Tout le monde en parle

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Nabe à Tout le monde en parle, 12 octobre 2002

Tout le monde en parle est une émission de talk-show présentée par Thierry Ardisson et diffusée sur France 2 de septembre 1998 à juin 2006.

Liens avec Marc-Édouard Nabe

Avant même que l’émission d’Ardisson ne prenne toute son ampleur, Nabe avait été invité dans une première formule (1999). Plusieurs fois par la suite, l'écrivain sera reçu dans l'émission par Ardisson qui réussit à le réintégrer parmi les invités « borderlines » après avoir levé le veto de la productrice Catherine Barma qui avait empêché Nabe de venir présenter ses livres depuis 1989 jusqu’en 1999. Malgré la publication de Kamikaze en 2000, dans lequel Nabe étrille Barma, Thierry Ardisson parvient à convaincre sa productrice de le laisser réinviter Nabe en 2001 à l’occasion des attentats du 11-Septembre.

Avec celles de Frédéric Taddeï, les émissions d’Ardisson participeront, par la fréquence de leurs invitations, à renforcer la notoriété médiatique de l’écrivain blacklisté presque partout ailleurs.

Sur le dispositif conceptuel de l’émission de Thierry Ardisson, Nabe révélera certains rouages et coulisses dans les Porcs (2017).

Tout le monde en parle dans Les Porcs (extraits)

Chapitre XL - Frédéric Beigboudeur

Les Porcs tome 1, 2017, p. 126

« Comme convenu, Ardisson m’invita pour mon Printemps de feu qui venait de sortir... Thierry m’avait programmé pour le 20 septembre 2003, histoire d’évacuer les romans à succès de « la rentrée littéraire », en particulier celui de notre “ami” Frédéric Beigbeder, prévu, lui, pour le 6.
Mais dans cette émission du 6 septembre, on avait assisté à un dialogue plus ou moins joué entre Ardisson et Catherine Barma dans son oreillette, où la productrice lui signalait que Beigbeder était trop ivre pour venir sur le plateau ! Après bien des vodkas ingurgitées, le grand dadais au menton encore plus surdimensionné que l’ego (faut le faire !) était en train de vomir dans sa loge VIP... Une première ! Comme avait dit Ardisson au public : “J’ai connu des invités qui ne venaient pas au dernier moment. Mais quelqu’un qui, une fois venu, ne peut pas faire le chemin entre la loge et le plateau, jamais !”
Dès le lendemain, Ardisson m’appela, pas content du tout que Beigbeder, dont la tête avait gonflé du melon (99 francs) à la montgolfière (Windows on the world), l’ait planté, et me dit qu’il n’y avait pas d’amitié qui tienne et qu’il voulait se venger, deux sentiments totalement capricorniens ne pouvant être compris, au fond, que par moi... C’est Thierry qui organisa le traquenard : il me ferait venir en surprise avec une semaine d’avance, sans que Frédéric, reporté, lui, d’une semaine, ne le sache.
Voilà pourquoi le samedi suivant (le 13 septembre), dans le générique d’entrée, Ardisson ne m’annonça pas, afin que Beigbeder, cette fois à jeun, et qui attendait bien sagement son tour dans sa loge puant encore son vomi, ne soit pas alerté de ma présence. »

Chapitre L - Thierry et Isabelle

Les Porcs tome 1, 2017, pp. 161-162

« Condamnés. La Vérité était interdite de paraître. Lambert et ses trotskystes avaient gagné contre nous ! Ils avaient changé au dernier moment le juge, ce n’était pas celui à qui nous nous étions adressés lors du procès qui nous trancha la tête. Ce n’était certainement pas notre avocate, Maître Coutant-Peyre, qui avait arrangé les choses. Isabelle, la circonstance aggravante ! Elle était désolée, elle ne savait pas quoi faire pour nous avoir si mal défendus...
Un seul pouvait encore sauver La Vérité, toujours le même, Ardisson, mon joker médiatique ! Par exemple, il pourrait faire pleurer dans les chaumières télévisées sur le sort du journal, et qui sait ? stimuler un sponsor devant son poste pour continuer l’aventure, sous un nouveau titre (La Nouvelle Vérité ?)... Il était temps qu’on fasse un nouveau deal ; ça tombait bien : Thierry voulait absolument recevoir Isabelle Coutant-Peyre pour parler de Carlos, qu’elle avait épousé en prison en 2001. Il m’appela un matin en me disant :
— T’as pas le numéro de Ramirez ?
Comme si je l’appelais tous les jours sur son portable à Saint-Maur-Bel-Air ! Non, je n’avais pas le contact d’Ilich et Isabelle était programmée pour aller chez Marc-Olivier Fogiel présenter son livre Épouser Carlos. Thierry était désespéré, il voulait l’avoir lui, et niquer la gueule de cet enculé qui avait coulé Dieudonné. “Il faut que tu interviennes”, me dit Ardisson. Alors, on troqua l’invitation d’Isabelle chez lui contre la mienne la semaine suivante.
— Je te fais venir Coutant-Peyre à condition que tu me sauves mon journal. Tu pourras faire le lien avec Carlos qui écrit dedans et avec Dieudonné qu’on y a défendu, si tu veux, ça ne me dérange pas.
Marché conclu. J’appelai Isabelle qui avait déjà donné sa parole à Fogiel ; sous ma pression, elle annula. Elle arriva à Tout le monde en parle rayonnante avec un pull-over jaune et un blouson noir. Ardisson fut très gentil avec elle, limite complaisant. Il fit l’avocat du diablotin, à peine. Il présenta donc son livre édité par cette merde de Joseph Vebret qui me tournait autour à cette époque. C’est même lui qui m’avait apporté en main propre l’exemplaire dédicacé par Carlos lui-même de L’Islam révolutionnaire, son livre aux éditions du Rocher : “Pour Marc-Édouard Nabe, ce recueil de mes écrits choisis sur l’islam révolutionnaire, "Une lueur d’espoir" pour un monde multipolaire, proche, libre de l’hégémonie yankee. Carlos.” »

Émissions

20 mars 1999

Enregistré le 18 mars et annoncé par la presse le jour de la diffusion[1], le passage de Marc-Édouard Nabe est le premier à Tout le monde en parle. Présents sur le plateau, Daniel Cohn-Bendit, Estelle Halliday, Princess Erika et José Garcia, Laurent Ruquier étant le « sniper » avant Laurent Baffie. Nabe est reçu pour ses deux recueils d’articles publiés aux Éditions du Rocher Oui et Non face à Daniel Cohn-Bendit. Après une altercation entre les deux protagonistes qui avait été organisée par Barma-Ardisson, et qui pourtant n’a pas eue lieu, la séquence jugée trop conviviale fut supprimée, d’autant que Nabe enjoignait Cohn-Bendit d’appeler à la libération des terroristes des attentats d’extrême-gauche des années 1970 d’Action directe. Les rushes récupérés par Nabe et mis en ligne sur Internet depuis 2006 sur Dailymotion, puis YouTube (2018), furent retirés par YouTube en 2019.

17 novembre 2001

Le 17 novembre, Thierry Ardisson invite Marc-Édouard Nabe à l’occasion de la sortie de son livre sur les attentats du 11-Septembre : Une lueur d’espoir. Présent sur le plateau, Eva Green (dont c’était l’une de ses premières télévision) et sa mère Marlène Jobert, et surtout Pierre Moscovici qui réagit vivement aux propos de l’écrivain et à ses références littéraires. Ardisson compose son interview en lisant plusieurs passages du livre. À la fin, Nabe répond à l’interview « anti-portrait chinois ».

12 octobre 2002

À l’occasion de la sortie du roman, Alain Zannini, Marc-Édouard Nabe se trouve face à Edwy Plenel, à l’époque directeur de la rédaction du journal Le Monde, qui répond sur l’absence, remarquée par Ardisson, de critiques des livres de Nabe dans les pages du quotidien. Nabe, quant à lui, raconte son roman et son écriture, ainsi que ses vacances d’été passées en Irak. Les détails de cette émission sont à découvrir dans Les Porcs (« On ne passe pas ses vacances en Irak », pp. 86-89)

26 avril 2003

Après avoir passé plus d’un mois en Irak et au Liban pour suivre sur le terrain la guerre déclarée par les États-Unis en mars 2003, Marc-Édouard Nabe se rend sur le plateau de Tout le monde en parle pour dire ce qu’il y a vu et annoncer qu’il écrira un roman sur le sujet. Présent sur le plateau, Titoff, Sonia Rolland, Zazie, Corneille et Dieudonné. L’émission est racontée dans Les Porcs (« Retour chez Ardisson », pp. 107-109)

13 septembre 2003

Cinq mois après son précédent passage, Marc-Édouard Nabe est invité par Thierry Ardisson, pour présenter son nouveau roman Printemps de feu. Il est mis face à Frédéric Beigbeder qui, lui, vient de sortir son roman sur le 11-Septembre, Windows on the World, et qui n’avait pu se rendre sur le plateau de l’émission une semaine plus tôt, en raison d’une trop forte alcoolisation. Nabe s’en prend à la « superficialité » de Beigbeder, lui reprochant notamment son américanisme, malgré la guerre en Afghanistan, puis en Irak. Omar Sharif approuve Nabe dans ses sorties anti-américaines et pro-arabes. Les coulisses et l’enregistrement de cette émission font l’objet d’un chapitre entier de Les Porcs (« Frédéric Beigboudeur », pp. 126-132)

13 mars 2004 (censuré)

Enregistré le jour même des attentats de Madrid (11 mars 2004), l’émission devait avoir pour invité Marc-Édouard Nabe reçu par Thierry Ardisson pour l’aider à sauver son journal La Vérité en péril (voir article Procès). « Devait », car la prestation de Nabe, opposé exprès par les soins du tandem Barma-Ardisson à la présidente de « SOS Attentats », Françoise Rudetski, fut totalement coupée au montage. La seule « trace » de ce passage jamais diffusé est qu’on aperçoit, à la toute fin de la séquence Rudetzki, dans les coulisses, Audrey Vernon, vêtue de rouge, qui était venue accompagner Nabe dans ce traquenard.

Françoise Rudetzki, Annette Vadim, et Audrey Vernon, le 11 mars 2004, à Tout le monde en parle

Pour en lire plus sur toute l’affaire, voir dans Les Porcs le chapitre « Nous sommes tous des épagneuls », pages 163-173

Notes et références

  1. Olivier Seguret, « Proposition direct. L’Ardi’show du samedi soir », Libération, 20 mars 1999, p. 40.