Paul Léautaud

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Paul Léautaud

Paul Léautaud est un écrivain né le 18 janvier 1872 à Paris et mort le 22 février 1956 à Châtenay-Malabry.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Marc-Édouard Nabe entend parler pour la première fois de Léautaud par la voix de Louis-Ferdinand Céline dans une interview avec Jacques Chancel en 1957 reprise dans le numéro 2 des Cahiers Céline (novembre 1976) où l’ermite de Meudon rend hommage à celui de Fontenay-aux-Roses : « Paul Léautaud est mort. Il fallait un pauvre qui pue. Me voilà[1] ». Depuis, Nabe s’est intéressé à Léautaud dont la pratique obsessionnelle du journal intime, et la politique de véracité qui va avec, sans compter sa liberté de ton et sa hargne légendaire, immortalisées par ses fameux entretiens radiophoniques, ne pouvaient qu’accompagner le futur auteur de Nabe’s Dream, Tohu-Bohu...

Le 31 janvier 1987, Nabe est invité, après deux ans de boycott médiatique, dans l’émission de Michel Polac, Droit de réponse, où il parle notamment du Journal littéraire de Paul Léautaud[2] :

Michel Polac : Moi, Léautaud ça m’enquiquine, ça me suffoque.
Marc-Édouard Nabe : La langue bien sûr n’est pas écrite comme celle de Léon Bloy dans son journal, mais Léautaud n’est pas n’importe qui.
M. P. : Ah non c’est mieux que Bloy, alors là comme écriture, c’est superbe ! Écoutez, on sait que vous adorez Léon Bloy, moi j’aime bien mais...
M.-É. N. : Le style de Bloy est beaucoup plus original que celui de Léautaud, allons Polac !...
M. P. : Non ! Léautaud, c’est une des plus belles langues. Son style pour moi, c’est la seule chose que je sauverai...
M.-É. N. : Pour moi, c’est le personnage qui est surtout très attachant.

Le 25 octobre 1989, dans L’Idiot international, Nabe publie un encadré intitulé « Léautaud contre Lang » :

« Après Paul Corentin, le pape des notules de Télérama postillonnant sur Sade, et Élisabeth Badinter le traitant de nazi (pas Paul Corentin) ; après Bertrand Poirot-Delpech crachouillant sur Léon Bloy, voici, toujours plus fort : Jack Lang trouvant Paul Léautaud nul devant des millions de téléspectateurs le vendredi 20 octobre 1989 à Apostrophes ! Heureusement que Michel Serrault était là pour moucher sur place le répugnant ministre morvant sa haine sur l’adorable Noé de Fontenay-aux-Roses. Cosmique moment de l’escalade spectaculaire où un acteur est obligé, à la télévision, de défendre un des écrivains les plus importants de France contre le ministre de la Culture de ce même pays. Non : nous ne croyons pas rêver. À quand Charasse pourfendant Proust ? Arpaillange condamnant Genet ? Chevènement mettant Rimbaud au piquet, et Bérégovoy cherchant des noises à Ezra Pound ?[3] »

Nabe le peintre à aussi intégré Léautaud dans sa galerie de portraits dont le « Léautaud et son chat » acquis par Denis Tillinac (prix Léautaud, 1999) découvert à l’exposition « Écrivains et jazzmen » organisée en 2007 à la galerie Vies d’Artistes[4].

Citations

Nabe sur Léautaud

  • « Samedi 31 janvier 1987. — [...] Sur Léautaud, maintenant. La Silve nous pompe un peu en lisant les réponses (pas terribles) du vieux au questionnaire de Proust. Caloni révèle que dans son journal, Léautaud parle du jeune Pauvert. Je l’ignorais ! C’est certainement un des rares éditeurs à être à la fois dans le journal de Léautaud et dans le mien... Je les laisse tous bavardoter sur le diarisme. Matzneff apprend par Laure Adler que son journal va être publié par Gallimard. Polac attaque celui de Léautaud, pour lui ce sont des potins de maison d’édition. “C’est comme si aujourd’hui quelqu’un de chez Grasset nous parlait de Nourissier et d’Yves Berger. Seul le style de Léautaud le sauve.” Quel style ? J’en souligne l’absence voulue alors que celui de Bloy inonde, irrigue son propre journal. Polac trouve que Léautaud écrit mieux que Bloy (sic !). N’insistons pas. Et dire qu’ils croient tous que c’est une question de goût... Ces discussions sont d’une stupidité terrible, j’ai un peu honte d’y participer. L’Adler monte, toutes gencives dehors, au créneau pour “dénoncer”, avec l’appui de Polac, l’“antisémitisme” et le “collaborationnisme” du vieux grigou de Fontenay. “Il admirait Hitler”. Toujours la même scie sur les mêmes bûches. Le pauvre Thomas, très fan de Léautaud, a du mal à répondre aux attaques de tous côtés. Heureusement, Weyergans le soutient et dit ce qu’il faut dire sur le Journal littéraire, son suspense et sa valeur documentaire. Ils ignorent tous que j’en tiens un moi aussi, et comment ! Ils y sont déjà, chers papillons de collection. Seulement, même si je n’ai pas l’intention de me laisser dormoytiser après ma mort, je ne suis pas pressé de le publier. Je n’ai jamais voulu le relire depuis que je l’ai commencé. C’est une horreur, un enfer, ma part maudite... Les écouter décrire celui de Léautaud me donne froid dans le dos. Vertige en haut d’un monticule de pages ! Les ragots et les bobards que consignait Léautaud au jour le jour, j’apprends que le critique Pascal Pia, sur ses exemplaires personnels du Journal, les avait tous rectifiés après vérification ! Il existe donc une sorte de second journal de Léautaud corrigé dans le sens de la “vérité”. C’est bien un boulot de critique littéraire ! Mais (pas “mais”, car Léautaud, comme le dit Weyergans, nous apprend à ne jamais commencer une phrase par “mais”) ça doit être vachement passionnant à compulser. J’aurais des milliers de choses à dire sur l’entreprise journalière et son jeu de pistons entre vérité et mensonge mais personne ne me laisse placer un mot. Polac préfère Jules Renard et Laure Adler se fend encore d’une belle vulgarité en parlant de “question baise”... J’arrive quand même à évoquer une minute les animaux du vieux Paul. Pendant que je parle, la régie diffuse mon dessin : celui si vite torché, le seul qui n’était pas prévu est bien sûr celui qui est choisi. Polac fait gentiment une pause et présente le dessin : “Nabe qui peint aussi, il nous a fait un chat et Léautaud”. » (Inch’Allah, 1996, pp. 2003-2004)

Intégration littéraire

Portraits

Portraits de Léautaud sur le site de Marc-Édouard Nabe

Notes et références

  1. Repris dans Jean-Pierre Dauphin et Henri Godard, « 12. Interview avec Jacques Chancel (Télémagazine), Cahiers céline. Céline et l’actualité littéraire. 1957-1961, Gallimard, 1976, p. 98
  2. Droit de réponse, TF1, 31 janvier 1987, repris dans Marc-Édouard Nabe, « Je ne suis pas fou ! », Coups d’épée dans l’eau, Éditions du Rocher, 1999, p. 53.
  3. Marc-Édouard Nabe, « Léautaud contre Lang », L’Idiot international n°24, 25 octobre 1989, repris dans Kamikaze, Éditions du Rocher, 2000, p. 3453.
  4. « J’ai un Léautaud, qui m’a fait plaisir parce que j’ai obtenu le prix Léautaud. », Europe 1 Social Club, Europe 1, 16 décembre 2014.