My wiki:Éphéméride/28 août

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663 : Bataille de Hakusukinoe entre Coréens et Chinois (victoire : Coréens).
1749 : Naissance de Johann Wolfgang von Goethe, homme de lettres allemand, né un jour après Hegel et vingt-et-un an avant lui. Je dis ça, je dis rien.
1828 : Naissance de l’écrivain Léon Tolstoï (évoqué par Nabe dans Rideau, Petits Riens sur presque tout, L'Âge du Christ, Inch'Allah, Coups d'épée dans l'eau, Kamikaze, Les Porcs 2, et représenté dans sa peinture depuis 2007, voir le catalogue).
1861 : Bataille entre Sudistes et Nordistes (victoire : Nordistes).
1861 : Bataille des Hatteras Inlet Batteries.
1862 : Bataille de Bull Run entre Nordistes et Sudistes (victoire : Sudistes).
1914 : Bataille de Heligoland entre les Anglais et les Allemands (victoire : Anglais).
1940 : Naissance de Philippe Léotard, comédien (voir Éphéméride du 25 août).
1954 : Suicide par morphine et asphyxie d'Alexandre Marius Jacob, moraliste français de l'anarchie en actes. A laissé un mot : « Linge lessivé, rincé, séché, mais pas repassé. J'ai la cosse. »
1954 : Arrivée à New York en immigrants (et pour quatre ans) de Marcel et Suzanne Zannini, par le paquebot Liberté parti du Havre.
1963 : Martin Luther King prononce, devant une foule massée devant le Memorial Lincoln à Washington, son fameux discours anaphorique « I have a dream ». Sauf que c'était pas du tout ça qui était prévu, le discours devait s'appeler « Normalcy, never again », et il était axé sur un remerciement à Abraham Lincoln qui, en 1863, s'était fendu d'une Emancipation Proclamation par laquelle il avait « libéré » les esclaves (pas en échange de rien) et provoqué la Guerre de Sécession, rien que ça (voir à ce sujet ce que Nabe en dit dans un chapitre où, Prince à l'appui, il fustige Lincoln, Les Porcs 2, pp. 216-217). Après une bonne tartine un peu larmoyante sur la grandeur de l'Amérique et le sort réservé aux pauvres Noirs, et même avec au passage une petite lèche à ses « frères blancs », Martin Luther King, le nez dans ses notes, est soudain tancé par un ange, un gros ange, pas tombé du ciel mais de la tribune juste à côté. Belle tenue chamarrée avec toque bleue comme une couronne, et fleur jaune énorme à la poitrine, tout près de lui, la puissante chanteuse de gospel (en vérité, la meilleure au monde) Mahalia Jackson, qui avait déjà ouvert le show en chantant le gospel préféré du prédicateur « I Been 'Buked and I Been Scorned » (ce qui pourrait se traduire par « J’ai eu plein d’emmerdes et j'ai été bafouée »), réveille le King ! Pour Mahalia, on s'endormait, Martin perdait son temps à lire son papelard, alors elle lui crie « Parle-leur du rêve, Martin, parle-leur de ton rêve ! » Et là, c'est la révélation, le baptiste rejette ses notes sur le côté du pupitre, et improvise. C’est une injonction, pour ne pas dire une injection, d’improvisation que Mahalia Jackson a faite à Martin Luther King, et c'est à partir de ce moment-là qu'il a chanté à son tour, à sa façon, lyriquement, ce discours connu à faire trembler le lac de Washington face à lui ! Mais au fait, de quel rêve parlait-t-elle ? C'est très simple. Il y a toujours une raison à tout : si Mahalia Jackson lui a parlé de son rêve, c'est que Martin Luther King en avait déjà parlé auparavant, elle faisait allusion à un discours précédent, que son ami le pasteur avait prononcé trois ans avant, en septembre 1960, lors d’une intervention devant la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), et qu'il avait appelé Le Nègre et le Rêve américain (titre très ezrapoundien), et où King chiait plus encore dans la colle que dans son speech de 63 : il y avait exprimé le gap monstrueux qu’il y avait entre le « rêve américain », sornette inventée par les Blancs, et le racisme de ces mêmes Blancs qui n’ont su que briser ce rêve. Il avait attaqué le gouvernement américain « inactif » et « hypocrite » qui avait « trahi l’idéal de justice »… Et avait terminé par cette punchline que Mahalia avait dû recevoir en plein bide : « Le Nègre pourrait être l'instrument de Dieu pour racheter l'âme de l'Amérique ». Mais c'était déjà fait bien sûr ! Par le jazz et ses instruments, les Nègres ! Non seulement, l'Amérique a été rachetée, mais c'est le jazz qui lui a offert cette âme qui lui manquait… Bref, c'est grâce à Mahalia que le discours plan-plan du 28 août 1963 est devenu « J’ai fait un rêve », relisez le texte, ce qu'il y a de bon vient juste vers la fin. Tout le début est à jeter quasiment, mais dès que Mahalia a sonné les cloches de Martin, il les a entendues ! Et fait entendre… Plus qu'un chant, plus qu'un discours, un hymne où on entend les cloches des temples comme celles des bateaux à aubes du Mississippi, les hurlements des enfants qui deviennent cris de joie, et les crachements de leur race des « abominables racistes » de l'Alabama. Et où MLK trouva même des accents bibliques : « Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair ». Triomphe assuré ! Comme quoi, c'est en donnant du verbe à son rêve qu'on en fait de la réalité. « Du flanc de chaque montagne, que sonne la cloche de la liberté ! » Aujourd'hui, Martin Luther King serait bien déçu (je pense qu'il s'en doutait déjà) de voir que son rêve a fini à la poubelle, mais au moins, il l'a dit, à haute voix, et grâce à Mahalia Jackson, la voix la plus haute.
1986 : Nabe fait un bœuf avec Marcel et François Rilhac.
1987 : Nabe prend l’apéritif chez Jackie Berroyer et parle de Roland Topor, de Billie Holiday, de William Shakespeare et du Professeur Choron.