My wiki:Éphéméride/25 août

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1530 : Naissance d'Ivan le Terrible.
1580 : Bataille d’Alcántara entre Espagnols et Portugais (victoire : Espagnols).
1767 : Naissance de Saint-Just.
1819 : Théodore Géricault, à 27 ans, présente au Salon son Radeau de La Méduse (491 x 716 cm). Au début, ça s'appelait Scène de naufrage mais comme le titre pouvait être interprété comme une allusion au naufrage de la monarchie (alors que Louis XVIII, sans être une lumière, avait meilleur goût que ses prédécesseurs pseudo-révolutionnaires des Lumières justement, puisqu'il félicita par un mot d'esprit le jeune peintre, et finança tout le Salon et permit d'acquérir des centaines et des centaines d'œuvres), tout le monde appela cette huile immense d'après son sujet. En effet, la frégate La Méduse s'était échouée sur un banc de sable proche de la Mauritanie et 147 personnes réussirent à construire un radeau avec des planches branlantes et à se foutre dessus, pour voguer tout en crevant de soif, se mangeant les uns les autres avant de n’être plus que 15 et d’être sauvés par le bateau l’Argus qu'on voit sur le tableau au loin, et auquel un des naufragés fait un signe de détresse avec sa chemise déchirée… La particularité du Radeau de la Méduse, c'est que c'est un chef-d'œuvre, mais mauvais par rapport à tous les autres tableaux de Géricault qui sont des chefs-d'œuvre sans qu'il l'ait toujours su lui-même. Je m'explique : un peu comme Guernica pour Picasso, le Radeau est l'emblème de la peinture de Géricault ; pourtant il n'a jamais été aussi malhabile du pinceau, emprunté et surtout faible dans son exécution, peignant avec des résines de merde qui ont assombri et craquelé peu à peu la toile cireuse, bitumeuse, plombée, noirâtre… On est loin de la maestria des brossages de chevaux emportés dans le geste d’un Géricault au plus fort de sa forme. Le Radeau de la Méduse, c'est déjà du Courbet, et ce n'est pas un compliment. Le tableau monumental vaut par plein d'autres aspects. Les réactions en majorité hostiles ne s’y sont d'ailleurs pas trompées en ne s’attaquant pas à la technique de sa peinture mais à ce qui importait le plus le peintre en la circonstance, c'est-à-dire : ne pas faire un « beau tableau ». Géricault voulait faire un tableau politique, historique et d'actualité, c'est là, la grande innovation du Radeau que personne ne souligne, c'est comme si un écrivain avait écrit une sorte de pamphlet ou qu'il ait placardé un tract d’actualité sur le mur du Salon d'art. C'était tout nouveau de prendre un événement récent (2 juillet 1816) et de le peindre dans son style. D'ailleurs, ça deviendra presque un spectacle de trimbaler un peu partout Le Radeau de la Méduse en Europe pour montrer ce qu’un grand peintre arrive à extraire comme beauté et comme vérité (c'est pareil) d'un fait divers. Géricault accompagnera sa toile à Londres, par exemple, ou les Anglais lui feront meilleur accueil (40 000 spectateurs) que les Français. Tout le monde finit par admirer le réalisme de l'œuvre, mais peu à l'époque savent jusqu'où Géricault a poussé pour l'obtenir : de 1818 à 1819, il s'est mis dans des conditions psychologiques extrêmes, se rasant la tête, ne mangeant presque plus, faisant poser les survivants de la réelle Méduse qu’il connaissait, et même son jeune pote Eugène Delacroix de dos sur le radeau (la nuque de Delacroix peinte par Géricault !), et puis un Noir, Joseph, qui posera plus tard pour Chasseriau, puis d'autres nus étendus sur les rondins de bois de l'embarcation fragile… Avec un charpentier, il construit d'ailleurs une maquette très fidèle du radeau qu'il dresse dans son atelier face à son chevalet ; il va au Havre pour y observer la mer et le ciel et les tempêtes. Ce qui occasionnera d’ailleurs une erreur d'exactitude maritime puisque sur le littoral du Sénégal, il n'y a ni ce genre de ciel, ni ce genre de mer, ni ce genre de vagues, tant pis. Mais surtout, Géricault s’installe à côté de l'hôpital Beaujon, il va sur le motif pour peindre des morts ou des gens en train d'agoniser, pour choper avec justesse la rigueur cadavérique ; il se fait même livrer des membres (têtes et morceaux de troncs, bras, jambes, pieds) en décomposition dans son atelier comme Soutine faisait mais lui, avec des bœufs et des canards et des oies écorchés, des lapins seulement… Géricault va jusqu'à utiliser une tête coupée d’homme qu'il dessinera et peindra avant de la ranger dans son grenier comme un vieux ballon crevé. Finalement, le jury du Salon décernera sa médaille d'or au Radeau de la Méduse (pas mal « la culture » du temps de Louis XVIII…), mais il ne l’acquiert pas pour le Louvre. Personne d'ailleurs n'achètera la toile pendant son exposition. Après sa tournée en Angleterre, Géricault, déprimé, la rangera roulée dans son atelier. C'est après sa mort, en 1824, qu'elle sera vendue à un connaisseur qui avait un grand appartement. Évoquée par Nabe dans Zigzags (1986) : « Sur la croupe de Théodore », pp. 155-160.
1880 : Naissance de Guillaume Apollinaire, poète et écrivain surcoté français, Rimbaud du pauvre.
1885 : Naissance du réalisateur Georg Wilhelm Pabst.
1900 : Mort du philosophe Friedrich Nietzsche.
1932 : Naissance du producteur Gérard Lebovici.
1933 : Simone Weil publie « Perspectives. Allons-nous vers la révolution prolétarienne ? » dans la revue La Révolution prolétarienne.
1935 : Simone Weil voyage en Espagne.
1980 : Naissance d’Ève Angeli, femme aussi intéressante qu’Ovidie.
1980 : Naissance d’Ovidie, femme aussi intéressante qu’Ève Angéli.
1985 : À Marseille, Nabe et Hélène s’engueulent avec Éric Mazet avant de retrouver Jean Sabater.
1986 : Nabe assiste à l’avant-première d’Autour de minuit, film de Bertrand Tavernier auquel Francis Paudras a collaboré.
1988 : Mort de Françoise Dolto, médecin, pédiatre et psychanalyste française populaire de son temps et « inaudible » aujourd'hui. Exactement comme son fils, le chanteur Carlos. Entre le mouvement #MeToo et la phobie suspecte de la pédophilie et l'inceste pratiquée par une société fliquée et moralisatrice comme la nôtre qui n'a jamais été plus profondément pédophilique et incestueuse à très haut niveau et d'une manière constante dans toutes ses couches, et peut-être d'abord dans celles qui traquent les pédophiles et les incesteux souvent insoupçonnée car inconscients (ce qui aurait beaucoup passionné Dolto à qui on reprochait la confusion entre le conscient et l'inconscient), il était évident que les thèses de Françoise Dolto ne pouvaient qu’être vomies par notre époque… Il faut dire aussi que Dolto avait bêtement signé en 1977 avec les autres « cerveaux malades » dirait-on, Sartre, Foucault, Barthe, Beauvoir, Robbe-Grillet, Derrida, Sollers la fameuse lettre ouverte pour dépénaliser les rapports entre adultes et mineurs (et non l'abus par violence sur mineurs par des adultes). Le grand tabou levé par Dolto, c'est la majorité sexuelle et c'est ça qui la fait passer aujourd'hui, à tort, pour une pro-pédophilie. C'est par respect pour le récent enfant devenu adulte (pour elle dès l'âge de 16 ans) qu’elle avait émis ce souhait de révision de la loi. Ça suffit désormais pour la mettre au ban de la société intellectuelle de référence qui a rejeté avec elle finalement toute psychanalyse, même la plus intéressante, j'ai nommé la lacanienne. Car s'il y a bien une qui a su tirer les meilleures leçons de Lacan, c'est Dolto puisque sur le langage, elle n'a fait que développer ses théories en constatant qu'elles étaient valides pour les enfants. C'est grâce à Françoise Dolto qu’on sait aujourd'hui que tout ce qui se dit devant un enfant, y compris quand il est encore dans le ventre de sa mère, est capital. C'est non seulement comme cela qu'il comprend le monde, mais c'est comme ça qu’il va pouvoir en souffrir et s'en sortir (il est d'abord sorti de sa mère, maintenant il va falloir qu'il sorte du monde), et tout ce qui se dit autour de lui est à porter au crédit (mort) de ce monde. Aucun mot dit n'est innocent devant un enfant, mais ce n'est pas pour ça qu'il doit être « l'enfant-roi », concept négativé par les anti-soixante-huitards qui croient ainsi se débarrasser des fines analyses d'une Dolto par exemple, puisqu'on en parle d’elle. Il ne s'agit pas de prendre argent comptant tout ce que pense, dit ou veut l'enfant (elle aurait certainement écrit un livre fantastique sur l'affaire d'Outreau), mais il s'agit de redonner à l'enfant son être de noblesse que ses parents, car ce sont eux les vrais ennemis de Dolto, ne cherchent qu’à lui enlever à partir du moment où il est né. Pour Françoise, c'est même la mère d'abord ; la plus coupable et voilà pourquoi la Dolto reste encore aujourd'hui transgressive, peu importe si ça venait d'un conflit personnel avec sa maman salope, le fait est là. Et derrière la mère (qu'elle appelait « la mère-réfrigérateur », c'est tout à fait ça : les mères ne sont pas castratrices ; elles refroidissent leurs enfants, elles les mettent au frigo, sinon au congélo dès leur naissance, Courjault n’a fait que le faire « en vrai »), il y a l’attaque de toute famille. Ça explique pourquoi les soldats de la controffensive régressiviste des années 2020 montrent si fort les crocs quand on parle de Françoise Dolto. Ce retour au garde-à-vous de l'autorité dans tous les domaines, Dolto n'aurait pas pu l'imaginer si violent. Pour elle, l'attirance réciproque des adultes et des enfants existe, la société n'a pas tort de l'interdire mais elle a tort de la nier, il faut en tenir compte. Il faut laisser la négation de ce qui est humain même si c'est monstrueux au Canard Enchaîné, à Mediapart et à Karl Zéro. Finalement, c'était une anarchiste de la parentalité. La famille la dégoûte parce qu'elle est toujours, non une ruche d'intelligences solidaires et d'amour mielleux, mais un chenil où sont enfermés des chiens enragés qui ont nom le père, la mère, les enfants, les tantes, les oncles… Un chenil incestueux donc par définition. Comme tous les excellents esprits, Dolto se pose la question du « pourquoi » quand elle dit : « Dans l'inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère ! », ce n'est pas pour justifier le père, c'est pour expliquer pourquoi la fille est « consentante » dans la plupart des cas selon elle. Rien de plus moderne que Dolto aujourd'hui qui remettait en question la notion même de viol : en parlant d'une fille abusée par son père, elle disait déjà au début des années 80 : « Elle ne l'a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement compris que son père l'aimait et qu'il se consolait avec elle, parce que sa femme ne voulait pas faire l'amour avec lui. Cela entraîne un traumatisme qui vient du fait que sa sexualité ne peut pas se développer normalement, puisque la sexualité se développe à partir de l'interdit de l'inceste ». Dolto, comme toute grande joueuse de pétanque, sait pousser le bouchon un peu loin : « C'est l'interdit de l'inceste qui valorise la sexualité. Cet interdit intervient quand l’enfant désire l’inceste, c’est-à-dire à partir de trois ans jusqu’à 13 ans environ. Quand tout se passe bien, la sexualité se déplace et ne se fixe plus sur le père ou sur la mère. Le fait qu’un enfant doit faire plaisir à ses parents est déjà une forme d’inceste. » Elle a dit aussi des choses énormes sur les enfants battus. Pour elle, un enfant parfois « s'arrange » pour être battu. « C'est sa manière de capter l'attention parentale ». Pour Dolto, dire cela, c'était valoriser la force de l'enfant bien trop souvent perçu comme une victime, comme d'ailleurs sa sœur, la Femme ! Dolto refuse de les vulnérabiliser tous deux. Depuis Jean-Jacques Rousseau, personne n'a aussi bien analysé la psyché des enfants. Par exemple, c'est Dolto qui a découvert qu'ils étaient télépathes, évidemment les nouveaux-nés avec leur mère, mais pas seulement. La télépathie enfantine est une découverte essentielle. C'est ce qui explique le don de voyance de certains enfants : on pourrait enrichir les histoires d'apparitions mariales au regard des travaux de Françoise Dolto sur la télépathie et la voyance enfantine, mais passons...
1990 : Nabe termine de lire La Paresseuse de Patrick Besson.
2001 : Mort de Philippe Léotard, acteur français très bon malgré (ou grâce à) l'alcool et à la drogue qu'il ingurgitait toute sa vie. Il a marqué des films de son indéniable talent et pas seulement chez Truffaut, Lelouch, Zucca, Doillon et leurs films bof. Léotard est dans Max et les ferrailleurs de Claude Sautet en 1971 ; il est des deux films de René Vauthier sur l'Algérie en 1972 ; et Le Juge Fayard dit « le shériff » (1977) d’Yves Boisset et Judith Therpauvre (1978) de Patrice Chéreau, Léotard est dedans… Paradis pour tous (1982) d'Alain Jessua et La Balance (1982) de Bob Swaim le compte parmi ses anti-héros. Il a même joué chez Delvaux, L'œuvre au noir en 1988 et chez Marco Ferreri, La chair en 1991. Mais les 4 films où Nabe le trouve à son top sont La Gueule ouverte de Maurice Pialat en 1974 ; La traque de Serge Leroy en 1975 (film méconnu génial) ; Tchao Pantin de Claude Berri en 1983 bien sûr, et encore une fois Si le soleil ne revenait pas de Claude Goretta en 1987 où Léotard campe un Arlettaz convaincant pour tous les ramuziens. Nabe a souvent rencontré Philippe Léotard dans les années 80-90, notamment dans le sillage de Jean-Edern Hallier à La Closerie des Lilas et ailleurs. Léotard était tellement défoncé qu'il n'a pas compris qu'il avait en face de lui l'auteur du Régal des vermines et du reste qu'il découvrira sur le tard jusqu'à intégrer des textes nabiens dans ses spectacles de fin de vie, mais alors, il était devenu trop intimidé pour oser le re-rencontrer plus sérieusement l’écrivain à côté duquel il était passé sous prétexte qu'il était encore qu'un jeune homme.
2004 : Nabe écrit la préface à son recueil d’articles, J’enfonce le clou.