscinny pour exister. A participé à l’Apostrophes mythique de Nabe en 1985, rencontré donc par lui là (et évoqué dans son Journal, voir Nabe's Dream, pp. 819-825). Curieusement, personne n'a eu l'idée, en 25 ans, d'aller interroger un peu sérieusement Tabary sur l'impression que lui avait faite le jeune Nabe à ses côtés pendant l'émission, et ce qu’il en avait pensé. Dommage.